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La conversion politique
par Raoul
Publie le jeudi 16 février 2012 par Raoul - Open-Publishing7 commentaires

Laurent KESTEL
La conversion politique
Doriot, le PPF et la question du fascisme français
Raisons d’agir
2012
Présentation de l’éditeur
Comment devient-on fasciste ? Qu’est qu’un « parti fasciste » ? Existe-t-il un fascisme français ? Voilà l’enjeu de ce livre qui propose une histoire sociale du Parti Populaire Français, le PPF, et de ses principaux dirigeants dont Jacques Doriot. Rompant avec un jugement d’essence qui chercherait à définir la nature d’un fascisme à la française, Laurent Kestel propose une analyse de la trajectoire d’un groupe de militants politiques qui, pris dans un jeu de forces en grande partie internes au parti communiste, a opéré une conversion politique et a été conduit vers des positions antirépublicaines et collaborationnistes.
Ce livre est une contribution importante à la sociologie politique des partis parce qu’il montre que les positions les plus extrêmes adoptées par Doriot et son parti ne sont pas liées à la singularité d’un individu ou d’un groupe d’individus extérieurs aux luttes politiques de leur temps qui auraient imposé leurs vues ; ces positions, au contraire, tirent leur force d’un apprentissage politique ordinaire, de savoir-faire militants, de carrières propres à des professionnels de la politiques qui, échouant en grande partie pour des raisons sociales dans leurs ambitions premières, reconvertissent ces compétences politiques parfois durement acquises au service d’intérêts et d’idéologies tout à fait différentes. La conversion en politique, la trahison même, procèdent d’une logique qui tient au fonctionnement interne de l’espace politique même.
Laurent Kestel est docteur en science politique de l’université de Paris-I.
http://pierrebourdieuunhommage.blogspot.com/2012/02/laurent-kestel-la-conversion-politique.html
Messages
1. La conversion politique, 16 février 2012, 19:29, par JdesP
Existe-t-il aussi une étude sociologique sur la conversion massive de socialistes au fascisme en Italie par exemple où Mussolini fut un dirigeant socialiste de premier plan, de même en Allemagne où seuls les Communistes furent pourchassés et enfermés dans les camps ?
Est-ce un moyen de nous servir une fois de plus la soupe réactionnaire sur les NON à l’Europe capitaliste qui ont toujours été qualifiés de "populistes" voire plus par nos "chiens de garde" grassement rétribués comme les fascistes et les Nazis, par le grand Capital ?
Est-ce un moyen d’allumer des contre-feux à l’adresse des Communistes grecs qui refusent avec Mikis Théodorakis et Manolis Glyzos, les plans criminels de l’impérialisme de l’ UE, de la BCE et du FMI contre leur Peuple ?
Que sait-on par les médias de l’Amérique latine et de ses bouleversements sociaux ? Rien.
Une bonne étude sociologique serait nécessaire sur le journalisme et la "liberté de la presse" dans la France contemporaine.
Nous aurions aussi besoin de savoir comment le PS est devenu dans de nombreuses parties du monde le moteur du capitalisme. Ou bien nous demander comment Mitterrand a pactisé avec le Front National, ou encore comment le PASOK (PS grec) a pu cohabiter avec les fascistes grecs pour voter les plans d’austérité.
Le discours sur les "déclassés", "rejetés" ou autres "malchanceux", agitateurs de "populace", les possédants les ont toujours tenus depuis la fondation de la République française, pour discréditer le profond besoin de justice sociale de la Grande Révolution et des révolutionnaires.
Le PS et l’"internationale socialiste" ne veulent pas entendre parler de la Révolution vénézuelienne et de Chavez régulièrement élu. Pire, les "socialistes" français qualifient ce dernier de "populiste" et n’ont pas condamné leur "Camarade socialiste" qui fit plus de 3000 morts au Vénézuela lors du soulèvement populaire qui porta Chavez au pouvoir.
C’est bien et nécessaire de faire des études sur le PPF , mais il ne faudrait pas s’arrêter en si bon chemin et surtout se poser des questions sur le pourquoi on sort tel livre plutôt que tel autre à tel ou tel moment.
Dernier mot, pourquoi ne ferait-on pas une étude sur la composition sociologique et idéologique des membres de l’oligarchie et le rôle de leurs prédécesseurs sous l’Occupation ?
1. La conversion politique, 18 février 2012, 12:04, par Cop
JdesP,
Excuses-moi de faire quelques remarques mais il me semble que tu parles de partis de nature différente (avec des distorsions dans les faits).
