Accueil > Lettre ouverte aux Juifs
Karim Jbeili est psychanalyste et psychologue. Natif d’Égypte, il a fait ses études en France et exerce à Montréal depuis 1976, en milieu hospitalier et en cabinet. Il est membre fondateur du Cercle lacanien d’études freudiennes. Il a publié de nombreux articles dans des revues du Canada, de France et du monde arabe.
Juifs de tous les pays...!
de Karim Jbeili psychanalyste et psychologue
Je prends la plume avec une certaine appréhension car j’ai des choses graves à vous dire, des choses qui méritent toute votre attention, des choses que vous n’avez pas souvent l’occasion d’entendre. Je vais prendre le temps de tout dire, lentement et clairement. Il est possible cependant que, sans le vouloir, je passe rapidement sur certains passages. Il faudra alors me le signaler et je m’engage à apporter toutes les clarifications requises.
Je m’adresse à vous, Juifs de tous les pays, car il m’importe que des Juifs, il y en ait partout, en Afrique, en Chine ou en Alaska. Vous vous reconnaissez tous d’une même religion ou d’une même origine religieuse puisque certains d’entre vous sont laïcs, athées ou agnostiques. Il existe entre vous une certaine solidarité et il m’importe que cette solidarité demeure et se renforce. Je trouve cette solidarité saine, vivifiante et surtout humaine. Ça fait partie de notre patrimoine humain que de tisser de telles solidarités sur le plan local ou international. D’ailleurs, à l’ère d’Internet ces tissages fraternels sont grandement facilités par la Toile universelle.
La responsabilité nationaliste
Juifs de tous les pays, certains, une grande partie d’entre vous ont subi cette effroyable horreur que fut l’Holocauste. Il est toujours un peu difficile de comprendre de quelle fièvre s’est embrasée l’Europe, mais un regard suffisamment naïf sur les événements permet de diagnostiquer cette frénésie convulsive ; Elle s’appelle la rage nationaliste.
Hélas, depuis lors, le nationalisme a pris une telle ampleur qu’un aveuglement généralisé a recouvert ce moment si dur de notre histoire. Depuis plus de 60 ans, on accuse le Nazisme des pires maux en oblitérant le fait que le Nazisme est, avant tout, un nationalisme. S’il est plus coupable ou plus odieux que d’autres nationalismes, il n’en demeure pas moins qu’ils le sont tous, à des degrés divers, et pour les mêmes raisons.
Les Nazis ont trucidé les Juifs, les Tziganes et les Communistes. Qu’ont en commun ces trois groupes de gens sinon de faire fi des frontières nationales, souci premier des nationalistes ? Les Juifs, depuis la nuit des temps antiques, ont tissé les voies des échanges commerciaux et culturels de l’Europe. Grâce à eux, une lettre de change émise à Paris pouvait être encaissée à Bagdad. Ils furent l’Internet du Moyen-Âge et d’une partie des temps modernes. Ils n’avaient aucun souci des frontières, comme les Communistes d’ailleurs, qui rêvaient d’internationalisme ou les Tziganes qui les franchissaient sans cesse. N’oublions pas qu’ils ont aussi envoyé à la mort les fous et les homosexuels qui, eux, se souciaient peu respectivement des frontières de la raison ou des frontières entre les sexes.
Le nationalisme est ce moment particulier de l’histoire d’un peuple par lequel il décide de rejeter l’hétérogénéité qui le constitue en évacuant une partie non négligeable de lui-même. Le plus souvent sans hésiter à recourir au génocide. Une fois l’expulsion ou le génocide accompli, une fois qu’ils se sont assurés d’une homogénéité suffisante au sein de leurs frontières, les Nationalistes se lancent habituellement dans une guerre de conquête au nom d’une universalité qu’ils s’inventent sur le moment et qui n’est le plus souvent que le reflet de cette homogénéité intérieure idéale qu’ils ont obtenue au fil de l’épée.
La Reconquista
L’exemple le plus clair du phénomène nationaliste et, d’ailleurs, le premier du genre fut celui de la Reconquista espagnole. L’année même qui vit s’achever la reconquête de l’Espagne et la chute de Grenade aux mains des Catholiques, fut aussi l’année de la découverte de l’Amérique lorsque les Caravelles de Christophe Colomb furent armées par ces mêmes Catholiques.
Par la même occasion les Juifs et les Musulmans furent expulsés hors d’Espagne. Une communauté juive importante prit alors racine à Constantinople devenue Istambul une quarantaine d’années auparavant. Cette communauté demeurera prospère jusqu’à la chute de l’Empire Ottoman au lendemain de la guerre de 1914 et a continué, pendant plusieurs siècles, à s’exprimer... en espagnol.
Les violences collectives
Dans la violence qui vous a été adressée au long des siècles, il faut essayer de voir clair. Je ne suis pas un grand connaisseur de l’histoire de ces violences mais je peux au moins dire que logiquement ces violences peuvent être classées en trois catégories :
La première est celle qu’on peut qualifier de violence intercommunautaire. On peut dire grosso modo que lorsque plusieurs communautés coexistent, il apparaît toujours entre elles un rapport de force, qui est souvent une lutte pour le prestige. Cette lutte s’exprime entre autres, à travers des pogroms ou des razzias durant lesquels des individus sont tués mais la vie de la communauté violentée est en général sauvegardée puisque le but de ces attaques est, le plus souvent, d’humilier l’autre afin d’en tirer du prestige. La survie de l’autre en tant que groupe est donc nécessaire. Sa reconnaissance de sa défaite est indispensable au prestige recherché.
La deuxième catégorie pourrait s’appeler violence nationaliste. Elle consiste pour une communauté à vouloir physiquement éliminer la totalité d’une communauté avec laquelle elle coexiste sur un même territoire. Ce moment très particulier dans l’histoire d’un peuple a pour but de refouler les éléments apparents de l’identité religieuse ou ethnique pour promouvoir une image chiffrée, statistique de la collectivité dans laquelle on ne risquera plus d’additionner des pommes et des oranges. L’autre communauté est passée par les armes parce que sa présence même rend apparent, non pas la multiplicité des communautés comme on pourrait le croire, mais le fait communautaire en lui-même. Une fois qu’elle a éliminé l’autre communauté, la communauté restante peut vivre en croyant que le fait communautaire n’existe plus. Tous les signes qui l’entourent, même les religieux d’entre eux, lui sont familiers et, perdent, du fait même, leur caractère de marquage communautaire. Et si, au hasard de l’évolution de la conscience historique, certains signes, jusque là anodins, reprennent leur caractère religieux, rien n’empêche de se débarrasser spécifiquement de ces signes là pour retrouver une conscience sans tache. On pourrait comparer ce phénomène au fait qu’on a beaucoup de difficulté à tolérer les odeurs intimes du prochain, alors qu’on sent à peine nos « propres » odeurs. Pour le nationalisme c’est essentiellement une question d’image. Il s’agit, pour la communauté génocidaire, de se donner une image de soi de laquelle sont absents les signes extérieurs de religiosité ou d’ethnicité. Le projet une fois réalisé, le nationalisme a besoin de pousser plus loin l’homogénéisation du monde..
