Accueil > La xénophobie n’a pas fonction idéologique : elle est un instrument de classe

La xénophobie n’a pas fonction idéologique : elle est un instrument de classe

Publie le mercredi 1er septembre 2010 par Open-Publishing
19 commentaires

de Annie LACROIX-RIZ

Cette indignation contre l’ignominie est lyrique et émouvante, mais il convient de rappeler que la xénophobie, brandie pour la énième fois en France, n’a pas fonction idéologique : pratiquée avec intensité en temps de crise, avec une efficacité particulièrement redoutable dans les pays colonisateurs (la France le fut et le demeure de fait), elle a caractérisé la Troisième république finissante, particulièrement l’ère Daladier-Reynaud, et elle s’insère pleinement dans la lutte pour l’écrasement des salaires – c’est à dire pour le maintien, voire l’augmentation du profit ‑, rendue possible par la division des salariés (entre femmes et hommes, étrangers et Français, jeunes et vieux, etc.).

Elle a obtenu l’aval, alors officiel, de la « gauche de gouvernement », qui était précisément « aux affaires » ‑ différence (une des seules) avec la situation actuelle (nous sommes actuellement dans la phase d’assaut du genre Doumergue-Laval) ‑ et qui en prit donc l’initiative officielle.

Or, l’initiative alléguée fut dictée par les puissances d’argent – c’est la chambre de commerce de Paris, haut lieu du grand capital français, fief de la Confédération générale du patronat français (CGPF), ancêtre du MEDEF, qui dictait à Daladier et à ses ministres leurs textes de 1938-1940 contre les étrangers en général et les juifs étrangers en particulier. Je dis bien dictait, stricto sensu, comme s’en vantait alors le président de ladite chambre devant ses mandants en assemblée générale (preuves écrites à l’appui, puisqu’il comparait les textes soumis aux ministres aux décrets finalement pris) (cf. l’article joint paru dans le récemment défunt Siné Hebdo en mai 2009, « “La chasse aux clandestins ” de la 3e République agonisante »).

C’est aussi la dimension essentielle de la lutte contre les fonctionnaires, loi LRU comprise, dont ceux-ci n’ont pas pris la mesure.

Le sort de notre mouvement l’a démontré en 2009. A l’université, on a eu tendance à croire que l’offensive thatchérienne était idéologique, imputable à un analphabète ignorant des lettres (l’un n’empêche pas l’autre : il vaut mieux pour incarner la lutte contre l’intellect choisir autre chose qu’un fin lettré) et mise en œuvre par une administration débile, procédant à des réformes « absurdes » (pas de langue vivante au CAPES de langue, et autres fantaisies de la même farine, quelle idiotie !).

Quand, en haut, on veut tout casser, on pratique une politique d’apparence absurde, qui confronte ses victimes d’en bas à l’incompréhension totale, comme, par exemple, la semaine de six jours et les 48 h hebdomadaires légales rétablies en novembre 1938 dans une France où la moyenne de la semaine de travail était de l’ordre de 36 h.

Ce que Naomi Klein qualifie de « stratégie du choc » a une longue histoire, dans la guerre sociale, laquelle ne relève ni des sentiments ni des états d’âme qui sont au cœur du généreux texte cité par Ophélie Hetzel.

Georges Sadoul, dans son Journal de guerre, cite le cas de la suppression du congé dominical par « une grande banque » parisienne, congé remplacé par « deux demi-journées de congé qu’on ne pourrait jamais bloquer en une seule », ce qui accablerait les familles, « surtout les femmes ». Quand la jeune secrétaire « catholique bien-pensante [et…] bien élevée » de l’établissement réclama en 1939 à son sous-directeur le retour au repos dominical en arguant que « la banque n’en marcherait pas plus mal. Pourquoi prendre une mesure si inhumaine ? », il « rican[a] : “Mais parce que maintenant nous vous tenons, ma petite” » (Journal de guerre (2 septembre 1939-20 juillet 1940), Paris, Les Éditeurs français réunis, 1977, p. 105).

