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Le voile d’une religieuse catholique est-il moins choquant que celui d’une islamiste ?

Publie le mercredi 17 octobre 2007 par Open-Publishing
17 commentaires

Un des débat au procès dit du voile vosgien a tourné sur la question : qu’est qui différencie ou qu’est ce qui est commun entre le voile d’une religieuse catholique et le voile d’une musulmane offensive (toutes les musulmanes ne portent pas le voile) ?

Voici les explication d’Annie SUGIER in Riposte laïque

GITE DES VOSGES
Le voile d’une religieuse est-il moins choquant que celui d’une islamiste ?

mercredi 17 octobre 2007, par Annie Sugier
 http://www.ripostelaique.com/spip.p...

Si l’on se réfère aux termes du jugement qui condamne Fanny pour discrimination sur des bases religieuses et non pour des raisons racistes, il apparaît que la Cour nous a partiellement entendu(e)s – nous qui la soutenions - malgré ce que prétendaient les parties civiles MRAP, LICRA et LDH, par contre il est clair que nous n’avons pas été convaincantes sur le thème de la discrimination religieuse. Cela est sans doute dû aux réponses que nous avons données à une question particulière du président qui sans doute ne l’ont pas convaincu.

« Et si à la place d’une femme voilée musulmane vous aviez eu devant vous une religieuse catholique, est que vous auriez eu la même réaction ? ». Cette question le président du Tribunal Correctionnel d’Epinal l’a posée d’abord à Fanny Truchelut, alors que j’attendais dans la salle des témoins, puis à moi, après que j’eu terminé mon témoignage sur ce représente le voile.

Nos réponses ont été assez voisines. Fanny a dit : « Non, je n’aurais pas eu la même réaction car une religieuse est en quelque sorte une professionnelle ». Quant à moi, je ne me souviens plus de mes mots précis, mais j’ai dû dire : « Non, car une religieuse a fait le choix de se retirer du monde et de se consacrer à Dieu, et le port du voile dans ce cas n’a pas valeur de modèle pour l’ensemble des femmes ».

Donc nous n’avons pas été comprises. Voilà pourquoi il me semble important de revenir sur ces réponses.

Il faut d’abord affirmer sans détour que quelle que soit la femme qui porte un voile et quelle que soit sa religion, le voile correspond à une vision du rôle et du statut des femmes qui est en contradiction avec sa place et son statut dans une société démocratique c’est-à-dire mixte et égalitaire.

Le voile a représenté, avant même l’arrivée des religions monothéistes, une façon de dissimuler le corps des femmes considéré comme source de désordre. A la question « d’où vient cette histoire de voile ? », Mohamed Kacimi ( Tribune libre de Libération du 10 décembre 2003 et auteur de « La confession d’Abraham, L’Arbalète, 2001), répond qu’ il « s’agit d’une croyance sémitique très ancienne qui considérait la chevelure comme le reflet de la toison pubienne ! » Il est une forme de stigmatisation de la sexualité des femmes auquel leur corps est assimilé dans sa totalité.. Il ne faut pas oublier que la sexualité de « l’autre » fait toujours peur. De ce fait, la place assignée aux femmes est la maison. Lorsqu’elles se déplacent dans l’espace public elles doivent être invisibles car l’espace public appartient aux hommes Le voile est donc doublement discriminatoire : il sépare les femmes des hommes et il sépare les femmes honnêtes des autres. Ainsi comme le rappelle Mohamed Kacimi dans cette même tribune libre de Libération,, le roi d’Assyrie Teglat Phalazar 1er, qui au XII éme siècle avant JC rend obligatoire le port du voile, stipule – ce qui est révélateur- que « les prostituées ne seront pas voilées » !

Le voile est « dérangeant » au sens fort du terme, en ce qu’il est le symbole de cette stigmatisation du corps des femmes. Stigmatisation qui dans l’histoire de l’humanité s’est traduite par un statut de second rang pour les femmes dont nous sortons à peine dans nos sociétés. . Cette peur de la sexualité des femmes est à l’origine de l’obsession de la virginité, de mariages forcés, de crimes d’honneur, de la lapidation des femmes adultères,

Alors pourquoi le voile de la religieuse, qui renvoie à ce même symbole, serait-il moins « dérangeant » que celui de la musulmane ? Est-ce parce que nous accepterions plus facilement ce qui vient de notre fond culturel chrétien que des musulmans ? Evidemment non ! Il y a en fait plusieurs réponses à cette question.

D’abord, comme je l’ai dit lors du procès parce, même si le symbole auquel renvoie le voile est le même, il n’éclabousse pas l’ensemble des femmes puisque celles qui le portent déclarent être entrées en religion -elles font d’ailleurs vœu de chasteté et sont symboliquement les épouses du fils de Dieu- et sont donc en dehors des normes du séculier.

