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Le sens d’une résistance

Publie le lundi 19 novembre 2007 par Open-Publishing
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Les étudiants en lutte : le sens d’une résistance

par Jeanne Demazet et Abdel Hazzifi

La « rupture » : ce mot d’ordre répété à l’envi par Sarkozy et ses petits colonels doit être pris au sérieux, en dépit du ton péremptoire qui l’accompagne. Rupture, cela signifie avant tout, casse, ou plus exactement poursuite rationalisée de la casse de la « condition salariale » que plusieurs décennies de luttes sociales et symboliques étaient parvenues à fixer dans le droit, les corps et les consciences. C’est contre cette casse, et pour un véritable service public démocratique et de qualité, que les étudiants grévistes luttent actuellement.

Au-delà de la transformation des facs en prestataires de service sur le marché des « savoirs de base », il s’agit non seulement de revendiquer des droits, mais aussi de se positionner par rapport à l’histoire : l’histoire des luttes des travailleurs, des conquêtes collectives, des petites révolutions qui ont progressivement amélioré le niveau de vie. En faisant des mouvements étudiants des simples débordements, des actes marginalisés menés par des marginaux, on cherche à couper ces luttes du long sillon de l’histoire dans lequel les pieds des plus jeunes sont inscrits, souvent à leur insu.

Classiquement, le gouvernement actuel utilise une rhétorique du changement au service de grosses régressions : archaïques, ces mouvements n’auraient pas lieu d’être. « Feignants », « immatures », « privilégiés », on apprend plus, à travers ces qualificatifs, sur le rapport de la société à ses propres enfants que sur ces derniers.

Puisée dans le répertoire des lieux communs de l’économie standard, l’image de « l’étudiant feignant » part d’une idée très simple : du côté de l’apprentissage il n’y a pas (encore) de production, pas d’activité, pas de valeur.

Ceux qui « travaillent », au sens de ceux qui occupent un emploi, seraient les seuls à pouvoir s’exprimer légitimement. Etonnant raisonnement lorsque l’on sait qu’environ 1 étudiant sur 2 doit travailler pour financer ses études, et surtout lorsque l’on comprend que ces refrains disqualifiant sont tout conjoncturels : demain, si les intérimaires de Peugeot se mobilisent, on leur demandera de la boucler au prétexte qu’ils ne sont « rien » ; si les ouvriers de Danone ou les intermittents de France 2 se joignent aux grévistes, on taira leurs revendications, on poursuivra les meneurs, on sanctionnera les suiveurs. Hier, les ouvriers étaient trop « ignorants » pour participer à la vie politique, aujourd’hui les étudiants sont trop « avantagés ».

Ce sont eux qui disposent aujourdhui des quelques rares allumettes capables de multiplier les contre-feux

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Messages

  • Que Sarko aille dans le sens des voeux de l’OCDE, c’est-à-dire dans le sens de désosser à tout prix nos acquis sociaux se révèle exact sur le terrain, mais à l’horizon se profile une dictature qui ne veut pas dire son nom et qui pourtant transpire à grandes gouttes avec l’attaque de notre Justice, par la suppression de TGI, ainsi que la suppression de tribunaux prud’hommaux, donc la casse de notre Code du Travail.

    Quand on sait que la JUSTICE est un de nos pilliers de la République, de notre démocratie, nous aurons tous compris que la France est en danger de faire un virage à l’extrême-droite. A nous de réagir en adulte, c’est-à-dire à ne pas laisser faire des choses qui sont contraires à notre démocratie.

    Les jeunes semblent avoir compris le danger qui se profile à l’horizon, et c’est tout à leur honneur, même si de mauvaises langues sarkozystes les traitent de groupuscules d’extrême-gauche, gauchistes, anarchistes. C’est tout simplement à la hauteur de la violence droitiste qui sévit en ce moment dans notre pays.

    En fait, nous sommes nombreux à vouloir exprimer notre raz-le-bol du mépris de Sarko à l’encontre des citoyens français et de leur système social, qui est, faut bien le rappeler, un des meilleurs au monde. Donc à préserver impérativement par tous les moyens légaux à notre disposition, dont la grève, les manifs, et le boycott de certaines entreprises. Ca fera ça de moins dans les poches de certains dirigeants pour leur retraite insolente et spoliée. Il faut ringardiser la richesse de ces dirigeants, quand il y a autant de pauvres en contre partie. Quand on pense que les prix des beaux costumes pourraient servir de revenus mensuels aux plus pauvres d’entre nous, il y a de quoi se révolter sans être extrémiste. C’est là qu’il y a problème aujourd’hui, car on n’est pas des extrémistes.