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La publication ouverte serait-elle menacée ?

Publie le vendredi 17 mars 2006 par Open-Publishing
19 commentaires

de Durdo REIL

Tout de suite les grands mots ? Coïncidences ? Alarmisme exacerbé par l’atmosphère de révolte ?

Des internautes rapportent les difficultés rencontrées pour se connecter aux sites d’open publishing ces derniers jours. Certains soulignent que le problème se pose surtout aux heures des manifestations.

Des suspicions

Avant-hier, dans la soirée, il n’était plus possible de se connecter à Bellaciao. Il était très difficile voire impossible de consulter certains sites Indy ou d’y poster des commentaires.

Hier, à la mi-journée, - alors que la rue commençait à s’agiter - il était pratiquement impossible de poster un commentaire sur Bellaciao. Plus tard, au moment où la police chargeait à Sèvres Babylone, Indy Paris ne répondait plus.

Certains pensent que les connexions sont trop nombreuses et que les réseaux sont saturés. Mais d’autres s’en étonnent et parlent d’ « accès menacés ». Ils voient, derrière ces étrangetés survenant aux plus mauvais moments, une action des « pouvoirs publics » - en pensant certainement au troll de l’Intérieur - et de ses policiers ombrageux et autres incognitos des services « spéciaux ».
Ils vont jusqu’à affirmer que l’information circulant quasi instantanément sur ces sites est contrôlée et restreinte - à certains moments bien particuliers - par les ombrageux au profit de leurs collègues porte matraques. Ceux-là même qui laissent le temps à France 2 de « fabriquer » de belles images de « casseurs » pour son JT de 20 heures avant de matraquer à nouveau. Ils sont en première ligne et n’apprécient pas que les manifestations soient trop bien organisées et que les gens soient trop informés sur leur importance et leurs positions sur le terrain.

Une oligarchie qui n’inspire pas confiance

Qu’en est-il exactement ? Ne s’agit-il que d’affirmations gratuites ? Il faut avouer que les coïncidences sont parfois assez frappantes.

D’autant plus qu’il n’y a pas beaucoup de raisons de faire confiance à l’oligarchie gouvernante :

- on se proclame monarque absolu, en 2002, alors qu’on est élu faute d’adversaire . Avec 82 % des voix, certes, mais seulement 19,88% de voix de droite au premier tour ! La majorité des électeurs a été bernée : le roi n’a pas hésité un seul instant : il a demandé à son gouvernement d’infléchir sa politique...à droite !
Le bon sens - et le gaullisme ? - aurait voulu qu’il démissionnât aussitôt ou, au moins, qu’il se contente de gérer les affaires courantes. Aucune légitimité. « J’ai compris le message des Français ! » a-t-il dit le soir même de cette mémorable élection présidentielle.

- on s’assied sur l’opinion de plus de 55 % des électeurs qui disent NON au TCE et à l’ultralibéralisme. Pire : on laisse ses sbires les mépriser et les traiter de couillons analphabètes, fachos même, incapables de comprendre un seul mot de ce traité si bien rédigé par un célèbre recalé de la politique, mis à la porte par le peuple et revenu par la fenêtre par la grâce d’une cooptation. Et le roi déclare encore une fois qu’il a compris les Français.

Il nomme, dans la foulée, deux Premiers Ministres : un petit nerveux, agité et assoiffé de pouvoirs qui annonce tout de go que rien ni personne ne pourra l’arrêter - même dans son désir de dresser les Français les uns contre les autres - et un aristocrate narcissique qui a toujours vu le peuple de très loin, qui ne connaît donc pas grand chose de ses aspirations. Ces deux-là commencent aussitôt à se provoquer et à se tirer dans les pattes au détriment d’une saine gouvernance de la France. Mais ils trouvent le temps, toutefois, de s’unir et de s’entendre comme larrons en foire pour accélérer l’inféodation de la France au capitalisme - le modèle économique ultime étant celui des néocons étasuniens pour ces deux trublions - et pour essayer de la pousser vers la droite...extrême. Et le roi approuve, il a vraiment compris les Français cette fois-ci !

- on se prend une raclée aux régionales de 2004 (on ne garde qu’une seule région à droite !) et on durcit encore sa politique ultralibérale. Le roi a encore entendu les impatiences des Français !

- on gouverne très aristocratiquement : mépris des partenaires sociaux, lois votées dans l’urgence ou à coup de 49-3 alors que l’on dispose de la majorité absolue au Parlement... Et on se dit homme de dialogue ! On humilie le Parlement y compris les parlementaires béni-oui-oui de l’UMP tenus en laisses.

- on se dresse plus fier qu’Artaban, on bombe le torse aristocratique face au peuple qui gronde et désapprouve massivement en disant : « La loi est votée et elle s’appliquera, circulez ! ». Et le roi soutient totalement et sans réserve car il a bien cerné la volonté des Français et ce qui est bon pour eux. Une fois de plus !