Ensuite parce que ce voile, de même que les mantilles ou les foulards, que portaient dans les Eglises il n’y a pas si longtemps les femmes – cette fois-ci toutes les femmes et non pas seulement les religieuses- représentaient une marque de soumission à Dieu et non aux hommes. Il ne faut pas oublier que sauf exception elles ne les portaient pas dans la rue mais bien en pénétrant dans l’Eglise. On peut admettre, même si l’on est laïque, que des personnes croyantes veuillent marquer leur respect et leur soumission à l’égard de Dieu dans le lieu de culte. On peut regretter que cela se fasse par le bais d’un voile pour les femmes. On peut en tout cas se réjouir que cette pratique ait été abandonnée par la majorité des femmes mêmes dans des pays comme l’Espagne ’

Tel n’est pas le sens donné au port du voile par les femmes musulmanes qui le portent en outre en adoptant des modéles issus de traditions venant des pays du Golfe et non du Magrheb !. Il s’agit bien ici, comme ce fût le cas dans le passé de se conserver pour son mari, et de se séparer des autres hommes au point même de ne pas leur serrer la main et même de porter des gants et de se recouvrir le visage et parfois tout le corps. Cela va aussi dans les hôpitaux jusqu’à refuser d’être soignée par un médecin homme. A la différence de la pratique des mantilles tombée en désuétude, celle du voile islamique et de tout ce qui en découle, se développe à vue d’œil avec la volonté d’affirmer une vision de la femme pudique et modeste par comparaison avec la femme occidentale dépravée.

Alors là nous réagissons car le sens qui est donné au voile est celui qui a fait tant de mal aux femmes et à l’humanité dans son ensemble dans la passé : celui de la ségrégation entre les hommes et les femmes et, celui d’une subordination des femmes aux hommes. Il n’est que de rapprocher la situation des femmes des zones géographiques où le voile islamique persiste - ou se développe- pour tirer la conclusion que les femmes n’ont rien à gagner à prendre le voile !

Ce voile n’est pas un signe religieux , il est, et nous le savons tous, le porte drapeau de l’islamisme politique –modéré ou non, le mot modéré est déplacé car sur la question des femmes l’islamisme n’est jamais modéré- qui en fait un élément prioritaire de son programme.

Annie Sugier

Messages

  • VOILE : QUELLE INTERFERENCE DU POLITIQUE REACTIONNAIRE ?

    Ce voile n’est pas un signe religieux , il est, et nous le savons tous, le porte drapeau de l’islamisme politique –modéré ou non, le mot modéré est déplacé car sur la question des femmes l’islamisme n’est jamais modéré- qui en fait un élément prioritaire de son programme.

    Les principaux préceptes de l’islam n’obligent pas au port du voile mais cela ne signifie pas que le voile est hors des normes de cette religion, car ces normes varient dans le temps et dans l’espace. Les normes ne sont pas que ce qui est écrit, il y a aussi les « coutumes », les pratiques issues des interprétations des textes qui sont variables selon les époques et les continents.

    En ce sens, le voile peut donc être un « signe » simplement religieux, donc sans nécessairement être une prescription d’un courant politique, y compris une force politique mêlée de religion( ce qui est ici nommé sous le nom d’islamisme politique). De nos jours, ces prescriptions sur les vêtements des femmes peuvent provenir incontestablement de courants politico-religieux très réactionnaires mais pas nécessairement.

    J’y vois surtout l’influence du patriarcat . Religion et patriarcat ont conjugué leurs pressions contre les femmes, sur le corps des femmes avant comme pendant l’avènement du capitalisme. Religion, famille et patriarcat ont créé des « politiques religieuses" plus rigoristes, plus "intégristes" dira-t-on plus tard mais pour le catholicisme.

    Mais le port du voile peut se comprendre comme une simple volonté d’affichage religieux non intégriste, non politisé. Ce goût publicitaire offensif de sa religion est pénible à la mentalité laïque quelque soit la religion et même s’il s’agit d’une (ou d’un) professionnelle. Il est même oppressant en lieux clos.

    A cela s’ajoute les considérations antisexistes contre l’oppression du sexe féminin par enfermement. Elles sont très importantes. Elles pèsent surtout sur les femmes mais aussi sur les hommes. C’est l’ensemble de la conception des rapports hommes/femmes qui est générateurs de frustrations, d’incompréhensions et de violences. La solution passe par l’égalité et la réciprocité dans la confiance et le respect, ce qui est incompatible avec les tenues de camouflages ou le quasi prosélytisme religieux.

    Christian Delarue
    Blogg chrismondial

  • Il y a des personnes qui se croient au dessus des autres et sont prêtes à imposer leur vision du monde aux autres... mais pas seulement sous le voile, et il n’y a pas que des femmes. Peut-être en faîtes vous partie, en fait ?

