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La Recherche sur l’ADN fait-elle Resurgir l’Idée que la Race existe ?

Publie le dimanche 28 octobre 2007 par Open-Publishing
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"…Avec chaque prélèvement d’ADN, le gouvernement saisit l’information biographique personnelle, dépouillant les citoyens de leurs droits privés. Comme chaque échantillon offre des données non seulement sur les individus mais de même sur leurs proches, des familles entières sont scrutées…"

L’étude des gènes humains a fait resurgir le débat sur la nature de la race avec de dangereuses conséquences pour la justice criminelle.

Depuis que les scientifiques ont découvert il y a un siècle le « secret de la vie « inscrit dans notre ADN, l’étude des gènes humains a provoqué un débat sur la nature de la race. La question semblait avoir été résolue au début des années 70 quand un biologiste, Richard Lewontin, a comparé les variations existantes dans les gènes au sein et entre différents groupes de population.

Sa conclusion, que la plupart des variations génétiques humaines ne se manifestent pas en fonction de types raciaux, a été largement acceptée. Au niveau moléculaire, les êtres humains se ressemblent plus qu’ils ne sont différents. Des expérimentations répétées ont confirmé cette découverte, et de nombreux experts souscrivent à la connaissance que les catégories raciales qui ont pendant longtemps divisé les peuples et justifié une oppression raciste représentaient des croyances politiques et sociales plutôt que des vérités biologiques.

Mais la notion que la race est réelle en tant que fait biologique n’a pas disparu. Même après que des équipes de recherche, qui ont identifié et séquencé tous les 20 000 -25 000 gènes dans le cadre du Projet historique du Génome Humain, aient déclaré en 2000 que la race n’était pas un concept scientifique valide, l’affirmation contraire a refait surface. Ironiquement, plus la science a fouillé dans la complexité de notre ADN, plus les experts ont divergé sur la question de la race. La dispute, qui se reflète principalement dans les pages des revues universitaires et dans les couloirs de certaines de nos plus prestigieuses institutions, pourrait avoir des répercussions négatives dans le monde réel pour les communautés de couleur. De la justice criminelle en passant par la recherche médicale et la généalogie, l’absence de clarté sur la vraie nature de la race pose des risques, dont le risque que, comme société, nous pourrions commencer à croire de nouveau aux notions essentialistes de race.

Tout en reconnaissant que la science est souvent utilisée pour des objectifs positifs, dont certains qui bénéficient aux communautés de couleur, les défenseurs de la justice sociale doivent rester vigilants. « Toutes les technologies, incluses les nouvelles technologies génétiques, se développent dans un contexte politique économique et social », dit Patricia Berne du Centre Génétiques et Sociétés, une ONG d’affaires publiques basée à Oakland Californie. » La gauche politique élargie n’a pas vraiment saisie la façon dont ces technologies affectent notre revendication de ressources, de droits, et le bien être de nos communautés » note –t-elle. Avant la résurrection de la race et sa redéfinition par les biologistes, généticiens et les entreprises de biotechnologie, les défenseurs de la justice sociale doivent s’occuper des problèmes soulevés et ajouter leurs voix au débat.

Médecine légale

Le printemps passé, le New York Times a publié un article étonnant intitulé « ADN 200 », un court article accompagné d’une collection de photos de la grandeur d’un ongle de pouce d’anciens détenus qui ont été libérés sur la base de preuve à partir de l’ADN. Une rapide analyse des photos était accablante : la plupart des visages étaient ceux d’hommes noirs ou basanés qui avaient passé une moyenne de 12 ans derrière les barreaux pour des crimes qu’ils n’avaient pas commis. Chaque visage et chaque individu innocenté représentaient une victoire pour le « Projet Innocence « un groupe d’aide crée il y a 18 ans et qui travaille à la réouverture d’anciennes affaires criminelles et qui change des vies grâce à la preuve ADN. Pour ces hommes, l’analyse ADN a aidé à prouver, sans l’ombre d’un doute, que le matériel génétique trouvé sur la scène du crime ne correspondait pas à leur ADN. La Science était là un instrument de justice.

