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La communauté internationale responsable d la guerre de Gaza

Publie le jeudi 22 janvier 2009 par Open-Publishing
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Proche-Orient : le rôle médiateur des Etats-Unis en question
LEMONDE.FR | 14.01.09 | 12h32 • Mis à jour le 22.01.09 | 13h42

Dans un chat jeudi 22 janvier au Monde.fr, Bertrand Badie, professeur à Sciences Po, analyse le poids et la crédibilité de la diplomatie mondiale dans le guerre de Gaza. "La vraie question", dit-il, "qu’il convient de se poser est de se demander si le rôle "médiateur" des Etats-Unis au Proche-Orient n’est pas maintenant réellement usé".

Pedro : Dans quelle mesure la communauté internationale est-elle responsable de la guerre de Gaza ? Le fait d’avoir rejeté les résultats du scrutin de 2006 remporté par le Hamas ne constitue-il pas une faute grave ? Le précédent du FIS en Algérie vainqueur des élections de 1988 et aussitôt rejeté par les militaires soutenus par la communauté internationale provoquant la guerre civile que l’on connaît n’a pas servi ?

Bertrand Badie : Très certainement. On peut d’ailleurs, avec profit, distinguer plusieurs paliers de responsabilités. Tout d’abord, le choix tacite opéré par la communauté internationale de pérenniser ce conflit, de s’installer dans un processus dont on sait qu’il n’aboutira que très improbablement à une paix réelle, crée au sein de la population palestinienne un double sentiment de frustration et d’incrédulité face à la politique menée par Mahmoud Abbas. Ainsi, les logiques de long terme conduisaient de façon certaine à une radicalisation au sein même des mouvements palestiniens extérieurs à l’Autorité, et suscitaient un capital de violence dont on a vu qu’il a trouvé largement son écho auprès d’Israël.

Mais il y a aussi un second niveau, celui que vous désignez à travers la non-reconnaissance du Hamas. Quel que soit le jugement que l’on porte sur ce mouvement, sur ses orientations idéologiques et sur la nature de ses motivations, il était depuis longtemps évident que le Hamas était incontournable et devait d’une manière ou d’une autre participer à un processus de négociation dans lequel il s’était d’ailleurs discrètement inséré en acceptant de participer aux élections législatives qu’il avait, rappelons-le, gagnées.

Et il y a encore un troisième niveau de responsabilité, propre notamment à l’Union européenne. Dans un contexte de menace montante, alors que chacun savait qu’Israël était prêt à lancer une offensive meurtrière sur Gaza, l’Europe a rehaussé sa coopération avec Tel-Aviv, donnant ainsi un signal de confiance et de soutien que la diplomatie israélienne n’a pas manqué d’utiliser pour conforter ses positions au moment où la guerre a commencé. La maladresse de Nicolas Sarkozy, recevant Mme Livni au premier jour du conflit, avec embrassades sur le perron de l’Elysée entre les chefs de la diplomatie française et israélienne, a incontestablement créé chez les responsables israéliens la conviction qu’ils pouvaient se lancer dans une opération majeure sans risquer une condamnation ferme de la part de la diplomatie occidentale.

Pan : Quelle est aujourd’hui la crédibilité de l’ONU, qui apparaît incapable d’avoir une quelconque influence sur le conflit ?

Bertrand Badie : Le Moyen-Orient ne réussit pas aux Nations unies. Depuis la guerre de 1967, aucune initiative venue de la Maison de verre n’a pu sérieusement aboutir. On distinguera peut-être quelque peu le cas du Liban, avec l’aboutissement de la résolution 425 sur l’évacuation du Sud-Liban par l’armée israélienne et le rôle positif et efficace accompli par la mission onusienne dans le maintien de la paix depuis la guerre de 2006, comme l’ont d’ailleurs montré les événements récents de Gaza, qui n’ont en rien, ou presque, distrait le calme à la frontière libano-israélienne.

Sur l’essentiel, c’est-à-dire la question palestinienne, aucune des résolutions des Nations unies n’a abouti, et ce notamment du fait du veto américain. Les Nations unies, du même coup, se trouvent reléguées dans un rôle moindre certes, mais non négligeable, d’expression morale. La résolution 1860 sur le cessez-le-feu, même si elle a essuyé l’abstention des Etats-Unis, a incontestablement contribué à faire pression sur Israël.

Le rôle du secrétaire général Ban Ki-moon n’a en rien été négligeable : le fait qu’il se soit déplacé en personne à Gaza est un signe d’autant plus fort que sa mission s’est accompagnée de propos exceptionnellement fermes à l’encontre des violations par Israël de certains principes du droit de la guerre.