L’assaut contre les retraites a été lancé non pas parce que nous vivons plus vieux, mais parce que la « réforme », partagée par la droite prétendument « républicaine », l’extrême (dont la première ne se distingue plus guère) et la « gauche de gouvernement », qui y a souscrit quand elle était « aux affaires » et œuvrait aux traités « européens ». Il va nous ramener aux retraites de misère d’avant-guerre, et a exactement la même fonction que la gigantesque injustice fiscale, la chasse aux étrangers, le combat contre le statut de la fonction publique (désormais sérieusement entamé), etc.

Quand nous-mêmes et nos organisations de défense renouerons avec ces analyses couramment faites au cours de la crise systémique des années 1930 par la fraction radicale, très affaiblie aujourd’hui, du mouvement ouvrier – et avec l’action y afférente ‑, nous nous battrons plus efficacement contre l’ennemi commun aux Roms, français ou étrangers, aux étrangers (pauvres, pas riches) en général et à nous-mêmes.

Le capitalisme en crise ne « trahi[t pas ses] lois » en œuvrant comme il le fait actuellement, il les met en pratique, comme dans les crises de 1873 et 1929-1931.

La droite se fascise aujourd’hui comme elle s’est fascisée dans l’entre-deux-guerres, la gauche de gouvernement ne « baisse [pas] les yeux », elle est fidèle à elle-même, privée de politique de rechange parce qu’elle ne dispose d’aucun moyen contre le grand capital, qui la contrôle en large part : c’est un fait, pas un jugement idéologique – ceux qui en doutent n’ont qu’à faire un long stage dans les fonds BA et GA des Renseignements généraux aux archives de la Préfecture de police ou dans la série F7 du ministère de l’intérieur, aux Archives nationales, qui pourra les conduire jusqu’à une période assez récente pour certains dossiers des APP.

Cette gauche convaincue que le capitalisme relève de la même fatalité que la pluie et le beau temps ne se donnera pas davantage d’alternative en 2012, elle le reconnaît d’ailleurs avec une grande simplicité, et le Canard enchaîné (de la semaine dernière, à propos de F. Hollande) n’est pas le seul à le dire ‑ alors que Daladier, chef du parti radical, fit semblant de virer à gauche avant les élections de Front populaire.

La population française ou « le peuple de gauche » ignorait en 1936 que Blum et Vincent Auriol tenaient leur programme socio-économique de la Banque de France et des éléments français (issus de la Banque de France) de la Banque des règlements internationaux.

Nous n’avons pas l’excuse d’ignorer aujourd’hui que le Parti socialiste, même parmi les adversaires personnels de M. Strauss-Kahn, n’a pas d’autre politique que celle dictée par le FMI – c’est à dire par le club constitué depuis juillet 1944 par les classes dirigeantes de nos pays et celles des États-Unis, garantes en dernière analyse ‑ jusqu’à nouvel ordre ‑, du coffre-fort des premières.

Tant que nous considérerons qu’aborder ces questions signifie « sortir du cadre de la défense syndicale » ou assimilée, nous perdrons avec la même régularité que nous avons perdu, sans interruption, depuis 30 ans.

D’ailleurs, la victoire sociale de 1936 ne fut pas électorale – le programme social et économique de Blum était celui de l’austérité financière de la Banque de France ‑, mais elle fut exclusivement due à l’action de mai-juin 1936 des salariés français, favorisée par les « unitaires » et combattue par la majorité des « confédérés » (dont nos actuelles « directions syndicales » sont presque sans exception héritières) ; elle donna un répit, un vrai, aux familles d’immigrés, victimes depuis le début de la crise d’un véritable harcèlement, policier notamment, répit malheureusement très bref (voir plus haut). « La gauche de gouvernement » a bien vite, après ce grand succès mal préservé, préparé dans une mesure considérable la voie à Vichy, y compris en matière d’immigration, propos, je l’affirme, absolument non polémique.

Globalement, c’est nous qui, assurément sans le vouloir, trahissons nos propres intérêts au profit de ceux d’en face, lesquels ne trahissent jamais les leurs, parce qu’ils sont servis par des mandataires efficaces, parce que strictement contrôlés (nous ne pouvons en dire autant), ne cessent jamais de « raisonner », c’est à dire calculent tous leurs coups, au millimètre près (ça marche tant que nous ne bougeons pas). Ils n’abdiquent jamais.

