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Les sources de la série ‘Apocalypse Staline’ sur France 2

par Annie Lacroix-Riz

Publie le vendredi 6 novembre 2015 par Annie Lacroix-Riz - Open-Publishing
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L’histoire de Guerre froide entre Göbbels et l’ère américaine

Les trois heures de diffusion de la série « Apocalypse Staline » diffusée le 3 novembre 2015 sur France 2 battent des records de contrevérité historique, rapidement résumés ci-dessous.

Une bande de sauvages ivres de représailles (on ignore pour quel motif) ont ravagé la Russie, dont la famille régnante, qui se baignait vaillamment, avant 1914, dans les eaux glacées de la Baltique, était pourtant si sympathique. « Tels les cavaliers de l’apocalypse, les bolcheviques sèment la mort et la désolation pour se maintenir au pouvoir. Ils vont continuer pendant 20 ans, jusqu’à ce que les Allemands soient aux portes de Moscou. […] Lénine et une poignée d’hommes ont plongé Russie dans le chaos » (1er épisode, « Le possédé »).

Ces fous sanguinaires ont inventé une « guerre civile » (on ignore entre qui et qui, dans cette riante Russie tsariste). L’enfer s’étend sous la houlette du barbare Lénine, quasi dément qui prétend changer la nature humaine, et de ses acolytes monstrueux dont Staline, pire que tous les autres réunis, « ni juif ni russe », géorgien, élevé dans l’orthodoxie mais « de mentalité proche des tyrans du Moyen-Orient » (la barbarie, comprend-on, est incompatible avec le christianisme). Fils d’alcoolique, taré, contrefait, boiteux et bourré de complexes (surtout face au si brillant Trotski, intelligent et populaire), dépourvu de sens de l’honneur et de tout sentiment, hypocrite, obsédé sexuel, honteux de sa pitoyable famille, Staline hait et rackette les riches, pille les banques, etc. (j’arrête l’énumération). On reconnaît dans le tableau de cet « asiate » les poncifs de classe ou racistes auxquels le colonialisme « occidental » recourt depuis ses origines.

Vingt ans de souffrances indicibles infligées à un pays contre lequel aucune puissance étrangère ne leva jamais le petit doigt. Il y a bien une allusion sibylline aux années de guerre 1918-1920 qui auraient fait « dix millions de morts » : les ennemis bolcheviques sont encerclés partout par une « armée de gardes blancs ». On n’aperçoit pas la moindre armée étrangère sur place, bien qu’une cinquantaine de pays impérialistes étrangers eussent fondu, de tous les points cardinaux sur la Russie, dont la France, l’Angleterre, l’Allemagne, les États-Unis, etc. (c’est au 2e épisode seulement, « L’homme rouge », qu’on apprend que Churchill a détesté et combattu l’URSS naissante : quand ? comment ?).

Pour échapper à cette intoxication sonore et colorée, le spectateur aura intérêt à lire l’excellente synthèsese de l’historien Arno Mayer, sympathisant trotskiste auquel son éventuelle antipathie contre Staline n’a jamais fait oublier les règles de son métier : Les Furies, terreur, vengeance et violence, 1789, 1917, Paris, Fayard, 2002.
L’ouvrage, traduit par un gros éditeur pour des raisons que je ne m’explique pas, vu les habitudes régissant la traduction en France, compare aussi les révolutions française et bolchevique. Comparaison particulièrement utile après une ère Furet où la française a été aussi malmenée que la russe[1]. Pour Mme Clarke et M. Costelle comme pour les historiens et publicistes qui ont occupé la sphère médiatique depuis les années 1980, la Terreur est endogène, et dépourvue de tout rapport avec l’invasion du territoire par l’aristocratie européenne. Et, de 1789 à 1799, expérience atroce heureusement interrompue par le coup d’État, civilisé, du 18 Brumaire (9 novembre 1799), la France a vécu sous les tortures des extrémistes français (jacobins), mauvaise graine des bolcheviques.

« Le peuple soviétique » est soumis sans répit aux tourments de la faim notamment à « la famine organisée par Staline au début des années trente, catastrophique surtout en Ukraine », où elle aurait fait « 5 millions de morts de faim », victimes de l’« Holodomor »[2] , à la répression permanente, incluant les viols systématiques, aux camps de concentration « du Goulag » (« enfer pour les Russes du désert glacé », où toutes les femmes sont violées aussi) si semblables à ceux de l’Allemagne nazie (un des nombreux moments où les séquences soviétique et allemande sont « collées », pour qu’on saisisse bien les similitudes du « totalitarisme »). Mais il gagne la guerre en mai 1945. On comprend d’ailleurs mal par quelle aberration ce peuple martyrisé pendant plus de vingt ans a pu se montrer sensible, à partir du 3 juillet 1941, à l’appel « patriotique » du bourreau barbare qui l’écrase depuis les années 1920. Et qui a, entre autres forfaits, conclu « le 23 août 1939 » avec les nazis une « alliance » qui a sidéré le monde, l’indigne pacte germano-soviétique, responsable, en dernière analyse, de la défaite française de 1940 : « Staline avait tout fait pour éviter la guerre, il avait été jusqu’à fournir à Hitler le pétrole et les métaux rares qui avaient aidé Hitler à vaincre la France ».

Il est vrai que l’hiver 1941-1942 fut exceptionnellement glacé, ce qui explique largement les malheurs allemands (en revanche, « le général Hiver » devait être en grève entre 1914 et 1917, où la Russie tsariste fut vaincue avant que les bolcheviques ne décrétassent « la paix »). Il est vrai aussi que l’aide matérielle alliée a été « décisive » dès 1942 (épisodes 2 et 3), avions, matériel moderne, etc. (4% du PNB, versés presque exclusivement après la victoire soviétique de Stalingrad).

Il n’empêche, quel mystère que ce dévouement à l’ignoble Staline, qui vit dans le luxe et la luxure depuis sa victoire politique contre Trotski, alors que « le peuple soviétique » continue d’être torturé : non pas par les Allemands, qu’on aperçoit à peine dans la liquidation de près de 30 millions de Soviétiques, sauf signalement de leur persécution des juifs d’URSS, mais par Staline et ses sbires. Ainsi, « les paysans ukrainiens victimes des famines staliniennes bénissent les envahisseurs allemands ». Ce n’est pas la Wehrmacht qui brûle, fusille et pend : ces Ukrainiens « seront pendus par les Soviétiques revenus, » et filmés à titre d’exemples comme collabos. Staline fait tuer aussi les soldats tentés de reculer, tendance bien naturelle puisque le monstre « déclare la guerre à son peuple » depuis 1934 (depuis lors seulement ?), qu’il a abattu son armée en faisant fusiller des milliers d’officiers en 1937, etc.

La critique mot à mot de ce « documentaire » grotesque s’avérant impossible, on consultera sur l’avant-guerre et la guerre l’ouvrage fondamental de Geoffrey Roberts, Stalin’s Wars : From World War to Cold War, 1939-1953. New Haven & London : Yale University Press, 2006, accessible désormais au public français : Les guerres de Staline, 1939-1953, Paris, Delga, 2014[3]. La politique d’« Apaisement » à l’égard du Reich hitlérien fut l’unique cause du pacte germano-soviétique, que les « Apaiseurs » français, britanniques et américain avaient prévue sereinement depuis 1933 comme la seule voie ouverte à l’URSS qu’ils avaient décidé de priver d’« alliance de revers ». Cette réalité, cause majeure de la Débâcle française, qui ne dut strictement rien à l’URSS, est absente des roulements de tambour de Mme Clarke et de M. Costelle. On en prendra connaissance en lisant Michael Jabara Carley, 1939, the alliance that never was and the coming of World War 2, Chicago, Ivan R. Dee, 1999, traduit peu après : 1939, l’alliance de la dernière chance. Une réinterprétation des origines de la Seconde Guerre mondiale, Les presses de l’université de Montréal, 2001 ; et mes travaux sur les années 1930, Le Choix de la défaite : les élites françaises dans les années 1930, Paris, Armand Colin, 2010 (2e édition) et De Munich à Vichy, l’assassinat de la 3e République, 1938-1940, Paris, Armand Colin, 2008.