Mais tout aussi facilement, l’ADN peut devenir un outil high tech pour cataloguer racialement, mais sur des bases scientifiques plus incertaines. Cela a conduit en 2004 à l’inculpation d’un afro américain suspecté de meurtres en série à Baton Rouge, Louisiane. D’abord la police a recherché un suspect blanc, sur la base d’un témoignage oculaire et la présomption que la plupart des tueurs en série sont de type caucasien. Mais l’affaire a pris une autre direction quand une entreprise technologique, DNA Print Genomics, a proposé d’analyser l’échantillon prélevé sur la scène du crime. Leur test a conclu que le suspect était à « 85 % africain sub saharien, et 15 % né américain », et par conséquent, de peau foncée à noire, non pas blanche. Cela semblait correspondre à l’échantillon donné volontairement à la police par Derrick Todd Lee, un homme avec une histoire de problèmes judiciaires. Le fait que Lee soit reconnu coupable et condamné à mort s’est fait sur la base en partie d’une méthode que les critiques disent être au mieux une prédiction de descendance géographique – et non pas une certitude à 100 %.

Le stockage des prélèvements d’ADN de suspects et coupables est devenu la norme dans de nombreux états. Même le gouverneur libéral de New York, Eliot Spitzer, a récemment proposé l’extension de la banque de données ADN pour inclure des individus reconnus coupables de délits tels que violations mineures des lois sur la drogue et l’utilisation illégale de cartes de crédit. La Virginie collecte également l’ADN de délinquants, et la Louisiane exige des prélèvements de ceux qui ont simplement été arrêtés pour félonie. Auparavant, l’ADN n’était collectée que pour ceux reconnus coupables des pires crimes. La proposition de Spitzer est supposée rendre plus facile la tâche des procureurs pour enfermer plus de criminels, et pour ceux accusés injustement de prouver leur innocence. Mais étant donné les arrestations et convictions à caractère raciste à New York et dans d’autre états à travers le pays, les conséquences pour les personnes de couleur sont certainement à leur désavantage.

Tandis que les banques de données se multiplient, le développement des profils génétiques de type racial pourrait faire partie de la nouvelle vague de loi applicable. DNAPrint affirme être capable d’utiliser l’ADN pour « prédire » les traits physiques tels que la peau, et la couleur des yeux, ajoutant de plus en plus de détails à un portrait génétique. Leur site internet se vante de 100 % de précision lors de tests réalisés par la société. Mais un critique a fait remarqué que puisque le test qui a identifié le tueur de Baton Rouge a fait une estimation de l’ascendance à partir de 4 groupes qui incluaient essentiellement des individus à la peau foncée (africains sud sahariens, asiatiques de l’est, indo européens, américains autochtones) toute prédiction tomberait automatiquement dans l’un de ces 4 groupes. La société fournit un test séparé pour d’autres groupes, tels les européens du nord ouest et ceux du sud est, les moyen orientaux, et sud asiatiques, mais moins fréquemment.

De telles analyses de médecine légale basées sur la race présentent de multiples problèmes pour les personnes de couleur. Cela efface la ligne de démarcation entre les tests d’ADN qui peuvent complètement innocenter des suspects (comme avec Innocence Project) et des analyses moins certaines qui « prédisent » ou font état d’une probabilité de concordance. Cela donne une légitimité scientifique à la notion largement répandue mais toujours controversée que certaines différences génétiques, ou marqueurs, sont en corrélation précises avec certaines régions géographiques et catégories raciales modernes. De plus, cela rend acceptable la chasse à l’homme pour des « marqueurs d’information sur l’ascendance » un euphémisme pour des identifiants raciaux dans les gènes malgré les nombreux écueils des profils raciaux à la mode ancienne. Encore pire, cela crée un marché pour une liste croissante de services génétiques qui peuvent, au mieux n’être que des bonnes prédictions sans apporter quoi que ce soit de définitif.