Jusqu’ici, c’est dans le seul camp des salariés que l’abdication a régné. Il n’y a pas de « clercs » en général, il y a des « clercs » qui servent des intérêts de classe, et ceux qui nous accablent, réduisant nos salaires directs et indirects, choisissent, pour nous le faire accepter, ils ont bien raison, ceux et seulement ceux qui leur sont dévoués. Il ne nous reste qu’à recréer les instruments de défense qui rendront visibilité et écho aux « clercs » qui servent notre camp. Il y a du chemin à faire.

Nous avons autant ou davantage besoin de lucidité socio-économique et politique (et de connaissance froide de l’histoire) que d’indignation épique (relisant Les Misérables, je reconnais cependant ce que nous devons aux élans de Victor Hugo, et admire le vaillant Baudin, qui déclara : « Vous allez voir comment on meurt pour 25 francs [par jour] ! » avant de se livrer au feu des putschistes de décembre 1851).

Il s’impose naturellement de signer toutes les pétitions de défense des Roms, ce que j’ai fait, comme nous tous sans doute. Mais on les défendrait mieux, ainsi que la majorité des gens qui vivent en France, nous compris, en tenant compte de ce qui précède et en renonçant à rêver à 2012, le rêve ayant des chances de virer au cauchemar. Voir les cas grec, espagnol, etc.

Annie Lacroix-Riz,

Historienne

http://www.historiographie.info/


Source :
Envoyé : lundi 23 août 2010 17:05
À : ’prepa.coordination.nationale shesp.lautre.net’
Objet : RE : [Prep.Coord.Nat]

Messages

  • A mon sens un des meilleurs textes qu’Annie Lacroix ait écrit récemment. Meilleur pourquoi ? Le sujet d’abord, abordé d’une façon ENFIN nouvelle et qui sorte des pleurnicheries droits de lhommistes (sympathiques mais bon qui ne font pas avancer voire à moyen terme pourraient se révéler dangereuses) ; puis la précision, toujours chirurgicale,au scalpel, des mots employés. Le rappel historique, la peinture du contexte. Le tout en quelques paragraphes, c’est superbe et diablement enrichissant.
    Un texte qui appuie où ça fait mal et où la "fausse gauche" ne veut surtout pas aller : vers la remise en cause du système. Un texte que je recommande à tout le monde et dont on doit débattre absolument.
    Il faut aller vers l’unité des luttes, le plus grand dénominateur commun, cesser de s’éparpiller, sinon on ne s’en sortira pas. En somme, il faut aller vers une renaissance du communisme et du socialisme révolutionnaire en France, en Europe, dans le monde.
    La Louve

    • Je dirais pour compléter que la meilleure preuve de cette démonstration d’Annie Lacroix c’est bien que le régime tolère parfaitement les "étrangers" et "français d’origine étrangère" qui roulent pour lui et font partie de la classe bourgeoise. Je rappelle, quand même , qu’il y a un nombre de "français d’origine étrangère" non négligeable dans ce gouvernement, que le père de Sarkozy lui-même est hongrois ! Ce n’est pas absurde, c’est l’application froide et déterminée d’une politique de CLASSE, comme le dit Annie Lacroix. Voit-on le gouvernement actuel ou Le FHaine s’en prendre aux princes saoudiens, des émirats, à la bourgeoisie indonésienne, afghane....? Ne voit-on pas que la bourgeoisie américaine a mis à la tête de son Etat un homme de couleur noire ?
      Tout nous démontre chaque jour que la xénophobie et le racisme manipulés par l’Etat et le gouvernement actuel n’ont pas de fonction idéologique puisque ce racisme et cette xénophobie sont à géométrie et à contours variables en fonction des interlocuteurs. On ferme les yeux sur les hordes de saoudiennes en burqa qui débarquent fréquemment chez Vuitton, mais on va emmerder deux ou trois pauvres filles (dans tous les sens du terme) de Sarcelles ou de Vénissieux ?! On déroule le tapis rouge aux émirs (Qatar, Koweit etc) qui logent au George V, possèdent , via des fonds souverains certains des "fleurons" industriels ou financiers de ce pays mais on stigmatise Mouloud, pourtant bien français lui. Le Président roumain est traité comme un "pair" par Sarkozy et csts. S’il habitait dans une roulotte ce serait évidemment différent.
      Alors, quoi de plus juste que la démonstration d’Annie Lacroix aujourd’hui ?
      LL

    • A

      mon sens un des meilleurs textes qu’Annie Lacroix ait écrit récemment.

      tout à fait d ’accord.

