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Le nationalisme est antidémocratique !

Publie le samedi 18 juin 2011 par Open-Publishing
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La nation, la nation, la nation….

N’est-elle pas plus que jamais adorée en ces temps où le mondialisme et l’internationalisme sont développés par des oligarchies au cœur et à la raison défaillante ?

Depuis quelques années la nation a le vent en poupe, notamment en Europe, une abstraction adorée de millions de personnes. Elle est apparue aux yeux de beaucoup comme seul rempart à l’injustice et au chaos entraînés par la mondialisation capitaliste effrénée.

Plusieurs autres raisons expliquent la montée des nationalismes, malgré toutes les failles que cette idéologie a montré et montre toujours. Ainsi l’échec et l’horreur des sociétés nommées communistes, qui prônaient le plus souvent l’union de tous les prolétaires de part le monde, ont définitivement fermé beaucoup de personnes quand à la possibilité d’une société internationale juste. Face à ce mondialisme monstrueux qui pille la planète et corrompt les rapports humains, on nous fait croire qu’il n’y aurait qu’une seule solution, le repli national. Et bien rien n’est plus faux, cette vision, assez répandue, commet une erreur d’interprétation : ce n’est pas l’ouverture des frontières et l’internationalisation de la société qui détruit nos sociétés, c’est cette ouverture voulue par les gouvernements pour permettre à l’économie capitaliste de se développer et d’amasser.

Mais mon propos n’est pas là, si j’écris, c’est pour analyser le concept de nation. Peu importe quand la nation est apparue, peu importe qui l’a créée, c’est la réflexion autour du concept de « nation » qui m’attire.

En science humaines, il est admis que la nation est une communauté humaine identifiée dans des limites géographiques parfois fluctuantes au cours de l’histoire, mais dont le trait commun supposé est la conscience ou la volonté d’une appartenance à un même groupe.

Tout d’abord, la nation est bien un concept. Un concept qui organise la société humaine selon un modèle : le découpage de l’humanité en entités différentes, selon le langage, les mœurs, l’histoire, les traditions ou encore l’ethnie. La « nation »est devenue réalité, et ce n’est pas pour cela qu’elle ne peut ni ne doit être critiquée, ni qu’elle ne peut ni ne doit être contreproductive ou absurde.

Je remarque d’énormes défauts à ce concept de « nation » :

 Il implique que les hommes qui vivent quelque part l’aient désiré. En effet, la nation est la volonté d’appartenir à un même groupe ; si les hommes ne choisissent pas leur nation mais qu’ils se la voient imposée dès la naissance, alors c’est tout simplement une liberté qui est enlevée aux individus : celle de choisir qui ils sont. La nation donne une importance déraisonnée au lieu qui nous voit grandir, elle prétend que le territoire ou vit un homme permet de l’identifier et de le caractériser , elle encourage furtivement le déterminisme et combat l’existentialisme.

 Il implique que les communautés d’hommes soient bien délimitées dans l’espace, de manière à bien pouvoir distinguer les différentes nations. Que les nationalistes revoient leur copie, il n’y a pas de discontinuité entre les peuples, et les seules qui existent sont liées à des contraintes (volonté politique, guerre, éléments naturels). Le peuplement humain est un phénomène continu dans l’espace, et chercher à délimiter différents peuples selon de nettes séparations n’a rien de légitime. Ainsi, si je nais et grandis totalement différemment selon que je me trouve de tel où tel côté de la frontière, cela sera seulement lié à la frontière : la nation s’auto-nationalise.

 Il implique que l’on puisse rassembler et caractériser des gens dans une entité selon l’espace. C’est faisable bien sûr, mais cela s’appelle de la généralisation. Ça ne peut qu’uniformiser les individus et créer l’exclusion. Ainsi on peut se demander à quoi sert « l’identité nationale ». La seule chose que tous les individus peuplant un espace ont en commun, c’est justement l’espace qu’ils peuplent, vous pourrez essayer de chercher tout ce qui rassemble un peuple entre quatre « murs » : une philosophie, une langue ou des mœurs « normales », cela ne vous fera qu’uniformiser la population par la coercition et la répression.

 Il implique que les similitudes de langue, de coutumes et de style de vie entre les territoires et entre les hommes soient légitimes pour être conservés. Or il n’en est rien, le français a été imposé aux personnes vivant sur le sol d’un territoire nommé France, la classe dirigeante italienne a imposé l’italien aux habitant de la péninsule en forme de botte, en éradiquant les langues que l’on nomme aujourd’hui « régionales ». Si les « français » fêtent tous les mêmes choses et ont grossièrement les mêmes habitudes, c’est par l’uniformisation culturelle mise en place par les pouvoirs (éducation, jours fériés, fêtes nationales, presse) dans le temps, et par la disparition forcée des disparités régionales (censure médiatique notamment), mêmes si elles sont encore plus ou moins présentes. Les différentes polarisations de pouvoir ont donc créé, de gré ou de force, et ce depuis l’antiquité, des aires d’influence et des « unions » de peuple à coup de conquêtes. L’apparition de frontières et de conflits a séparé les peuples qui vivaient en continuité sur les territoires. Etre nationaliste c’est accepter et légitimer les pires atrocités. On ne peut pas soutenir raisonnablement la séparation nette de la planète en nations sous l’argument de cohésion intérieure à chaque nation puisque les nations sont le fruit du travail des gouvernements à créer des nations.

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