Les critiques craignent qu’une telle science appliquée en justice criminelle ne mène inévitablement à des recherches sur des marqueurs de gènes pour des conduites criminelles. Si les criminologues commencent à partir d’une banque de données qui est disproportionnellement noire ou latino, à cause des pratiques policières qui ciblent ces communautés, toutes les recherches informatiques seront faussées. « On a à faire à une population dans la banque de données qui est faussée, » dit Troy Duster, un sociologue et professeur à UC Berkeley. « Donc si certains veulent faire ce type de recherche, ils vont chercher des marqueurs génétiques. Ce qu’ils trouveront, bien sûr, c’est certains marqueurs. Dites au programme de trouver des marqueurs en ADN qui ont plus ou moins de chance d’apparaître dans les populations A, B et C. Mais ce sera une énorme erreur de conclure que parce que vous avez ces marqueurs vous avez expliqué le crime. »

Les banques de données qui s’étendent à l’infini, sont, pour l’application de la loi, un outil high tech puissant. Avec chaque prélèvement d’ADN, le gouvernement saisit l’information biographique personnelle, dépouillant les citoyens de leurs droits privés. Comme chaque échantillon offre des données non seulement sur les individus mais de même sur leurs proches, des familles entières sont scrutées. Dans certains cas, une fois qu’un prélèvement d’ADN est fait, il n’est pas détruit ou rendu, mais stocké indéfiniment, sauf si une loi d’ans un état particulièrement stipule autrement.

Recherche médicale

La science génétique est aussi à double tranchant dans le domaine de la recherche en matière de santé. Alors que les scientifiques étaient occupés à dresser la carte du génome humain au début des années 90, pour la première fois le gouvernement a décidé que toute recherche bio médicale et comportementale bénéficiant de financement fédéral devait inclure des membres de groupes historiquement exclus : minorités et femmes. Apres des décennies de recherche sur des sujets males blancs principalement, ce développement – à la fois soutenu par des politiciens noirs et des scientifiques femmes – a généralement été considéré comme une avancée. Documenter les disparités en matière de santé est effectivement un impératif, étant donné le taux beaucoup plus élevé de maladies et de mortalité liées à des maladies parmi les groupes ethniques minoritaires aux Etats-Unis.

Mais cette obligation a eu au moins quelques remarquables détracteurs. Alors que cela devait prendre effet, une poignée de scientifiques afro américains ont exprimé leur opposition selon Duana Fullwiley d’Harvard qui a récemment publié « The Molécularisation of Race - La Molécularisation de la Race » dans le journal Science as Culture. Le dissident Otis Brawley, anciennement à l’Institut National du Cancer, a écrit : « l’accent mis par la législation sur des différences raciales potentielles entretient le racisme que ses créateurs veulent abroger en établissant une recherche soutenue par le gouvernement sur la base de la croyance qu’il y a des différences biologiques significatives entre les races ». Mais le temps que Brawley et d’autres enregistrent leur plainte, c’était trop tard. L’utilisation de catégories raciales en application de la législation pour obtenir les financements pour la recherche et la publication des résultats était devenu la norme acceptée.

Paradoxalement, alors que le Projet du Génome Humain discréditait l’utilisation de la race en science, l’industrie pharmaceutique est allée dans la direction opposée, selon Fullwiley. Au lieu de se concentrer sur les 99,9 % de chevauchement dans tous les gènes humains, le Pharmacogenetics Research Network, (Réseau de Recherche en Pharmacogénétique), un programme de suivi du Projet sur le Génome financé par le gouvernement, a exclusivement concentré sa recherche sur le 0,01 % de différence comme source de ses nouvelles découvertes et thérapies. Et plusieurs scientifiques et chercheurs ont cherché des financements supplémentaires pour faire des recherches sur de possibles causes génétiques à l’origine de disparités raciales face aux maladies et les réponses aux médicaments.