      Gidéhem

  • "Cette gauche convaincue que le capitalisme relève de la même fatalité que la pluie et le beau temps ne se donnera pas davantage d’alternative en 2012,"

    Nous sommes sur la même ligne de pensée, et c’est pourquoi j’ai insisté sur la radicalisation de la lutte.

    Il ne faut rien attendre du PS, et j’ai bien peur que la position mitigée vis-à-vis du capitalisme des cadres du PC et de ceux du PG, disons le magma Front de Gauche, soit une position pas suffisement ferme pour s’opposer au PS et au bi-partisme à l’américaine que celui-ci souhaite...

  • Bizarre façon d’opposer "idéologique" et "de classe". Comme s’il n’y avait pas d’instruments idéologiques de classe.

    • Si tu veux bien ne pas "troller" l’article en engageant un faux débat (évidemment que ALR ne dit pas que "idéologie" et "classe" sont opposées dans l’absolu !) ce sera sympathique ;) -je dis ça au cas où hein et si telle n’est pas ton intention, toutes mes confuses et revenons en au débat.

      Non en l’occurrence, c’est correct.Il faut savoir de quoi on parle quand on parle "d’idéologie" et de "fonction idéologique".

      "L’idéologie s’accompagne de croyances, de notions, d’opinions, de convictions et est parfois constituée en doctrine."

      ou mieux : "l’idéologie est un ensemble d’idées sociales, religieuses et philosophiques produit par la classe dominante dans la société afin de masquer ses origines matérielles".

      C’est à dire que le racisme et la xénophobie ne sont pas "une idéologie", comme on pourrait le dire improprement , mais font partie d’un arsenal destiné, pour la classe bourgeoise, à faire CROIRE au peuple-classe que l’origine des inégalités sociales est idéelle alors qu’elle est matérielle et revient finalement à une chose simplissime, très terre à terre : la propriété privée des moyens de production et l’exploitation de la nécessité pour le prolétariat de travailler pour vivre.

      Evidemment, la bourgeoisie le sait PARFAITEMENT puisqu’elle est l’expression sociale la plus matérialiste qui soit du système capitaliste, quand, trop souvent, les individus dans les autres classes, eux, sont justement dans l’idéel, dans le royaume des Idées, et pensent à tort que c’est affaire de "croyance". Ce sur quoi d’ailleurs PS LDH Verts PCF etc ont galopé ventre à terre avec des arguments d’un réactionnaire et d’une idiotie à faire frémir parfois, notamment ,pour les Roms, sur leur "intégration". Passons.

      Au fond si idéologie il y a, elle ne peut être que de notre côté, hélas. C’est ce qui a fait gagner Sarkozy par le biais de la formule (dévoyée) de Gramsci sur les idées, la victoire, le pouvoir (et c’est d’ailleurs assez critiquable au fond mais c’est un autre débat).

      Il s’agit de démontrer ici , enfin c’est ce que je pense avoir compris de l’article, que le gouvernement actuel et les soutiers de rechange de "la gôche" ne croient nullement en une prétendue infériorité des races, ne croient nullement qu’un arabe ou un roumain serait par essence mauvais. Ils en jouent, certes, mais avec un objectif de classe.

      Pour moi, c’est pire que tout. C’est jouer avec la vie de millions de personnes pour des questions de fric, comme d’habitude, comme toujours ! Evidemment je ne dis pas que je "pardonnerai" s’ils étaient RÉELLEMENT racistes, je pense qu’il faudrait alors les faire carrément enfermer en HP...