Les réalisateurs, leurs objectifs publics et leur conception de l’histoire

La seule émission de France Inter du 30 octobre au matin (disponible sur Internet jusqu’au 28 juillet 2018) a donné une idée des conditions du lancement « apocalyptique », tous médias déployés, de cette série Staline qui rappelle, par les moyens déployés, l’opération Livre noir du communisme en 1997. Elle éclaire aussi sur les intentions des réalisateurs installés depuis 2009 dans la lucrative série « Apocalypse ».

La musique et le son de ces trois heures éprouvantes sont adaptés à leurs objectifs. La « colorisation », qui viole les sources photographiques, porte la marque de fabrique de la série « Apocalypse » : elle s’impose pour attirer « les jeunes gens », faire sortir l’histoire de la case poussiéreuse où elle était confinée, argue Isabelle Clarke, éperdue de gratitude (bien compréhensible) à l’égard de France 2 qui « a remis la grande histoire en prime time (sic) » ; aussi modestement, le coauteur Daniel Costelle attribue cette place d’honneur sur nos écrans domestiques à la qualité du travail accompli par le tandem depuis les origines de la série (2009). La « voix de Mathieu Kassovitz » est jugée « formidable » par les auteurs et leur hôtesse, Sonia Devillers : l’acteur débite, sur un ton sinistre et grandiloquent, le » scénario de film d’horreur » soviétique et stalinien qui fascine tant Mme Clarke.

Pour que la chose soit plus vivante, les auteurs, qui font « des films pour [s’]enthousiasmer [eux]-mêmes », ont décidé qu’ils n’auraient « pas de parti pris chronologique » : ils ont plus exactement pris le parti de casser la chronologie, par de permanents retours en arrière supposés rendre le « travail un peu plus interactif ». La méthode empêche toute compréhension des événements et des décisions prises, 1936 ou 1941 précédant l’avant Première Guerre mondiale, le conflit et 1917, une de ses conséquences. On sautille sans arrêt d’avant 1914 à 1945 dans chaque épisode et en tous sens : il est d’autant plus impossible de reconstituer le puzzle des événement morcelés que les faits historiques sont soigneusement épurés, sélectionnés ou transformés en leur exact contraire (c’est ainsi que les perfides bolcheviques auraient attaqué la Pologne en 1920, alors que c’est Varsovie qui assaillit la Russie déjà envahie de toutes parts). On nous explique souvent que le montage d’un film est fondamental, l’escroquerie « Apocalypse Staline », qui y ajoute le mensonge permanent et les ciseaux du censeur, le confirme.

La conjoncture est au surplus du côté des auteurs :

1° la propagande antisoviétique est depuis 1917 obsédante en France comme ailleurs en « Occident », mais elle a été infléchie pendant quelques décennies, à la fois par une fraction du mouvement ouvrier (surtout) et des intellectuels et par les circonstances, en particulier celles qui ont précédé et accompagné la Deuxième Guerre mondiale. Ce n’est plus le cas depuis les années 1990 où le mouvement ouvrier, toutes tendances confondues, s’est aligné sur les développements du Livre noir du communisme : seul défenseur de l’URSS depuis la naissance de la Russie soviétique, le PCF ne cesse depuis 1997 d’expier ses affreuses années staliniennes et de déplorer sa non-condamnation du si funeste pacte germano-soviétique. Rappelons que sa mise en œuvre offrit aux Soviets un répit de près de deux ans et leur permit de doubler les effectifs de l’armée rouge à leurs frontières occidentales (portés de 1,5 à 3 millions d’hommes). Jérôme Joffrin, dans un article qui se veut nuancé sur le « bourreau » Staline, auquel cependant « nous devons beaucoup », a légitimement relevé qu’il était délicat naguère de raconter en France absolument n’importe quoi sur l’URSS mais que l’obstacle a été levé par les rapports de forces internationaux et intérieurs.

2° La liquidation de l’histoire scientifique française de l’URSS a été d’autant plus aisée depuis les années 1980 que l’offensive antisoviétique et anticommuniste s’est accompagnée d’une entreprise de démolition de l’enseignement général de l’histoire, soumis à une série de « réformes » toutes plus calamiteuses les unes que les autres. Le corps enseignant du secondaire l’a déploré, mais sa protestation n’est plus guère soutenue par des organisations autrefois combatives sur le terrain scientifique comme sur les autres. « Les jeunes gens », auxquels la casse de l’enseignement historique inflige désormais 1° la suppression de pans entiers de la connaissance, 2° l’abandon de la chronologie, sans laquelle on ne peut pas saisir les origines des faits et événements, et 3° le sacrifice des archives originales au fameux « témoignage », se sont trouvés, s’ils ont eu le courage de supporter les trois heures de ce gavage, en terrain particulièrement familier.

3° L’histoire scientifique relative à la Russie, anglophone notamment, est en fort développement depuis une vingtaine d’années mais elle est en général inaccessible au public français : les ouvrages idoines sont traduits dans les six mois, les autres pratiquement jamais, sauf exception. Quelques-uns de ces « trous » percés dans le Rideau de Fer de l’ignorance historique du monde russe ont été mentionnés ci-dessus. Quoi qu’il en soit, quand les ouvrages sérieux sont traduits, ils sont ensevelis dans le néant, tous médias confondus.

De l’histoire, quelle histoire ?

Svetlana Aleksievitch, conseillère en « témoignages »

Isabelle Clarke admet qu’« Apocalypse Staline » ne relève pas de la catégorie de l’histoire, elle le revendique même. Elle se déclare fascinée par l’immense travail de Svetlana Alexievitch, dont l’attribution du prix Nobel de littérature d’octobre 2015 rappelle le couronnement « occidental » de l’œuvre d’Alexandre Soljenitsyne, lauréat de 1970, avec des motivations semblables. Quelles que soient ses éventuelles qualités littéraires, Mme Alexievitch n’a été promue que pour des raisons idéologico-politiques, conformément à une tradition d’après-guerre que la documentariste et historienne britannique Frances Stonor Saunders a exposée en 1999, dans un ouvrage essentiel sur la Guerre froide culturelle : c’est l’intervention expresse des États-Unis, via l’action clandestine pratiquée sur les questions culturelles (comme sur les opérations politiques et même militaires) par le truchement de la CIA ou d’institutions financées par elle. Ce fut en l’occurrence via le Congress for Cultural Freedom (CCF) fondé, après une série d’initiatives préalables, en juin 1950, et qui bloqua l’attribution du prix Nobel de littérature à Pablo Neruda au début des années 1960 : Neruda fut écarté en 1964, au profit de Jean-Paul Sartre, dont Washington suivait de près et appréciait les démêlés avec le PCF, mais qui eut l’élégance de le décliner[4]. Le pouvoir positif de soutien des États-Unis, depuis 1945, aux « dissidents » ou à des anticommunistes très divers a été aussi efficace que leur capacité de nuisance contre les intellectuels combattus : le Nobel de littérature a récompensé un nombre tout à fait disproportionné d’adversaires notoires du communisme en général et de l’URSS ou de la Russie en particulier : la consultation systématique est éclairante :