Cependant, leur raisonnement erroné, est illustré par le médicament controversé basé sur la race BiDil. Développé pour répondre à une plus grande mortalité liée à une attaque cardiaque parmi les afro américains, le médicament a reçu un accueil à la fois enthousiaste et sceptique. Alors que c’est vrai que les noirs âgés de 45 à 64 ans courent deux fois plus de risque de mourir d’une attaque cardiaque, Duster fait remarquer que la disparité diminue après 65 ans. La disparité a probablement moins à voir avec la biologie et la race qu’avec d’autres facteurs documentés en matière d’attaque cardiaque, comme le régime alimentaire, le stress et le mode de vie. Des preuves en dehors des US sapent également la logique d’une approche raciale de cette maladie. Citant les données de l’épidémiologiste Richard S. Cooper, qui a comparé les taux d’hypertension dans le monde entier, Duster explique que « l’Allemagne a les taux d’hypertension les plus élevés, et le Nigeria les plus bas. Cela ne nécessite pas d’être diplômé en épidémiologie pour comprendre ce qu’est le problème ici. Cela ne peut pas être la race et la génétique ».

Des scientifiques reconnaissent, bien sûr, l’influence de l’environnement, du mode de vie, sur les maladies et les disparités faces à celles-ci. La concentration exacerbée et la foi aveugle dans les gènes comme source de compréhension et pour traiter les maladies ont été tempérées par des défis techniques et d’autres tendances en médecine. Mais les dommages à la compréhension de la race dans notre société sont probablement déjà faits. Alors que des dollars du gouvernement fédéral continue de couler pour la recherche sur une base génétique pour certaines disparités raciales – dans les diabètes, l’asthme, l’alcoolisme, et d’autres maladies – la race, comme fait biologique, s’ancre davantage dans la conscience du public et les facteurs socioéconomiques liées aux maladies sont obscurcis. « Cela prend le problème de manière crue et le concentre sur ce qui se passe à l’intérieur du corps « « (Mais) si vous dites, bon, peut être qu’il y a une interaction complexe entre l’environnement et la maladie, alors la réponse sera essentiellement à l’extérieur du corps. »

Même si plus de médicaments et thérapies spécifiques à la race sont développés par la recherche pharmacogénétique, c’est peu probable que ces traitements diminueront effectivement les disparités. La plupart des maladies qui touchent de manière disproportionnée les afro américains et d’autres groupes ethniques, - maladie cardiaque, cancer, diabètes – ne sont pas principalement dues à des gènes seuls ou des groupes de gènes. Même dans les cas ou la maladie est liée à des gènes spécifiques, comme l’anémie à hématies falciformes, il n’y a pas de remède miracle à l’horizon. Ayant moins accès à la sécurité sociale et aux soins, les personnes de couleur peuvent ne pas avoir accès à de nouveaux traitements ou à une médecine personnalisée ce qui restent l’objectif de beaucoup de scientifiques en génétique.

Généalogie

Un autre domaine où la génétique et la race sont en collusion c’est la généalogie. La curiosité sur nos origines a motivé, un nombre incalculable d’américains, dont des personnes de couleur, à passer un test ADN et à comparer ces prélèvements avec ceux du monde entier. Des douzaines de sociétés ont répondu à la demande en fournissant des services en généalogie qui fait payer des honoraires pour collecter les échantillons et analyser les résultats et pour fournir des réponses aux questions portant sur l’histoire des familles. Dans un cas célèbre, les descendants de Sally Hemings, qui comme esclave a eu une relation et un fils avec Thomas Jefferson, l’utilisation du test ADN a prouvé qu’ils étaient effectivement liés par le sang au Père Fondateur, bien que les descendants blancs de Jefferson l’aient nié. Plus récemment, la magnat des medias Oprah Winfrey a déclaré qu’un test ADN avait montré qu’elle était Zulu.