Ce qui nous donne le troisième cas de figure où la violence est en jeu : la violence universaliste. Il s’agit du cas où il faut mettre fin à une dispersion ou à un morcellement géographique en se donnant une image de soi absolument unitaire. Le nationalisme adopte alors les mêmes options logiques que dans le cas précédent. Pour effacer de sa conscience son propre morcellement il faut qu’il l’élimine du monde extérieur. Il lui faut donc aussi bien effacer la diversité des autres, que la différence des autres en tant qu’autres. La solution est dès lors très simple quoique impérative : C’est la conquête de l’autre. Elle unifie la diversité et annule l’autre en tant qu’autre.
Telles sont les trois sortes de violence que vous avez dû subir successivement ou conjointement en tant que communauté juive, sur la planète mais surtout en Europe. Je vous laisse le soin de décider de laquelle des trois catégories relèvent chacune des exactions que vous avez subies. Il est évident que l’Holocauste fut un événement particulièrement traumatisant aussi bien pour vous que pour le reste de l’humanité qui y a vu une sorte de dépassement des limites de l’humain : Une volonté de détruire une population entière doublée d’une capacité effective de réaliser le projet. Quelque chose qui ressemble au fond à la bombe atomique de Hiroshima mais avec la ferme intention d’en faire usage jusqu’au bout. L’Holocauste représente ce moment où détruire totalement une population devient techniquement possible. Mais c’est aussi l’horreur d’un ensemble de gens qui soutiennent longuement et haineusement leur désir de mettre en acte cette possibilité contre leurs voisins d’hier.
D’avoir vu la mort d’aussi près, d’avoir vu la haine dans les yeux de tout un peuple est une expérience innommable qui laisse des traces profondes, quelquefois indélébiles. Il s’agit d’un traumatisme extrêmement important qui peut être traité de multiples façons. La manière dont il a été traité n’est pas forcément la seule, encore moins la meilleure loin de là. Le trauma nazi a inauguré la capacité effective de déplacer et d’exterminer des populations entières. Il est vrai que le génocide arménien avait déjà précédé la tendance, mais il avait un caractère artisanal qui est loin de valoir le caractère industriel des camps Nazi, des bombes de Nagasaki et Hiroshima ou des famines de l’Ukraine. Ce n’est pas du tout une caractéristique du Nazisme mais bien une particularité du nationalisme que de vouloir ainsi trier dans les ethnies et les religions.
Le grand enfermement
Ce mouvement est comparable à une autre échelle au traitement que vont subir les fous à partir du 18ième siècle et que décrit Foucault dans l’Histoire de la Folie à l’Âge Classique. De façon très soudaine à un moment donné, un ensemble d’individus atypiques, dont les fous, ont été écartés de la vie publique et enfermés. Les raisons qu’on a données de cet enfermement relevaient de l’hygiène sociale et pas du tout de la sollicitude à l’égard de ces parias. Ce n’est que longtemps après les avoir enfermés qu’on a pris la peine de les trier entre condamnés du droit commun, vagabonds et fous. Et c’est alors, et alors seulement que les fous ont commencé à recevoir un traitement clinique spécifique autre que d’être seulement enfermés.
Le concept sioniste de l’état d’Israël s’inscrit dans cette même logique prométhéenne de déplacement des populations. Sélectionner ainsi les Juifs du monde entier, les retirer de leur milieu naturel pour les envoyer en Israël relève d’une logique comparable, une logique qui consent à l’idée que leur présence dans leur pays d’origine est désormais anormale. Il y a là un parti pris ségrégationniste qui fait suite à toutes les ségrégations produites par le nationalisme dans le cours de son expansion.
Un fait à noter cependant, c’est que contrairement à la ségrégation qui a enfermé les fous l’expulsion de Juifs est loin d’être le produit des collectivités dont ils sont issus. Au contraire, elle est le résultat de l’esprit nationaliste encouragé pat les anciennes puissances nationales et par le mouvement sioniste lui-même. En d’autres termes, dams la plupart des cas les Juifs se sont expulsés eux-mêmes des collectivités dans lesquelles ils vivaient depuis plusieurs millénaires, sans autre motif que l’attrait d’une idéologie nationaliste qui leur faisait miroiter un prétendu contrôle de leur destin. Ils ont lâché la proie de leurs racines pour l’ombre du pouvoir et du contrôle.
Rien ne les obligeait à le faire. Ils auraient très bien pu rester. Mais l’horreur de l’holocauste a sans doute semé la panique dans leurs rangs. C’est sans doute à ce moment, dans le surgissement de ce mouvement de panique que tout s’est décidé. Pourquoi les Juifs ont-il quitté leur patrie respective pour se jeter dans l’aventure du contrôle et du pouvoir ? Telle est vraiment la question, si on veut comprendre la suite des événements.
Il aurait pu ne pas être
Avant d’essayer de comprendre les causes du phénomène il importe de dire quelque chose, que de nos jours on a du mal à comprendre : à savoir que les Juifs auraient fort bien pu rester ou ils se trouvaient depuis toujours et que rien ne menaçait leur survie. Ils auraient pu, chacun dans son pays, encaisser le trauma de l’holocauste et en faire quelque chose de différent d’un pays à l’autre.
Une solidarité aurait pu ainsi naître entre les Juifs de tous les pays autour de ce traumatisme. Il est probable qu’alors le caractère nationaliste de l’Holocauste aurait été beaucoup plus évident. Que les Juifs par nature, si je puis dire, sont rétifs au nationalisme n’aurait plus fait de doute pour personne. Ils auraient alors pu soutenir et activer les tendances non nationalistes de zones importantes de notre planète, qui n’ont jamais eu ce penchant notamment les zones musulmanes.
Les Juifs auraient pu poursuive leur lutte multi-séculaire contre l’état de type romain, puis l’état nationaliste. Lutte qui n’avait pas seulement pour but de maintenir leur existence contre la volonté destructrice de l’état nationaliste, mais qui avait plutôt l’avantage de toujours mettre en valeur la dimension essentielle du communautaire face à un état qui y est aveugle.
Et enfin, poursuivre leur élan intellectuel remarquable dont les principaux artisans étaient des intellectuels Juifs soutenant un point de vue toujours original et enrichissant. Les Juifs auraient pu continuer de questionner une science occidentale qui se pâme dans la certitude de soi. Retrouver une situation historique capable de produire Marx, Freud et Einstein, ne sera plus à notre portée de sitôt.
Toutes ces perspectives se sont malheureusement écroulées en raison de la peur. Les Juifs pour des raisons qui méritent d’être clarifiées se sont tous rassemblés en Palestine après la guerre pour créer ce qu’ils pensaient être leur ultime refuge : « l’état d’Israël ». La peur peut certes inciter les gens à se rassembler et, pour ceux qui n’ont pas ressenti la peur, c’est sans doute l’attrait d’Israël, terre promise, qui a pu les inciter à laisser leur patrie.