    Et il y a des filles à foulard qui le portent parce que c’est leur religion et leur tradition et qui sont les amies de leur voisine ou de leur cousine qui ne le portent pas.

    Si vous n’avez pas rencontré de telles filles, c’est que vous ne sortez pas suffisamment de chez vous.

    Je n’ai pas la même définition que vous de la "profession" : pour moi se consacrer entièrement à une religion, ce n’est pas une profession.

    Les religieuses catholiques comme le Pape, les prètres etc... se considèrent comme au dessus des autres et comme ayant "la" vérité et "la" proximité avec le dieu supérieur aux humains. Croyez moi ils se mèlent sacrement de politique.
    Votre tentative de différentier le voile qui serait acceptable (catho) de celui qui ne le serait pas (musulman) me mets extrêment mal à l’aise.

    Enfin toute religion est "politique" puisqu’elle prétend dire ce qui est bien et ce qui est mal, qu’elle justifie telle façon de vivre et rejette telle autre. Probablement les premières institutions politiques humaines avaient elles essentiellement une base religieuse.

    Plusieurs spécialistes des religions observent que les sociétés musulmanes évoluent vers la laïcité et la modernité.
    Les agresser ne les aidera pas sur ce chemin que nous avons mis nous-même des sciècles à parcourir.

    Enfin qui a tué le plus de personnes innocentes dans le monde depuis 1990... ce sont ces parpaillots d’américains !

    • Il y a des personnes qui se croient au dessus des autres et sont prêtes à imposer leur vision du monde aux autres... mais pas seulement sous le voile, et il n’y a pas que des femmes.

      C’est évident ; mais est-ce une raison...

      Peut-être en faîtes vous partie, en fait ?

      Cela m’arrive occasionnellement lors de discussion politique mais pas par le port constant d’un signe oppresseur.

      Et il y a des filles à foulard qui le portent parce que c’est leur religion et leur tradition et qui sont les amies de leur voisine ou de leur cousine qui ne le portent pas.

      Je n’en doute pas, c’est d’ailleurs l’objet de mon commentaire au texte. Mais cela n’infirme pas mon opposition. L’affichage ostensible n’est pas le port d’un signe discret. Dans ce dernier cas on respect l’autre, le premier cas on impose le fait religieux. Croyez, croyez, croyez. Plus besoin de parler : on impose, on opprime.

       - - -

      Je n’ai pas la même définition que vous de la "profession" : pour moi se consacrer entièrement à une religion, ce n’est pas une profession.
      Les religieuses catholiques comme le Pape, les prètres etc... se considèrent comme au dessus des autres et comme ayant "la" vérité et "la" proximité avec le dieu supérieur aux humains.

      Ce n’est pas là le critère de "profession" car des amateurs peuvent se croire audessus des autres. Non ils sont permanents et appointés pour diffuser les prescriptions religieuses. C’est leur job !

      Croyez moi ils se mèlent sacrement de politique.

      Je suis d’accord mais sans être un courant politique extérieure à la religion.

      Votre tentative de différentier le voile qui serait acceptable (catho) de celui qui ne le serait pas (musulman) me mets extrêment mal à l’aise.

      Moi aussi je ne partage pas pleinement cette différence. Les pro peuvent se montrer discrets eux aussi. Mais cette distinction n’est pas fausse non plus. Les professionnels étant moins nombreux l’envahissement du religieux est bcp plus circonscrit.

      Christian DELARUE

  • si vous voulez réellement "libérer la femme", (comme moulinex), peut être que le voile a de l’importance, mais il concerne les femmes qui sont déjà exclues de par leur "ethnie", chez nous je pense que les hauts talons, par exemple, ont plus fait pour déséquilibrer la femme et la sous mettre que le voile

    cette fixation sur le voile me semble, se voiler la face pour ne pas voir le problème

    • La libération des femmes est le fait des femmes. Comme homme et comme antiraciste j’intègre cette question dans mes propos mais ce n’est pas à moi de mener la bataille.

      Quand aux talons hauts les femmes qui les portent le font quand elles le veulent et en fonction des situations. Je pourrais dire "semblent" carà la réflexion ce point confirme d’ailleurs mon propos général : s’il est connu que bcp d’hommes aiment voir les femmes en talons aiguilles il rare qu’ils se fassent pressant ou contraignant à ce sujet. Par contre les médecins et certaines femmes sont plus offensives contre cet outil et pas nécessairement pour des motifs strictement médicaux. La dynamique globale et forte rejoint celle rigoriste de la religion.

      CD

    • VOILE ET TALONS HAUTS suite...