Mais le cas de Winfrey est un exemple de la confiance erronée que bien des gens placent dans les résultats d’un test sur l’ascendance. L’analyse ADN des ancêtres piste typiquement l’ADN selon une ou deux lignées – le chromosome paternel Y ou la caractéristique de la mitochondrie maternelle. Cela peut donner aux gens des informations précises sur leur père et le père de leur père ou la mère de leur mère etc (conférant ainsi aux tests Hemings/Jefferson sa précision). Mais chaque arbre généalogique d’un individu est bien plus grand qu’une lignée. Si vous remontez 4 générations, vous avez 16 ancêtres - - mais le test ne fournit des détails que seulement sur l’un d’entre eux, ne révélant qu’une vue partielle du lignage. De plus, alors que l’échantillon génétique de Winfrey paraissait correspondre à d’autres identifiés comme Zulu, le terme décrit un groupe linguistique et culturel qui se sont mélangés après que les esclaves aient été amenés principalement d’Afrique de l’Ouest aux Amériques.

La science devient encore plus questionnable quand des chercheurs et des entreprises de bio tech essaient de tirer des conclusions sur les ancêtres de groupes entiers. Il y a deux ans, la National Geographic Society et IBM ont annoncé un projet ambitieux de collecte mondiale de plus de 100 000 échantillons d’ADN de peuples indigènes. Le plan, connu sous le nom de Geographic Project, c’était de collecter des prélèvements de la joue interne pour étudier les réseaux d’anciennes migrations et en savoir plus sur les endroits d’où étaient originaires les différentes populations. Avec 55 millions de dollars de financement, et 10 centres répartis mondialement, le projet devait récolter, comme son site internet le déclare, la banque de données la plus grande de ce type dans le monde.

Mais la méthodologie utilisée dans le projet n’est pas plus précise que d’autres méthodes de test utilisées pour définir le lignage. Elle utilise aussi des programmes informatiques de marquage pour tracer soit le lignage paternel ou maternel, laissant en dehors de l’analyse une majorité des ancêtres d’un individu. Elle présuppose que certaines populations d’indigènes ont été isolées et que leurs gènes n’ont pas été mélangés suite à des migrations et le mixage avec d’autres populations - - une hypothèse que les indigènes américains mettent en question. Le projet regroupe aussi la géographie avec l’ascendance et la culture, ce qui peut être aisément interprété comme race.

Dés sa conception le projet a rencontré une résistance de plusieurs groupes indigènes. Bien que certains aient participés, la plupart des tribus nord américaines et des nations ont refusé. Etant donné l’histoire du racisme scientifique, les peuples indigènes s’inquiètent des intentions du projet et de ses conséquences. Tandis que les scientifiques peuvent en tirer des connaissances, et une promotion dans leur carrière, ces populations ont potentiellement beaucoup à perdre. Par exemple, l e projet pose des questions sur les aborigènes de différentes régions et pays, et s’il devait conclure que des groupes en Alaska viennent d’Asie ou d’ailleurs, la recherche pourrait être utilisée pour saper les revendications indigènes concernant la terre et d’autres droits. « Les gouvernements ont une longue histoire d’essayer de déposséder les peuples indigènes de leurs droits concernant la terre et de saper leur intégrité culturelle » dit Debra Harry, directrice exécutive du Conseil des Peuples Indigènes sur le Bio Colonialisme, qui s’oppose au projet.

Le terme « ancêtre » et « diversité génétique » ont émergé comme des voies alternatives pour décrire les différences que nous connaissons comme race. Mais ils ne sont pas plus précis dans l’expression des variations génétiques que les traditionnelles catégories raciales ne le sont. Les marqueurs génétiques attribués à un groupe ou à une région du monde peuvent être trouvés dans d’autres groupes ou régions. Que les scientifiques discutent des variations en terme de géographie ou d’ascendance, l’impact sera le même : faire renaître la race et les différences raciales comme des faits biologiques concrets, encodés profondément dans l’ADN, et confirmés par la science.