Ainsi, parler des socialistes (en essayant de les confondre à ceux de maintenant) de l’époque de la rupture de Mussolini avec le Parti Socialiste italien ne me parait pas heureux, car à cette époque tout le monde était plus ou moins dans le PS.
D’ailleurs le PSI fut le parti sur lequel les exactions des fascistes mussoliniens tombèrent , assassinant de nombreux militants. C’est en 21 que se crée le PCI.
Par ailleurs, il ne me semble pas aussi valable de comparer la SFIO d’avant la 2e guerre mondiale qui était très implantée dans la classe ouvrière et controlait l’essentiel du syndicalisme français avec la situation de maintenant où le PS a des liens complètement distendus et essentiellement électoraux avec le prolétariat moderne.
Avec un parti, se disant pour le pouvoir des travailleurs, implanté parmi les travailleurs tu peux te poser des questions d’unité d’action avec leur base, mais avec un parti dont la base est bourgeoise, nomenclaturiste (la moitié des adhérents au réel sont des élus ) et au maximum atomisée comme une masse de groupies, l’unité d’action ressort de la quadrature du cercle.
C’est pour cela qu’il ne faut pas confondre des partis qui, au court du temps, ont changé complètement de nature, et tirer des conclusions hâtives de similarité.
La question des fachos issus du mouvement ouvrier ne semble pas beaucoup être d’actualité jusqu’à maintenant malgré des tentatives répétées du FN.
Car les directions actuelles des fachos ne sont pas issues du mouvement ouvrier, ni de près ni de loin. De plus, les directions FN and co, ont peu de savoir faire organisationnel dans le monde du travail, c’est leur handicap.
La période entre les deux grandes guerres mondiales a été bien plus complexe de ce point de vue.
Le Doriotisme issu du PCF par une grosse scission dans l’agglomération parisienne, doit pousser à réfléchir aux itinéraires de courants issus du mouvement ouvrier, aux cheminements des individus là dedans y compris de leurs trajectoires.
Les axes de propagandes des croix de feu dans les années 30 :
(ils ont eu des centaines de milliers d’adhérents)
2. La conversion politique, 16 février 2012, 19:49, par manouchian
"la conversion en politique...",
Comme c’est joliment dit s’agissant de traitres.
Et l’Histoire en est pleine d’exemples.
A propos,qui a voté les pleins pouvoirs à Pétain ?
1. La conversion politique, 16 février 2012, 20:05, par JdesP
L’auteur de l’étude est aussi directeur au GART sorte de bureau d’études sur les transports publics, dirigé par des élus socialistes, de droite avec la participation de Gayssot, un autre renégat qui affirmait la nécessité de la libre concurrence dans le transport public. Voir le site du GART. il devrait aussi s’analyser lui-même lui et ses pairs, politiqueent et sociologiquement parlant.
2. La conversion politique, 17 février 2012, 01:17, par JdesP
Ce n’est pas Gayssot lui-même, Ministre des Transports (Communiste) qui annonça en son temps la privatisation d’Air France, travailla à celle de la SNCF et de l’Equipement, qui insistait sur la nécessité de la concurrence dans les transports publics, c’est bien le GART. Pardonnez mon erreur de ponctuation.
3. La conversion politique, 17 février 2012, 23:24
Le GART recommande fortement le péage urbain en d’autres termes le retour de l’octroi pour tous comme en Angleterre où on préserve Londres de la pollution, Londres quasi propriété foncière des nobles. L’écologie pour quelques uns payés par tous.
3. La conversion politique, 17 février 2012, 07:36, par cop
Au moment des débuts du parti de Doriot, il y aurait eu une forte proportion des membres qui étaient d’origine du PC et de la SFIO (les ex-PC étant les plus nombreux).
De plus le PPF de Doriot fut à ses débuts composé pratiquement de moitié par des ouvriers, avec une grosse scission du PC sur la région parisienne.
Si on compare avec le FN de maintenant la situation est très différente malgré les essais de montée en mayonnaise du FN sur quelques ex-PC, un ex-NPA (+ une ex-sympathisante), quelques ex-CGT, etc.
Le FN ne mord pas sur d’anciens militants de la gauche. Pour l’instant. Il y a à ça une série de raisons.
De même les fachos avant guerre avaient de gros partis militants et numériquement loin d’être négligeables.
Le discours était aussi plus social en apparence que celui du FN.