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Les recommandés bientôt dans les stations de métro ?
Publie le mercredi 2 septembre 2009 par Open-Publishingde Bertrand Bissuel
La Poste envisage de distribuer une partie des recommandés dans les stations de métro
A partir de cet automne, certains habitants du nord de Paris iront peut-être retirer leurs lettres recommandées à un guichet du métro. La RATP et La Poste envisagent, en effet, de proposer ce service, à titre expérimental, pendant six mois. Le test devrait être réalisé sur la ligne 4 du réseau à la station Simplon, dans le 18e arrondissement de la capitale. S’il se révèle concluant, il pourrait être prolongé et étendu.
Aujourd’hui, les deux entreprises publiques ne souhaitent pas communiquer sur ce projet : elles se contentent de répéter que "rien n’est décidé, rien n’est signé". Pourtant, un porte-parole de La Poste s’était montré nettement plus affirmatif dans les colonnes du quotidien Le Parisien du 29 juin : "Cette expérience commencera le 1er septembre." Plusieurs responsables syndicaux affirment d’ailleurs que les grandes lignes de l’opération leur ont été présentées au début de l’été par leur hiérarchie respective. "On nous a dit qu’elle débutera soit début octobre, soit début novembre", rapporte Cédric Ménival, de SUD-RATP.
PLAGES HORAIRES PLUS LARGES
La prestation sera facultative : le client devra, en effet, demander à la RATP de pouvoir retirer ses lettres recommandées à la station Simplon puis, informer La Poste qu’il souhaite recevoir ce type de courriers ainsi. Un courriel ou un SMS lui signalera que le pli est arrivé. Il pourra le récupérer "jusqu’à 23 h 30, sept jours sept", précise Damien Martin, responsable CFDT à La Poste sur le secteur Paris-Nord. D’après lui, le projet concernerait un peu plus de 13 000 ménages, "soit environ 60 000 habitants" dans un périmètre où se trouvent trois bureaux de poste.
Comment a émergé une telle idée ? Pas de réponse, du côté des deux entreprises publiques. Les syndicats, eux, rapportent quelques arguments qui auraient été défendus par leur direction. La Poste veut permettre à ses clients de retirer certains courriers sur des plages horaires plus larges que ceux de ses bureaux. Elle cherche ainsi à se prémunir contre la concurrence qui se profile puisque les services postaux seront entièrement libéralisés à terme, estime Damien Martin.
Mais l’emploi et la qualité du service risquent d’en pâtir, aux yeux de plusieurs responsables syndicaux. Ainsi, la CGT s’oppose "à toute remise de recommandés hors du réseau postal", car cette mission "doit être assurée de bout en bout" par des salariés de La Poste, formés en conséquence - à la différence des agents du métro, dont ce n’est pas le métier.
A la RATP, la direction aurait en substance indiqué, selon M. Ménival, qu’elle voulait redonner de l’activité aux agents des guichets qui ne vendent plus de tickets, cette opération étant désormais assurée par des automates.
Il semble aussi que des considérations financières aient prévalu, puisque le transporteur se ferait payer par La Poste pour remettre les lettres recommandées. "Nous avons des choses plus importantes à faire, comme de veiller à la sécurité des usagers ou de les informer", objecte Cédric Ménival. A force de se voir confier "tout et n’importe quoi", les agents de la RAPT risquent de fournir un service de moindre qualité, ajoute-t-il. Et d’ironiser : "Demain, nous serons aussi un dépôt de pain ?"
Le 25 juillet, environ 30 % des "agents de station" de la ligne 4 ont fait grève, à l’appel de SUD-RATP, pour protester contre l’expérimentation, selon M. Ménival. Une telle mobilisation est rarissime sur cette partie du réseau, soutient-il, ce qui montre bien l’étendue de l’hostilité des personnels au projet.