Ziba Kashef 18 octobre 2007 – Colorlines/AlterNet
Ziba Kashef écrit fréquemment sur la santé et les questions raciales. Son travail a été publié sur Real Health, NMA Healthy Living, Essence et d’autres publications.

Traduction Mireille Delamarre pour www.planetenonviolence.org

Information complémentaire/remarques (par Planetenonviolence)

En France, aujourd’hui même, le parlement vient d’adopter la loi Hortefeux sur l’immigration (avec test ADN pour le regroupement familial).

Personne absolument personne n’est monté au créneau sur un élément de cette loi qui autorise le recensement des origines ethniques. Le recensement des origines raciales ou ethniques peut être autorisé pour la conduite d’études sur "la mesure de la diversité des origines des personnes, de la discrimination et de l’intégration".

Ainsi donc, écrit noir sur blanc dans cette loi, la "diversité" est employée comme euphémisme pour race et ou ethnicité. Cela va à l’encontre de l’essence même du principe d’égalité qui est l’un des piliers de la République française que ce gouvernement de parvenus détruit traîtreusement de l’intérieur.
dit Duster.

 http://www.planetenonviolence.org/L...
repris par http://internationalnews.over-blog....

Messages

  • n’importe quel geneticien peut determiner l’ethnie d’un humain en regardant l’ensemble de ses genes, meme si ce n’est pas politiquement correct, les races existent.....

    Un biologiste moleculaire.

  • C’est une nouvelle race qui existe,elle est terrifiante,abjecte,inoculable aux imbéciles,c’est la race sarkozienne !momo11

    • un post de Christian DELARUE

      La tentation de la race
      LE MONDE | 30.10.07 | 13h51

      Accédez à l’intégralité de cet article sur Lemonde.fr
      http://www.lemonde.fr/web/article/0,1-0@2-3244,36-972719,0.html

      On la croyait enterrée pour de bon. Tuée par la science. Mise en miettes par la génétique, dont les premiers résultats ramenaient toute l’humanité à une seule même et grande famille. Las ! Voilà la notion de race remise en selle. Et pas par n’importe qui : par l’Américain James Watson lui-même, codécouvreur, avec Francis Crick et Rosalind Franklin, de la structure de l’ADN (acide désoxyribonucléique)

      Interrogé mi-octobre par le Sunday Times, pour la promotion de son dernier ouvrage (Avoid Boring People, Oxford University Press, 14,99 £), le Prix Nobel de médecine 1962, aujourd’hui âgé de 79 ans, a expliqué sans ambages qu’il était "profondément pessimiste sur le futur de l’Afrique". Pourquoi ? Parce que, a-t-il dit, "toutes nos politiques de développement sont basées sur le fait que leur intelligence (celle des Africains) est la même que la nôtre (Occidentaux blancs), alors que tous les tests disent que ce n’est pas vraiment le cas". "Ceux qui ont eu affaire à des employés noirs", a-t-il ajouté, savent ce qu’il en est.

      Retour d’un "racisme scientifique" qu’on croyait disparu ? Ou simples élucubrations d’un vieil homme qui s’est dit, quelques jours plus tard, "mortifié" par ses propres mots, alors que toutes ses conférences au Royaume-Uni étaient annulées et que son institution, le Cold Spring Harbor Laboratory, le remerciait sans délai.

      Que James Watson dévoile aujourd’hui sa pensée, de manière aussi crue et décomplexée, sur un sujet aussi sensible, ne doit rien au hasard. Le co-inventeur de la double hélice de l’ADN, explique le généticien Axel Kahn, directeur de l’Institut Cochin, "se situe dans la mouvance de la droite déterministe anglo-saxonne, un vieux courant de pensée inégalitariste, scientiste et flirtant parfois avec le racisme". Or, selon M. Kahn, ce mouvement idéologique connaît un regain : "Après la seconde guerre mondiale, ce à quoi avait abouti le paroxysme de cette vision et l’horreur qu’elle avait suscitée dans le monde l’ont durablement disqualifiée, l’ont en quelque sorte mise entre parenthèses. Mais cette parenthèse, aujourd’hui, se dissipe."

