Accueil > La moitié des salariés en dessous de deux dollars

La moitié des salariés en dessous de deux dollars

Publie le samedi 11 décembre 2004 par Open-Publishing


Rapport du BIT. Un milliard et demi de salariés gagnent moins de 2 dollars
par jour. Seule l’Asie orientale réduira de moitié les salariés pauvres avant
la fin de l’année 2015. L’Afrique est bloquée


de MANUELA CARTOSIO

La moitié des salariés du monde gagne moins de 2 dollars par jour. Cela est écrit dans le dernier Rapport mondial sur l’emploi du BIT, Bureau International du Travail. Cela veut dire qu’un milliard et 400 millions d’hommes et de femmes, tout en ayant un emploi, sont en dessous du seuil de pauvreté, fixé par des organisations internationales à 2 dollars par jour (le paramètre est étalonné sur le Sud du monde, par conséquent les working poor du Nord riche ne rentrent pas dans l’estimation du BIT). Plus d’un tiers des travailleurs pauvres, environ 550 millions de personnes, gagne moins d’un dollar par jour.

A ces chiffres doivent être ajoutés les chômeurs, qui étaient 185 millions en 2003. En 2003 les personnes ayant un emploi étaient 2,8 milliards, un chiffre sans précédents. Parallèlement a augmenté le nombre de travailleurs pauvres, qui a pourtant diminué en pourcentage - 49,7% par rapport à 57,2% de 1990 (c’est la seule note positive du Rapport).

"La clef pour réduire le nombre de travailleurs pauvres est de créer des emplois dignes et productifs ainsi que de promouvoir une globalisation plus juste", recommande le directeur du BIT Somavia, qui indique l’augmentation de la productivité comme "le moteur de la croissance économique" pour faire sortir les travailleurs et les travailleuses "du piège de la pauvreté". Le BIT reconnaît que ce sont en premier lieu les entreprises qui profitent de l’augmentation de la productivité. Mais le bénéfice, en deuxième lieu, se répercute sur les travailleurs, avec des salaires plus élevés et des horaires de travail réduits. Le Rapport suggère une plus grande attention à l’augmentation de la productivité et des revenus dans l’agriculture, un secteur qui occupe plus de 40% des travailleurs des pays en voie de développement et qui représente plus de 20% à leur PIB. Le BIT considère "vitale" la requalification de l’économie "informelle" et souligne l’importance de la "stabilité" de l’emploi : pour augmenter la productivité il faut compenser la flexibilité demandée par les entreprises par la protection des travailleurs.

Quels sont les pays qui ont la possibilité concrète de réduire de moitié le nombre de travailleurs pauvres avant la fin de l’année 2015 ? La réponse du BIT est tautologique : les pays qui augmenteront la productivité, le PIB et l’emploi. Pour atteindre l’objectif de réduire de moitié le nombre de ceux qui gagnent moins d’un dollar par jour il suffirait que d’ici à 2015 le PIB global augmente de 4,7% par an. Une chose probable grâce à la poussée propulsive de la Chine et, plus généralement, de l’Asie. Le Moyen-Orient et l’Afrique du Nord devraient eux aussi atteindre l’objectif. Probablement l’Amérique latine et le Caraïbes vont le rater. Sans espoir l’Afrique sub-saharienne. Si on déplace le seuil à 2 dollars par jour, seule l’Asie orientale a la possibilité concrète de centrer l’objectif. Dans cette région en 1990, 79% des travailleurs gagnait moins de 2 dollars par jour. En 2003 ils sont descendus à 49% et selon les projections ils seront 25% en 2015. La condamnation de l’Afrique sub-saharienne découle des chiffres toujours identiques : dans ce trou noir du monde 89% des travailleurs gagne moins d’un dollar par jour, exactement comme en 1990 ; en 2015 le pourcentage sera légèrement en dessous de 88%. La prévision à niveau global est qu’en 2015, 40% des travailleurs aura un salaire inférieur à 2 dollars.

Nous ne savons pas si dans le milliard et demi de travailleurs pauvres on compte aussi les enfants travailleurs. Un autre Rapport du BIT est consacré à ces derniers, publié la semaine dernière. Selon l’agence de l’ONU les mineurs contraints à travailler dans le monde sont au nombre de 246 millions ; 73 millions ont moins de 10 ans, 127 millions moins de 14 ans. Dans ce cas aussi le record négatif revient à l’Afrique sub-saharienne, où on estime que 48 millions d’enfants au dessous de 14 ans sont mis au travail. On estime que 10 millions de mineurs sont exploités comme domestiques et que 8 sont victimes de l’esclavage, de la servitude pour dettes, de la traite, de la prostitution et de la pornographie.

Traduit de l’italien par Karl & Rosa de Bellaciao

 http://www.ilmanifesto.it/Quotidiano-archivio/...