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La Poste : à Paris 17, premier bilan et perspectives d’une lutte

Publie le vendredi 11 mai 2007 par Open-Publishing
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Dans toute la France, les facteurs se sont mobilisés contre le projet " Facteurs d’avenir ", des assemblées générales ont eu lieu en octobre 2006 dans l’Essone, le Val de Marne et la Seine Saint Denis. Le projet a aussi été gelé en novembre grâce à des grèves massives dans les Bouches du Rhône et les Hauts de Seine. Nous rappelons aussi que seule la fédération SUD PTT a dénoncé le volet "social " de ce projet en s’y opposant.

A Paris 17 CDIS, le plus gros site pilote national du projet avec Paris 16, " Facteurs d’avenir " se traduisait concrètement par la suppression de 15 quartiers lettre (171 – 15 = 156), une ligne CEDEX (sur 37) et en tout, environ 35 à 40 emplois. Mais surtout la perte des régimes de travail du bureau, à savoir : sur trois brigades, deux bénéficient toujours du samedi de repos sur 2 et la dernière brigade travaille tous les samedis, mais bénéficie par contre de tous ses lundis de repos. Une organisation du travail arrachée de haute lutte par la grève de janvier 2005 lorsque la direction voulait en finir définitivement avec le samedi sur 2.

Les 3 scénarii de réorganisation avaient été communiqués aux facteurs le 16 mars et aucun – évidemment – n’était convenable. Sans compter que 2 jours d’ARTT sur 6 venaient tout juste d’être supprimés et qu’un climat de reprise en main ferme du personnel alourdissait l’ambiance du centre (baladeurs interdits, port de la tenue complète de facteur rendu obligatoire).

La multiplication des " tables d’écoute " et autres entretiens individuels facteur / chef d’équipe sur le projet, censés faire adhérer les collègues à la réorg, ont surtout eu pour effet d’accentuer leurs inquiétudes. D’autant plus que la section SUD Paris 17 dénonçait systématiquement dans les tracts ou les prises de parole le prétendu " dialogue social " et la volonté de la direction d’associer les postiers à l’élaboration de la réorg.

De même étaient dénoncés les comptages et accompagnements, dont nous affirmions déjà qu’ils ne se traduiraient que par des suppressions de quartiers et qu’il n’y aurait jamais les rééquilibrages de tournées promis par la boîte. Le maintien des disparités entre quartiers demeurant une question d’importance cruciale pour La Poste, la division des collègues s’effectuant d’autant plus facilement qu’ils ont tous des charges de travail différentes. SUD a toujours estimé que ce long travail de clarification était une condition obligatoire à toute tentative de mobilisation.

C’est donc à un personnel mis en garde, largement informé des façons de procéder de la boîte que 3 scénarios sont présentés le 16 mars. Les prises de parole se succèdent et les syndicats SUD, CGT et FO appellent à lutter contre la réorg et au boycott du vote des scénarios, tandis que la CFDT se satisfera d’un quatrième scénario pondu deux semaines plus tard, bien que supprimant comme les trois autres le samedi sur 2 et comportant autant de suppressions d’emplois. Une CFDT au sommet de sa jaunisse, plus huée que jamais et qui ira même jusqu’à affirmer en prise de parole, en réponse à un " collabos ! " qui fusait de la foule, " collaborer " avec la direction !

C’est dans ce contexte que le jour du vote des scénarios, le 3 avril, la section SUD décide de réitérer l’appel au boycott total lors d’une prise de parole sauvage réunissant la quasi-totalité des collègues de la piétonne, particulièrement animée par la présence d’une directrice vociférant ses appels à la reprise du travail.

C’est la rupture définitive provoquée entre les travailleurs et la direction lors de cet événement, qui marquera le début et l’émergence du conflit, jusqu’alors seulement latent. Le boycott est effectif à plus de 70 %, l’inter syndicale SUD – CGT – FO en sort renforcé et convaincu qu’il faudra très vite appeler à la grève.

Une semaine plus tard, plus d’une centaine de facteurs remettent à la directrice une pétition exigeant le retrait de la réorg. La direction commet une erreur finale en choisissant, pour des raisons obscures et qui laisseront penser qu’elle souhaitait provoquer une grève sauvage facile à réprimer, le scénario voté le plus minoritairement.

Un préavis de grève illimitée est déposé pour le mardi 17 avril sur l’ensemble du site de Paris 17, réunissant les deux établissements courrier, la distri et le CPC, service de collecte d’après midi, lui aussi très touché par le sous effectif. Ils rejoignent dans la grève les collègues guichetiers de Paris Louvre RP, ainsi qu’hors de La Poste, les ouvriers de PSA Citroên Aulnay en grève pour leurs salaires depuis plus d’un mois…

A quatre jours du début de la grève, La Poste, affolée par la menace du blocage des plis électoraux cède sur la revendication principale des facteurs, le maintien du régime de travail actuel, le maintien du samedi sur 2 et des quartiers 21 ! Mais concernant les suppressions d’emplois, aucune concession… Les collègues se retrouvent donc en grève à plus de 57 % mardi 17, rassemblés sur un piquet de grève massif, face à face avec le commando patronal composé des cadres de la DOTC Paris Nord… Le deuxième jour de grève, une délégation des syndicats comprenant une représentation des collègues non syndiqués, est reçue par la direction qui accorde :
 162 QL au lieu de 159
 restitution des 2 jours ARTT volés en janvier sous forme de RC
 CDIsation des CDD (sur demande de SUD)
 passage en II-1 pour les collègues de la brigade de tri amené à sortir en distribution
 paiement d’un des 2 jours de grève
 retrait des PV (suite aux prises de parole non autorisées) et des mises en AI de certains grévistes

C’est dans l’enthousiasme général que se vote la reprise du travail pour le jeudi 19 avril, avec la conscience et la fierté d’avoir tenu tête et d’avoir fait plié le mur d’arrogance et de mépris de la direction. L’unité syndicale de fer SUD – CGT – FO a permis cette mobilisation d’ampleur. Malgré tout, il reste encore des emplois et des quartiers à récupérer, ce sera l’occasion de nouvelles actions sur le bureau.

La détermination des postiers de Paris 17, dans une période électorale on ne plus propice à la lutte, a fait reculer la boîte de manière conséquente. Les grévistes du CPC auront été une force d’appui non négligeable à leurs collègues de la distri. L’unité du personnel et l’unité syndicale paient. Ce qui s’est passé à Paris 17, bureau où la combativité des collègues n’était pas plus forte qu’ailleurs, peut et doit se généraliser dans tous les bureaux et centres parisiens. Il faut rechercher et créer les conditions de la lutte, en provoquant des ruptures avec la direction, qui elle, pas plus que les syndicats, ne croit au dialogue.

Et pour vous tenir informé des luttes à La Poste http://sudposte75.fr et de l’actualité syndicale en général http://syndicaliste.fr.

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