      Les tabous tombent. En septembre 2005, la revue Science - l’une des plus prestigieuses institutions scientifiques au monde - publie les travaux d’une équipe de chercheurs américains portant sur deux gènes impliqués dans la microcéphalie : ASPM et MCPH-1. Ces deux séquences génétiques ont subi deux mutations, apparues respectivement il y a 5 800 ans et 37 000 ans, qu’ils pensent être impliquées dans l’augmentation du volume cérébral. La rapide diffusion de ces mutations dans la population montrerait, selon les auteurs, que ces deux caractéristiques sont soumises à une forte "pression sélective". Soit, en d’autres termes, que la sélection naturelle s’est opérée au fil des siècles en favorisant les humains porteurs de ces deux gènes mutés, du fait de leurs meilleures capacités intellectuelles.

      Bien sûr, ce n’est pas tout. "Les auteurs ajoutaient sans frémir que ces deux mutations étaient largement présentes dans les populations européennes et asiatiques et, au contraire, qu’elles étaient rares en Afrique, explique Axel Kahn. Il a été depuis montré que tout était faux, mais ce que dit aujourd’hui M. Watson n’est rien d’autre que la traduction de ce que ces chercheurs ont prétendu, à tort, avoir démontré."

      A l’époque, l’émoi, discret, provoqué par Science, ne transparaît guère dans la presse grand public. Il demeure pour l’essentiel cantonné à des débats techniques sur la fragilité des statistiques mises en oeuvre. "Beaucoup d’équipes ont réanalysé leurs données : il n’y a aucune preuve de ce qu’ils avançaient", confirme François Balloux, chercheur au département de génétique humaine de l’université de Cambridge (Royaume-Uni).

      Reste la notion de race. La génétique l’a-t-elle évacuée ? Ou, au contraire, les dernières méthodes d’analyse tendent-elles à opérer une distinction entre les peuples, rangeant les uns ici, les autres là ? Un nombre considérable de travaux scientifiques s’attache, depuis quelques années, à relever les particularités génétiques de telle ou telle population, en fonction de la géographie ou des origines ethniques.

      En décembre 2002, une équipe américano-russe avait déjà publié dans Science l’un des articles les plus cités sur le sujet : en analysant plus de 300 marqueurs génétiques chez environ un millier d’individus appartenant à 52 populations différentes, les chercheurs sont parvenus à isoler 5 à 6 grands groupes humains, cohérents avec les grands ensembles géographiques. Peut-on parler de races ? Pas vraiment. Il s’agit, précise le généticien Vincent Plagnol (université de Cambridge), "d’une simplification de la réalité" puisque dans ce type de modèle "personne n’appartient à 100 % à un groupe, les individus étant décrits comme appartenant à une combinaison de ces ensembles". Du coup, la notion "scientifique" de race devrait demeurer une virtualité.

      Voire une ineptie. "La notion de race n’est scientifiquement pas pertinente, estime ainsi Lluis Quintana-Murci, généticien des populations (CNRS-Institut Pasteur). Il est impossible d’isoler une race : les variations des populations humaines sont graduelles et continues, de l’Europe du Nord à la Chine méridionale. Il n’existe jamais de fossé génétique entre deux ethnies."