L’instinct grégaire
On appelle instinct grégaire cette tendance qu’ont les humains et les animaux à se rassembler en cas de peur. Les moutons par exemple ont tendance à rejoindre le troupeau dès qu’ils ressentent la peur. Les bergers ont exploité cet instinct à leur profit. Lorsqu’un animal s’égare, il suffit de lui envoyer un chien qui aboie et le tour est joué, il retourne se réfugier au sein du troupeau.
Pour les humains, les choses semblent se passer de façon comparable. On pourrait penser en effet que le nationalisme en particulier exploite beaucoup la peur pour procéder à des purifications ethniques. Les voisins d’hier deviennent les ennemis d’aujourd’hui parce que la peur serinée par la propagande les amène à se tourner soudainement vers leur communauté et à voir désormais leur voisin comme un ennemi. On rencontre des situations comparables lorsqu’un état se trouve incapable de maintenir l’ordre public. L’inquiétude qui prévaut alors invite également les gens à se réfugier dans leur communauté respective.
La peur protectrice
Ceci étant dit, les choses ne sont malheureusement pas aussi simples. Chez l’humain, la peur n’est pas un fait épisodique et passager. Dès qu’elle en a la possibilité, la peur s’installe à demeure, elle modifie le paysage psychique et le détourne en sa faveur. Un effet, parmi les plus importants, de la peur, de la première peur, celle qui provoque le trauma, c’est qu’elle discrédite celui qui jusqu’à présent assurait la protection de la personne. Cet élément qui protège est aussi un élément essentiel de la structure psychique, c’est à dire que le psychisme spontanément a tendance à remplacer ce protecteur discrédité... par la peur elle-même.
Et il se met à croire à la peur comme d’autre croiraient en Dieu, c’est à dire en ayant des doutes sur l’existence de cette peur ou en l’existence d’un soudain et invraisemblable sentiment de sécurité. Cette croyance va tellement faire partie de son paysage mental qu’il va la convoquer aussi souvent que sa détresse la lui réclamera. La « croyance » en la peur va le « consoler » du désarroi dans lequel le plonge son traumatisme. La peur, ses pompes et ses œuvres, ses doutes et ses angoisses sera la couverture de sa détresse.
Chaque fois qu’il aura trouvé une parade ou une protection contre sa peur, il se sentira démuni devant le souvenir de son traumatisme. Il lui faudra alors se créer de nouvelles raisons d’avoir peur pour éviter de sombrer dans l’horreur du trauma.
Israël instrument du traumatisme
Pour en revenir aux Juifs, la peur ou plutôt l’horreur que leur a inspirée l’Holocauste les a certainement précipités pour la plupart vers un point d’accumulation qui se trouvait être le tout nouvel État d’Israël. C’est là cependant que le cycle infernal du traumatisme a assuré son emprise sur eux.
Israël est devenu un refuge pour eux, mais aussi le plus sûr moyen de vivre ensemble les effets du traumatisme, le plus sûr moyen de garantir qu’à chaque fois que l’horreur de l’Holocauste va les atteindre, ils auront le moyen de rendre crédible la peur. Le premier geste par lequel a transparu l’effet du traumatisme fut de créer un état Juif et nationaliste dans un milieu à prédominance musulmane et qui n’avait jamais connu le nationalisme. Cette forme étatique n’avait rien d’obligatoire. D’autres formes auraient été plus adaptées au milieu moyen-oriental. Ne serait-ce que la forme multi-communautaire avec prédominance d’une communauté qui venait d’être créée au Liban.
La forme choisie était celle qui garantissait le plus un état de guerre permanent pour plusieurs décennies. Les dirigeants sionistes en étaient tout à fait conscients. Ils savaient qu’une guerre de plusieurs décennies serait nécessaire pour se faire accepter par les Arabes. Il est vrai que le mouvement sioniste était nationaliste et ne pouvait pas imaginer faire les choses autrement.
L’amalgame
Le trauma a pu ainsi se « nourrir » d’un état d’hostilité avec l’environnement de façon quasi permanente. Les dirigeants sionistes ont convaincu les Juifs qu’il eut été normal que les Arabes les acceptent dans leurs régions et sur leurs terres et que leur réaction rétive était la preuve de leur hostilité et de leur antisémitisme. Ils ont pu ainsi cultiver l’amalgame entre l’antisémitisme européen de l’Holocauste et la réaction tout à fait normale et prévisible des Arabes.
Il était donc clair ici, et ce point est primordial, que les dirigeants sionistes ne cherchaient nullement à se faire « accepter » par les Arabes et encore moins à s’imposer à eux, ils cherchaient, consciemment ou non, à maintenir présente de façon permanente la situation traumatique originelle. Ils ont attisé par tous les moyens possibles l’hostilité des Arabes sachant fort bien que sans cette arrogance systématique les Arabes les eussent acceptés sans aucune difficulté comme ils avaient accepté massivement les Arméniens victimes du génocide en 1918.
Le trauma mis en scène
Revivre le trauma de façon fréquente et régulière est souvent une bonne façon de le comprendre et éventuellement de le dépasser. Encore faut-il que les circonstances s’y prêtent, que le traumatisé reconnaissance dans ses cauchemars par exemple une volonté inconsciente de sa part de revivre le traumatisme ; que dans la violence que lui inspire encore le trauma il puisse faire la part de ce qui appartient au présent et mérite d’être conservé comme tel et ce qui appartient au passé et mérite au contraire d’être transformé, sublimé en quelque sorte.
Hélas, la reviviscence du trauma s’est vécu en Israël dans la réalité. Les Arabes étaient des Nazis antisémites indubitablement et ils méritaient par conséquent toute la violence et la haine possibles. À aucun moment il n’est apparu à personne que cette guerre endémique qui a chevauché des décennies pouvait être une mise en scène destinée à retravailler et transcender le traumatisme.
Le théâtre est pris pour la réalité
Habituellement, pourtant, on s’en aperçoit aisément. Les comportements des traumatisés sont souvent si excessifs qu’ils ne trompent personne sur leur nature psychologique. Le traumatisé lui-même, finit rapidement par concéder que sa haine de l’autre est symptomatique. Le cas des États-Unis en ce moment, par exemple, est suffisamment hors normes pour que le monde entier se rende compte qu’il s’agit d’un trauma. Une bonne partie des Etats-uniens eux-mêmes en ont pris conscience et militent pour l’abandon de la peur comme moteur principal de leur subjectivité.
En Israël pourtant, rien de tout ça. Aucun Israélien, aucun Juif de la diaspora, aucun Occidental, aucun Arabe, n’a saisi l’aspect théâtral de l’affaire. L’impasse totale est faite sur cette question. Tout le monde convient et doit convenir que le trauma est insurpassable et que si la querelle dure encore, près de 60 ans plus tard, c’est parce que les Palestiniens et les Arabes sont des... On peut remplacer les points de suspension par ce qu’on veut, c’est de toute façon leur faute et non pas les effets du trauma.
Ici on pourrait me renvoyer mes propres arguments en les utilisant contre moi. En disant que si j’estime que revivre le trauma est le chemin habituel pour en arriver à le résorber, comment expliquer le fait que 60 ans après, les effets du trauma se fassent encore sentir comme s’il était encore tout récent.
