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Lettre ouverte à Robert Solé, médiateur (?) du Monde
Publie le lundi 16 octobre 2006 par Open-Publishing2 commentaires
Monsieur,
Votre propos botaniste sur "les fruits de l’Islam", non seulement vous fait sortir de votre rôle de médiateur, mais en outre c’est un arbre qui cache la forêt. Ce propos sert à faire diversion, comme souvent quand on parle d’Islam d’ailleurs. Les lecteurs du monde auraient été plus intéressés par la teneur de la censure qu’a connu un de vos « éditorialistes » ; les tribulations de monsieur Charles Milhaud eurent suscitées toute son attention.
Plutôt que de défendre la "liberté d’expression", que n’a jamais eu le plaisir de connaître le pigiste lambda d’ un journal français quelconque, d’un mauvais philosophe qui crache sa haine dans le "Figaro", après l’avoir craché dans vos colonnes. Sachez aussi que s’il s’agit de mesurer un arbre à ses fruits, de la civilisation occidentale (existe-t-elle seulement ?), on serait alors redevable de "l’horreur économique", l’horreur écologique, du choc des civilisations (il faut au moins être deux pour faire un choc !), des prédations néo-coloniales avérées (en Irak, Afghanistan...), d’une "crise des valeurs" qu’elle tend à exporter au quatre coin du monde comme le pestiféré la peste... Et la liste n’est pas exhaustive !
Est-ce le rôle d’un médiateur « d’éditorialiser » et qui plus est d’un éditorial de commande ?
La modestie, la tempérance et l’honnêteté ne sont pas plutôt les qualités que requiert votre fonction ? Il est permis de rêver.
Les fruits de l’islam
de Robert Solé
Une fois n’est pas coutume. L’article qui nous vaut le courrier le plus vif n’a pas été publié dans Le Monde, mais dans Le Figaro. Il s’agit de cette fameuse tribune sur l’islam, pour laquelle Robert Redeker, professeur de philosophie dans un lycée de Haute-Garonne, a reçu des menaces de mort.
Sous sa plume, on lisait notamment : "Chef de guerre impitoyable, pillard, massacreur de juifs et polygame, tel se révèle Mahomet à travers le Coran. (...) Quand le judaïsme et le christianisme sont des religions dont les rites conjurent la violence, la délégitiment, l’islam est une religion qui, dans son texte sacré même, autant que dans certains de ses rites banals, exalte violence et haine. Haine et violence habitent le livre dans lequel tout musulman est éduqué, le Coran."
Le Monde du 2 octobre lui a consacré son éditorial, intitulé "Pour Robert Redeker", qui se concluait ainsi : "Pointe extrême de la liberté d’expression, le blasphème ne saurait être lancé sans risque. Mais il ne saurait, en aucun cas, justifier les "fatwas" lancées contre son auteur."
Des lecteurs ont buté sur le mot "blasphème". L’auriez-vous employé s’il s’était agi du christianisme ?, demande M. Guzet (courriel). C’est au nom de la laïcité que proteste un autre internaute, Laurent Lefebvre : "En utilisant un tel vocable, vous accréditez un concept d’essence purement religieuse, de sorte que les termes mêmes du débat s’en trouvent modifiés. Au final, la question ne semble plus être celle de la liberté d’expression mais celle du droit au blasphème et de ses limites."
Un portrait de Robert Redeker, paru dans Le Monde du 5 octobre, décrivait un homme "qui a toujours été à la marge", un "électron libre entravé". Ce franc-tireur a souvent écrit dans notre rubrique Débats ou dans "Le Monde des livres", pour s’exprimer sur les sujets les plus divers : de l’art moderne à l’obésité, en passant par le sport. Un point de vue iconoclaste sur le baccalauréat, publié dans Le Monde du 20 juillet 1996, lui avait valu d’être exclu du jury de cette épreuve pour avoir outrepassé son devoir de réserve...
Depuis l’été 1996, Robert Redeker a eu droit à dix-huit tribunes dans nos colonnes. Ce qui le met en douzième position du palmarès, ex aequo avec Valéry Giscard d’Estaing, François Heisbourg et Bernard Kouchner. Michel Rocard figure en tête (vingt-neuf textes publiés), suivi d’Edouard Balladur (vingt-six), Lionel Stoleru (vingt-quatre), Laurent Fabius et André Glucksmann (vingt-trois).
Le Monde s’est montré moins accueillant ces derniers temps pour les tribunes de Robert Redeker, dont le propos s’était durci. "La libre opinion parue dans Le Figaro ne nous avait pas été proposée. D’ailleurs, nous ne l’aurions certainement pas publiée, affirme Sophie Gherardi, responsable des pages Débats. Recevant énormément de textes, nous avons l’embarras du choix. Nous pouvons privilégier ceux qui s’appuient sur les arguments et les faits selon nous les mieux étayés. La tribune de Robert Redeker sur l’islam mélange tous les niveaux. Elle prend cette religion comme un tout, où il n’y aurait ni pluralisme ni différences, alors que les textes que nous recevons tous les jours démontrent le contraire. Sans être de l’eau tiède, les pages Débats ne sont pas un lieu de vocifération, mais d’analyse, de confrontation et d’échanges."
Une pétition d’intellectuels en faveur de Robert Redeker a été publiée dans Le Monde du 3 octobre, dénonçant "une poignée de fanatiques" qui remettent en question "nos libertés les plus fondamentales". Elle a été suivie d’une réaction de l’historien Jean Baubérot (6 octobre), pour lequel "soutenir Robert Redeker doit s’accompagner de la mise en cause du contenu et de la forme de ses propos".
