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La véritable histoire d’Ahmed Elkhattib
Publie le lundi 5 décembre 2005 par Open-Publishing5 commentaires
de Badia Benjelloun
Confrontés à un quotidien fait d’humiliations , de destructions et d’assassinats de la part des militaires israeliens, les enfants palestiniens ne font pas exception et comme dans n’importe quel pays en guerre, ils veulent jouer au soldat , pour se construire une dignité face à la force immaîtrisable et arbitraire de l’oppresseur.
C’est ainsi que se forge le matériau symbolique de résistance à l’effondrement de leur psyché.
Et s’ils ont à demander un jouet, c’est une arme , factice ,qu’ils choisissent.
Le jour de l’Aîd al Fitr , qui clôture le mois du jeun de Ramadan, près de Jénine, Ahmed AlKhattib venait de recevoir le cadeau qu’il réclamait à son père, un fusil mitrailleur en plastique , et il s’est pris à jouer dans les rues voisines avec ses camarades de quartier. Une patrouille passait par là. L’enfant fut pris pour cible dangereuse et blessé mortellement.
Reconnaissant immédiatement la méprise, le chef de l’escouade a porté le petit à l’hôpital de Jénine . Là les premiers soins lui furent apportés, une hémorragie interne a été rapidement contrôlée mais un transfert urgent devait se faire vers un centre hospitalo-universitaire à Haïfa.
Les soldats israeliens s’offraient pour l’accompagner mais il fallait obtenir l’accord de la coordinatrice médicale israelienne , une dénommée Dalia, qui a exigé pendant 45 minutes une garantie pour le paiement des soins futurs.
Enfin autorisé à être conduit, Ahmed fait un arrêt cardiaque au check-point . Il est réanimé sur place et récupère ses fonctions vitales.
Peu de jours après, il est déclaré en mort cérébrale.
Ses parents décident alors de faire don de ses organes à des Israeliens en attente de greffe.
Voilà la véritable histoire de ce magnifique geste des parents Elkhattib qui ne cessera de nous questionner sur le sens du pardon qui inclut pour son accomplissement véritable la désignation des coupables , leur jugement équitable, et qui nous enseigne de quel côté se loge le camp de la peur et de la haine aveugles.
Aucune paix ne peut être décrétée sans la justice qui doit la fonder.
Les Israeliens continueront-ils à rester sourds au récit de la souffrance de Palestiniens ?
Le recours à un texte biblique , dont la dernière élaboration remonte à 2500 ans , si poétique qu’il fût , peut-il être un texte fondateur de droit international ?
Les Palestiniens et le monde arabe , qui n’est pas que musulman , ont entendu pour leur part les heurs et malheurs des Juifs dans le monde occidental , ils peuvent offrir leur compassion et leur intelligence , mais pas expier pour des crimes qu’ils n’ont pas commis.
( d’après le témoignage du Dr Mohamed AbouGhali, chirurgien pédiatre et directeur de l’höpital de Jénine)
Messages
1. > La véritable histoire d’Ahmed Elkhattib, 6 décembre 2005, 15:19
Une leçon terrible, difficile a comprendre tant la situation apparait impossible à imaginer . Un militaire doit tuer car c’est son role, mais s’il ne veut pas le faire, alors les guerres s’arretent. Personne n’a obligé ce soldat a tuer cet enfant. Si se sont ses instinct de guerrier ou se reflexes de tueur qui ont parlé en tout premier lieu, c’est que ce dernier n’est pas un homme mais l’equivalent de n’importe quel insecte nuisible tuant ou piquant par pure prédisposition chromosomique. Une societe qui genere de tels monstres, tueurs efficaces, raquetteur de soins medicaux, ou encore policier au zele particulierement affuté ne peut que declancher haine et violence jusqu’a ce que disparraissent leurs nuisances. Comment ne pas rever de vangeance !
1. > La véritable histoire d’Ahmed Elkhattib, 6 décembre 2005, 17:23
en meme temps le principe de la guerre c’est tuer ou etre tuer. il n’y a rien de philosophique la dedans. En tt cas je trouve tres bien que se soldat ai voulu reparer son erreur, preuve que derriere le ’militaire’ il y a un humain.
2. > La véritable histoire d’Ahmed Elkhattib, 7 décembre 2005, 19:56
Beaucoup de millitaires, s’ils avaient possibilité de s’excuser le feraient sans aucun doute. Les larmes aux yeux et les mains jointes meme. Ils ne font pas exprés de tuer les gens, mais non, ils sont stréssés, bouleversés, meutris de mitrailler des gosses dans la rue. Ah les pauvres...
2. > La véritable histoire d’Ahmed Elkhattib, 11 décembre 2005, 21:19
Lorsque je lis les réactions à ce texte je me dis que nous avons encore beaucoup de travail face à la grande désinformation sur ce sujet.
Les grandes théories sur ce qui se passe dans la tête du soldat ou les banalités du genre "que voulez vous c’est la guerre"...me pompent l’air.
Lisez ce qui se passe là bas tous les jours !!! Une armée d’occupation puissante, un pays soutenu dans le monde entier opprime un peuple pour lui voler sa terre...c’est simple. Alors ce n’est pas un soldat mais une politique choisie par les Israéliens et chaque jour des soldats blessent gravement des jeunes qui jettent des pierres contre des tanks, chaque jous ils arrétent et torturent des enfants et des jeunes ..merde. Ce discours fataliste est déprimant.Les Palestiniens comptent sur leur propres forces pour résister aux humiliations qu’ils vivent chaque jour mais aussi sur le soutient de la communauté internationale pour faire appliquer le droit qui théoriquement est censé leur rendre justice.
Une pensée pour ce petit garçon qui ne menaçait en rien les soldats ( se défendre !!!!quand on arrive avec des véhicules blindés dans un camp de réfugiés !!) et qui a permis de sauver des vies...espérons que ce seront des vies de gens qui refuseront de servir cette armée et cet état raciste et colonial.
1. > La véritable histoire d’Ahmed Elkhattib, 14 décembre 2005, 08:53
Pour paraphraser le poète Jacques Prévert disons « qu¹il ne faut pas laisser les tenants de la pensée unique jouer avec les allumettes car, quand on les laisse seuls, ce monde ment monumentalement » !