Accueil > Le rapport Attali sème la tempête
de Frédérique Jourdaa
IL Y A quelques mois, il avait signalé que les marchés boursiers se trouvaient dans une situation proche du krach de 1929. Hier, dans un Théâtre du Rond-Point bourré à craquer, Jacques Attali a affirmé que si les « 300 décisions pour changer la France » sont mises au placard, la France ira vers un irréversible déclin.
Réformes de l’éducation, de l’administration publique, du marché du logement, efforts portés sur les nouvelles technologies, la recherche, le développement durable, l’accompagnement des exclus, le document*, concocté pendant plus de cinq mois par les 43 membres de la commission pour la libération de la croissance, explique comment augmenter d’un point la croissance et atteindre le plein-emploi d’ici 2012.
« Plus de cent pays dans le monde ont aujourd’hui un taux de croissance de leur produit intérieur brut (PIB) de plus de 5 % grâce à des mesures semblables. Notre projet n’est pas libéral, mais libre, il est juste, mais pas partisan », a insisté Jacques Attali, après l’avoir remis officiellement le matin à l’Elysée.
Gauche et syndicats très critiques
« Vous avez raison, vous voulez la réforme », lui a répondu Nicolas Sarkozy. Sur les 316 propositions, le président de la République dit adhérer à l’essentiel. Il a annoncé la tenue début février d’un séminaire gouvernemental pour « décider et coordonner les mesures prioritaires parmi celles proposées par la commission » et un rendez-vous dans six mois pour juger de leur avancée. Le Parlement, a-t-il ajouté, sera également associé à ce travail et nombre de ces recommandations seront intégrées dans la loi de modernisation de l’économie qui sera présentée dès le printemps au Parlement. La commission sera également appelée à suivre cette traduction législative.
Nicolas Sarkozy s’oppose toutefois d’entrée à la suppression des départements et du principe de précaution, ainsi qu’à celle de la réglementation des pharmaciens. Une façon d’accompagner le tollé de la plupart des élus et des professions réglementées mises sur la sellette par le rapport. Car la polémique enfle autour des propositions rebelles qui émaillent le rapport, telle la déréglementation des taxis et des professions juridiques - notaires, huissiers -, ce qui fait évidemment bondir les intéressés. Les taxis ont déjà annoncé des mouvements de grève à partir du 30 janvier. De droite comme de gauche, les autres réactions sont violentes. La gauche et les syndicats se montrent très critiques, tandis que la droite et le patronat sont plus partagés autour de ce programme qui se veut révolutionnaire.
* « Rapport de la commission pour la libération de la croissance française. 300 décisions pour changer la France », la Documentation française-XO, 330 pages, 18,90 €.