      Les comparaisons réductrices de Christine Delphy

      Micheline Carrier, Éditrice du site féministe Sisyphe (sisyphe.org)

      Édition du jeudi 11 octobre 2007

      http://www.ledevoir.com/2007/10/11/160036.html

      Je sais que j’en heurterai plusieurs en me permettant de critiquer une icône du féminisme, une chercheuse et une femme que j’ai admirée par ailleurs sous d’autres aspects, mais je ne puis passer sous silence certains propos que j’estime réducteurs.

      Dans une entrevue publiée dans Le Devoir le 1er octobre 2007, la chercheuse féministe française Christine Delphy a déclaré au sujet des consultations sur les accommodements raisonnables au Québec : « Je suis contente. Je voudrais que l’on se pose aussi la question du port du talon haut. Le nombre de chevilles tordues, si vous saviez... 80 % des patientes des podologues sont des femmes », dit-elle avec la plus grande ironie avant de poursuivre : « On peut s’inquiéter du fait que les sikhs portent de petits poignards, mais personne ne s’alarme de savoir que les adolescents transportent des armes à feu et tirent sur d’autres dans les écoles ! »

      Je trouve cette réflexion un peu simpliste. Le symbole véhiculé par le port du voile, souvent imposé par des hommes à des femmes — et qui n’a pas son équivalent pour les hommes dans les cultures qui l’imposent (ce qui est en soi significatif) —, ne se compare pas au symbole du port de souliers à talons hauts, que nous sommes libres de ne pas porter sans être menacées de représailles.

      Une cheville tordue n’équivaut pas aux coups, aux blessures et aux menaces de mort que certaines connaissent parce qu’elles ne portent pas le foulard ou le voile tel qu’il est prescrit. Cette sorte d’ironie a pour effet d’éluder et de ridiculiser une réflexion sérieuse sur le sens du voile, souvent imposé à des enfants dans certains pays. Presque tous les jours, nous recevons des messages au sujet de femmes de différents pays (y compris la France) qu’on menace de représailles si elles refusent de porter le voile.

      Pourquoi est-il si dangereux pour certaines de refuser de porter ce voile si le port du voile relève simplement de la « liberté de conscience » ? La « conscience » des femmes iraniennes, par exemple, qui défient le gouvernement en ne portant pas un voile ou un foulard de façon « réglementaire » et qui sont emprisonnées, qu’est-ce qu’on en fait ? Ce genre d’argument se compare au discours des défenderesses de la légalisation de la prostitution qui invoquent le « libre choix » de se prostituer alors qu’on connaît les conditions qui conduisent à la prostitution à un âge aussi jeune que 12 ou 13 ans, des conditions qui sèment le doute à propos de l’existence de ce fameux « choix ».

      Quant aux armes à feu à l’école, il est absolument faux que personne ne s’en préoccupe au Québec et au Canada. Christine Delphy est mal renseignée.

      Sur la question de l’Afghanistan, je crois que Mme Delphy a raison de dire que « le combat pour libérer les femmes afghanes a été instrumentalisé » (un mot qu’elle semble particulièrement affectionner, à l’instar de ses disciples québécois). Mais que penser de ce passage : « Il vaut mieux porter une burqa et être en sécurité et pouvoir manger. Il faut savoir établir les priorités, et ce sont ces femmes-là qui doivent le faire. » Avec une burqa, les femmes mangeaient-elles plus et étaient-elles davantage en sécurité sous les talibans ? D’ailleurs, elles la portent encore dans plusieurs régions de l’Afghanistan, et pas toujours par choix.

      Ce n’est pas parce que les Américains et autres Occidentaux ont eu tort de faire la guerre en Afghanistan (et en Irak et ailleurs) pour s’approvisionner en pétrole que les talibans ont (eu) raison de vouloir enfermer les femmes dans un vêtement qui limite leur déplacement et symbolise le contrôle des hommes sur leur corps et sur leur droit à l’existence même. Et les mariages forcés ? Et l’exclusion des filles de l’école ? Et la lapidation ? Et l’absence de liberté sexuelle ? Ce ne sont pas les Américains ni les Canadiens qui les ont inventés. L’association RAWA, composée d’Afghanes, a bien documenté la situation de ces femmes sous les talibans.

      « Pour elle, c’est détourner l’attention de ce dont il faudrait réellement se préoccuper : le bien-être des femmes », écrit la journaliste du Devoir. Le bien-être des femmes ne commence-t-il pas par le droit de circuler librement, sans être escortée obligatoirement par des hommes dans le moindre déplacement, en s’identifiant comme personne, comme femme, non comme fantôme ambulant, sans être violée ou lapidée en guise de représailles si on déroge au code vestimentaire imposé pour cacher ce corps qui dérange tant ?

    • A propos de VOILE ET TALONS HAUTS

      Les comparaisons réductrices de Christine Delphy <http://newportal.cedrom-sni.com/Int...>

      Micheline Carrier, Éditrice du site féministe Sisyphe (sisyphe.org)

    • Je veux bien soutenir les femmes afghanes qui veulent faire évoluer la situation des femmes dans leur pays.