      On ne peut pas CROIRE au racisme et à la xénophobie quand on défend les intérêts de la bourgeoisie. C’est incompatible. Cela serait se priver de toute une partie "des siens". L’argent n’a pas d’odeur, ni de couleur ! Ne pas comprendre cela amène invariablement à retomber dans les travers droits-de-lhommiste que les communistes ont toujours combattus (et souvent avec raison) et à des conclusions bidons style "Sarkozy est fou" ou "Besson est un malade", on se retrouve alors dans le royaume du Père Ubu et l’on s’y perd.

      Même Le Pen n’y croit pas, au racisme ( croit -il seulement à la "nation" ?) ! La preuve, il a des personnes de couleur noire et des "français d’origine étrangère" dans son propre mouvement ! Leurs contorsions rhétoriques ensuite pour expliquer pourquoi ceux-la et pas d’autres ne changent rien à l’affaire. Le Pen manie le racisme. Il adopte des postures et formule des propositions racistes. Il souffle sur les braises d’un racisme qui existe bel et bien chez certains de nos compatriotes, cela, oui. Est-il raciste ? Je ne sais pas. Peut être. Finalement, je m’en fous de ce qu’il pense réellement ou pas. Je préfère ne pas être "dans sa tronche" .

      Ce qui est sûr, et c’est très suffisant pour le combattre, voire même, c’est , pour un communiste, essentiel à comprendre pour le combattre, c’est qu’il a un fonds de commerce, dont les "produits" vont de l’anathème jusqu’au mépris total de la vie et de la dignité humaines, destiné exclusivement à diviser le prolétariat dans ses luttes nécessaires contre le capitalisme, qu’il le gère, ce fonds de commerce, comme sa fille, comme ses cadres, au service des intérêts d’une partie de la bourgeoisie qui n’est pas exactement celle que représente actuellement Sarkozy.

      Ce qui est sur, c’est que le "programme politique" du FHaine propose la retraite à ...65 ans !

      Que certains en fassent une idéologie (comme l’a fait une branche des nazis en Allemagne) c’est à dire se mettent à croire réellement que la race inférieure existe et se coupent ainsi de leurs soutiens au sein de la bourgeoisie pour des raisons idéologiques ,de croyance, c’est autre chose. Et en général c’est là que cela dérape et qu’ils perdent leurs alliés objectifs et par "omission" (cf la position des USA à l’égard de l’Allemagne hitlérienne il est intéressant de voir QUAND et Comment, ce pays a été contraint d’entrer finalement en guerre) Cela peut encore arriver.

      Ce n’est pas le cas actuellement, enfin je ne pense pas. Si on regarde bien, le déterminant clivant dans la politique actuellement mise en œuvre c’est la pauvreté, la nature prolétarienne, pas la nationalité ni l’ethnie. Sarkozy et sa clique vont d’ailleurs probablement nous sortir prochainement un "contre-poison" qui accréditera cela, genre "le droit de vote aux "bons" étrangers". Ils seront obligés de le faire pour maintenir un équilibre politique acceptable et signifier que finalement il n’y a pas là de "croyance", d’idéologie raciste.

      Ce que veut dire ALR, enfin il me semble, et il faut être borné pour ne pas le comprendre, c’est que la politique actuelle du gouvernement peut certes prendre appui sur certaines idées à l’oeuvre dans certains groupuscules de certaines couches sociales pour défendre ses intérêts de classe, mais qu’elle n’y croit sans doute aucunement et qu’elle se fout de la nationalité, de l’ethnie, des Idées, comme de sa première culotte.

      La bourgeoisie utilise la propension générale de l’Homme à l’Idéologie, notre facilité à prendre les ombres dans la caverne pour la réalité, (facilité entretenue et développée par l’enseignement qui nous est généralement dispensé dans les "écoles de la République") je n’ai jamais lu ni vu Annie Lacroix dire le contraire de cela, pour MASQUER l’origine strictement MATERIELLE de l’Histoire et de la Société.

      "Car chez ces gens-là Monsieur, on ne CAUSE pas, on COMPTE".

