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Le gavage de deux oies

Publie le jeudi 5 août 2010 par Open-Publishing
3 commentaires

Dans le contexte de l’affaire Woerth-Bettencourt, on dit parfois que les gens d’en haut-d’en haut (très bonne typologie en vigueur en Côte d’Ivoire) sont déconnectés des réalités.

Que nenni ! Ils savent très bien ce qu’ils font, ils savent ce qu’est un pauvre et ils savent qu’ils mettent tout en oeuvre pour organiser la misère et la rendre à peu près supportable.

Cela ne date pas d’hier. Puisque j’évoquais la Côte d’Ivoire, où j’ai résidé, je me souviens qu’il y a une trentaine d’années, une ministresse de Giscard, aujourd’hui octogénaire respectée par tous (vive le consensus !) et donneuse de conseils moraux à deux balles, débarquait régulièrement à Abidjan avec quelques ami(e)s pour y passer des week ends qui ne devaient pas lui coûter très cher.

C’est sans surprise que, comme les lecteurs du Canard Enchaîné, j’ai lu l’article "Le week end djellaba de Mmes Woerth et Boutin". Sacrée Christine : on a beau être une grenouille de bénitier, une groupie du Vatican, éprouver de la compassion pour les malades du Sida en prison, on sait se faire grassement payer des missions quasi bidon et se baguenauder sous les palmiers de Djerba en compagnie d’une femme de ministre gestionnaire de la troisième fortune de France, de Marie-Odile Amaury (P D-G du groupe Amaury, 127è fortune de France) et de Christine Sarkozy, belle-soeur du kleiner Mann, gérante de portefeuille.

Officiellement, ces dames participaient, en mai 2009, aux 6èmes rencontres des Femmes de Méditerranée organisése par un homme d’affaires proche du démocrate Ben Ali. Ce colloque, capital pour l’avenir du genre humain, dura trois jours et se résuma à une réunion de deux heures sur (on reconnaîtra bien là la fibre sociale de Christine Boutin, impeccablement permanentée depuis qu’elle fréquente Flo) "La femme de Méditerranée et la crise". Le reste du temps : buffets, cocktails (en anglais, cocktail = le bout de la queue), baignades, excursions, déjeuners sous la tente, balnéothérapie, détente. Tous frais payés.

Oies gavées, parasites, glandeuses, exploiteuses. On a le choix.

Est-ce ainsi que les Tunisiens meurent ?

Messages

  • Qui a encore des illusions sur le dévouement désintéressé des candidats aux élections qui se pavanent en serrant des mains sur nos marchés aux légumes le dimanche matin ?

  • Paraîtrait que les riches le croient VRAIMENT, qu’ils sont intellectuellement supérieurs aux pauvres... Normal : ça leur confère un mérite personnel : c’est grâce à cette "supériorité" qu’ils seraient riches...

    Paraîtrait que les leucodermes le croient VRAIMENT qu’ils sont supérieurs aux "gens de couleurs" (bleu compris)... Normal : ça leur confère une chance personnelle : c’est grâce à cette "supériorité" qu’ils seraient riches...

    Paraîtrait que les religieux qui croient dans le même "dieu" que leur roi le croient VRAIMENT qu’ils sont supérieurs aux pauvres hères ("inférieurs") qui, selon eux, se sont trompés de croyance... Normal : ça leur confère l’illusoire protection de ce dit "dieu" ET de leur roi.

    Ils sous-estiment donc leur ennemi de classe.

    A lui de "jouer au con" ?.

    • Effectivement, l’auto validation des privilèges conçue comme validation de droit cherche ,dans cette petite misère de morale cathéchétique qui demeure en forme de mauvaise conscience, à échapper à l’obstinante voix intérieure ressassant " profite ,tu le mérites,profite tant qu’il est encore temps !"

      Nous sommes dans la phase de la fuite éperdue en avant, cet avant propos qui conseille de bourrer les valises tandis que,dans l’obscure et incertain sentiment du bon droit,l’on demande au cocher trop diligent ,d’apprêter la voiture.

      J’ai voulu solliciter des éclairages sur cette immanquable phase de doûte entre droit et usurpation entre privilège assumé et remise en cause avérée,non pas dans sa dimension psychologique mais pour inventorier,avec les lecteurs, les moyens d’amenuiser la morgue en renforçant les inextriquables contradictions

      Certains verrons la naiveté du propos qui ne sait mesurer la force d’un adversaire longtemps aguerri à la lutte de classe et puissamment doté pour la préservation .

      Il faudra voir alors dans cette fuite en avant décomplexée comme une forme de bras d’honneur aux romantiques velleités de d’y remédier.

      Merci de nourrir l’un ou l’autre de ces points de vue.

      Serge.