      Je veux bien soutenir les muslmanes françaises qui refusent le voile.

      Je ne veux absolument pas me substituer à ces femmes pour décider à leur place de leur vie, et, pour les afghanes, de ce que doit faire leur pays.

      Faire cela, c’est parfaitement machiste (et il y a aussi des femmes machistes...).

      De plus se substituer au gens pour faire leur bonheur à leur place cela fini toujours extrêmement mal.

      Je pense aussi qu’hélas il n’y a pas de "baguette magique" pour changer la situation des femmes. Ce sont des processus longs. Je pense sincèrement que les évolutions ne peuvent venir que de l’intérieur de ces sociétés, et ce sont les femmes concernées elles-mêmes qui doivent choisir leurs moyens et leurs priorités.

      Chez nous c’est le développement économique et la possibilité de prendre un travail salarié (permettant une autonomie financière) qui a permis au femmes d’être autonome et par là progressivement de transformer le rapport homme-femme, de faire reculer le machisme et le patriarcat.
      L’Afghanistan, occupé, partagé entre seigneurs de guerre et en guerre interne, n’est évidemment pas l’environnement pour une évolution positive. La situation des femmes y est abominable, oui. Que faire pour, ne serait-ce que l’améliorer un tout petit peu, c’est à des afghanes (et de tous milieux) qu’il faut le demander.

      J’ai eu il y alongtemps l’occasion de rencontrer C. Delphy et j’en ai un bon souvenir. Maintenant cela fait un moment que je ne l’ai pas lue ou entendue. Mais c’est plutôt incongru ce côté réglement de compte ici.

      Emma

  • AAAAAAAAAAAAAAH..! Tous ces voiles...ça m’EXIIIIIIIIIIIIIIIIIITE !

    LE REBOURSIER...Affamé

  • Manque de culture de l’auteur de cet article !!

    Le voile des religieuses, qui n’est pas reservés uniquement aux catholiques mais aussi aux protestants et orthodoxe n’a pas du tout la même signification pour la femme que celui de la musulmane qui est en tchador, alors please pas de slogans stupides svp !

    • Désolé mais manque de culture surtout de votre part et non pas que de l’auteur de cet article
      En effet, une musulmane voilée n’est pas forcément habillée en TCHADOR comme vous dites, d’ailleurs le pourcentage de femmes musulmanes en tchador est vraiement très faible, alors à moi de vous dire : PLEASE N’AYEZ PAS LA STUPIDITE DE DIRE QUE TOUTES LES FEMMES MUSULMANES SONT VOILEES UNIQUEMENT AVEC UN "TCHADOR" !!!

      Signé d’une :*MUSULMANE voilée SANS TCHADOR*

  • Le corps de la femme est tabou dans toutes les traditions judéo-chrétiennes. Que les européennes et les américaines et du nord et du sud ainsi que les juives aient été émancipées du voile ne veut pas dire qu’elles aient été libérées en d’autres domaines. Hélas les femmes restent encore opprimées partout dans le monde. Les juives ne portent pas de voile, mais quelques-unes portent obligatoirement une longue jupe, même les fillettes qui ont du mal a jouer et courir avec cet accoutrement !

    Le voile des religieuses est bien une stigmatisation du sexe féminin. Pourquoi les prêtres, sauf quelques moines capucins, ne portent pas de voile ? je ne suis pas d’accord sur ce que les religieuses ne modélisent pas des rôles pour le reste des femmes. Le voile est, entre autres choses, notre façon à nous religieuses de capter des nouvelles vocations à travers la proclamation de notre condition d’épouses du Christ.

    La libération du voile islamique, tout comme il a été le cas de la mantille chrétienne, est un fait inhérent de la culture islamique. La libération de la longue jupe occidentale n’a pas été l’effet d’une imposition externe. Le voile appartient à la dynamique symbolique des sociétés islamiques, qui d’ailleurs avaient commencé à abandonner le voile à l’époque où l’agression occidentale les a inspirés à exhiber le voile à nouveau comme moyen d’affirmation de leur culture et leur humanité à eux. Et bien, c’est la même affirmation des religieuses en tant que telles envers le monde, proclamant notre consécration à Dieu ainsi que notre vœu de chasteté.

    Je suis bien une fervente jeune religieuse catholique, ce qui ne m’empêche pas de respecter le voile d’autres religions.

    • Emma

      Il ne s’agit pas une fois encore de se "substituer pour faire leur bonheur". Cela a été écrit plusieurs fois.
      Mon propos est que les femmes voilées doivent assumer qu’elles sont offensives et même bellicistes sur plusieurs points et que donc il ya nécessairement réaction. On ne saurait tolérer l’oppression. L’intelligence des rapports sociaux est de la circonscrire de façon sérrée sinon on devient soi-même oppresseur, et ici on tombe dans le racisme.