      La preuve toujours, dans l’histoire, les ancêtres des mêmes disaient "plutôt Hitler que le Front populaire" - explique moi où est le nationalisme, où est la xénophobie là-dedans ??
      Il ne s’agit pas de convaincre les habitants d’un pays que l’arabe, le roumain, l’africain...sont mauvais par nature, il s’agit de faire en sorte qu’on se clive sur ce sujet,que le prolétariat se divise en "pour" et "contre". Et si finalement, une partie du prolétariat se met à CROIRE que le Rom ou "l’arabe", sont des êtres mauvais par nature, des êtres inférieurs par essence ,et bien, pour la bourgeoisie c’est "tant pis pour les Rroms, tant pis pour les arabes..." et surtout, TANT PIS POUR LE DIT PROLETARIAT. C’est donc beaucoup plus tordu et presque plus condamnable qu’un taré malade convaincu que les Roms sont une race inférieure.

      Le problème pour nous, en tant que communistes et en tant que prolétaires, c’est que la "gôche" actuelle (héritière de l’ancienne "gauche") est par NATURE incapable, car elle n’en a pas la VOLONTÉ, de répondre autrement que par l’IDEOLOGIE aux provocations, attaques, chausses-trappes... que lui tendent les représentants actuels de la bourgeoisie. Car pour REPONDRE CORRECTEMENT à la stratégie gouvernementale il faudrait, c’est EVIDENT, remettre en CAUSE LE SYSTEME CAPITALISTE, et l’IMPERIALISME. C’est évidemment exclu pour tous ses petits-bourgeois qui ont adopté la position de classe de la bourgeoisie depuis longtemps. Ce sont les "clercs" , traîtres dont parle ALR.

      Bien évidemment cela ne signifie nullement (et Annie Lacroix le dit elle même d’ailleurs) qu’il ne faille PAS combattre les postures racistes et les propositions xénophobes émises par la droite, (et acceptées tacitement par toute une partie de "la gôche"). NON ! C’est notre combat, depuis toujours. Cela doit continuer. Mais simplement, de bien réaliser et faire comprendre que la fonction du racisme ici n’est pas idéologique, qu’elle est finalement, matérialiste !

      Bien évidemment, le 4 septembre prochain je serai à cette manifestation, dès 11 heures, mais pas tout à fait sur les mêmes bases que les faux-nez de la LDH et du PS. Ce sera pour moi une lutte antiraciste DE CLASSE ET ANTICAPITALISTE. Sans subordonner l’un à l’autre, sans accorder moins de valeur à l’un qu’à l’autre mais en définissant CLAIREMENT ce qui SERT à QUOI et POURQUOI.

      A ce titre je ne peux que regretter, comme beaucoup de camarades, la manière dont est tournée et proposée cette manifestation, mais....nous sommes MINORITAIRES et dramatiquement mal organisés, surtout. Donc...

      LL

    • Monsieur,

      Madame LL est bien bonne de vous faire une réponse aussi circonstanciée.

      Mon égo sous-développé,accompagné d’une paresse chronique,m’interdisent tout effort inutile à chercher l’introuvable critique d’un texte d’une telle richesse.

      Donc,JE FERME MA G......!

      LE REBOURSIER

  • Il faut diffuser ce texte par tous les moyens, c’est à dire pas seulement sur internet.
    Faire chauffer les photocopieuses (c’est ce je vais m’employer de faire) !

  • Sur le lien qu’il faut absolument établir entre contre-réforme des retraites, crise capitaliste, dette publique et politique sécuritaire, voici un texte qui pose me semble-t-il quelques bonnes questions.

    http://oclibertaire.free.fr/spip.php?article816

    En fait, une seule question se pose vraiment : à partir du 7 au soir, qu’est-ce qu’on fait ?

  • Oui le racisme, la xénophobie, l’islamophobie, la "romophobie" sont d’un intérêt stratégique, vital, pour la bourgeoisie en période de crise capitaliste profonde.

    Notre amie a raison d’appuyer sur un point précis : ce ne sont pas des dérapages, ni des erreurs, mais la crainte qu’un prolétariat moderne, devenu maintenant sur-puissant numériquement, secoué par le chômage et les agressions sociales, ne vienne étrangler la bourgeoisie.