Isabelle Clarke se félicite du « travail de témoignage » réalisé par Svetlana Alexievitch, grâce à laquelle « les crimes communistes », jamais jugés, ont enfin pu être recensés : en l’absence d’instruction et d’accès aux faits, il a fallu compter sur les témoignages, très longs à obtenir, et autrement plus éclairants que la recherche historique. Ces témoignages égrenés au fil des trois films, jamais liés à l’établissement des faits, forment donc la trame historique du « scénario de film d’horreur ». Svetlana Alexievitch ne prétend pas, elle, faire œuvre d’historienne. Obsédée par la quête de l’Homo sovieticus, concept proclamé impossible, puisqu’on ne saurait changer les humains en changeant le mode de production, l’auteur de La Fin de l’homme rouge ou le temps du désenchantement (traduction publiée en 2013 chez Actes Sud) « enregistre sur magnétophone les récits des personnes rencontrées, et collecte ainsi la matière dont elle tire ses livres : “Je pose des questions non sur le socialisme, mais sur l’amour, la jalousie, l’enfance, la vieillesse. Sur la musique, les danses, les coupes de cheveux. Sur les milliers de détails d’une vie qui a disparu. C’est la seule façon d’insérer la catastrophe dans un cadre familier et d’essayer de raconter quelque chose. De deviner quelque chose… L’Histoire ne s’intéresse qu’aux faits, les émotions, elles, restent toujours en marge. Ce n’est pas l’usage de les laisser entrer dans l’histoire. Moi, je regarde le monde avec les yeux d’une littéraire et non d’une historienne” ».

Nous sommes donc avisés que ce spectacle « émotionnel » et « occidental », organisé à grand tapage par les responsables de la série « Apocalypse Staline », est fondé sur de la littérature antisoviétique larmoyante, appréciée et récompensée comme telle par « l’Occident » civilisé.

Les « conseillers historiques » d’« Apocalypse Staline » : l’institut d’histoire sociale, de Boris Souvarine à Pierre Rigoulot

Quand on passe à « l’histoire » stricto sensu, le bilan est pire, et caractérisé par des pratiques malhonnêtes et non explicitées. Isabelle Clarke se flatte d’avoir « remis en prime time (sic) la grande histoire » et de ne pas avoir négligé l’histoire qu’elle aime moins que la littérature : elle aurait étudié tous les ouvrages « recommandés par nos conseillers historiques » : « Robert Service, Jean-Jacques Marie, Simon Sebag Montefiore » (ce dernier toujours traduit dans les mois qui suivent ses publications anglophones), dont les travaux sont caractérisés par une vision à peu près caricaturale du monstre, avec des nuances dont le lecteur de leurs travaux peut seul juger. Quels « conseillers historiques » ? On a pourtant le choix parmi les historiens français de l’URSS, presque également soviétophobes et médiatiques : aucune carrière académique n’étant depuis trente ans ouverte à un spécialiste de l’URSS soviétophile, il n’en existe pas.

Dans la rubrique « crédits » du 3e épisode, figure la mention de citation(s) d’un seul ouvrage d’historien, le Staline de Jean-Jacques Marie, spécialiste du monstre sur la base d’ouvrages de seconde main (les seules autres citations proviennent de Mme Alexievitch). Les « conseillers historiques » allégués n’ont pas été mentionnés, mais on relève, parmi les sept personnalités qui ont fait l’objet de « remerciements », juste nommées mais non présentées, un seul « historien » présumé : Pierre Rigoulot (les six autres sont artistes ou spécialistes techniques[5]).

M. Rigoulot dirige l’institut d’histoire sociale, fondé en 1935 par Boris Souvarine, célèbre et précoce transfuge du communisme (1924) qui, fut, selon une tradition née en même temps que le PCF, embauché par le grand patronat français Souvarine, trotskiste proclamé antistalinien (catégorie de « gauche » très appréciée pour la lutte spécifique contre les partis communistes[6]), fut employé comme propagandiste par la banque Worms. Il fut un des rédacteurs de la revue les Nouveaux Cahiers, fondée en 1937 en vue de la scission de la CGT, financée et tuteurée par le directeur général de la banque Jacques Barnaud, futur délégué général aux relations économiques franco-allemandes (1941-1943). La revue, qui chanta sans répit les louanges d’une « Europe » sous tutelle allemande, fut publiée entre la phase cruciale de la scission, d’origine patronale, de la CGT (n° 1, 15 mars 1937)[7], et la Débâcle organisée de la France (n° 57, mai 1940). Souvarine y voisinait avec la fine fleur de la « synarchie » issue de l’extrême droite classique (Action française) qui allait peupler les ministères de Vichy : il n’y était requis qu’en tant que spécialiste de (l’insulte contre) l’URSS et de la croisade contre la république espagnole assaillie par l’Axe Rome-Berlin[8].

Cette « petite revue jaune », qui attira bien des « collaborations », selon l’expression du synarque et ami de Barnaud, Henri Du Moulin de Labarthète, chef de cabinet civil de Pétain[9], est annonciatrice de presque tous les aspects de la Collaboration. Elle est conservée dans les fonds d’instruction de la Haute Cour de Justice des Archives nationales (W3, vol. 51, en consultation libre : régime de la dérogation générale, série complète jusqu’au n° de décembre 1938) et des archives de la Préfecture de police (série PJ, vol. 40, sous dérogation quand je l’ai consultée). Le lecteur curieux constatera que « Boris Souvarine, historien » (ainsi qualifié au 3e épisode, « Staline. Le maître du monde »), dans ses articles, réguliers, dresse entre 1937 et 1940 un portrait de l’URSS (et) de Staline en tout point conforme à ce que le spectateur français a appris, le 3 novembre 2015, sur le cauchemar bolchevique. Souvarine partit pour New York en 1940, y passa la guerre, et prit alors contact avec les services de renseignements alors officiellement voués à la seule guerre contre l’Axe (notamment l’Office of Strategic Services (OSS), ancêtre de la CIA, mais fort antisoviétiques. Il ne revint en France qu’en 1947 C’est le soutien financier clandestin du tandem CCF-CIA qui lui permit d’éditer et de faire triompher son Staline : en panne d’éditeur et de public de la Libération à la fin des années 1940, le chef de l’« Institut d’Histoire sociale et de Soviétologie » (définitivement reconstitué en mars 1954) accéda ainsi au statut d’« historien » que lui accorde « Apocalypse Staline »[10].

Deuxième « historien », non signalé comme tel, mais « remercié » dans les crédits, Pierre Rigoulot, présumé cheville ouvrière des films sur Staline, fait peser sur les trois épisodes de la ssérie une triple hypothèque.

1°. M. Rigoulot n’est pas un historien mais un idéologue, militant au service de la politique extérieure des États-Unis, officiellement apparenté depuis les années 1980 aux « néo-conservateurs », selon Wikipedia, qu’on ne saurait taxer d’excessive complaisance pour le communisme : aucun des ouvrages qu’il a rédigés sur l’URSS, la Corée du Nord (sa nouvelle marotte depuis sa contribution sur le sujet dans Le Livre noir du communisme), Cuba, ne répond aux exigences minimales du travail scientifique.