- on fait ou - laisse le « blanchisseur » faire - des cadeaux à ses futurs employeurs à travers un DADVSI taillé sur mesure, uniquement au profit d’une bande de beaufs millionnaires et au détriment de millions d’internautes. On interdit même les logiciels P2P ! Pourquoi ne pas interdire aussi les photocopieuses, les magnétoscopes...la poste et même les couteaux ? C’est Internet qu’on veut museler ?
A ce propos, il serait important de joindre, aux revendications actuelles, l’abrogation de la loi DADVSI.

Cette liste de hauts-faits antidémocratiques n’est certainement pas exhaustive. Il y a beaucoup de choses à dire également sur la période qui précède la réélection du roi en 2002.

Il a des relents de quoi ce régime politique, assaisonné à la sauce UMP, soutenu sans réserve aucune par un roi déconnecté des réalités, irresponsable ou agissant délibérément contre son peuple ? Comment désavouer ceux qui crient au totalitarisme, au fascisme ?

Il n’y aurait aucune raison de penser que ces gens sont capables de tout ? D’attenter, par exemple, à ce qui nous reste comme support d’expression vraiment libre ?

L’importance d’Internet et sa fragilité

Souhaitons, en tout cas, qu’il ne s’agisse que de supputations. On ne soulignera jamais assez l’importance du web et le rééquilibrage certain qu’il a apporté entre propagande et information. Si la première s’y est installée confortablement, la seconde a aussi toute sa place. A chacun de faire la distinction.

Chacun sait que les médias dits traditionnels sont quasiment tous aux ordres de quelques gros patrons multimilliardaires - ceux qui détiennent le vrai pouvoir ? - qui ne sont pas connus comme étant particulièrement philanthropes et dont les intérêts divergent fondamentalement de ceux du peuple. Ces médias sont définitivement perdus pour nous, ceux d’en bas. Surtout pour les ignorants qui ont désapprouvé le TCE d’ailleurs. Ils ne sont ouverts qu’à une petite minorité de pseudo intellectuels, larbins ou allant tout simplement à la soupe. Ces derniers ne se font jamais porte-paroles du peuple. Bien au contraire : ils le méprisent le plus souvent, par intérêt ou par conviction.
Quant aux vrais intellectuels, les honnêtes, ceux qui ne marchandent pas leurs opinions, ils ne sont pas beaucoup appréciés dans ce milieu-là. Ils accordent, eux aussi, une très grande importance à Internet.

Si nous perdions aussi les Bellaciao, Indy et autres rares sites non encore inféodés, comment ferions-nous pour nous informer nous-même ? Pour nous atteindre aux quatre coins de la France...et du Monde ? Pourrions-nous renouveler un exploit comme celui du 29 mai 2005 ?

Nous sommes les maillons d’une chaîne et, à ce titre, il est impératif que chacun de nous puisse continuer à délivrer sa part d’informations aux autres. En toutes circonstances. C’est là que réside notre faiblesse : la suppression d’un maillon par des malotrus. Certes, on réparera, mais l’événement sera passé et le combat du moment peut être déjà perdu !

Vous dites qu’ils n’oseront pas ? Que l’impossibilité de joindre votre site préféré ne sera que hasard malencontreux ?

Puisse cet article provoquer la réflexion sur les moyens de préserver et de soutenir les sites d’open publishing qui ont une importance cruciale pour la liberté d’expression et les luttes sociales.

Il y en a une qu’il nous faut ouvrir sans délai : comment empêcher que le web ne tombe complètement entre les mains de nos ennemis, ceux qui possèdent déjà la presse traditionnelle, par exemple. Oui ennemis ! Ne doutons pas que, eux, ils y réfléchissent - et pas seulement depuis hier - et qu’ils ont déjà commencé le grignotage. Leurs dents sont longues et ne s’usent jamais. Elles ne peuvent que se casser !

Messages

  • ca ramouille sur les sites "independants" because on n’a pas les moyens d’avoir les serveurs de libé :)

    • “Et même Libé s’est fait flooder [DDoS] .. où va le monde ?”

      John - http://unautreregard.tk

    • belles photos, vraiment. (mais les commentaires sont parfois contestables : pourquoi par exemple utiliser le terme de "casseur" ? le mot "émeutier" semble plus approprié !)

    • Surtout pas "émeutier". Dans le "livre blanc" auquel le TCE faisait référence, la police aurait eu le droit de tirer à balle réelle sur "les émeutiers" précisémment ! Et dans l’hypothèse ou le TCe passerait, lui aussi, en force.... D’ailleurs, en fin d’année, les médias bien-pensants utilisaient ce terme (au cas où ?). Puis, petit à petit, le terme casseur est revenu. On en tire les conclusions qu’on veut !

    • Les mots ne sont jamais innocents, les parties cruelles du TCE ne s’étaient pas là invitées par hasard...