    Toutes choses ne sont pas égales. Si la bourgeoisie a toujours tiré les ficelles des divisions entre travailleurs , de la xénophobie et du racisme, la tournure de la propagande s’est singulièrement accentuée depuis deux ans au point d’être un fond permanent sur tous les grands médias, pas de jour sans parler de la délinquance et des mesures à prendre, pas de jour sans traiter un sujet stigmatisant musulmans, personnes apparaissant comme d’origine d’Afrique du nord, puis les Roms...

    De stratégique le suivi est devenu maintenant tactique.

    Ainsi, Sarkozy, dirigeant de l’état français, a donné un coup d’accélérateur en percevant le danger extreme du sens de l’affaire Bettencourt-Woerthz au moment où le système capitaliste internationale craque à nouveau.

    A cette fin il dispose, du suivi tactique des grands médias, ceux qui l’ont fait roi, et qui se préparent à faire roi DSK si Nicolas est râpé.

    Ce suivi tactique est impressionnant et massif , c’est une offensive lourde contre des fractions significatives du prolétariat moderne , parquées dans des espaces néo-coloniaux.

    Les dégâts sont immenses et la gauche qui plie, recule, devant cette offensive n’est pas le moins important des problèmes.

    Je ne parle pas là de la gauche bourgeoise qui nous a appris qu’elle faisait aussi bien que la droite en matière de casse des interets des travailleurs.

    Mais je parle là d’une partie de la gauche réformiste et de la gauche révolutionnaire qui plient devant ces offensives où s’imaginent que ce sont des fronts comme des autres, des dérapages, des outrances, des préjugés, etc.

    Ce n’est pas le moteur essentiel du racisme et de la xénophobie de la bourgeoisie, mais un calcul, un des moteurs de la division.

    Face à cela, des petites équipes des communautés stigmatisées essayent de retrouver le chemin au creux de la classe ouvrière contre le capitalisme, au creux de ses partis,sans retrouver et toucher facilement les partis de la gauche révolutionnaire alors qu’ils se font menacer par la gauche réformiste.

  • Un article qui est écrit par une historienne qui a une profonde analyse objective de cette société dont le seul but est de faire de l’argent, encore plus d’argent, pour une classe, sur le dos de celles et ceux qui produisent des richesses ou celles et ceux qui ne peuvent plus en produire, qu’ils demeurent en France , Europe ou dans quelque pays de la planète, aussi, je suis plainement d’accord pour affirmer que la xénophobie qui "règne" aujourd’hui est identique aux divesr racismes qu’ont connu nos parents et grands parents.
    Je serai dans la rue samedi à 11 h à Vannes (56) devant la Préfecture et le 7 dans la même ville pour exprimer mon mécontentement et pour essayer de donner à ces journées d’action une suite indispensable.
    Nous n’avons pas d’autre alternative que l’insurection, même si les troubles sociaux importants sont suivis de lendemains incertains.
    Mais avons-nous le choix, aujourd’hui ? Avons-nous le droit de ne rien faire ?
    Cordialement
    Daniel

  • Superbe Analyse ! ! !

    Même si tous le monde manipule tout le monde.....
    certains textes nous plaisent, parce qu’ils nous ressemblent et nous rassemblent.

    Signez la pétition :
    Face à la xénophobie et à la politique du pilori : liberté, égalité, fraternité

    http://nonalapolitiquedupilori.org/

    mais aussi et surtout soyez dans la rue les 04 et 07 septembre 2010.

    ""si, faites le, c’est très important pour faire peser votre point de vue""

  • Parfaitement d’accord avec l’analyse d’Annie Lacroix-Riz.

