Accueil > Les homos défilent pour leur famille
La "Marche des fiertés" revendique l’ouverture du mariage et de l’adoption aux homosexuels.
Les organisateurs de la "Marche des fiertés lesbiennes, gaies, bi et trans" attendaient plus d’un demi-million de personnes samedi 24 juin après-midi à Paris pour un cortège sur le thème de "l’égalité en 2007", année électorale. L’an dernier, la police avait dénombré 300.000 participants et 250.000 spectateurs.
L’Interassociative lesbiennes, gaies, bi et trans (Inter-LGBT), qui fédère une soixantaine d’associations et qui organise cette manifestation, revendique l’ouverture du mariage aux couples de même sexe et la possibilité d’adopter pour tous les couples non mariés.
Les manifestants et des dizaines de chars devaient se rassembler dès 13h00 à Montparnasse, pour défiler jusqu’à la Bastille. Vers 16h00, trois minutes de silence marqueront leur solidarité avec les "100.000 personnes" porteuses du virus du sida en France. Puis Radio FG proposera un concert gratuit jusqu’à 21H00 place de la Bastille.
Peser dans le débat
A la veille de cet événement, les présidentiables des partis de gouvernement ont prêté une oreille attentive aux revendications de mariage et de droit à l’adoption des homosexuels.
Longtemps discret sur le sujet, Nicolas Sarkozy a même confié vendredi à Luc Ferry une "mission de réflexion" sur le sujet.
"Il s’agit de réfléchir (...) tant à la question de l’opportunité ou non d’ouvrir aux couples homosexuels le mariage civil, ou une autre forme d’union civile, qu’à la possibilité pour eux de se voir autoriser le recours à l’adoption", explique le président de l’UMP dans une lettre adressée à l’ancien ministre de l’Education.
Nicolas Sarkozy ne juge "pas contestable" la "force du lien qui peut s’établir entre un couple homosexuel et l’enfant, ou les enfants, qu’il élève". Toutefois, "les questions de mariage, d’autorité parentale et d’adoption constituent des fondements essentiels de la société", note-t-il.
Rendez-vous annulé
Le président de l’UMP avait provoqué la colère de l’Inter-LGBT en annulant in extremis un rendez-vous prévu jeudi, "sans explication ni excuse", selon l’Interassociative lesbienne, gaie, bi et trans, organisatrice de la Marche des Fiertés.
Elle a en revanche été reçue, à gauche, par les représentants du Parti communiste et du Parti radical de gauche, le secrétaire national des Verts Yann Wehrling et le Premier secrétaire du Parti socialiste François Hollande et, à droite, par le président de l’UDF François Bayrou.
"On est très en colère", a expliqué à l’Associated Press le porte-parole de l’Inter-LGBT Alain Piriou. "L’UMP, avec la façon dont ils se comportent aujourd’hui vis-à-vis de nous, ne se met pas en position favorable au moment des élections", a-t-il menacé. "L’expression ’vote sanction’ commence à circuler dans nos rangs".
A l’UMP, on assurait toutefois qu’aucun rendez-vous précis n’avait été calé et que Nicolas Sarkozy prévoyait bien de rencontrer des associations homosexuelles "dans les prochains jours".
UMP : "un père, une mère, un enfant"
GayLib, mouvement gay associé à l’UMP, aura un char dans le défilé parisien de l’ex-Gay Pride, avec la bénédiction de la direction du parti. Le président de GayLib Stéphane Dassé ne désespère pas de faire évoluer la position de l’UMP, notamment lors de la convention sur la famille prévue en septembre. La tâche risque toutefois d’être compliquée.
En janvier, 190 parlementaires UMP et UDF ont en effet signé un manifeste contre l’adoption par les couples homosexuels. Parallèlement, un collectif de "maires pour l’enfance" créé en 2004, revendiquait le soutien de près de 12.000 maires, pour l’essentiel issus de la majorité, contre le mariage gay.
"L’UMP est aujourd’hui majoritairement en faveur d’un père, une mère, un enfant", constatait lundi la porte-parole du mouvement Valérie Pécresse. Nicolas Sarkozy lui-même s’est prononcé à plusieurs reprises contre le mariage et l’adoption pour les homosexuels. Et s’il a condamné les propos homophobes tenus par le député UMP Christian Vanneste, il a refusé de l’exclure du parti.
"Ce député est un boulet pour notre famille politique", déplore M. Dassé. GayLib milite pour que M. Vanneste ne reçoive pas l’investiture UMP pour les législatives de 2007.
A gauche, en revanche, on défend désormais sans complexe les revendications homosexuelles. "Le mariage et l’adoption seront ouverts aux couples de même sexe", stipule le projet du Parti socialiste pour la présidentielle. Le groupe socialiste à l’Assemblée nationale a déposé symboliquement jeudi deux propositions de loi en ce sens.
Même Ségolène Royal, jusque-là réticente, a fini par s’y rallier dans un entretien opportunément accordé au magazine "Têtu" à quelques jours de la Marche des Fiertés.
Seul bémol : le PS renvoie prudemment à plus tard la question de l’accès à la procréation médicalement assistée pour les homosexuels.
Du côté de l’UDF, si François Bayrou reste hostile à l’adoption, il a proposé "une union civile signée devant le maire, aux droits équivalents à ceux ouverts par le mariage".
Très en pointe, le Parti communiste a déjà déposé une proposition de loi pour autoriser le mariage gay et est favorable à l’ouverture d’un accès à la procréation médicalement assistée. Quant aux Verts, ils sont à l’origine du premier mariage gay, célébré par Noël Mamère à Bègles en juin 2004. Le Front national et le Mouvement pour la France de Philippe de Villiers restent en revanche farouchement hostiles aux revendications homosexuelles. (AP)
http://permanent.nouvelobs.com/societe/20060624.OBS2958.html