      "Même en ayant accès au génome d’un individu, il est impossible de le rattacher à une race’ au sens populaire’ du terme, poursuit le chercheur. Imaginons que moi, Lluis Quintana-Murci, je commette un crime et que l’on retrouve sur place un échantillon de mon ADN. On pourrait dire, en forçant à peine les choses, que le criminel est originaire du Moyen-Orient, car mon chromosome Y appartient à la lignée J, qui y est particulièrement fréquente. Alors même que ma famille est, à ma connaissance, espagnole depuis toujours." La récente profusion d’études visant à segmenter et catégoriser génétiquement les populations humaines n’est pas le fait d’une névrose classificatrice. Ni d’un racisme latent.

      C’est surtout, depuis peu, un enjeu important de la recherche biomédicale. La circulation de pathologies génétiques dans certaines communautés ou au sein de certaines ethnies est bien documentée. Comme l’est la prédisposition génétique à certaines maladies multifactorielles. Thalassémie ou hémophilie dans certains pays arabo-musulmans, où l’union entre cousins n’est pas prohibée. Maladie de Gaucher ou syndrome de Tay-Sachs chez les juifs d’Europe de l’Est. Troubles cardio-vasculaires deux à trois fois plus fréquents chez les Afro-Américains que dans les autres communautés d’Amérique du Nord. Etc.

      Une prédisposition à la maladie ne fait pas une race. Mais la génétique va désormais plus loin dans la différenciation. Certains cherchent à déceler des mécanismes génétiques de tolérance ou de réponse à telle ou telle molécule, plus probablement présents dans certaines communautés que dans d’autres. Les motivations de ces travaux pourraient être économiques. "Il y a, hélas, très peu de nouvelles molécules thérapeutiques qui arrivent sur le marché puisque nombre d’entre elles, qui ont pourtant nécessité des investissements lourds, présentent trop d’effets indésirables même si ces derniers sont variables selon les individus, avance François Balloux. La tentation est forte de remettre en selle certaines de ces molécules, en les destinant à certaines catégories de la population."

      En attendant l’émergence annoncée d’une médecine individualisée, dans laquelle chaque traitement serait administré en concordance avec les particularités génétiques du patient, des laboratoires pharmaceutiques pourraient miser sur une médecine ethno-raciale. Une médecine ou le patient déclare, lui-même, son appartenance à un groupe en même temps qu’il décrit ses symptômes.

      Premier signe de cette tendance : l’autorisation du BiDil, en 2005 aux Etats-Unis, un médicament contre l’hypertension artérielle spécifiquement destiné aux Afro-Américains. En 1997, sa commercialisation avait d’abord été refusée par la Food and Drug Administration (FDA). Cette médecine "racialisée" ne convainc pas l’ensemble de la communauté médicale aux Etats-Unis. Loin s’en faut. Dans une tribune publiée fin septembre dans la revue PLoS Medicine, un groupe de médecins américains en contestent la pertinence et critiquent la classification forcément réductrice des patients qui, selon eux, "peut conduire à des erreurs de diagnostic et à des traitements inappropriés".

      Aux Etats-Unis, la tentation ethno-raciale dans la recherche biomédicale s’officialise. Depuis 2001, les chercheurs financés par les Instituts nationaux américains de la santé (NIH) doivent catégoriser les individus participant à des essais dans l’un des cinq ensembles ethno-raciaux prédéfinis par l’administration : Amérindiens ou natifs d’Alaska ; Asiatiques ; Noirs ou Afro-Américains ; natifs d’Hawaï ou de toute autre île du Pacifique ; Blancs.

      Nul doute que les variations génétiques, ténues et invisibles, ainsi réaffirmées par la biologie, seront récupérées à des fins idéologiques de hiérarchisation. Mais, rappelle Axel Kahn, la prédisposition à une maladie, comme la réponse à un traitement médicamenteux, tient à des variations relativement simples "sur très peu de gènes". "Alors que les capacités cognitives reposent, elles, sur un équilibre extraordinairement subtil entre l’inné et l’acquis, conclut le généticien. Equilibre dont nous ne savons aujourd’hui presque rien."

      Stéphane Foucart
      Article paru dans l’édition du 31.10.07.