2°. Faussaire avéré sous couvert de prendre la défense « des juifs », il a été, pour son ouvrage L’Antiaméricanisme (éditions Robert Laffont, 2005), condamné en diffamation par jugement de la 17e chambre du TGI de Paris, le 13 avril 2005, « ayant inventé de toutes pièces [une] fausse citation » antisémite (absente) d’un ouvrage de Thierry Meyssan, adversaire manifestement jugé sans péril (même référence en ligne).

3°. L’IHS, que M. Rigoulot a rejoint en 1984 comme bibliothécaire, puis « chargé des recherches et publications », et dont il est le directeur, n’est pas une institution scientifique : c’est une officine de Guerre froide et, après la Libération, de recyclage des collaborationnistes de sang et/ou de plume issus de l’extrême droite classique et de la gauche anticommuniste. Cet organisme a été depuis la Libération financé par la banque Worms, le CNPF et, quasi officiellement, par la CIA. Il a été intimement lié à Georges Albertini, second de Marcel Déat déjà employé avant-guerre par la banque Worms et recyclé à sa sortie de prison (1948) dans la propagande anticommuniste et antisoviétique de tous ces bailleurs de fonds. On trouvera sur tous ces points une ample bibliographie, fondée à la fois sur les archives policières françaises (de la Préfecture de police) et sur les fonds américains qui établit la convergence de tous les auteurs[11]

Les trois volets d’« Apocalypse Staline » traitent, et sur le même ton haineux, tous les thèmes serinés depuis sa fondation par l’IHS, notamment ceux du Goulag (« la terreur et le goulag sont la principale activité du Politburo », 3e épisode, « Staline. Le maître du monde »), dont M. Rigoulot a fait depuis 1984, date de son entrée dans cette officine, un des thèmes privilégiés de ses travaux, et de l’« Holodomor », « organisé » par Staline.

Conclusion

On pourrait proposer au spectateur de visionner, en supprimant le son de cette projection grotesque, les bandes de « rushes » (les auteurs des films prétendent avoir livré du pur document brut, particulièrement authentique, mais le film de fiction, soviétique d’ailleurs, y occupe une part non négligeable). Il percevrait ainsi immédiatement qu’on pourrait faire une toute autre histoire de l’URSS sous Staline que celle qui s’appuie sur un matériau frelaté.

Là n’est pas l’essentiel. Le service public de télévision français a une fois de plus, en matière d’histoire, bafoué les principes minimaux de précaution scientifique et ridiculisé les spectateurs français, en leur servant un brouet de pure propagande antisoviétique : il avait déjà ouvert, entre 2011 et 2013, le service public aux seuls héritiers de Louis Renault, venus se lamenter, avec ou sans historiens complices, sur la spoliation de leur grand-père quasi résistant. Est-il normal que la société France Télévisions, financée par la redevance versée par tous les contribuables, se prête à une opération digne du « ministèrere de l’information et de la propagande » de Göbbels ? On attend le « débat » qu’impose la malhonnêteté avérée de l’entreprise. J’y participerai(s) volontiers.

Annie Lacroix-Riz, Professeur émérite d’Histoire contemporaine, Paris VII.

Notes :

[1] Atmosphère historiographique générale depuis l’ère Furet, Lacroix-Riz, L’histoire contemporaine toujours sous influence, Delga-Le Temps des cerises, 2012

[2] À propos de ce concept emprunté, non pas à l’Ukraine soviétique de l’entre-deux-guerres mais né dans la Galicie polonaise, et devenu un thème allemand et américaine de la stratégie de scission URSS ou « Russie »-Ukraine depuis 1933, ma mise au point archivistique et bibliographique « Ukraine 1933 mise à jour de novembre-décembre 2008 » ; et Mark Tauger, ouvrage à paraître chez Delga en 2016 sur les famines en Russie tsariste et en Union Soviétique, dont je rédigerai la préface.

[3] Voir aussi Lacroix-Riz, « Le rôle de l’URSS dans la Deuxième Guerre mondiale (1939-1945) », mai 2015,

[4] Frances Stonor Saunders, Qui mène la danse, la Guerre froide culturelle Denoël, 2004 ; traduction de The cultural Cold War : the CIA and the world of art and letters, New York, The New Press, 1999, origine de la pagination présente, p. 347-351 sur Neruda ; sur Sartre, souvent citéé, index.

[5] Seuls les noms des sept sont cités, pas leur qualité : Emi Okubo est musicien ; Sonia Romero, artiste ; Karine Bach, monteuse sur France Télévisions ; Thomas Marlier, réalisateur ; Kévin Accart, assistant monteur ; Philippe Sinibaldi, gérant de société de production.

[6] Frédéric Charpier, Histoire de l’extrême gauche trotskiste : De 1929 à nos jours, Paris, ééditions 1, 2002.

[7] Lacroix-Riz, Impérialismes dominants, réformisme et scissions syndicales, 1939-1949, Montreuil, Le Temps des cerises, 2015, chap. 1, et De Munich à Vichy, l’assassinat de la 3e République, 1938-1940, Paris, Armand Colin, 2008, chap. 3 et 6.

[8] Sur Jacques Barnaud, tuteur depuis 1933-1934 de l’héritier présomptif de Jouhaux René Belin, directeur de cabinet de Belin (juillet 1940-février 1941) et véritable ministre du Travail quand son pupille occupait officiellement le poste ; sur les Nouveaux Cahiers, Lacroix-Riz, Le choix de la défaite, De Munich à Vichy et Industriels et banquiers français sous l’Occupation, Paris, Armand Colin, 2013.

[9] Du Moulin de Labarthète, « La synarchie française », article publié le 25 mai 1944 dans la revue helvétique Le Curieux, sous le pseudonyme de Philippe Magne, joint au rapport de « l’inspecteur spécial » de la PJ Vilatte, chargé à la Libération de l’enquête « sur la synarchie », 1er juin 1947, PJ 40, Barnaud, APP.

[10] Roger Faligot et Rémi Kauffer, « La revanche de M. Georges » (Albertini), in Éminences grises, Paris, Fayard, 199, p. 150 (p. 135-170) ; Emmanuelle Loyer, Paris à New York. Intellectuels et artistes français en exil (1940-1947), Paris, Hachette, 2007 ; Peter Coleman, The Liberal Conspiracy : the Congress for Cultural Freedom and the Struggle for the Mind of Postwar Europe, New York, Free Press, 1989, index, ouvrage non traduit dans lequel Pierre Grémion, Intelligence de l’Anticommunisme : Le Congrès pour la Liberté de la Culture à Paris 1950-1975, Paris : Fayard, 1997, a très largement puisé ; Lacroix-Riz, « La Banque Worms et l’Institut d’histoire sociale » et « Des champions de l’Ukraine indépendante et martyre à l’institut d’histoire sociale ».