Ou bien la question du trauma n’a rien à voir avec le comportement des Israéliens qui ne font que se défendre, ou bien le trauma était tellement effroyable que même 60 ans n’ont aucunement suffi à le résorber. Je conviens que soutenir que le comportement arrogant d’Israël est un effet du trauma et sert, en quelque sorte, de thérapeutique à ce trauma peut paraître outrancier lorsque tant d’années plus tard la thérapie semble rester sans effet. Mais je soutiendrais en revanche qu’une difficulté supplémentaire est venue se greffer sur un problème déjà difficile et l’a rendu presque insoluble. Il s’agit de votre rapport à l’Occident (et par suite à l’Orient) qui vous a piégés dans une situation sans issue.
Le piège de la compensation
Il est admis de façon générale qu’Israël vous a été donné par les vainqueurs de la deuxième guerre mondiale en compensation de l’Holocauste. Cette version des faits est totalement fausse pour plusieurs raisons. D’abord parce que les seuls qui peuvent vous donner un bien sont ceux qui le possèdent. Après la guerre les vainqueurs, qui n’étaient nul autres que les états coloniaux du passé et néocoloniaux de l’avenir, en vous offrant une partie de la terre de Palestine, n’ont fait que voler aux Palestiniens le loisir de vous accueillir sur leurs terres. Ce faisant, non seulement ils vous ont donné un bien qui ne leur appartenait pas, vous transformant ainsi en receleurs, mais vous ont privés à jamais de pouvoir jouir en paix de cette terre.
L’idée que les Palestiniens puissent vous offrir l’hospitalité sur leurs terres peut paraître aujourd’hui, totalement invraisemblable. Pourtant, il faut le reconnaître, c’est ce qu’ils ont fait depuis déjà le XIX siècle, sans jamais rechigner. C’est seulement lorsqu’ils ont été obligés de le faire, lorsque vous, les Juifs, êtes devenus une carte dans le jeu politique de domination coloniale et néo-coloniale qu’ils ont commencé à résister en 1936.
Autochtones à la place des Autochtones
Vos dirigeants sionistes ont pensé qu’en s’alliant au colonisateur, par la loi du plus fort, ils auraient plus de chance d’avoir gain de cause. Ils ont fait là un très mauvais calcul. Ce qu’on leur a donné a été conquis par la force et vous devrez indéfiniment le conserver par la force. Il est vrai que leur mauvais calcul était déjà inscrit d’avance dans leur culture nationaliste. Ils ne cherchaient pas un refuge pour les Juifs, ils cherchaient à mettre fin au caractère nomade des Juifs, ils voulaient les plaquer sur une terre et une seule. Ils voulaient les transformer en autochtones à la place des autochtones mettant fin ainsi à une tradition riche et tumultueuse de trois millénaires.
Demander l’hospitalité des Palestiniens eut été reconnaître qu’il y avait là des autochtones et tout le rêve nationaliste d’une terre sans peuple pour un peuple sans terre s’effondrait. Il fallait donc nier non seulement que l’avis des Palestiniens importait mais il fallait nier jusqu’à leur existence. C’est une idée aussi absurde et imbécile qui vous a coûté des décennies de guerres incessantes. Sans cette utopie parfaitement inutile vous auriez aujourd’hui des communautés prospères dans tout le monde arabe et la terre entière aurait été votre refuge. Au lieu de cela vous vivez cachés derrière un mur, en étant constamment terrorisés.
En vous « donnant » la terre de Palestine les vainqueurs de 45 ainsi que vos dirigeants sionistes, vous ont piégés dans une souricière ou vous êtes haïs par le monde entier à quelques exceptions près. Les responsables de ce désastre, qu’ils soient occidentaux ou israéliens, continuent de prétendre que cette haine est due à l’antisémitisme. C’est leur seule ligne de défense pour cacher la catastrophe presque planétaire qu’ils ont provoqué.
L’Occident ne vous a rien donné que des ennuis et des malheurs. Il est temps que vous le reconnaissiez. Non pas comme on reconnaît une vérité en passant dans le cheminement d’une réflexion, mais parce qu’il s’agit d’une idée qui contribue de façon essentielle et insistante à votre malheur.
Le pacte du silence
Croire que l’Occident vous a dédommagé de votre malheur est non seulement une contrevérité mais, de plus, cette croyance vous dépossède de votre malheur. C’est tout simplement comme si on avait acheté votre silence, comme si on avait acquis le droit de vous interdire de questionner l’Holocauste. L’Occident est plein d’égards pour vous, jusqu’à l’outrance, parce qu’il a peur ; il a peur qu’un jour les Juifs ne se réveillent pour essayer de comprendre ce qui leur est arrivé.
Jusqu’à présent on a convenu d’une solution facile : celle de dire que Hitler était l’incarnation de la monstruosité. Mais, est-il possible un jour d’en dire plus ? Sera-t-il possible de dire que le mot « national » de Parti National-Socialiste se retrouve au fronton de tous les parlements occidentaux ? Et comment expliquer cette hâte si étonnante de vous envoyer dans ce piège qu’est la Palestine ? Était-ce vraiment si urgent que cela ? Est-on vraiment sûr qu’il s’agisse là de sollicitude ? Logiquement on est certainement plus menacés dans un même lieu que dispersés aux quatre coins du monde. Toutes ces questions paraissent flotter dans les airs sans personne pour les assumer. Elles auraient eu un tout autre poids si vous les aviez posées en étant demeurés en Europe.
Ce que vous ne saviez pas cependant, c’est que renoncer à poser ces questions est un acte quotidien. Que ces questions vont continuer indéfiniment à surgir et qu’il faudra, à chaque fois qu’elles surgissent, trouver une nouvelle raison de les réprimer en réclamant à nouveau une compensation à jamais insatisfaite. La terre qu’on vous a octroyée est trop étroite, il en faut encore plus, ou alors on veut vous la prendre et il faut décourager les prédateurs éventuels. Bref la lutte pour la sauvegarde ou la conquête de la terre devient le substitut du questionnement indéfiniment suspendu.
Ces questions que vous vous posez concernant l’Europe sont effacées systématiquement par l’idée que vous avez été « compensés » par le don d’une terre, que vous avez été payés pour ne plus vous poser ces questions. La seule chose qui vous permettrait de poser quand même ces questions serait que la compensation soit insatisfaisante ou qu’il y ait une quelconque faille dans ce faux contrat qui vous lie à eux.
L’Holocauste, impossible à questionner, toujours revécu au présent, demeure indépassable. Au lieu que progressivement son fardeau en soit allégé, au lieu qu’au fil du temps il devienne un événement commémoré, il reste aussi vif qu’au lendemain d’Auschwitz, voire même encore plus pesant de ce que des décennies de luttes incessantes ont ajouté de lassitude et de désespoir. Et, soyons clair, ce n’est pas l’horreur du génocide qui le rend indépassable, c’est le fait qu’on vous ait piégé dedans en prétendant le « rétribuer ».
Vous êtes pris dans un cercle vicieux ;
1. poser ces questions qui interrogent les nationalisme occidental.
