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La Marche des fiertés plus politique et revendicative que jamais
Publie le samedi 24 juin 2006 par Open-Publishingde Rachid Aouli
Avec en toile de fond l’échéance de l’élection présidentielle l’an prochain, la Marche des fiertés, prévue demain après-midi dans les rues de Paris, a affûté ses revendications et rassemblera ses troupes sous un mot d’ordre éminemment politique : « Pour l’égalité en 2007 ! »
Car si pour beaucoup la « Marche » (ex-Gay Pride) est aussi l’occasion d’un grand rendez-vous festif, elle n’en reste pas moins et d’abord le temps fort pour la visibilité des revendications de la cinquantaine de membres (associations, commerces, partis politiques, syndicats, organisations de défense des droits de l’Homme), fédérés au sein de l’Interassociative lesbienne, gaie, bisexuelle et transexuelle (Inter-LGBT) organisatrice de l’événement.
Un statut dont se félicite son président, Christophe Lefebvre, qui rappelle que la « Marche », avec une moyenne d’un demi-million de participants, est la plus importante manifestation revendicative en France. Et que contrairement à certains dires, « elle ne reçoit aucune subvention » et « s’autofinance intégralement », grâce notamment à la perception d’un « octroi » prévue sur le pont de Sully, où des bénévoles solliciteront les marcheurs.
Côté revendications - et en dépit des améliorations apportées au Pacte civil de solidarité (Pcas) -, l’inter-LGBT demande « l’égalité pour tous les couples », estimant que « seule une réforme de la loi permettra, à l’instar de l’Espagne ou de la Belgique, d’aboutir à cet objectif », dont le mariage entre partenaire du même sexe est le socle.
Autre dossier brûlant, celui de l’homoparentalité et des droits qui en découlent, tels l’autorité parentale, l’ouverture de l’adoption à tous les couples non mariés, ou l’égalité d’accès aux procédures de procréation médicalement assistée.
L’Inter-LGBT fait état du rapport d’une mission parlementaire de janvier dernier qui notait « l’existence pas si nouvelle que ça d’enfants élevés par un ou plusieurs parents homosexuels ». Une réalité « qui n’a pas empêché cette même mission de conclure qu’il ne fallait rien changer », déplore l’interassociative.
Toujours à l’ordre du jour, la lutte contre toutes les formes de discriminations. « Tout le monde est d’accord mais personne ne s’y met vraiment », souligne Christophe Lefebvre, citant en exemple la difficulté pour obtenir de l’affichage pour la Ligne Azur (qui offre une écoute adaptée aux jeunes s’interrogeant sur leur sexualité) dans les établissements scolaires.
Autre volet de la lutte contre les discriminations, celui de la transphobie dont sont victimes les transexuels. « Le transexualisme est encore considéré comme une maladie mentale par l’Organisation mondiale de la santé (OMS) » et la prise en charge médicale des transexuels se révèle être un parcours du combattant, déplore l’Inter-LGBT.
La lutte contre le VIH/sida figure aussi au menu des revendications, les organisateurs dénonçant l’absence de campagne d’envergure à destination des homosexuels, bisexuels et transexuels, alors que les pouvoirs publics « se cachent derrière le label "Grande cause nationale" ». À ce titre, la manifestation s’arrêtera symboliquement à 16 h précises pour trois minutes de silence en soutien aux victimes et aux malades.
Particulièrement courtisée par les politiques cette année, la « Marche » a donné des consignes fermes. « Chaque parti souscrivant à nos revendications a désigné un représentant pour tenir la banderole et tous devront "la jouer modeste" » a expliqué aujourd’hui Alain Piriou, porte parole de l’Inter-LGBT à l’agence Associated Press.
Du coup, même si Dominique Strauss-Kahn ou Jack Lang sont annoncés dans le carré de tête pour le Parti socialiste, c’est François Hollande qui devrait être au premier rang.
Même chose chez les Verts, qui ont désigné leur secrétaire national, Yann Wehrling, alors que Dominique Voynet ou Yves Cochet sont aussi attendus. Il faudra aussi compter avec de nouveaux visages comme Bruno Julliard, président du syndicat étudiant UNEF, rendu célèbre par les manifestations anti-CPE, ou Jean-Pierre Dubois, président de la Ligue des droits de l’Homme.
La longue chenille colorée de quelque 78 chars sonorisés partira dès 13 h 30 de Montparnasse et gagnera la place de la Bastille vers 17 h 30. Une place qui dès 15 h et jusqu’à 21 h sera transformée en une piste de danse géante pour laquelle FG DJ Radio, partenaire de l’événement, a réuni les stars des platines que sont entre autres David Guetta, Greg Di Mano et Didier Sinclair.