[11] N. 10, et Jean Lévy, Le Dossier Georges Albertini. Une intelligence avec l’ennemi. L’Harmattan-Le Pavillon 1992 ; Charpier, Génération Occident, Paris, Seuil, 2005 ; La CIA en France : 60 ans d’ingérence dans les affaires françaises Paris, Seuil, 2008 ; Les valets de la guerre froide : comment la République a recyclé les collabos, Paris, François Bourin éd., Paris, 2013 ; Benoît Collombat et David Servenay, dir., Histoire secrète du patronat : de 1945 à nos jours. Paris, La Découverte, Arte éditions, 2e édition, 2014 (dont article de Charpier) ; Lacroix-Riz, tous les op. cit. supra ; Saunders, op. cit., etc

https://brunoadrie.wordpress.com/2015/11/05/les-sources-de-la-serie-apocalypse-staline-sur-france-2-par-annie-lacroix-riz/

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  • Bon d’accord, je comprends cette émission profite de Staline pour pratiquer l’anticommunisme mais je vous pose la question ; "Doit-on défendre Staline pour défendre le communisme ?" Un exemple, au moment de l’invasion de l’URSS en juin 1941, les Soviétiques ont-ils répondu à l’appel du tyran ou ont-il défendu les acquis de leur Révolution ?
    Y-a-t-il quelque chose à garder du stalinisme ? Moi, j’ai fait mon choix : A bas Staline et sa mémoire... Vive le communisme !
    JR

    • Le stalinisme fut abominable si l’on se place du point de vue humaniste et si on oublie de faire l’analyse concrète des situations concrètes...
      Si on se place du point de vue strictement économique on doit cependant reconnaître que Staline et ses successeurs jusqu’à BREJNEV ont fait de l’URSS une grande puissance CAPITALISTE et IMPERIALISTE que Gorbatchev n’a pas réussit à réformer... Gorbatchev n’a pas réussit à protéger la remarquable intelligentsia sovietique en empêchant l’émergence des oligarques et autres nationalistes belliqueux...
      Ce que je dis est trop court, il faudrait lire les livres de Iouri Alexandrovitch LEVADA qui décrivent cette histoire tourmentée...

    • Pour ne pas se défausser sur un homme, Staline, parlons d’un système caricatural du communisme , LE STALINISME .

      Tous ces crimes commis au nom du communisme, en URSS et dans d’autres pays , sont le résultat d’un lâche suivisme collectif, On mesure bien la " la paresse du
      peuple qui après avoir fait sa révolution ,s’en remet aux dirigeants, lesquels se coupent des masses

      ALORS LA DEMOCRATIE POPULAIRE DEVIENT AUTORITARISME

      Ce système de " suivisme " STALINIEN a sévi aussi en France avec moins de degats humainS,mais douloureux pour ceux qui en on fait les frais, je pense a certains exclus du PC.

      La construction d’une société communiste est un long combat qui commence
      au lendemain de la révolution

    • La construction d’une société communiste est un long combat qui commence
      au lendemain de la révolution

      j’y ai longtemps cru (et c’était une croyance !) mais je pense que le fétichisme de la révolution a complètement fait oublier un fait indéniable :
      les formes du capitalisme sont nés à l’intérieur même du système qui allait s’effondrer et lui laisser la place.

      je pense que les fondements de la société de l’émancipation sociale débuteront leur construction à l’intérieur de la société capitaliste

      d’où la nécessité dès à présent de la construction d’alternatives CONCRETES ; ce d’autant plus que l’expérience du mouvement social avec le stalinisme ne laisse pas d’autres choix pour regagner le cœur et l’esprit des dominés.

      ces alternatives concrètes ne s’opposent pas aux luttes sociales ; luttes et alternatives sont les 2 jambes d’un mouvement de l’émancipation social de nouveau conquérant.

      la révolution n’est que l’aboutissement d’un murissement antérieur.

    • Le stalinisme fut abominable si l’on se place du point de vue humaniste et si on oublie de faire l’analyse concrète des situations concrètes...
      Si on se place du point de vue strictement économique on doit cependant reconnaître que Staline et ses successeurs jusqu’à BREJNEV ont fait de l’URSS une grande puissance CAPITALISTE et IMPERIALISTE

      Je ne suis pas sûr de bien comprendre...

      Staline a commis des actes "abominables" sur le plan humain, mais il a aussi fait du positif : faire de l’URSS une grande puissance capitaliste et impérialiste ???

      J’espère avoir mal compris, j’espère qu’il faut entendre que NON SEULEMENT c’était un dictateur brutal, mais qu’EN OUTRE il a.....

      Pour moi, Staline portait l’étiquette "communiste" avec autant d’élégance qu’Hollande l’étiquette "socialiste".

      Staline est un contre-révolutionnaire qui a éliminé les révolutionnaires bolchéviks et s’est appuyé sur une "classe" de bureaucrates pour assoir un pouvoir totalitaire qui n’avait pas grand chose à voir avec le socialisme.

      Oc

    • Un exemple, au moment de l’invasion de l’URSS en juin 1941, les Soviétiques ont-ils répondu à l’appel du tyran ou ont-il défendu les acquis de leur Révolution ?

      LES Soviétiques se sont levés pour repousser l’envahisseur nazi

      Du coup ils ont été objectivement , aussi nos libérateurs ;
      OUI, STALINE sut mobiliser les masses, oui STALINE fut le dirigeant qui, que cela nous plaise ou pas, sut galvaniser.les énergies

      .Y compris ceux des soviétiques qu’il avait déjà réprimés, y compris ceux qui allaient mourir , innocentes victimes du STALINISME., par la suite.

      Et qui pour beaucoup moururent en criant"VIVE LE PARTI VIVE STALINE"

      Si STALINGRAD ne saurait "excuser" un seul goulag,
      .... si ce"communisme était une caricature de ce que nous voulons cosnstruire,

      la réflexion et l’analyse de cette tragédi
      e, de ses conséquences quant à la façon dont elle a entaché pour longtemps "notre idéal" , combien elle est encore un lourd boulet accroché à nos basques, surtoyut quand on nous assimile à ce ue fut cet ersatz d’émancipation,
      ..alors qu’en FRANCE, les communistes sont ceux qui ont payé le plus lourd tribut au comabt pour les LIBERTES..

      .......................................... nous poussent, communistes à dire :
       :

      Nous sommes ici nombreux à refuser aux caniches du K, aux journaleux qui s’autocensurent pour servir leurs MAitres , de revenir sans cesse nous infliger le roman noir du Stalinisme, alors que,, par exemple, oon comptera sur les doigts de la main, les émissions qui dénoncent les CRIMES contre l’HUMANITE que la CAPITALISME perpètre quotidienenment, des terres occupées de Palestine, aux horreurs du néo colonialisme qui entretient la misère, la malnutrition, qui a sur les mains du sang encore frais d’Irakiens, de’afghans, de maliens etc etc..

      Staline est mort le 4 mars 1953
      Il est donc inutile voirer idicule de scander " A bas STALINE"
      c’est FAIT !

      Les régimes dits abusivement"socialistes" se sont effondrés entre 89 et 91

      L’HEURE est SURTOUT, et AVANT TOUT, à traquer les monstres VIVANTS..

      Selon moi

      A.C

    • Pour une couche supplémentaire
      Je partage ce point de vue D’Alain Badiou, même si je considère, pour ma part que le COMMUNISME n’a existé NULLE PART

      Si le communisme, a été jugé sur quelques années d’expérience tâtonnante et encerclée, le capitalisme, lui, peut être évalué sur plusieurs siècles de domination installée.

      Si sanglantes et coûteuses qu’aient été les expériences se réclamant du communisme, elles ne sauraient être comparées aux destructions immenses, aux massacres irréversibles, aux désespoirs et aux abaissements auxquels a conduit le capitalisme, non pas même au service d’une idée, mais uniquement pour pouvoir continuer à étendre et sa rapine de gangster huppé, et sa mécanique et vaine proposition marchande.