Le fait, en outre, que des agences onusiennes aient été victimes de ce conflit et aient été les cibles de tirs israéliens a incontestablement contribué à réintégrer les institutions onusiennes dans ce conflit d’une manière qui pèsera probablement lourdement sur les suites que la communauté internationale pourra lui donner.

Mais pour l’essentiel, tout se passe comme si l’ensemble des diplomaties du monde était depuis longtemps convaincu que la solution de la question palestinienne passait par d’autres voies que celle du multilatéralisme institutionnalisé, ce qui est dommage, d’une part pour le système onusien, mais probablement aussi pour l’avenir de la négociation, car décidément, on ne voit pas qui peut efficacement se substituer aux Nations unies pour porter un règlement crédible de cette crise.

M. Simonson : Quel serait l’arbitre le plus crédible dans ce conflit ?

Bertrand Badie : Justement, aujourd’hui, on n’en voit pas, ou presque pas. L’Europe aurait pu jouer un rôle capital, d’autant plus efficace que la disparition de l’URSS a créé un très fort déséquilibre de puissance dans la région et que le parrainage consenti par les Etats-Unis à Israël aurait, de tous les points de vue, gagné à être rééquilibré par une vision différente et libre que l’Europe aurait pu porter. On le regrettera d’autant plus qu’une voie avait été ouverte en ce sens : dès les années 1970, l’Europe avait construit une vision propre et distincte du conflit dans cette région, dont elle est d’ailleurs très proche. Cette indépendance de vue a été par la suite confirmée, notamment par le sommet de Venise (1980) et celui de Berlin (1999).

L’élargissement et la crise irakienne ont été pour beaucoup dans la modification de cette ligne. D’abord, les équilibres diplomatiques ont été profondément modifiés, avec l’entrée de nouveaux pays, beaucoup plus proches des Etats-Unis et d’Israël, peu enclins en outre à laisser, comme naguère, à la France un rôle d’initiative dans la définition de la politique moyen-orientale de l’Europe.

[Ce chat comprend 4 pages accessibles seulement aux abonnés, hélas ; ici c’est seulement la première que je me suis permis de recopier pour Bellaciao ; pour lire la suite il faudrait parvenir à se rendre à l’article du Monde en suivant le lien mais l’abonnement minimum est requis (6 euros pour un mois, du moins est-ce que j’ai payé pour avoir accès au maximum d’infos du Monde sur Gaza]

PS/ j’ai posté juste avant une traduction que je me suis efforcé de rendre le plus fidèle possible d’une dépêche de Reuters au sujet du soldat Shalit comme nouvelle condition d’Isaël — et pour signifier que les conditions seraient donc sans fin renouvelées... — Comme je ne l’ai pas commentée, on a encore du croire que j’adhérais au contenu et on l’a apparemment censurée. Bon dommage, je ne perdrai plus de temps à faire des traductions qui montrent le point de vue insatiable guerrier d’israël que je pensais utile d’informer, pour savoir ce qui s’oppose. Bien sûr je n’adhère en rien à l’État d’israël. J’espère quand même qu’on n’assigne pas les rédacteurs au contenu des dépêches qu’ils publient pour info. Sinon il n’y aura pas de connaissance de "l’ennemi" politique et de l’état de ses alliances.

Messages

  • Comme c’est dit dans cette entretien : "Rien n’est sortide la maison en verre depuis 1967". Bien au contraire, la situation est pire pour les voisins d’Israel : Palestine ou du moins le peu qu’il en reste, le Liban et l’Irak ravages et deliberement ramene au chaos. Alors on peut se demander a quoi sert l’ONU ? A quoi servent les dirigeants que nous avons elus pour regler les problemes de notre monde ? C’est la que le fosse se creuse entre les populations et leurs elus ! Pas seulement dans le monde arabe ! Si l’ONU souffre de discredit total, les medias et les politiques ne sont pas en reste ! Bref, il y erosion de la confiance. La crainte et la mefiance gagnent du terrain ! Tous les partis politiques sont touches ! Les milliards debourses pour renflouer des banquiers irresponsables avec l’argent des citoyens n’ont fait qu’accentuer ce discredit. Pas un parti de progres a l’horizon. Des voix s’elevent certes, mais dispersees. Les gens dans la rue pour GAZA, hier pour l’Irak, les jeunes grecs, les ouvriers, etc... sont le signe qu’il faut un nouveau CONTRAT SOCIAL. Une maniere responsable et ethique de gouverner le monde.