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" Le possible scénario noir de la Grande Dépression de 2008. "
Publie le jeudi 20 mars 2008 par Open-Publishing3 commentaires
Sur le site du journal La Tribune, jeudi 20 mars 2008, Philippe Dessertine, directeur de l’Institut de Haute Finance, professeur à l’université Paris X, écrit un article retentissant :
« Tout va très bien, Madame la marquise ! » ne devrait pas tarder à remplacer « la Marseillaise » ; du moins au vu des réactions de la société française à la déflagration qui secoue l’économie mondiale. On nous rejoue le coup du nuage de Tchernobyl ; jusqu’au ministre de l’Economie qui a érigé la méthode Coué en principe de gouvernement, répétant jusqu’à l’obsession que la croissance serait de 2%. D’un point de vue politique, l’attitude est confortable, et l’on comprend le courroux du président Sarkozy quand une bête contraction du CAC 40 parasite la remise du rapport Attali sur la croissance.
Juste par esprit de contradiction, évoquons donc en catimini le possible scénario noir de la grande dépression de 2008 qui toucherait le monde entier, sauf la France bien sûr. Le processus a connu ses prémices en fin d’hiver 2007, il a éclaté en août et se développe depuis, comme une vague inexorable, balayant tout sur son passage.
A l’origine, une création aussi démentielle qu’erratique de dette à l’échelle mondiale, compensée pendant des années par la croissance des pays émergents, la Chine en premier. Une conséquence ? Une spéculation sur un domaine particulier, celui de l’immobilier américain : le système prête sans limite, y compris aux emprunteurs insolvables (les "subprimes"), alimentant ainsi la création d’une bulle.
Donc, en 2007, la bulle éclate. La purge commence sur l’actif fictif (les valeurs aberrantes des immeubles). Les prix baissent, les taux montent et les mauvais payeurs commencent à se trouver en difficulté. Ils vendent, sans condition, contribuant à la chute des prix, et le risque théorique de pertes sur leur emprunt non honoré devient réel.
Revanche des pauvres sur les puissants, ce fatal engrenage a des retombées sur la structure bancaire dans son ensemble. Toute l’industrie financière constituée pour gérer ces dettes gagées sur la spéculation s’effondre en quelques semaines. Les "monolines", les "mortgage brokers", les "mortgage originators" – vous n’en n’aviez jamais entendu parler ? – ferment tous les uns après les autres, les licenciements commencent et toutes les banques soi-disant non exposées (y compris françaises) prennent le boomerang de plein fouet. Les pertes commencent à être constatées, elles donnent le vertige, se chiffrant en milliers de milliards de dollars.
Nous en sommes là aujourd’hui. Chaque jour nous apprend à quel point la charpente est termitée, surtout en fin de mois, en fin de trimestre, en fin d’année, quand les informations deviennent obligatoires. Concrètement, nous aurons d’autres déflagrations, fin février (très forte, publication des comptes annuels), fin mars (fin du trimestre) et ainsi de suite.
Le problème est que ce n’est là que le début du mécanisme. Pour le moment, la dégringolade immobilière n’a pas encore produit tous ses effets : les ménages américains surendettés paient encore les obligations liées à leur logement ; ils arbitrent comme on dit en finance. Ce qu’ils n’honorent plus, ce sont leurs cartes de crédit. Des mois de consommation ne sont pas réglés et les banques engagées sur ce secteur commencent à se trouver en difficulté. C’est le double bang : carte de crédit + crédit hypothécaire sans contrepartie d’actif = faillites personnelles dramatiques. La Grande Dépression, vous connaissez ?
Continuons. La consommation s’effondre, elle a déjà commencé, ce sera bien pire ; les classes moyennes sont déjà touchées. La consommation est le moteur de la croissance aux Etats-Unis, plus qu’en France, c’est dire. L’économie américaine en croissance négative, réalité d’ores et déjà. Les répercussions sont terribles pour les fournisseurs, au premier rang desquels la Chine, l’Inde et les autres pays émergents. Ils entrent en récession à leur tour. Récession, pour des zones en taux de développement à deux chiffres... Vous mesurez le contraste ?
On comprend la panique des marchés boursiers asiatiques. Et combien de temps va durer l’apurement ? Le premier semestre 2008 est déjà perdu. Pour la suite, on peut être inquiet. La dévalorisation brutale de l’immobilier diffuse lentement ses effets pervers. Mais, surtout, dimension supplémentaire : les pertes bancaires ont fait disparaître la liquidité. Les caisses mondiales sont à sec. La contrepartie est déjà sensible : plus d’argent, donc plus d’investissement dans les entreprises de production. Pas d’investissement, pas de relance, ou très lente.