      Je compléte mon propos :

      UN SIMPLE FOULARD ? UN VULGAIRE FICHU ? ou AUTRE CHOSE...

      TRANSFORMER PAR LE SEUL LANGAGE LE COUTEAU EN PETITE CUILLERE
      Le port de fichu ou de foulard ne pose de problème à personne y compris à la propriétaire du gîte vosgien. Je pourrais parier qu’elle a pu en mettre un dans les dix ans qui viennent de s’écouler. Pour ma part, alors que j’abhorre les signes religieux ostensibles mais pas les signes discrets afin de promouvoir une mentalité laïque et pacifique j’avoue qu’il m’arrive de mettre un bonnet (quand il neige) et un casque (quand je suis en moto). Donc si l’on veut être sérieux, il faut bien dire qu’il s’agit d’autre chose. A partir du moment ou le voile est porté été comme hiver, dehors comme dedans ce n’est plus un simple fichu c’est autre chose.

      NB : La "découverte" par le climat date de juin 1989 à Epinal (dans les Vosges déjà et encore)

      L’ article de Ghislaine Ottenheimer (2) explique qu’à la faveur de récréations, alors qu’il faisait très chaud, la Directrice, voyant une fillette suer, lui aurait demandé de retirer son foulard, ce que la fillette refusa de faire. Au delà de l’anecdote[2], Ghislaine Ottenheimer insiste bien sur l’époque et sur le climat : « Mais de quel droit, sous quel prétexte s’offenser du port d’un couvre-chef quel qu’il soit, en plein hiver ? Là, à la faveur des premiers rayons de soleil, la directrice a testé le caractère emblématique et religieux de ce fichu. ».

      I – ANALYSES CRITIQUES D’UN EMBLEME

       DONC AUTRE CHOSE

      Le voile islamique est outil de voilage et outil de l’islam. Il est d’une part un étendard pour l’extérieur et d’autre part pour de nombreuses féministes un instrument d’aliénation pour celles qui le portent. Cet outil de communication idéologique dit objectivement deux choses : je crois en Dieu, je crois en Dieu en permanence ce qui finit par insupporter. L’intolérance suscite le rejet. Il dit aussi je suis une femme respectable, ce qui signifie un double insulte :
       pour un femme sans voile : tu n’es qu’une femme-objet (pour s’en tenir à des termes neutres qui ne sont pas ceux ordinairement employés) ;
       pour les hommes : vous ne me verrez pas comme femme séduisante car vous êtes violeur ou du moins trop concupiscent pour me voire aussi comme être humain dans le même mouvement.

       L’AMALGAME D’UN CERTAIN ANTIRACISME

      Il y a un réel mensonge à amalgamer la critique et la phobie du voile islamique à la phobie de l’islam dans sa globalité. C’est contraire aux pratiques d’analyse que l’on met en oeuvre par ailleurs. Une argumentation historique et sociologique forte pèse pour dire que la phobie du voile PEUT cacher un racisme anti-musulman. Il s’agit d’une possibilité, d’une forte probabilité mais pas d’une nécessité absolue. De nombreux laïcs et de nombreux antisexistes ou féministes sont critiques et phobiques du voile sans être raciste.

       DISTINCTIONS A FAIRE

       Ces antiracistes critiquent le voile, ils le haïssent mais cela s’arrête strictement au voile. Autrement dit ce rejet ne porte ni sur la personne ni sur la religion. La religion musulmane est diverses : certains religieux pensent que le voile est une obligation mais pas tous. L’islam d’emprisonnement et d’affichage offensif est très minoritaire en France : peu de jeunes filles et de femmes musulmanes portent le voile.
       En conséquence plutôt que de reprendre la distinction l’islam invisible et l’islam visible je distinguerais s’agissant des individus l’islam discret et pacifique d’un l’islam ostensible et offensif. A l’égard de ce dernier on ne saurait se montrer tolérant.. Il faut certes respecter la loi mais être aussi à l’offensive. Par contre à l’égard de l’islam discret et pacifique dans les relations interpersonnelles la rencontre est possible et même source de richesses.

       LA PEDAGOGIE LAIQUE

      Le signe religieux ostensible voile ou kippa est contraire à la mentalité laique qui se contente de signes discrets, ceux-ci manifestant un bon compromis entre liberté d’afficher sa religion sans oppresser l’autre. Le signe religieux discret symbolise le souci d’un espace pacifique, ce qui caractérise la laïcité. Comme le souligne le comité de Vitrolle du MRAP (1) un tel espace permet la rencontre sans que les croyances, restant intimes (ou du moins discrètes), soit un obstacle relationnel.