2. Ne plus pouvoir se les poser puisque vous croyez avoir été rétribués pour vous taire.
3. Vous contestez certaines parties du pacte du silence, pour pouvoir parler à nouveau.
4. On vous rétribue à nouveau grassement pour vous faire taire.
Bref, l’Holocauste ne peut jamais être retravaillé, requestionné sur ses causes. Il est devenu au mieux un repoussoir de l’horreur, au pire, un instrument de chantage.
Là ou le cercle vicieux prend des proportions proprement dantesques, c’est lorsqu’il s’adresse aux Arabes ou aux Palestiniens. Les trois premières étapes sont alors identiques, sauf que les Arabes ne se sentant nullement concernés par l’Holocauste, prennent toutes ces nuances pour des gesticulations qui n’ont d’autre but que des les provoquer à une lutte de prestige à laquelle ils se sentent bien obligés de prendre part. Ils ripostent tant bien que mal avec le peu de succès que l’on sait, dans la mesure ou ils se sentent peu concernés dans ce qu’ils prennent pour de l’arrogance conquérante d’un tête de pont de l’Occident de toutes façons plus fort qu’eux.
Du côté des Juifs, par contre, et comme le comportement No 4 ne se réalise pas, comme l’ennemi ne les compense pas spontanément pour la contestation du contrat qu’ils ont entrepris, qu’à cela ne tienne, ils se compensent spontanément, et prélèvent leur « dû » sur la terre d’autrui. Le plus étrange toutefois est qu’au sommet de la phase trois, au moment où les Juifs se sont aménagés la possibilité de parler en contestant le contrat du silence, ils finissent quand même par tomber dans le silence de la phase 4. Même si les Arabes ne sont pas prêts à comprendre ce que l’Occident comprend et ne vont pas renouer avec eux un nouvel accord de silence, ils se taisent quand même en se payant une nouvelle tranche de terre arabe.
Plusieurs facteurs jouent contre cette prise de parole. D’abord la faiblesse des Arabes qui résistent si peu que la cession de leur terre en est presque un don. Ensuite, les victoires successives rendent le processus facile et répétitif, presque irrésistible. Enfin, au sommet de la phase 3, il faut bien que quelqu’un dise vraiment ce qu’il en est, qu’il leur signale la possibilité de parler en ce moment particulier. Entre l’à-plat-ventrisme occidental et l’incompréhension craintive des Arabes il en est peu qui oserait s’aventurer sur un terrain aussi glissant. Comme rien ne vient mettre à profit ce moment de grâce de la phase 3, la phase 4 peut alors se dérouler comme prévu.
C’est peut-être l’intérêt de cette lettre ouverte en elle-même, de pointer qu’à chaque tour du cercle vicieux, si quelqu’un est là pour en prendre note, vous seriez capables de vous soustraire un peu, de prendre une petite liberté dans votre dépendance à l’Occident. C’est peut-être l’intérêt de cette analyse en quatre étapes que de montrer les lieux ou les libertés peuvent être pises.
Les lieux de liberté
Dès la phase 1 par exemple, l’Holocauste pourrait ne plus être pris dans le misérabilisme de la récompense. Sorti de ce carcan, l’Holocauste pourrait être un bon moyen de questionner ceux qui rétribuent et les raisons pour lesquelles ils rétribuent.
Hors du misérabilisme, dans un contexte où, enfin, la dignité des Juifs serait respectée on pourrait au moins se donner la peine de constater que les Juifs avaient quelque chose à défendre et qu’ils ne sont pas seulement morts à cause de la folie arbitraire des Nazis. Ce n’est pas parce qu’ils sont fous ou méchants que les Nazis se sont attaqués aux Juifs. Les antisémites ne sont pas des névropathes dégénérés comme on présente les Néonazis aujourd’hui. Les Juifs sont les dépositaire d’un certain savoir qui me s’accorde en rien avec la Nazisme ni du reste, avec aucun nationalisme. C’est pour cette raison, et pour cette raison seulement qu’on s’attache à les faire disparaître.
Étrange retournement
Dans le même esprit des questions impertinentes factrices de liberté on pourrait se demander comment les Juifs qui s’opposent depuis plus de 2000 ans à l’État Romain et à son successeur l’État nationaliste, ont pu être totalement retournés par le nationalisme sioniste en l’espace de quelques années.
Qu’une communauté entière abandonne soudainement des traditions multi-millénaires sur lesquelles elle a fondé son existence est déjà surprenant en soi, mais que cette même communauté adopte des positions radicalement opposées à ses traditions en l’espace de quelques années relève presque du miracle.
Ce phénomène est probablement dû au trauma. Les Juifs ont réussi à maintenir leurs distances par rapport aux états nationalistes qui les incluaient. Ils ont réussi à maintenir leurs distances par rapport à leurs institutions communautaires. Face à ces deux pressions uniformisantes, ils ont su maintenir un certain cap. Probablement grâce à un dieu dont le caractère phallique est très apparent. Ce dieu protège, mais il peut aussi punir sévèrement par Philistins interposés. Il a autorisé qu’ils perdent quelques batailles, même quelques guerres. Il ne lui est cependant jamais arrivé d’abandonner son peuple aux mains d’un ennemi décidé à le détruire. S’il l’a fait c’est peut-être parce qu’il a renoncé à l’incertitude de son existence pour se décider du côté de la non-existence.
Abandonné de lui, les Juifs ne pouvaient plus résister, ni à l’esprit communautaire qui les a poussés à se regrouper après l’Holocauste, ni à la pression nationaliste qui a enfin pu les dévorer après s’être aiguisé les incisives tant de milliers d’années. Ce retournement de situation n’en est pas vraiment un. C ‘est plutôt l’accomplissement de quelque chose d’indéfiniment remis, une sorte de passage à l’acte, dû à la décisive non-existence de Yahvé.
Piégés dans le communautaire
L’identité communautaire de Juifs a été tenue en respect par ceux-ci pendant des millénaires. C’est ce qui leur a permis de conquérir des territoires sans cesse nouveaux. Ils avaient cette liberté de mouvement par rapport à l’esprit communautaire qui leur a ouvert le monde.
Avec l’Holocauste et la détermination de Yahvé du côté de la non-existence, l’esprit communautaire s’est imposé impérativement et a agi comme une impulsion au rassemblement. Tous les territoires que les juifs avaient laborieusement conquis pendant tant de siècles ont été abandonnés presque du jour au lendemain comme si un raz-de-marée ou une bombe à neutrons avant tout emporté sur son passage.
Certains Juifs résistent encore à l’appel du rassemblement : les Juifs de la diaspora. Ils maintiennent leur présence un peu partout dans le monde, sauf dans les pays ou la tension a été la plus dure. Mais cette présence presque héroïque se fait au prix d’un changement notable d’identité. Ils sont devenus des Nationaux en puissance de l’état d’Israël. Ils doivent justifier le comportement d’Israël, ou s’en désolidariser, payer leur contribution à l’état Israélien ou refuser de la payer.
Être Juif pour eux revient à être un pseudo-Israélien ou un pseudo-non-Israélien. Ils ont cependant conservé la faculté de rencontrer des non-Juifs sans que ça ne menace leur fidélité au Judaïsme.
