Accueil > La résistance à l’OMC en Guadeloupe
Gauche . Le responsable du PC guadeloupéen, Christian Céleste, souhaite voir Marie-George Buffet incarner une candidature anticapitaliste et anticolonialiste.
Envoyée spéciale.
Sur un plateau surplombant la mer, au bout d’une route de terre bordée d’une luxuriante végétation, des ouvriers agricoles s’affairent sous un soleil de plomb. La petite exploitation de Philippe Rotin, à Baie Mahault, en emploie quatre, payés au SMIC. Sourire aux lèvres et large chapeau de paille sur la tête, cet agriculteur de quarante-six ans, père de quatre enfants, explique que lui-même ne peut se payer la totalité de ce modeste salaire certains mois. Il a fait le choix d’une agriculture paysanne. Aubergines, melons, papayes, quelques porcs et bovins... Le groupement d’exploitations auquel il participe, 16 hectares au total, a été contraint au pari difficile de la diversification. Une conséquence de la crise de la banane et de la canne à sucre qui frappe durement l’économie de la Guadeloupe. Visitant l’exploitation, après une rencontre avec les représentants du monde agricole, Marie-George Buffet a dénoncé « les choix du gouvernement et des institutions européennes, qui abdiquent devant l’OMC », et prôné une « remise à plat des systèmes d’aide pour assurer un revenu décent aux paysans ».
à l’invitation du PC guadeloupéen
En visite dans l’archipel depuis mardi à l’invitation du PC guadeloupéen, la secrétaire nationale du PCF a enchaîné les rencontres avec des élus, des acteurs du monde culturel, économique, syndical, pour « construire des réponses adaptées ». Au coeur de ces entretiens : le chômage massif, le pouvoir d’achat ou encore la pénurie de logements sociaux. Loin du tintamarre sécuritaire qui avait accompagné, au printemps, la visite de Nicolas Sarkozy, ou des maigres promesses concédées plus récemment par le premier ministre, Marie-George Buffet a plaidé pour une authentique politique de « codéveloppement ». Un point de vue qu’elle devait également exposer en Martinique, où elle poursuivait aujourd’hui sa visite aux Antilles.
un chaleureux meeting
Récurrentes aussi au fil de ces « rencontres de travail » : la question identitaire et celle du statut de cette ex-colonie devenue département français en 1946. La secrétaire nationale du PCF s’est dite favorable à « la conquête de nouvelles responsabilités du peuple guadeloupéen », qui doit pouvoir décider lui-même des évolutions institutionnelles qu’il juge nécessaires. À quelques mois des échéances présidentielle et législatives, Marie-George Buffet a également reçu, lors d’un chaleureux meeting à Pointe-à-Pitre, le soutien du PCG, dont le secrétaire général, Christian Céleste, a souhaité la voir incarner une candidature « anti-
capitaliste, anticolonialiste, portant notre droit à l’autodétermination ».
Interrogée à plusieurs reprises sur l’attitude que devrait adopter le rassemblement antilibéral auquel participe le PCF au second tour de l’élection présidentielle, elle s’est prononcée sans ambiguïté pour « un appel au rassemblement sans conditions ». « Il n’est pas question de laisser les clés de la république à Nicolas Sarkozy, a-t-elle répété. C’est un homme de division, dangereux pour les droits sociaux et démocratiques. » Mais, a-t-elle prévenu en appelant de ses voeux
l’avènement d’une « gauche neuve », « si la gauche ne réussit pas, si elle déçoit à nouveau, cela ouvrirait un boulevard à une droite toujours plus réactionnaire et à l’extrême droite ».
Rosa Moussaoui
l’Humanité
Article paru dans l’édition du 24 novembre 2006.