      II – ANALYSE CRITIQUE DES AUTRES PRESUPPOSES

       SORTIR DE LA VISION DES TROIS COMMUNAUTES FONDAMENTALES

      Dans une contribution au Monde Mouloud AOUNIT (3) écrit : "La France républicaine des années 2000 serait-elle composée de trois communautés, une majoritaire "catho-laïque" repliée sur elle-même, et deux minoritaires, juive et musulmane, qui seraient susceptibles de s’affronter à tout moment ?" Le propos vise à sortir la lutte antiraciste de la sectorisation de la tribalisation. Ce qui est positif.
      Mais le même propos devrait conduire à une vision plus contrastée des processus de communautarisation. En fait il n’y a pas plus UNE communauté catho-laique unifiée qu’UNE communauté musulmane unifiée. On pourrait en dire de même pour les juifs de France. Sans doute y a-t-il des points communs qui justifient cette vision en trois communautés mais les différences voire les conflits internes semblent plus importants. Ce qui devrait inciter à relativiser la vision tricommunautaire bien rigide. D’autant que le fractionnement en de multiples sous communautés est renforcée par la diversité du religieux.

       PRENDRE ACTE DE LA DIVERSITE DES INTERPRETATIONS RELIGIEUSES

      Quand on évoque le "retour du religieux" on oubli pour les trois grandes religions monothéistes que l’unanimité d’interprétation des textes et plus encore que l’uniformité dans la diffusion des normes et prescriptions religieuses est un mythe. Au-delà d’un corpus fondateur de chacune, on repère rapidement en quelque sorte des "théologies" dans chaque religion et les pratiques qui en sont issues sont encore plus diverses dans chaque religion. La diversité domine tant au plan historique qu’au plan géographique. On trouvera donc pour chaque religion toute la gamme des visions du monde allant du libéral progressiste acquis relativement à la laicité et à l’égalité des sexes aux visions réactionnaires, à l’intégrisme le plus violent.

       PRENDRE ACTE DES EFFETS D’INTEGRATION

      Il faudrait ajouter certains effets de la logique républicaine d’intégration-assimilation qui quoi qu’on en pense (elle est passible de vives et justes critiques) vient renforcer la tendance à mentalité laïque.

      La vision tricommunautaire qui est à l’arrière plan de « l’amalgame antiraciste » me semble donc obsolète.

      Christian DELARUE

      Secrétaire national du MRAP

      1 cf. Différences n° 254 Article intitulé Laîcité, soupçons,tensions... Comment tenter de « désarmer Dieu ? »

      2 cf. site MRAP rubrique archive sous rubrique voile

      3 Contre l’antiracisme tribal, par Mouloud Aounit LE MONDE 15.06.06
      http://www.mrap.fr/interventions/monde

    • LE PANTALON ET LE VOILE ISLAMIQUE / LES SEINS NUS ET LA JUPE COURTE : LE REGARD ET LE RESPECT.

      Le débat sur le voile s’élargit à d’autres vêtements. Pour détourner de la critique particulière du voile islamique certaines ont rapprochées le pantalon et le voile comme instrument de protection du regard masculin.

      Ainsi le pantalon ne serait plus porté par confort mais comme voilage. En ce cas les reproches antisexistes faits au voile islamique portent aussi contre le pantalon.

      La question posée est celle du respect maintenu malgré le regard objectivant ou concupiscent des hommes.

      I - VOIR ENSEMBLE LE CORPS OBJET ET LE SUJET DESIRANT

      Lire préalablement "Le machisme insidieux des "mecs lourds" sur le site Bellaciao ou sur ce blog car une partie de ce texte porte sur le regard.

      http://www.bellaciao.org/fr/?page=article&id_article=54238

      Les lignes qui suivent sont de Valérie DAOUST in De la sexualité en démocratie" Son propos invite à repenser la dialectique corps-objet/femmes sujet. (p205 et 206)

      Il est difficile de penser, en raison de la dialectique de la rationalité, que, derrière la représentation du corps-objet de la femme, il y a un sujet. Même le critique féministe, particulièrement préoccupée par l’objectivation du corps de la femme, reprend la dialectique sujet-objet. Dans les années 1970-1980, on dénonce l’objectivation du corps de la femme, et les rôles limités que celle-ci peut jouer au sein de la société justifient ces critiques. Les rôles de la femme dans la société s’étant multipliés, on ne peut plus penser l’activité de la femme et la représentation de son corps comme étant uniquement déterminées par des forces extérieures à elle-même sans du même coup la réduire à un « agent » passif auquel on ne reconnaît pas le sujet qui s’autodétermine.