Le retournement des Juifs en faveur du nationalisme après plusieurs millénaires de résistance acharnée mérite lui aussi une explication minutieuse. L’attribuer au mouvement sioniste ne fait que décaler le problème d’un cran. Parce qu’il faut alors expliquer la sympathie des Juifs pour ce mouvement alors que 50 ans durant ils l’ont considéré avec indifférence. On pourrait aussi dire que c’est l’effroi de l’Holocauste qui les a jetés dans les bras du sionisme. Mais là c’est une étape du raisonnement qui est sautée. Entre l’effroi de l’Holocauste et la frénésie nationaliste, il y a sûrement des étapes intermédiaires.
Abraham fiancée de Yahvé
J’ai évoqué toute à l’heure ce rapport particulier des Juifs avec Yahvé. C’est je crois un des points les plus importants sur lequel on gagne à s’attarder. Beaucoup depuis des millénaires ont trouvé inadéquat ce rapport, privilégié en quelque sorte, qui rendait les Juifs le « peuple élu » d’un dieu, unique de surcroît. Choix unique d’un dieu unique, ils se trouvent évacuer le reste de l’humanité dans les ténèbres. Cette dernière interprétation est extrêmement superficielle et ne résiste pas à l’analyse, mais il faut la citer parce qu’elle est très courante et se trouve être un des fondements le plus souvent évoqués de l’anti-sémitisme.
Le rapport des Juifs avec Yahvé est, rappelons-le, un rapport d’alliance. Alliance qui a été scellée entre le patriarche Abram, et Yahvé au puits de Beer Sheba. Il y a là un rapport contractuel passé entre Abram et Yahvé. En échange de sa fidélité, Abraham (désormais) reçoit la promesse d’avoir autant de progéniture que les étoiles du ciel et le sable de la mer. Lorsque par ailleurs ce contrat est scellé autour d’un puits, qui représente ici les organes génitaux féminins, il devient assez clair qu’il concerne un rapport de nature sexuelle. Il est vrai que malgré toutes les indications qui en sont données on a du mal à reconnaître derrière la barbe vénérable du patriarche....une fiancée. L’élection est ici la sélection d’une épouse. L’épouse est Abraham qui représente la communauté. Sa fidélité à l’époux divin lui assurera une reproduction sans limites de temps et de nombre.
Bris d’alliance
L’alliance est donc un mariage qui vise la reproduction et donc la survie de la communauté. Le contrat a toujours été rempli par Yahvé et justifiait donc d’être maintenu. Avec l’Holocauste les termes du contrat ont changé. On peut dire que d’une certaine façon Yahvé n’en a plus respecté les termes. Non seulement il a cessé d’assurer la reproduction des Juifs, mais il a également omis de les protéger lors de la Shoah. Il y a là manifestement un bris de contrat.
Ce contrat a protégé les Juifs contre toutes sortes de pressions qui auraient pu les broyer. Sans lui le Judaïsme n’aurait sans doute jamais existé. Le bris de ce contrat a dès lors des conséquences désastreuses, dans la mesure ou il laisse les Juifs sans contrat. En soi, le nationalisme dans lequel sont immédiatement tombés les Juifs n’est pas un nouveau contrat. C’est un contrat entre une « nation » et un état qui semble vouloir se substituer au contrat avec Yahvé. Mais ils n’ont aucune commune mesure l’un avec l’autre.
Israël peut-il remplacer Yahvé ?
Yahvé est une entité abstraite qui a besoin de la collectivité des Juifs pour exister. Alors que l’état d’Israël est une entité relativement concrète qui, en principe, pourrait se dispenser du soutien des Juifs pour exister. Un état « normal » n’est pas menacé dans son existence si sa population ou le reste du monde cesse de se passionner pour celle-ci.
Pour que l’État d’Israël puisse ressembler en termes d’abstraction à Yahvé, il faut qu’il ait, comme lui, le même statut incertain et dépendant d’une certaine volonté collective. Il faut par conséquent que l’existence de l’état d’Israël soit continuellement menacée pour qu’il puisse postuler à susciter le même niveau de mobilisation que Yahvé. Advenant cependant que la menace ne soit plus d’actualité, que de façon prévisible aucun danger ne risque manifestement de prendre forme, l’état d’Israël change automatiquement de statut. Au lieu d’être un équivalent de Yahvé en période de danger, il devient une institution qui inspire soit la lassitude, soit la culpabilité.
La culpabilité laïque et la lassitude traumatique
La culpabilité est certainement la façon la plus économique d’aborder la pesanteur institutionnelle de l’État. Le fait de posséder quelque chose sans avoir de rival est contrebalancé par le sentiment de culpabilité. On retrouve ce sentiment de culpabilité surtout chez les Juifs de gauche qui, se sentant coupables de posséder quelque chose d’illicite, sont prêts à en sacrifier une partie pour avoir la conscience tranquille. Ils ont sur les autres un avantage : celui de disposer d’un idéal laïc qui n’a pas été trop ébranlé par l’Holocauste ou la perte de Jehovah. La culpabilité s’inscrit dans le cadre de cet idéal laïc de partage égalitaire.
En revanche, ceux qui éprouvent de la lassitude face à un Israël sécurisé vivent une situation autrement plus dramatique dans la mesure ou c’est leur énergie vitale qui est grandement atténuée. La lassitude est le siège de leur difficulté, ils sont piégés dedans. Elle ne peut que s’accroître s’ils ne prennent pas de mesures rapides pour y mettre fin.
La première mesure, la plus naturelle est l’insatisfaction. Si dans ce rapport plein avec un état pacifié on conserve une marge d’insatisfaction on court moins le risque d’être terrassé par la pesanteur institutionnelle. Un État dont il importe qu’on le soutienne de notre désir pose de sérieux problèmes si non seulement il n’a plus besoin de nous mais de surcroît prétend nous satisfaire.
Il ne s’agit pas bien sûr d’une insatisfaction qui porte sur les services offerts par l’État, mais de l’insatisfaction fondamentale qui porte sur les modalités d’existence de cet État. Face à un donateur hypothétique (l’Occident), on se présente comme manquant d’un petit supplément de respect ou de terre. On revendique ce petit plus avec d’autant plus de véhémence que la revendication a en elle-même des effets bienfaisants.
La revendication trouve cependant rapidement ses limites. Il y a longtemps que l’Occident n’est plus preneur dans ce genre de négociation. Il s’est lavé les mains du sang de ces justes puisqu’il s’est fait remplacer par les Arabes. De fait l’insatisfaction ne pouvant s’exprimer à l’égard de l’Occident, se manifeste par des provocations de toutes sortes à l’égard des Arabes. Humiliations, emprisonnements, meurtres, accaparement de terre et d’eau : tout est bon pour ranimer la guerre et le danger qui mette fin à la lassitude qu’engendre la paix.
Ceux qui sont familiers avec la Psychanalyse auront reconnus dans les premiers les névrosés obsessionnels qui se nourrissent de culpabilité et vivent dans un monde relativement cohérent même si le père y est mort. Dans le cas présent, celui de la laïcité ou Yahvé est mort non pas à cause de l’Holocauste, mais à cause d’un mouvement général de modernisation laïc.
