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La crise va permettre de réformer en profondeur le capitalisme financier : une chimère.

Publie le mercredi 15 avril 2009 par Open-Publishing
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Tout un symbole. La banque Goldman Sachs projette de rembourser les 10 milliards de dollars d’aides publiques reçues en octobre 2008. Forte de résultats trimestriels bien meilleurs qu’attendu, la banque de Wall Street la moins affectée par la crise entend se libérer d’urgence de la tutelle de Washington. C’est évidemment une très bonne nouvelle pour la finance américaine dévastée. Un début de retour à la normale, dont il faut se féliciter.

A condition toutefois que cette « privatisation », si elle se concrétise, ne se traduise pas par un retour au monde d’avant. Un retour à une maximisation des profits guidée par la seule cupidité de quelques banquiers et dont le bénéfice à terme pour la collectivité est plus que douteux, pour employer une litote. Or, sur ce sujet, le doute est permis. Les dirigeants de Goldman Sachs n’en font pas mystère : s’ils cherchent à sortir du giron de Washington, c’est avant tout pour retrouver leur liberté d’action en matière de rémunération. Pour échapper au plafonnement des bonus imposé aux entreprises aidées. Convaincus que la reprise est au coin de la rue, ils veulent au plus vite renouer avec les pratiques salariales traditionnelles de Wall Street pour attirer ou retenir les meilleurs talents.

Dans une entreprise symbole de l’argent roi, ce discours n’a rien d’étonnant ni de condamnable a priori. Pas sûr cependant que l’intérêt général y trouve son compte. D’abord, parce que ce retour au « business as usual » va créer une perturbation de grande ampleur dans le paysage bancaire. Et que d’autres établissements pourraient vouloir s’inspirer de Goldman Sachs, même si leur situation est moins solide. Avec les risques systémiques que cela comporte en cas de nouvelles secousses sur les marchés...

Ensuite, parce que cette décision prend les autorités de vitesse. Aucun des garde-fous censés éviter que le cauchemar déclenché par les « subprimes » se reproduise n’est vraiment en place. Qu’il s’agisse de la rémunération des traders ou de la régulation des banques, l’heure est encore, aux Etats-Unis notamment, à la définition d’un cadre général. Or, en échappant à la tutelle publique, Goldman Sachs prive l’Etat de l’un de ses principaux atouts pour influer sur les moeurs futures de la finance.

Accessoirement, cette décision a aussi une portée symbolique. Elle tord le cou à l’idée que le traumatisme de la crise allait permettre de réformer en profondeur le capitalisme financier. La fin d’une chimère en quelque sorte.

http://www.lesechos.fr/info/analyses/4854171-le-monde-d-avant.htm

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