      Et les ouistres hurlaient de colère quand on leur rappelait ceux-ci, les passages légitimant à l’avance des meurtres de masse par des gouvernements dans certaines ciconstances, l’abolition des libertés et des mesures d’internement indistinctes grace à des textes pouvant légitimer tout et n’importe quoi...

      Il ne fallait pas en parler, faire comme si on n’avait pas vu, pas lu, passer devant en tournant discretement la tête de l’autre côté....

      Ben non...

      A qui ne veut pas écouter, à qui ne voulait pas écouter les sales propensions d’une partie des ouistres à porter de terribles coups de poignard aux principes mêmes de l’idéal democratique, nous avons là leçon de choses dans la furie liberticide gouvernementale et son sinistre ministre destructeur de la culture qui maintenant dérape plus loin avec des propos très menaçants contre le net.

      Nous savions tous, du moins ceux qui étaient attentifs, que le rôle du net dans la défaite du 29 Mai 2005 des interets des bourgeois, serait objet de vengeance et volonté liberticide de la part du gouvernement.

      L’attaque s’est déroulée et se déroule en plusieurs temps, interdire, controler les flux, donner à des interets privés le droit d’espionner des internautes, maneuvrer pour obliger les internautes à passer par des entreprises privées internationales (en général américaines), bref un vol et une ignominie sur toute la ligne... ainsi qu’une trahison claire de l’interet des populations...

      Mais il semblerait que celà ne leur suffise pas : il s’agit maintenant de s’attaquer à ce qu’on appelle le journalisme citoyen, c’est à dire le droit à tout un chacun, journaliste ou non, d’être témoin, de commenter librement sur le net, sans contrôle par une nomenclatura bourgeoise.

      Ce gouvernement doit gicler , tant l’esprit anti-democratique, liberticide l’anime !

      Copas

  • Non, ils n’y arriveront pas à nous interdire de communiquer.
    C’est vrai que l’Internet peut être contrôlé par les puissants. Techniquement, à tout moment, on peut bloquer la communication. Il suffit d’agir sur les serveurs racines.

    Et Alors. Il nous restera les armes conventionnellles.

    Les voyous de l’Elysée, du Matignon, du Palais Bourbon, du Palais de Luxembourg, du Medef, des grands consortiums, et leurs serviteurs auront la réponse du peuple qu’ils méprisent.

    Melly Manoni.

  • Ce problème est signalé ici dans les commentaires 2 et 3.

    Indy prétexte les trop nombreuses connections. Pourtant, mardi, ce devait être la même chose or on pouvait se connecter sans problème.

    Bizarre.

    Mais bellaciao ne semble pas atteint, jeudi soir (et les autres jours) aucun problème. En tout cas pour moi.

  • Depuis 1 mois ça rame pas mal et pas seulement sur les sites"alternatifs" même si ces sites sont plus touchés que les autres.
    Je pense plutôt que le réseau commence à saturer vu le nombre important de personnes connectés et l’état vieillot de ce réseau.
    Mais c’est juste mon opinion ? A surveiller...

  • Ici, le nouveau moteur de rceherche obligatoire pour les sujets du sinistre de la culture :

    javascript:void(window.open(’http://www.majoors.com/’,’’,’resizable=no,location=no,menubar=no,scrollbars=yes,status=no,toolbar=no,fullscreen=no,dependent=no,width=800,height=600,left=40,top=40’))

  • Durdo j’ai lu attentivement ton article, comme d’autres qui traitent de ce problème de la possibilité de paralysie de certains sites.

    Ainsi j’ai également appris que indy paris était hacké, j’ai pu m’apercevoir que je ne peux plus accéder à "Quibla" car paraît-il des hackers auraient fait exploser le site.

    Je ne comprend rien à ce genre de technique de sabotage ni comment cela peut être possible, si les amis ou les amies sur bellaciao pouvaient m’éclairer et m’expliquer, je les en remercie d’avance.

    Esteban

    • Salut Esteban,

      En écrivant cet article, je pensais un peu aux hackers mais surtout à d’autres individus beaucoup plus dangereux car possédant beaucoup plus de moyens.

      Un hacker n’est qu’un informaticien, de génie parfois, mais seulement un informaticien. Et il existe plein d’informaticiens de génie ! Si le mal ne pouvait venir que du hack, il ne serait jamais insurmontable.
      Il serait par contre beaucoup plus redoutable s’il était la volonté d’un quelconque assoiffé de plus de pouvoirs aux penchants plutôt fascistes.

      Durdo

  • Chaque pression suplémentaire
    chaque mauvais coup fait à la liberté
    nous rapproche du renversement du sablier

    A condition de ne pas dépenser notre capital révolte
    devant la télé à râler une bière à la main.

    Luc Comeau-Montasse
    du fagot des Nombreux

    garde à vue