      L’hypothèse communiste en est encore, historiquement, à ses tous débuts. S’agissant en revanche de l’antique capitalisme, le verdict, solidement étayé, me semble aller de soi : inacceptable, il doit être détruit. »

    • La théorie stalinienne du socialisme dans 1 seul pays = nationalisme = capitalisme (complexe militaro-industriel financé par le "stakhanovisme")...
      Par-contre la stalinisme et le brejniévisme ont définitivement arraché la Russie et quelques pays de l’URSS du sous-développement et du féodalisme...
      Si on se situe/ mouvement communiste mondial le stalinisme-brejniévisme sont uniquement des trahisons contre l’internationalisme communiste...
      Le rôle anti-impérialisme USA-EUROPE de l’ex URSS fut précieux ( CUBA, VIET-NAM, ANGOLA ...etc...) mais pas uniquement motivé par l’anti-impérialisme communiste (congrès de BAKOU)...
      Dans ce système globalement condamnable est née une classe sociale très intelligente et dévouée (professeurs, ingénieurs, médecins, agronomes,...etc...) qui disparaît sous les coups bas des maffieux, des oligarques, des commerçants... C’est extrêmement triste !!!

    • Votre dernier chapitre est la grande ambiguitè du communisne.Cette mafia se nommait la nomenklatura .Forgée elle aussi par le régime .C’est elle qui a tout détruit et bientôt se sera le tour de Cuba .Et dès la disparition de Castro !

    • C’est vrai que certains flics brejniévistes sont devenus les maffieux actuels pendant que certains hauts bureaucrates sont devenus des patrons-racailles...
      Sous ELTSINE l’espérance de vie a diminuée de 10 ans et le chômage massif recrée du "sous-développement"...

    • D’accord avec vous. On n’est pas obligé d’admirer Staline, comme semble le faire Mme Lacroix-Riz, pour défendre la Révolution russe.

    • ALR n’admire pas Staline, elle s’en tient aux faits, rien qu’aux faits. C’est quand même curieux que cette posture puisse amener certains individus, dopés à l’idéologie de la classe dominante, à en faire une "groupie" de Staline.....
      Pour ma part je lui reprocherais de négliger le politique, les fondations idéologiques de l’accession de Staline à tous les pouvoirs et de son articulation avec les rapports de classes dans l’URSS débutante. Comment l’alliance entre la paysannerie majoritaire et la classe ouvrière minoritaire et pourtant dominante, recherchée activement par Lénine a, dès 24, muté, progressivement, vers l’exode rural forcé (collectivisation) et l’industrialisation lourde volontariste assis sur la terreur étatique ? Il est ridicule de croire que seul Staline serait responsable de cette déviance. Pourquoi d’autres, Trotski, Boukharine, etc.. marxistes anciens ont, eux aussi, oublié Lénine dès qu’il fût "mausoléïsé" ?

      Mais ALR est historienne, pas, comme les philosophes ou les politiques, adepte du "si" ou du "y avait qu’à"....

    • Attention, en assimilant le "socialisme dans un seul pays" et "nationalisme" on passe à coté de l’objectif stalinien qui était de construire, en autarcie, une "société radieuse" qui aurait incité tous les peuples de la Terre à la copier.

      Vision totalement "a-marxiste"puisque Marx a largement démontré (chap 1 du Manifeste) que le communisme (Marx n’emploie pas le mot "socialisme" qui est d’Engels) ne peut s’installer qu’à partir d’une accumulation primitive du capital qui est le rôle historique principal de la bourgeoisie. C’était la fonction que Lénine avait attribué à la NEP dans le contexte soviétique. Il s’agissait dans le cadre d’un état dominé par les intérêts du prolétariat (dictature du prolétariat) d’organiser un vaste transfert de technologie entre les pays capitalistes avancés (USA-Allemagne), qui, évidemment, devaient y trouver leurs intérêts, et l’URSS.
      Deng Xiao Ping a imposé ce concept en Chine à partir de 1980, avec les résultats que l’on connait.

    • Voilà une camarde universitaire docteur agrégée qui défie l’académisme bien-pensant de la bourgeoisie .

      Ne perdons pas de vue que Annie Lacroix-Riz enseigne , elle étudie des archives, qu’elle les analyse, en donne le contenu et elle les commente et fournit un compte rendu .Son travail fournit des noms, dates, lieux, explications et suit aussi une chronologie historique.

      Elle fait une œuvre novatrice, aussi entretient-elle une sorte de dialogue avec des invisibles historiens représentant de l’académisme réactionnaire bourgeois.

    • LES Soviétiques se sont levés pour repousser l’envahisseur nazi. Du coup ils ont été objectivement , aussi nos libérateurs ;
      OUI, STALINE sut mobiliser les masses, oui STALINE fut le dirigeant qui, que cela nous plaise ou pas, sut galvaniser.les énergies

      Et dire, qu’il y a peu, ce site célébrait le courage politique de G. Guingouin (On se souvient, "le préfet du maquis"... Victime de son affranchissement aux ordres de Staline post-Pacte germano-soviétique...
      Quand on pense aux purges dans l’armée rouge, juste avant l’invasion du 21 juin 1941, l’inorganisation de l’armée... face à l’invasion nazie (exemple les pertes presque totales de l’armée de l’air dès 41), les qualités de stratège militaire pratiquement nulles du tyran... On se demande à quoi Staline a été utile... Et s’il n’y aurait pas matière à le juger pour haute trahison. Non, Staline n’a fait que récupérer, le formidable effort des soviétiques pendant et après la guerre... tout comme l’appareil stalinien en France a su tirer la couverture de la résistance fruit de militants intègres et déterminés, à son propre compte.
      Donc que faut-il garder de Staline ? Rien... Il est le premier responsable de l’implosion de l’URSS... On ne peut pas aujourd’hui défendre le communisme des morts et des vivants et le communisme du futur, sans régler ce compte là...
      On ne pourra pas "traquer les monstres VIVANTS.." sans régler leur compte aux monstres morts.
      JR

    • En fait, Staline, et pas que lui, pensait qu’une explication finale aurait lieu contre le capitalisme et il s’est préparé en conséquence (Le T34 arrive sur les planche a dessin en 34). Le pacte lui permet de retarder l’échéance, de récupérer 300 km de terrain volés par la Pologne en 1920 et de protéger Léningrad (pays baltes). Le proces Toukatchevski qui est à huis clos (contrairement aux autres procés dits de Moscou) porte sur une trahison dévoilée à Staline par le président Benes (Tchecoslovaquie) et vérifiée depuis, notamment à Londres. L’Ukraine (déjà) constituant la monnaie d’échange avec Hitler. La répression est brutale en 38 mais largement atténuée en 41.

      Du début à la fin, Staline, contrairement au roman de Kroutchev de 56, a maitrisé son pb (voir Joukov). Devant lui, il avait le complexe militaro-industriel franco-allemand. Sa stratégie était arrêtée des années avant 41, exact inverse de Hitler, tout venant, largement sacrifiable, à l’avant, élites derrière Moscou et Leningrad qui sont sanctuarisées, et qui n’interviendront que lorsque les élites allemandes seront usées. En juin 41, il espère que la fenêtre, pour les nazis, est en train de se refermer, c’est pour cela qu’il reste de marbre devant tous les signes annonciateurs de l’agression. Retarder l’échéance d’un an, en terme de défense aurait changé la donne (Les nazis mettront un mois avant d’investir Brest-Litvosk bien préparée...).

      Reste que la situation diplomatique européenne aurait sans doute été fort différente si la NEP, en intéressant une partie de la bourgeoisie mondiale, notamment allemande, au développement de l’URSS, avait survécu à Lénine....