Le cycle infernal des hystériques
Dans les seconds on peut aussi reconnaître l’insatisfaction des hystériques qui débouche rapidement, faute d’interlocuteurs, sur les provocations des traumatisés. Les Israéliens de droite et plus particulièrement Sharon sont les modèles de ce genre de comportement. Pour eux le processus est relativement complexe. Il commence par la disparition de Yahvé, personnage paternel, en raison de l’Holocauste ce qui les rend extrêmement vulnérables à toutes les formes institutionnelles englobantes, de type maternel.
Lorsque, en période de paix, ces formes maternelles deviennent prévalantes ils cherchent une marge de liberté aussi minime soit-elle. C’est ainsi qu’ils essaient de contester le « don » d’Israël que l’Occident leur a fait comme pour faire émerger un lieu de parole dans cet enfermement maternel. Peine perdue, la position angélique de l’Occident ne laisse aucune marge à un dialogue. Il leur donne satisfaction rapidement pour ne laisser aucune prise à des récriminations.
La contestation doit alors déboucher dans l’acte au lieu de se déployer dans la parole. Les provocations à l’encontre des Palestiniens et des Arabes se substituent à la négociation avec l’Occident. Ainsi de proche en proche un processus qui commence avec l’Holocauste et la mort de Yahvé débouche comme par nécessité sur une guerre endémique.
L’échec des laïcs
Aussi longtemps que le projet laïc était encore crédible, cet aspect était beaucoup moins évident. Mais à partir des accords d’Oslo et leur incapacité à apporter de véritables solutions psychologiques tant aux Palestiniens qu’aux Juifs, c’est progressivement le « projet » traumatique qui a pris le dessus sur le projet laïc.
Aujourd’hui les laïcs sont sous perfusion au Moyen-Orient. Il ne leur reste que le prestige du passé. Pour le reste, ils meurent de vieillesse ou bien subissent un dernier recyclage comme cible abhorrée des « traumatiques ». Ils s’éteignent alors dans un dernier feu d’artifice. Sadate, Rabin, Saddam Hussein, Arafat, ont subi les derniers outrages pour avoir soutenu un nationalisme laïc que l’histoire n’a pas voulu retenir hors des frontières de l’Europe.
L’essor des nationalismes religieux
Le nationalisme religieux, en revanche, semble avoir un énorme potentiel d’extension. Je n’entrerai pas ici dans des considérations géostratégiques, mais il est certain que le nationalisme religieux qui est capable de constituer de grands ensembles religieux, est particulièrement favorisé par le mouvement actuel de mondialisation.
On voit actuellement se dessiner, ce qui était inimaginable il y a quelques années seulement, un bloc islamiste. En apparence ce bloc est en opposition avec l’intégrisme juif et chrétien, alors qu’en réalité les trois intégrismes se nourrissent mutuellement. Preuve en est que l’intégrisme islamiste n’a jamais été aussi puissant que depuis qu’il « bénéficie » de l’hostilité américaine. De la même façon que l’intégrisme juif n’a jamais été aussi sûr de ses arguments que depuis que le Hamas et le Djihad ont prospéré.
Les circonstances actuelles favorisent énormément les intégrismes parce qu’ils militent en faveur de la constitution de grands blocs religieux. De plus, actuellement, les trois intégrismes ont accumulé une potentiel de nuisance extrêmement élevé en termes d’armement ou en termes de potentiel haineux.
En leur défaveur cependant, il devient de plus en plus clair qu’ils ont atteint tous les trois un niveau de bestialité qui révulse jusqu’à leurs propres militants. On ne peut pas descendre impunément à de tels niveaux de déchéance. Ce qui est fabuleux chez l’être humain c’est qu’aux niveaux les plus bas de l’abjection il trouve toujours le moyen de lever la tête pour reconstruire un monde d’espoir. L’intégrisme a atteint un tel niveau de puissance que la seule force capable de le contrer ou de modérer ses ardeurs est la main nue de l’homme. En ces moments ou les horizons sont particulièrement sombres, le temps est peut-être venu de dire non à la bestialité. Le temps est peut-être venu de rendre à l’humanité ses droits.
D’un retour à l’humain
Ce sursaut d’humanité doit cependant être mené avec la plus grande vigilance pour avoir des chances d’atteindre son but. Il faut prendre garde à ce qu’il ne doit pas être avant d’élaborer ce qu’il sera.
1. Il ne sera pas un sursaut d’indignation. Car l’indignation est une arme à caractère politique qui malheureusement ne débouche pas toujours sur plus de clairvoyance.
2. Il ne sera pas non plus un sursaut religieux car on ne peut pas demander à des gens qui ont perdu le sens du divin de le retrouver dans un sursaut. L’intégrisme est une réaction à la disparition du sens du divin et non pas une croyance excessive au divin comme il voudrait nous le faire croire. C’est une réaction qui veut faire « comme si Dieu n’était pas mort ». L’exagération dans l’application de la loi est une façon de camoufler la disparition de celui qui est supposé en défendre l’application. C’est en somme une dénégation qui dit « Non il n’est pas mort puisque la loi est quand même appliquée ».
3. Il ne sera pas non plus un sursaut laïc. La laïcité a complètement épuisé ses ressources au Moyen-Orient. Il reste encore quelques états laïcs au Moyen-Orient qui ne doivent leur survie qu’à l’habitude. Les partis laïcs perdent progressivement leur électorat et ne réussissent guère à stimuler que quelques bons sentiments. Il est clair que la laïcité est loin d’avoir transcendé les frontières religieuses, encore moins les frontières nationales. Surtout depuis que certains ont prétendu être laïcs et juifs sans y voir la moindre contradiction.
4. Il ne sera pas enfin un sursaut politique ou des compromis portés pas la lassitude viennent terminer un conflit dans l’insatisfaction générale. Ces solutions sont le plus souvent éphémères et il suffit de quelques jusqu’auboutistes insatisfaits pour souffler l’édifice politique comme un château de cartes.
Le sursaut ne sera ni moral, ni religieux, ni laïc, ni politique. Il s’agira plutôt d’un sursaut ou le savoir va jouer un rôle majeur. Un savoir qui va porter aussi bien sur le moral, le religieux, le laïc et le politique. Bref un savoir qui va exercer son talent sur les savoirs. Un savoir qui va porter sur la façon dont une collectivité aborde sa réalité, sur sa conception du monde en somme. Un savoir qui pourra comprendre les modifications les plus soudaines de conceptions du monde comme celles qui ont atteint les Juifs après l’Holocauste.
Des conceptions uniques et universelles
Chaque fois qu’on a voulu construire un état de type nationaliste, il a fallu se baser sur une conception du monde particulièrement propre à une religion particulière. Il lui faut cependant subir un certain nombre de transformations pour qu’elle parvienne à s’imposer aux commandes de l’état. Ces transformations ayant pour but de lui faire perdre son apparence religieuse pour ne garder que sa structure logique.
