La gauche galvanisée par le problème du pouvoir d’achat

Par Jean-Baptiste Vey

PARIS (Reuters) - A quelques jours des élections municipales, la gauche concentre ses critiques sur le thème du pouvoir d’achat, dont la baisse ressentie par les Français pèse sur le moral et la consommation des ménages.

"Depuis plusieurs mois, nous alertons les pouvoirs publics sur la hausse des prix alimentaires", déclare le premier secrétaire du Parti socialiste, François Hollande, dans un entretien publié jeudi par Libération.

"Des opérations de contrôles auraient dû se faire beaucoup plus tôt", ajoute-t-il, après le lancement cette semaine d’une opération "coup de poing" pour vérifier les prix dans les magasins.

De toutes façons, ironise la secrétaire nationale du PCF, Marie-George Buffet, "l’opération coup de poing, c’est pour nous révéler que les prix augmentent. Ca y est, on l’a vu !"

Au micro de France Inter, elle a demandé au gouvernement d’agir sur les centrales d’achats "qui font pression sur le producteur" et sur "les marges des grandes multinationales".

Lors d’une visite au Salon de l’agriculture jeudi, le Premier ministre, François Fillon, a déclaré que "les agriculteurs non plus ne comprennent pas l’augmentation des prix parce que les leurs n’augmentent pas, c’est pour cela qu’il faut savoir ce qu’il se passe, voir s’il y a des abus".

Selon l’ex-candidate des Verts à l’élection présidentielle, Dominique Voynet, la hausse des prix des produits alimentaires a été accentuée par des "décisions irresponsables".

"Ca fait des mois et des mois qu’on sent des tensions sur le marché des céréales (...) et qu’est-ce qu’on fait en France ? On détaxe les biocarburants pour permettre de continuer l’emballement de la machine", a-t-elle regretté sur Canal+.

"VOLONTÉ DE FAIRE PEUR"

En un an, le prix du blé a doublé sur les marchés internationaux en raison d’une forte demande et de récoltes décevantes, alors que les stocks sont au plus bas depuis 60 ans.

Selon l’indice de la FAO, l’organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture, le cours du blé a flambé de 287% depuis le 1er janvier 2006, celui du maïs et du café ont pris respectivement 149% et 139%, celui du soja 129%, et celui du riz 60%.

"Vous dites que le pouvoir d’achat a baissé. Cela ne repose sur rien d’autre que la volonté de faire peur", répond le ministre du Travail, Xavier Bertrand, à François Hollande dans les colonnes de Libération.

"En neuf mois, nous ne sommes pas restés les bras croisés", ajoute-t-il. "Ce qui a été fait sur les heures supplémentaires concerne 6 millions de Français. Le paiement des RTT en concerne 8 millions, qui ne sont pas les mêmes. Le déblocage de la participation, depuis le 12 février, concerne un salarié sur deux."

Contrairement à ce qu’affirme le gouvernement, "il n’y a pas une progression significative des heures supplémentaires", déclare François Hollande. "Mieux vaudrait donc augmenter le Smic et ouvrir cette conférence salariale."

Même remède pour Marie-George Buffet. "Il faut augmenter le Smic, il faut de grosses conférences salariales pour augmenter les salaires", a-t-elle déclaré. "Qu’il nous fasse un bon coup de pouce sur les salaires, ça serait une décision intéressante".

L’Insee a annoncé jeudi une nouvelle dégradation du moral des ménages, qui s’est établi en février à son plus bas niveau depuis que l’institut publie cette statistique, soit le début 1987, en raison des craintes concernant le pouvoir d’achat et une possible dégradation du marché de l’emploi.

avec Elizabeth Pineau, Véronique Tison et Valérie Parent

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