    • Oui mais STALINE n’a même pas rempli la SIBERIE d’immigrants... Sa vision était inférieure à celle des bourgeois progressistes...
      Sinon le rôle historique de la bourgeoisie ne se limite pas à l’accumulation primitive, c’est la construction du MARCHE MONDIAL qui pose les bases nécessaires pour édifier le SOCIALISME qui, à son stade inférieur n’est que l’ECONOMIE MONDIALE PLANIFIEE + échange inégal...
      Il faut lire aussi CRITIQUE des PROGRAMMES de GOTHA et d’ERFUNT

    • A propos de l’accumulation, j’ai écrit "rôle historique principal de la bourgeoisie...."
      Quant à la "critique du programme de Gotha", Marx y critique les dirigeants du SPD qui n’ont pas pris en compte la totalité des intérêts du prolétariat et parle, pour la première fois de "dictature du prolétariat", antithèse de la dictature de la bourgeoisie qui, elle, défend en tout lieu et circonstances, la totalité de ses intérêts !

    • "Doit-on défendre Staline pour défendre le communisme ?" Un exemple, au moment de l’invasion de l’URSS en juin 1941, les Soviétiques ont-ils répondu à l’appel du tyran ou ont-il défendu les acquis de leur Révolution ?

      Ces deux propositions relèvent d’une méconnaissance profonde de la mentalité Russe ainsi que d’une méconnaissance aussi profonde de sa capacité de se projeter au delà du présent vers le futur.

      Tout d’abord, lorsque Staline, (après le décès de Lénine), arrive au pouvoir l’espoir soulevé par la Révolution bolchévique dans les masses est encore tout frais ; ainsi que les acquis réels que cette révolution a apportés.

      Ensuite, dans l’inconscient collectif russe de l’époque le fait que des opposants néfastes au développement de cette révolution soient mis hors circuit n’est absolument pas choquant pour ceux qui ont connu le tsarisme, et les méthodes de celui-ci, ("Le Tsar nous y enfermait, nous y enfermons nos ennemis - "What Else"). Y compris les mêmes types de camps et les mêmes déportations.

      Ce qu’on peut reprocher c’est que Staline a profité de ce consensus pour l’utiliser au profit de sa vue personnelle politique du moment, qui dans ceertains cas s’est parfois révélée plutôt catastrophique.

      Pour ce qui est de la NEP et de ses conséquences, il faut prendre en compte que Staline, (Et ses prédécesseurs), se sont retrouvés dans une situation ou la nouvelle URSS devait être amenée d’un pays essentiellement agricole vers un pays industralisé moderne alors qu’elle était encore sous la coup de deux guerres, (WWI et l’intervention occidentale, et une révolution entre les deux.

      La seule solution possible était de supprimer la petite propriété terrienne, les "koulaks", (Ce mot signifiant "trique" en Russe - et ça dit bien ce que ça veut dire dans la bouche des journaliers serfs qui les subissaient au quotidien), en collectivisant et industrialisant l’agriculture, et en poussant le maximum de personnes vers les concentrations industrielles. En bref "créer" un prolétariat industriel qui n’était alors en fait pas majoritaire dans le pays.

      Il faut savoir qu’en une décennie, (Deux plans quinquenaux), le niveau antérieur économique et social avait été rattrapé et dépassé. Pour une stratégie menée par un "imbécile" "qui ne savait pas lire une carte", ça aurait pu être pire.

      Pour ce qui est de la "réponse à l’appel du tyran" là aussi ceux qui ne connaissent pas les Russes ne peuvent pas comprendre.

      Tout d’abord, pour un Russe la notion "pays", de "terre", (ziemlya), dépasse tout ce qui peut être imaginé par un européen moyen. En dehors de toute idéologie, de leader, ou de structure sociale.

      Quand on a été envahi et presque détruit par plus ou moins les mêmes au moins trois fois en 500 ans on a eu le temps de comprendre et de transmettre la façon de compenser les inégalités militaires et apprendre que le seul moyen de réagir et de vaincre c’est à travers l’unité et un pouvoir fort.

      En temps de guerre il n’y a pas de démocratie qui prévale. Il y a eux qui savent, ceux qui peuvent, et ceux qui font confiance à ceux qui coordonnent... Et les traîtres et les morts.

      Il y en a eu bien sûr qui n’étaient pas d’accord. Ils se sont retrouvés en majorité aux côtés des nazis avec Vlassov et consorts ; ou fusillés par les Soviets pour "sabotage" économique ou militaire.

      Pour ce qui est l’avancée "catastrophique" des armées nazies lors de l’Opération Barbarossa, et la politique de la terre brûlée jusqu’aux abords de Moscou, politique qu a été mise au compte de l’incompétence de Staline, si on se réfère aux deux précédentes invasions qu’avait subie la Russie au cours des trois siècles précédents, (Celle des Chevaliers teutoniques et l’Aventure napoléonienne), on peut constater à peu près le même scénario. Et Staline n’était pas né alors. ((- :

      La raison pourrait bien être que lorsqu’on dispose d’un Hinterland de 8000 km derrière soi totalement disponible pour se replier, et qu’on fait face à des forces ennemies bien préparées, (Et pour Staline ces forces ennemies comprennent aussi celles des autres pays occidentaux qui ont mis Hitler en selle et le lui ont expédié), autant laisser les lignes logistiques de l’ennemi s’étirer au maximum et laisser les autres argument y compris le climat jouer leur rôle destructeur. La retraite avait été d’ailleurs bien préparée et toutes les installations techniques démontées et reconstruites en retrait de Moscou.

      Il s’est occupé alors en priorité de la menace japonaise qui lors de Barbarossa était pratiquement jugulée en Mandchourie et au Kamtchatka.

      Pour ce qui est de la "dévotion" du peuple à il faut compprendre que Staline a alors utilisé, non officiellement, la puissance d’union de la religion orthodoxe, qui n’a jamais compté pour rien, chez les Russes. Même et surtout après la Révolution malgré la lutte du Parti conte l’obscurantisme. Et si on regarde certaines bandes/films de l’époque il n’est pas rare de voir le Pope bénir les unités qui montent au front. En particulier chez les Cosaques. Ceci en liaison avec les Commissaires politiques dans chaque unité représentait une capacité d’union redoutable.

      Et tout ça le Peuple russe, même en dehors de toute sympathie avec Staline et les Soviets était préparé à travers sa mémoire et sa conscience historique à le comprendre.

      En dehors de cela Staline a certainement fait tuer par incompétence, esprit personnel, volonté" de pouvoir, et autres travers, certainement un nombre (trop) conséquent d’êtres humains.

      Mais je ne pense pas qu’il ait fait tuer plus d’êtres humains que Churchill, Roosevelt, Clemenceau et autres assassins stipendiés qui eux ont eu la "chance" d’être du côté ou leur critique et leur condamnation comme criminels de guerre reste tabou.

      Et je ne parlerai pas des Nixon, (Viet-nam), Kennedy, Bush I et II, Obama, (Amérique Latine, Panama, Grenade, Kosovo, Afghanistan, Erythtrée et Irak etc...), Sarkozy, (Libye), Hollande, (Syrie et Mali) et des Kissinger, (Partout), pour citer les derniers en date auxquels ont refile des prix Nobels de la Paix et qu’on honore dans les écoles de la République française.