    Le problème, c’est que la plupart de nos camarades (je ne dis pas tous car il y a des militants qui ne sont pas dupes) ne croient plus à la lutte des classes. Or toute l’analyse d’ALR est fondée sur une réflexion d’inspiration marxiste. Je crains que seuls ceux qui ont le courage d’entrer dans un raisonnement lucide l’entendent. Les autres, même ceux qui sont solidaires de nos luttes sociales, préfèrent croire que nos dirigeants sont des débiles, coupés des réalités, qui n’entendent pas la "France d’en-bas". Or rien n’est plus faux, nos dirigeants, nos ennemis de classe sont très cohérents, connaissent parfaitement la réalité : ils défendent leurs intérêt de classe, c’est tout ! Pour eux, la lutte des classes n’est pas finie (ils nous disent qu’elle est dépassée pour mieux nous désespérer mais ils n’y croient pas eux-mêmes, sinon ils ne se donneraient pas toute cette peine pour nous manipuler et nous écraser), ils cherchent simplement à la gagner le plus logtemps possible.

    Il est toujours plus facile de se raconter des histoires que de regarder la vérité en face, c’est bien connu. Ainsi, avant 1789, nos ancêtres (la plupart du moins) croyaient que la pression fiscale était le résultat d’une mauvaise politique, de mauvais ministres qui cachaient la vérité au roi : "Ah si notre bon roi savait ça !"

    C’est la force du marxisme que de donner des élément pour décrypter la réalité, les contradiction qui traversent nos sociétés capitalistes. Ce n’est qu’en renouant avec cette analyse marxiste (analysée, critiquée, actualisée) que nous trouverons les nouveaux instruments d’organisation et de lutte dont nous manquons.

    A ce propos, si le PCF au sein du Front de gauche ne parait pas assez efficace pour construire une riposte politique à la situation actuelle, je ne crois pas que l’extrême gauche, contrairement à ce que ses partisans affirment, soit mieux armée. Si on analyse les débats au sein du NPA, on voit bien que beaucoup parmi les nouveaux venus ne veulent pas entendre parler du communisme (le mot et se casseroles....), sinon pourquoi ne pas s’en revendiquer pleinement ? L’anticapitalisme, c’est comme l’antiracisme.... On ne peut que l’approuver et en même temps on voit bien que cela ne suffit pas. Sauf à accepter d’aller plus loin, de regarder la forêt qui se cache derrière l’arbre et de faire ce qu’ALR fait dans ce texte. Sortir du sentimentalisme, de la compassion, de l’empathie pour découvrir les mécanisme d’une réalité encore plus froide face à laquelle le communisme (je parle du programme de Marx) est la seule solution.

    Qu’ils militent au PCF comme au NPA ou à LO, ils y a des militants lucides, solides et conséquents dans leurs raisonnement comme dans leurs actes qui sont dans cette analyse mais ils divergent sur des points stratégiques essentiels. Cependant, au sein même de leurs organisations, beaucoup d’autres refusent de construire un système d’anayse globale. Sans le renier totalement, ils trouvent que le communisme (et en particulier le mot) n’est pas le plus grand commun déniminateur des travailleurs actuels au point d’hésiter à se dire "communistes" et "marxistes". Ceux-là préfèrent se dire "antilibéraux" ou "anticapitalistes". Le véritable problème actuel est là : aucune de nos organisations ne parvient à structurer autour d’une anlyse globale, d’un fonctionnement cohérent et discipliné un vaste mouvement révolutionnaire. Se dire antilibéral, anticapitaliste, anti sarkozyste ne fait pas un programme. Se dire feministe, écolo, solidaire, unitaire, antiraciste non plus. A contrario on m’objectera que l’on peut se dire communiste et tromper le chalant sur la marchandise. C’est vrai ! Mais se dire communiste et marxiste c’est déja en soit un programme. Le tout est de le structurer, de l’organiser pour en faire autre chose qu’un idéal. Sur ce point aucune organisation n’a le monopole et les contradictions sont partout. Par contre, si les marxistes parvenaient à construire une force qui transcende les organisations qu’ils investissent pour se faire les porteurs de cette analyse et de cet instrument de lutte alors se serait déjà pas mal. Hélas, ce n’est pas le cas, ou bien on ne les entend pas. Que faire ? Sur ce point, ALR n’apporte rien de plus....

    En attendant, le 7 nous serons dans la rue une fois de plus... mais après ? C’est là où tout se complique....

  • Excellent, l’Université d’été des socialistes est touchée, coulée...

  • 92.73 explique clairement tout le problème de la situation actuelle des salariés et peu ou prou progressistes de notre pays. Jesse