      Le problème concerne tout particulièrement les adolescentes : on arrive difficilement à leur reconnaître une sexualité active puisqu’elles se présentent, selon la dialectique traditionnelle, comme objet de désir (vêtements sexy, par exemple), associé à la passivité. On a du mal à voir et à reconnaître que derrière cet « objet », il y a un sujet de désir.

      Un certain courant de pensée qui voit le jour dans les années 1990 commence à redécouvrir le concept de girl power, le pouvoir du corps et du sexe. Il est clair qu’il faut repenser la dialectique sujet-objet : c’est peut-être que la femme rationnelle ne s’est jamais « résolue à considérer son physique comme un qualité inhérente à sa personne, mais comme une sorte d’avatar qui lui serait fondamentalement étranger » (1) . A l’instar de Maurice Merleau-Ponty, il faut résolument penser le corps « l’existence figée ou généralisée » et l’existence comme une « incarnation perpétuelle » (2)

      Derrière l’objet il y a donc un sujet, et il y en a toujours eu un, mais non pas dans le sens qu’il y a toujours eu un sujet qu’il faut enfin reconnaître pour le faire passer du statut d’objet à celui de sujet : il y a toujours eu un sujet qui dans les faits s’est exprimé, bien que dans l’ordre de la représentation, ce sujet ait été réduit au rôle d’objet.

      II - SEINS NUS ET JOURNEE DE LA JUPE !

      Ayant déjà écrit sur le port constant du voile comme mépris des hommes concupiscents et des femmes occidentales dépravées j’y renvoie avant de passer à d’autres situations, l’une concerne la sociologie de Jean-Claude Kaufmann (1) sur les seins nus sur les plages, l’autre sur la journée de la jupe dans les collèges et lycées.

       A - SEINS NUS SUR LA PLAGE : RESPECT

      Commençons par le comportement des femmes et des hommes sur les plages ou le sein nu est pratiqué :

      Les seins nus ne seront possibles à la plage que parce qu’on ne se touche pas, qu’on ne se parle pas, parce que l’échange entre celle qui se donne à voir et celui qui regarde en reste strictement à ce stade, dans l’anonymat complet.

      La pudeur non pudibonde sera de deux sortes :

      d’une part cette capacité du regardant à voir sans voir, à banaliser ce qui est vu, de telle sorte que le sein se trouve privé de particularités ;

      d’autre part la capacité de la femme à sentir si ses seins correspondent aux normes de la plage.

      Ici l’homme n’est pas renvoyé à l’enfer de sa biologie prédatrice et la femme à une nécessaire abstinence de séduction à une obligation de sobriété vestimentaire pudique afin de maintenir l paix dans les rapports hommes/femmes.

      On peut penser que la banalisation masculine est toute relative . On peut aussi critiquer ce retour d’une « norme corporelle » sur la plage (ne pas montrer des seins trop plats ou trop gros) . On peux aussi penser que toutes les femmes ne suivent pas cette norme implicite, reste qu’un respect se créé entre hommes et les femmes sur la plage.

       B - JUPES COURTES ou STRINGS APPARENTS AU LYCEE : UN TRAVAIL CIVILISATIONNEL EN COURS

      Ce respect disparaît au collège ou au lycée dans la mesure ou les jeunes filles ont quasiment cessé de porter des jupes (sauf des jupes longues) pour ne pas encourir les propos sexistes des jeunes hommes mais aussi des filles. Les filles et les femmes font preuve d’une sévérité étonnante et inadmissible – « tu fais la pute ! » contre les jeunes femmes qui s’habillent de façon séduisante, qui portent des jupes courtes ou des strings apparents.

      Une réaction salutaire a été organisée dans un établissement d’Ille et vilaine : la « journée de la jupe » qui se répète chaque année qui vise à sensibiliser les jeunes garçons et les jeunes filles au droit à s’habiller librement sans subir d’injures. S’habiller réellement librement se comprend avec le droit de non respect d’une norme historique religieuse et patriacale de pudeur extrême interdisant d’être séduisante, « affriolante ».

      Le string fait l’objet d’une stigmatisation intense dans certains pays. Que la femme puisse vouloir séduire ainsi n’est pas toléré ni par certains hommes ni par certaines femmes mais pour des raisons différentes.

       Pour conclure provisoirement :

      Ces quelques lignes montrent assez la nécessité de promouvoir d’autres rapports entre hommes et femmes en luttant radicalement contre le viol, le harcèlement sexuel et "le machisme insidieux des mecs lourds" . Pour mener à bien cette tâche il importe que soit reconnu la liberté de séduire franchement et de s’engager librement une relation sexuelle sans passer par le mariage. Par contre il convient de rappeler au pape que le préservatif est une protection essentielle. Et il ne s’agit pas non plus de défendre seulement les rapports hétérosexuels.

      Christian DELARUE

      1 Corps de femmes, regards d’hommes : sociologie des seins nus par Jean-Claude Kaufmann