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Les avertissements sur bénéfices se multiplient parmi les banques
Publie le mardi 2 octobre 2007 par Open-PublishingLes avertissements sur bénéfices se multiplient parmi les banques
CRISE FINANCIERE. UBS n’est pas la seule victime des « subprime ». Citigroup constitue une provision de 1,4 milliard de dollars. Credit Suisse abaisse ses prévisions bénéficiaires de 33%.
Yves Genier
Mardi 2 octobre 2007
UBS n’est pas la seule grande banque d’affaires à annoncer des pertes importantes au troisième trimestre. Credit Suisse (CSGN.VX) et le mastodonte bancaire américain Citi ont aussi avoué lundi être sévèrement touchés par les conséquences de la crise hypothécaire américaine et celle du crédit qui s’en est suivie.
Deux autres grandes banques allemandes, Deutsche Bank et Commerzbank (CBK.XE), sont sous la pression de leurs pairs, qui les soupçonnent de cacher l’étendue réelle des dégâts. Enfin, le marché bruisse de rumeurs diverses à propos d’autres grandes banques susceptibles de réserver de mauvaises surprises ces prochaines semaines.
Credit Suisse provisionne
Tôt lundi matin, alors que l’annonce de la perte de UBS (UBSN.VX) était diffusée sur les fils des agences de presse, Credit Suisse indiquait que son résultat au troisième trimestre serait bénéficiaire à hauteur d’environ 1,3 milliard de francs « dans une fourchette de plus ou moins 20% ».
La banque reconnaît que les résultats sont grevés par la crise financière, notamment dans ses divisions de banque d’affaires et de gestion institutionnelle, sans entrer dans les détails. Seule indication, « les résultats seront en ligne avec ceux du marché », selon son communiqué.
Les investisseurs ont noté deux éléments. Le premier, réjouissant : la grande maison de la Paradeplatz ne publiera pas, le 1er novembre, une perte trimestrielle comme sa voisine de la Bahnhofstrasse.
Le second, préoccupant : même si, comme il l’indique, le groupe pourrait afficher un résultat historique sur neuf mois, son troisième trimestre s’inscrira en nette baisse par rapport aux attentes précédentes. Les analystes anticipaient en moyenne un résultat net de 1,7 à 1,8 milliard de francs. « En prenant comme hypothèse un bénéfice net prévu de 1,2 milliard de francs, on peut déduire que Credit Suisse est en passe de subir une perte de 500 à 600 millions de francs pour laquelle il devra constituer une provision d’égale importance », note Michel Wiederkehr, analyste à la banque Bordier. Ce qui signifie une baisse des prévisions bénéficiaires de 33%.
Citi dans la tempête
Les dégâts chez Citi sont d’une ampleur qui dépasse même ceux de UBS, puisque le numéro un américain reconnaît devoir constituer des provisions pour 1,4 milliard de dollars (1,6 milliard de francs) sur ses engagements dans des opérations à levier élevé qui atteignent 57 milliards de dollars à la fin du troisième trimestre. A cela s’ajoutent des pertes totalisant 1,9 milliard de dollars (2,1 milliards de francs) dans le domaine de la banque d’affaires.
Et, comme si cela ne suffisait pas, le groupe américain ajoute que le ralentissement des activités de crédit hypothécaire entraînera un accroissement des coûts de 2,6 milliards de dollars (3 milliards de francs), du fait principalement de l’élévation des provisions pour risques de débiteurs insolvables. En tout, la banque devrait voir son bénéfice baisser de 60%. Mais elle restera dans le noir.
« Comme le troisième trimestre vient juste de se terminer, c’est maintenant que les banques peuvent quantifier précisément leurs pertes et les annoncer au public », poursuit Michel Wiederkehr.
Aussi les suspicions ne font-elles que s’accroître auprès des banques dont l’exposition aux titres risqués est supposée forte, mais qui ne disent rien ou distillent l’information au compte-gouttes. Les grandes banques allemandes sont dans le viseur, de même que la française SocGen ou la britannique Barclays. Signe de cette nervosité générale, les analystes de Merrill Lynch ont abaissé de 31% leurs prévisions bénéficiaires pour le troisième trimestre de Deutsche Bank, tandis que ceux de UBS se livraient à un exercice similaire sur la Commerzbank.
Paradoxalement, les actions des trois banques qui se sont dévoilées sont parmi celles qui ont le plus progressé. En revanche, Deutsche Bank, quoique en hausse de 0,8%, reste en retrait par rapport à Credit Suisse (+1,8%). Ce comportement apparemment aberrant montre que le marché a décidé de récompenser les établissements qui ont fait le ménage chez eux tout en restant prudents envers les autres.