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La violence surgit quand la politique est absente

Publie le samedi 12 novembre 2005 par Open-Publishing
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de Etienne Chouard

Laurent Mucchielli est un sociologue bien intéressant à qui nos journalistes ont souvent donné la parole ces derniers jours, à propos des violences en banlieue : Daniel Mermet à Là-bas si j’y suis

Laurence Luret à Parenthèses
et dans Libération

Il développe un bon plaidoyer pour qu’on lise la violence comme le résultat d’une exclusion extrême.

Je relie sa réflexion à celle sur nos institutions qui, elles aussi, excluent les citoyens du fait politique entre deux élections : pas de référendum d’initiative citoyenne et pouvoir exécutif hors contrôle, aussi bien en France qu’en Europe.

Cette exclusion quotidienne des affaires politiques est finalisée, verrouillée, par des élections qui, même elles ! ne sont qu’une parodie, gravement truquées, profondément perverties, à la fois par le scrutin majoritaire strict (des millions d’électeurs sans aucun représentant à l’assemblée), par le refus du vote blanc (scandaleusement assimilé au vote nul), par le cumul des mandats, et surtout par le fait que les politiciens professionnels "de gauche" et de droite conduisent la même politique (le néolibéralisme, qui comble la petite caste des plus forts et nous asservit tous progressivement).

Les citoyens qui refusent absolument le libéralisme déchaîné, mortifère, ne sont donc plus défendus par personne au pouvoir.

Il est très dangereux de laisser ces millions de personnes en colère sans voix (ni voie) politique.

Cette équivalence des politiques gauche droite est bien le comble du mensonge et finalement du mépris du choix électoral, mais ce n’est pas si surprenant : c’est cohérent avec la malhonnêteté des institutions écrites par les hommes au pouvoir eux-mêmes, évidemment juges et parties, et c’est bien là le nœud de l’affaire :

C’est à nous, citoyens, et pas aux "pros" de la politique, d’écrire nos propres institutions, pour nous protéger, au plus haut niveau du droit, contre ceux qui veulent le pouvoir.

Depuis au moins 2 500 ans, on sait que ces hommes-là, candidats au pouvoir, sont, si on ne les contrôle pas parfaitement, le plus grand danger pour la vraie démocratie qui, rappelons-le, est le pouvoir partagé par tous.

L’exclusion des humains de l’action politique réelle conduit tôt ou tard à la violence, et ce serait de bonne gestion de la Cité de rendre parole et force aux citoyens, avant que ça barde.

http://etienne.chouard.free.fr/Europe/

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