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Les intermittents continuent de demander la suspension de la réforme

Publie le samedi 3 avril 2004 par Open-Publishing

Il faut sortir de l’impasse. Jacques Chirac n’a pas dit autre chose,
jeudi 1er avril, sur TF1 et France 2, en s’exprimant sur le dossier des
intermittents du spectacle, même s’il a tenu à ménager les partenaires
sociaux signataires de la réforme (Medef, CGPME, UPA, CFDT, CFTC,
CFE-CGC) conclue en juin 2003 et entrée en vigueur depuis le début de
l’année. En signant cet accord, ceux-ci devaient faire face au "déficit
considérable" des annexes 8 et 10 de l’Unedic - 828 millions d’euros en
2002, selon cet organisme -, a commencé le chef de l’Etat. Confrontés à
ce "régime en faillite" , ils ont estimé qu’il était "inadmissible" et
"inacceptable" que ce déficit soit "pris en charge par l’ensemble des
salariés" , a-t-il ajouté.

"Honnêtement, je crois qu’ils ont eu raison" , a jugé M. Chirac, avant
de faire son mea culpa. "On n’a pas pris suffisamment conscience de la
spécificité française dans le domaine de la culture" et de "la
diversité culturelle" , a-t-il reconnu. "Les conséquences -de cette
réforme- sur un certain nombre de jeunes artistes ont été mal
appréciées" , a-t-il poursuivi. "Le problème se pose, et j’ai demandé
au gouvernement de prendre tous les contacts nécessaires pour trouver
la solution aux problèmes qui sont posés, notamment aux jeunes
artistes" , a déclaré M. Chirac, avant de pointer les "abus" commis
dans "beaucoup de grandes entreprises" ."Suivez mon regard !" a-t-il
lancé, interpellant les chaînes de télévision.

L’Elysée sait que les intermittents ne désarmeront pas. Ces dernières
semaines, il est apparu que l’application de la réforme pouvait aboutir
à exclure du régime d’assurance-chômage certaines catégories comme les
personnes en congé maladie et les femmes enceintes. La CGT-Spectacle
annonce une "journée nationale d’actions" le 19 avril, jour où le
nouveau ministre de la culture, Renaud Donnedieu de Vabres, réunira le
Conseil national des professionnels du spectacle (CNPS), qui regroupe
environ quatre-vingts entreprises.

LA DROITE SE MONTRE CRITIQUE

"Il faut abroger ce protocole. Si Chirac n’entend pas ce que nous
disons, le gouvernement va passer un été infernal" , a déclaré au Monde
Jean Voirin, secrétaire général de la Fédération des syndicats CGT du
spectacle, sans menacer clairement d’annuler les festivals. "Nous
demandons la suspension de la réforme" , a réagi, jeudi soir, la
Coordination des intermittents du spectacle.

Même la droite se montre critique. Les députés UMP Etienne Pinte, maire
de Versailles (Yvelines), et Marie-José Roig, édile d’Avignon
(Vaucluse) et nouvelle ministre de la famille et de l’enfance, font
partie d’un "comité de suivi" réunissant des élus de tous bords, divers
syndicats (CGT, SUD-Spectacle) et la Coordination nationale des
intermittents du spectacle. Ce groupe informel a rédigé un
contre-projet qui prévoit notamment que les 507 heures requises pour
bénéficier du système d’assurance-chômage soient calculées sur douze
mois, et non sur onze mois, comme c’est le cas depuis 2004.

Un autre front a été ouvert par les députés de la mission d’information
parlementaire sur les métiers artistiques, très critiques sur
l’application de la réforme ( Le Monde du 12 mars). Vendredi 2 avril au
matin, le président de cette mission, Dominique Paillé (UMP), buvait du
petit lait : "Je me réjouis que le président de la République demande
au gouvernement de modifier l’accord , a déclaré au Monde le député des
Deux-Sèvres. Il faut que les partenaires sociaux se remettent autour de
la table et signent un avenant."

Ces derniers sont cependant "arc-boutés" , reconnaît M. Paillé, qui
tente en vain, "depuis un mois" , d’entrer en contact avec François
Chérèque, secrétaire général de la CFDT. "C’est de mauvais augure.
J’appelle la CFDT à un certain réalisme" , ajoute le député, qui
entrevoit toutefois une porte de sortie : "On peut contourner l’accord
par des mesures spécifiques en faveur des jeunes artistes. Nous allons
faire très vite des propositions."

LE MONDE