      Tout cela pour dire que tous ces débats sur "Staline" s’ils sont utiles chez nous pour activer et booster la propagande anti-russe occidentale démente actuelle, ont peu d’impact là-bas, sinon pour leur confirmer la volonté unilatérale des Occidentaux de brimer et ostraciser la Russie à travers un passé pas plus criminel que celui de ceux qui prétendent s’ériger en juges... Pire, joint à l’effet des "sanctions", ils ont un effet contraire et ont tendance à renforcer l’admiration de certains russes jusqu’ici "indifférents", pour lui.

      Les Russes savent à quoi sen tenir sur Staline et les Soviets et les bons et les mauvais côtés de leur héritage. Et ils vienent d’ailleurs de consacrer des commémorations à la mémoire des victimes de ce passé.

      Mais ils sont capables d’extraire et de comprendre ce qu’il y a eu de positif dans cette époque.

      D’ailleurs de 1992 à 2000 ils ont compris dans leur chair avec Eltsine ce que les belles promesses occidentales leur amenaient, l’euphorie de la "glasnost" gorbatchévienne passée.

      Je pense que la leçon leur aura servi pour longtemps ;

      Les Russes contrairement à d’autres chez nous ont su apprendre que ceux qui négligent leur passé ou y crachent dessus pour le compte des autres ne se construiront jamais aucun avenir.

      Et surtout ils n’oublient JAMAIS. Eux !...

      G.L.

    • Ce post est globalement juste. Sauf que sur la NEP il sonne faux. Pour Lénine la NEP est un moyen de rattrapage du retard industriel de la Russie en allant à l’étranger ( Allemagne et USA surtout) chercher les capitaux pour financer ce rattrapage. A partir de là, l’exode rural sur lequel on a, partout, tablé pour développer l’industrie restait un phénomène naturel, quoique sans doute plus rapide qu’ailleurs compte tenu de la surpopulation des campagnes russes, les paysans pauvres partant dans les usines pour gagner mieux leur vie. Lénine tablant sur toute l’industrie, légère aussi bien que lourde.

      Avec le "socialisme dans un seul pays" de Staline, changement de paradigme. Plus de capitaux étrangers, d’abord l’industrie lourde, le travail nourrit le travailleur, mais c’est tout, il est, soit volontaire (Il y en avait...), soit obligé (quota par village...) soit forcé (pénitentiaire plus ou moins justifié...). C’est aussi la ruralité qui fournit l’essentiel de la force de travail, moins de paysans pauvres mais plus de "koulak" et surtout des paysans moyens que Lénine considérait comme étant les agriculteurs les plus compétents....

      L’alliance de classe que Lénine voulait, par les échanges mutuellement profitables des productions, sceller entre les ouvriers et la paysannerie, la faucille et le marteau, est soumise à une épreuve qui n’attendra jamais sa pleine réalisation. Aujourd’hui la Russie importe encore beaucoup de sa subsistance.

    • Je ne nie pas qu’elle fasse œuvre d’historien. C’est bien le moins qu’elle étudie les archives et qu’elle en fasse l’analyse. Mais si vous ne voyez pas dans le choix de son vocabulaire un petit penchant pour Staline, c’est sans doute que vous avez le même penchant. Grand bien vous fasse, mais si vous arrivez un jour au pouvoir, je ferais gaffe...

    • @ Gilbert
      La démocratie socialiste est la fin mais aussi le moyen de la transformation sociale vers le socialisme ou le communsime . En effet elle sera le seul moyen qui permettra au peuple de décider librement de son destin collectif.

      Vous avez écrit “si vous arrivez un jour au pouvoir » , pratiquement impossible , mais par contre si un jour l’Histoire me forçait à choisir entre Bush , Thatcher , Le Pen , Trump ou Staline et si je ne pouvais pas m’abstenir, je choisirais sans doute le dernier !

      J’ajoute la solidarité n’est pas contradictoire avec l’indépendance d’esprit et bien au contraire la réflexion critique ,les exige.

    • "Mais si vous ne voyez pas dans le choix de son vocabulaire un petit penchant pour Staline"

      Il en est du vocabulaire dominant comme de la culture dominante, c’est ceux de la classe dominante. Quand nous disons "bourgeois" les dominés inconscients entendent "chef d’entreprise" (ex Liliane Bétancourt). Si nous disons "capitaliste", ils entendent "libéraux" (ex Sarko, Le Pen.... etc). Un éboueur n’est plus un ouvrier, c’est un "technicien de surface". Et comme on ne peut pas parler de la classe des techniciens de surface, on espère ne plus entendre parler de classe ouvrière ni, évidemment, de bourgeoisie.......

  • Bah, pour se faire une autre idée de la révolution russe, il faut lire Voline dans "La révolution inconnue" en trois tomes.
    Tous les ingrédients qui préparent l’avènement du stalinisme y figurent. Pourquoi le capitalisme d’état supplante le communisme aussi...

    Sûr que c’est pas dans la lucarne à gogos qu’on peut se cultiver et exercer son sens critique !

  • Comme quoi il vaut mieux un, (une), qui sait que cent qui disent n’importe quoi...

    Et surtout ce qui les arrange dans leurs ego ou leurs complexes...

    Mais qu’on se rassure. ALR est une lumière dans le désert de l’Ignorance organisée.

    Son analyse ne nous écrasera pas dans les médias.

    Il ne manque pas d’"historiens" éteignoirs financés par la NED ou Georges Soros pour lui porter la contradiction.

    D’ailleurs ce sont les mêmes qui nous gavent chaque soir sur Télé Big Brother pour le "Quart d’heure de la Haine"..

    Merci.

    G.L.

    • La critique, très serrée, d’ALR est évidemment pertinente. Mais elle ne relève pas que la critique exclusive du dictateur est un arbre qui cache la forêt des autres responsabilités. Responsabilités économiques, politiques et intellectuelles qui doivent être situées si on veut éviter, à l’avenir, d’autres démarches aussi calamiteuses.
      A partir du moment où on se limite aux responsabilités du N1, on s’exonère des conditions du moment et des choix économiques, donc politiques qui ont conduit à l’intronisation du N1, aussi bien qu’à la victoire de 45 ou au désastre final. En évitant de traiter de la NEP, du "socialisme dans un seul pays", on ne peut plus comprendre pourquoi, sans aucun coup d’état, le N1 a, quand même, capté tous les pouvoirs. Et a trouvé assez de forces politiques pour engager un pays de 200 millions d’âmes, dans un processus volontariste ubuesque.
      60 années après, c’est donc, encore, l’explication, purement politicienne, de Kroutchev qui prévaut, aussi bien chez les Costelle que chez ceux qui croient avoir fait le tour du pb en désignant de manière péremptoire le mal dans le "déficit démocratique" ou la "dictature du prolétariat", formules simplistes, galvaudées, rejetons, mal dégrossis, de la langue de bois post stalinienne.
      Comme si les politiques économiques que chacun s’accorde à placer en première ligne chaque fois qu’on parle d’un pays bourgeois, devenaient secondaires quand il est question de l’URSS.

  • Jamais Mme Lacroix-Riz ne s’était dévoilée à ce point.
    A mon sens, Staline fut le plus grand anticommuniste du XXe siècle.
    — Par le nombre de communistes qu’il a assassiné (trotskistes, boukhariniens, oppositionnels divers et même staliniens), supérieur à celui du nazisme. Il faudrait compter.
    — Par l’opprobre jetée durablement sur l’idée communiste dans les masses prolétaires, même quand une partie d’entre elles votaient pour les PC officiels.
    A part ça, cette émission est tout à fait critiquable et vulgaire, bien sûr. Une notation me paraît juste, cependant, celle de "tyran oriental", qui convient tout à fait au personnage