Un scénario gris foncé verrait les liquidités disponibles dans les pays émergents venir à la rescousse de nos économies exsangues. Cette perspective est loin d’être certaine. L’Europe pourrait-elle être épargnée ? Le tsunami met du temps à traverser l’Atlantique, mais il finit toujours par déferler ; ce fut vrai en 1929, ou lors de la crise immobilière dans les années 90. La Société Générale a sonné le premier coup ; le ralentissement commence à se faire sentir, il s’amplifiera en cours d’année. La rigueur générale est inévitable. »
Messages
1. " Le possible scénario noir de la Grande Dépression de 2008. ", 20 mars 2008, 15:46
Ben ça promet alors ! Si la Chine est touchée, elle qui nous fournit l’essentiel depuis quelques temps, vêtements, chaussures, ustensiles de cuisine, jouets, etc, enfin tout ce qu’on ne fabrique plus nous-mêmes qui nous aurait rendu un tantinet indépendants, c’est sûr, c’est à poil qu’on va finir par aller travailler ou se balader, on mangera en commun avec les mains dans un grand plat en poterie , comme aux temps antiques ! Fini le rêve de Sarko de vouloir que notre gastronomie soit classée à l’Unesco ! A quoi bon. (mdr)
Et puis, et puis, il y a ceci :
Voilà comment de nouvelles fortunes vont se créer, ou se renforcer. Les plus riches pourront s’acheter toutes ces maisons à prix dérisoire, attendre le bon moment pour revendre à prix plus élevé, et bonjour la plus-value !
Pendant ce temps, des familles entières vivront sous la tente à la merci du temps ! Fini le rêve d’avoir un chez-soi en dur, surtout quand ils se sont imposés le fameux "travailler plus pour gagner plus". Le résultat est bien triste !
Les convaincus du libéralisme, c’est-à-dire ceux de la classe moyenne et de certains ouvriers, finiront par comprendre ce que ce mot revêt, quand ils se seront pris en pleine figure et dans leur porte-monnaie les effets pervers de ce système qui ne favorise pas la vie. C’est même plus la peine de développer, qu’ils vivent au quotidien ce tsunami économique et financier, c’est plus parlant.
2. " Le possible scénario noir de la Grande Dépression de 2008. ", 20 mars 2008, 15:51, par al1_2nant’
que les bulles spéculatives crèvent, c’est "l’économie virtuelle" que cela devrait regarder, mais justement, parceque nous sommes dans un monde marchant sur la tête, où c’est le "Capital financier" qui s’intronise "réalité" par son hégémonie politique, contre la réalité des vies humaines, et même contre la réalité de "la matière première Planète", l’éclatement des mensonges dominants sera payé par les vérités dominées :
La pénurie de nourriture est la seule vérité économique réelle qui menace l’existence humaine, cette pénurie programmée étant la "planche de salut " des spéculations financières :
pour servir les dominants spéculateurs, la FED baisse son taux directeur, et cela n’est un cadeau pour personne d’autre que les spéculateurs, qui vont pouvoir s’engraisser grace à leur privilège : l’accés direct à ce "crédit en dessous du taux de l’inflation" !
Pour manger son bol de riz, l’humain moyen de notre planète devra payer à crédit ces "privilégiés là" : à un taux bien supérieur !
...Et nous serions donc "misérabilistes" ?
Le pire du pire, c’est qu’il est interdit de penser la réalité telle qu’elle est !
Et si nous regardions l’ennemi en face ?
1. " Le possible scénario noir de la Grande Dépression de 2008. ", 20 mars 2008, 16:17
Il le faudra bien un de ces quatre matins ! On ne peut plus vivre continuellement dans le VIRTUEL, ça devient trop dangereux, parce que la caste des financiers a créé un monstre qui se retourne non seulement contre eux, mais contre nous tous, qui n’en demandions pas tant ! Juste vivre décemment !
C’est bien la preuve que le tout libéral n’est pas la bonne réponse pour tous les hommes sur cette planète ! Une autre voie politique est à chercher, pour faire taire ce monstre à l’appétit ogresque qui se met sous la dent, comme c’est régulièrement le cas, des millions d’ humains, qui ne demandent rien ! Est-ce que ça ne vaut pas le coup de se sauver tous ensemble de ces horreurs qui n’ont aucun sens !