Des lecteurs se sont positionnés par rapport à l’un ou l’autre de ces textes. Marie-Louise Tristram (Paris) estime que la tribune du Figaro tombe sous le coup de la loi réprimant l’incitation à la haine raciale : "Il n’est pas question d’approuver les menaces de mort... mais essayez d’imaginer les réactions si, dans les propos de M. Redeker, le mot "musulman" était remplacé par le mot "juif" !"
Plusieurs professeurs de philosophie sont entrés dans le débat. A-t-on le droit de critiquer l’islam ?, demande Ory André Lipkowicz, chargé d’enseignement à Paris-I. "La seule réponse admise est : oui ! Toutefois, depuis quand le verbe "critiquer", issu du grec ancien signifiant examiner avec rigueur et finesse, veut-il dire simplifier, globaliser, falsifier ?"
Au contraire, Jean-Claude Poizat, professeur de philosophie au lycée Jacques-Prévert de Taverny (Val-d’Oise), vole au secours de son confrère. Citant Alexis de Tocqueville, selon lequel "peu de religions (sont) aussi funestes aux hommes que celle de Mahomet", il demande : "Ces lignes ont-elles rien à envier à la tribune de Robert Redeker ? (...) Ne faudrait-il pas, afin d’éviter que la "rue arabo-musulmane" ne se mette en colère, brûler dès aujourd’hui tous les ouvrages de Tocqueville ? On pourrait même étendre le "principe de précaution" à d’autres auteurs. (...) Voltaire, Kant, Hegel et bien d’autres ennemis de la liberté (islamique) de penser pourraient être bannis des médias et des salles de cours..."
Nos lecteurs donnent parfois l’impression de se répondre les uns les autres. "Selon la sagesse des nations, un arbre se juge à ses fruits, remarque Pierre-Jean Simon (Rennes). Or, honnêtement, et sans vouloir insulter ni caricaturer qui que ce soit, quels sont aujourd’hui les fruits de l’islam tels qu’ils apparaissent ? Inégalités entre hommes et femmes, obscurantisme philosophique, artistique, littéraire, moral, etc., appel au meurtre de tous ceux qui ne sont pas d’accord..."
Saïd Bouaïssi (courriel) semble lui répliquer en demandant que l’on cesse de parler de "l’islam" en général : "Oui, le Coran comporte des versets paradoxaux envers les non-musulmans, invitant au dialogue ou à la guerre. Oui, le Coran fait parfois peu de cas des femmes et des homosexuels. Cela n’empêche pas de nombreux militants de culture musulmane de se battre quotidiennement pour le droit à la reconnaissance égalitaire des femmes, contre l’oppression des homosexuels, des non-musulmans ou des apostats. Certains le font au nom de principes religieux, d’autres au nom des lumières de la raison. Il faut ainsi juger les hommes sur leurs actes, car de cela seul ils peuvent et doivent rendre compte."
Le lecteur rennais avait comme répondu par avance : "On nous parle des valeurs d’un autre islam qui serait, lui, fidèle au Coran et le seul authentique : modéré, ouvert, tolérant, bienveillant, ayant recours à la raison et respectant les autres... Nous ne demandons qu’à y croire : mais où sont donc les fruits de cet arbre-là ?"
Il appartient sans doute aux musulmans de les cueillir et de les mettre en valeur...
Messages
1. > Lettre ouverte à Robert Solé, médiateur (?) du Monde, 17 octobre 2006, 02:08
"Un arbre se juge à ses fruits", alors que doit on penser de l’occident et la façon dont ils traitent entre autres afghans irakiens palestiniens libanais. Je suis vraiment halluciné par tout ces gens qui denoncent la barbarie d’en face et qui detournent les yeux des crimes perpetrés au nom de l’occident
2. > Lettre ouverte à Robert Solé, médiateur (?) du Monde, 20 octobre 2006, 23:19
La question n’est pas là. Elle est de savoir si l’on peu tuer. Non, jamais. Nous ne savons pas où nous envoyons ceux que nous tuons. Quoi qu’ils aient fait, TU NE TUERAS PAS. C’est tout. Que l’on ait tué un petit garçon, une petite fille, un flic, un commerçant à main armée, trois personnes, dix personnes, avec ou sans tortures, on ne doit pas être tué. Discuter sur le contenu d’un article, sur la valeur de la civilisation occidentale, sur le fait que les occidentaux soient ou non des salauds, que chacun de nos repas condamne à mort des enfants du tiers monde auxquels nous aurions mieux fait d’envoyer de la nourriture plutôt que de manger nous-mêmes, quels que soient les sujets de rancune, les torts de qui que ce soit, ON N’A PAS LE DROIT DE TUER, même les tueurs en série, même les boursiers américains, même les affameurs du peuple, même les enculeurs de chien, qui que ce soit, quelle que soit la haine qu’on éprouve, ON NE TUE PAS, ni Redeker, ni Adolf, ni qui que ce soit, ni le pape, ni ben Laden, personne, la vie est sacrée, on n’a pas le droit de menacer de mort, ni de tuer, jamais, jamais, jamais. Le reste de la discussion c’est de l’eau de boudin, même si je passe pour un naïf et un borné, ON NE TUE PAS, point barre. Signé Collignon Bernard.