On a vu comment pour le nationalisme européen la mutation s’opère en deux étapes. La première consiste à éliminer les autres conceptions du monde c’est à dire les autres religions ou, au moins, à leur demander d’effacer tous leurs signes religieux apparents. Moyennant quoi le nationaliste européen pourra conserver ses signes religieux. Ceux-ci deviennent transparents du fait qu’ils ne sont plus comparés à d’autres signes religieux. Le nationaliste peut ainsi oublier sa religion tout en continuant de la pratiquer.
La deuxième étape consiste à éliminer les autres conceptions du monde à l’extérieur du territoire national dans leur environnement géographique pour se poser comme universelles. Ce qui est insupportable cette fois c’est la diversité géographique. Si, dans le premier temps le nationaliste veut oublier qu’il a une religion, dans le deuxième temps il veut oublier la concrétude de son être de chair, ses caractéristiques ethniques et raciales et ses limites géographiques. Il continue certes à être un être de chair marqué racialement et ethniquement mais parvient à l’oublier en s’installant dans une abstraction universaliste. L’élimination des autres conceptions du monde hors frontières lui permet de n’être qu’un être parmi tant d’autres qui s’approche on ne peut plus de la pureté du chiffre un. Il conquiert tout ce qui peut être conquis dans son environnement géographique pour couvrir d’un voile pudique ces impertinentes différences.
Géographies des universalités
Il y a l’universalité dont l’espace géographique était continental. On pense à Napoléon ou à Hitler. Il y a eu aussi les universalités de type océanique exercées par des pays qui n’avaient pas d’inscription géographique continentale. On peut penser à l’Espagne, le Portugal, la Belgique, les Pays-Bas, l’Angleterre et le Japon. Ces dernières universalités ont été qualifiées de coloniales parce qu’elles allaient chercher très loin la négation de l’autre, faute de pouvoir le faire dans leur environnement immédiat.
Parmi ces universalités océaniques et coloniales, il en est une qui se démarque assez nettement dans sa technique de négation de l’autre. Au lieu de dominer l’autre directement comme l’ont fait les autres universalité, elle pratique la mise à l’égalité inter communautaire. Il s’agit de l’universalité anglo-saxonne qui a pris son envol ave l’empire britannique puis, avec le déclin de ce dernier, l’Empire Américain.
Égaliser pour régner
L’universalité anglo-saxonne dès qu’elle domine une population donnée, désigne à l’intérieur de cette population les différentes religions ou les différentes ethnies. Elle formule ensuite l’idée, qui n’était jamais venue à personne dans cette population, selon laquelle les différentes religions ou ethnies devraient être égales entre elles. Cette seule idée d’égalité inter communautaire bouleverse totalement l’équilibre communautaire et provoque des guerres endémiques qui peuvent durer des décennies.
En effet, avant cette intervention de l’universalité anglo-saxonne, les différentes ethnies vivaient à l’intérieur d’elles-mêmes et ne songeaient que rarement à se différencier de l’ethnie voisine et encore moins à se mesurer entre elles. La notion d’égalité les sort de leur intériorité et les force à se mesurer l’une à l’autre de façon incessante. À chaque instant de leur vie, le soupçon s’installe dans leur esprit que l’égalité a été rompue au profit du voisin et qu’il faut se mobiliser contre l’usurpateur qui les prive de leur droit à l’égalité.
Si bien que chacune de ces communautés qui vivait autrefois à l’intérieur d’elle-même dans un rapport mystique avec son dieu ou ses ancêtres est tout à coup dépossédée d’elle-même et obligée de migrer vers l’image qu’elle projette face au monde extérieur. Chaque communauté n’est plus alors que l’image d’elle-même et finit par habiter sa peau au lieu d’habiter son corps.
La main invisible
Pendant ce temps, l’universalité anglo-saxonne, qui tient les rênes du processus, tire tout le bénéfice possible de sa position dominante tout en bénéficiant d’un statut d’invisibilité et de discrétion qui la met à l’abri des vicissitudes. Elle n’a absolument pas besoin d’exercer directement sa domination la plupart du temps. Il lui suffit de rallumer ou d’éteindre les feux entre les communautés si promptes à s’enflammer.
Il s’en suit que la communauté anglo-saxonne finit par être la seule communauté à ne pas avoir de contours dans la mesure où elle n’a nul besoin de se mesurer à une autre communauté. Elle peut dès lors vivre à l’intérieur d’elle-même sans se préoccuper de son image. Et comme, par ailleurs, elle peut gérer de loin et à sa guise des tas d’événements dans le monde sans avoir l’air d’y toucher directement, comme elle sert de modèle presque désincarné aux autres communautés qu’elle domine elle en acquiert un caractère unique et abstrait comparable à celui de la reine.
Les différentes universalités continentales ou océaniques ont toutes subi un déclin important et plus particulièrement l’universalité laïque française qui continue régulièrement à perdre des plumes au profit de l’universalité américaine. Seule cette dernière associée à l’universalité britannique continue de connaître une expansion phénoménale.
La double tutelle et son déclin
Le meilleur exemple en est l’acharnement des anglo-saxons sur l’Irak. Le principal reproche qu’on pouvait faire à Saddam Hussein était ses liens avec la France et son obstination à maintenir le cap de la laïcité. Avec le déclin de plus en plus prononcé de la laïcité, les Anglo-Saxons se sont sentis autorisés à détruire Saddam dans la perspective d’y jouer le jeu de la mise à l’égalité confessionnelle et à créer ainsi un conflit endémique qu’ils pourront manipuler à loisir et étendre éventuellement à toute la région. L’opposition de la France est essentiellement due au fait qu’elle perdait un allié sûr professant la même forme étatique qu’elle : la laïcité.
Au début du XX siècle, à la chute de l’Empire Ottoman le Moyen-Orient se trouvait dans une situation de grande homogénéité à dominante sunnite. Les seuls potentiels de conflit qu’il était possible d’attiser se trouvaient au Liban ce qui leur donnait une portée plutôt restreinte.
Les Juifs immigraient déjà en Palestine depuis le XIX siècle à titre individuel. Les Anglais y ont vu un potentiel de conflit à attiser. La déclaration Balfour vint donner une ampleur politique à un phénomène purement communautaire. Les Juifs étaient aussi promus égaux des Arabes et le germe de l’interminable conflit était ainsi planté.
Curieusement cependant l’Angleterre n’était pas seule sur les rangs. La France elle aussi a voulu imprimer son universalité en concurrence avec celle des Anglais. Effectivement le régime politique de l’état d’Israël depuis 1948 jusqu’aux accords d’Oslo ou jusqu’à l’assassinat de Rabin fut celui d’un état laïc à la française. Très largement encouragé d’ailleurs par la France qui lui a offert en prime la bombe atomique. Idem du coté palestinien, le mouvement de la Résistance palestinienne ainsi que l’Autorité palestinienne à laquelle il a donné naissance étaient des organisations laïques extrêmement cohérentes.
La double tutelle française et anglo-saxonne est désormais révolue. La domination anglo-américaine l’emporte largement et parvient à imprimer au Moyen-Orient ce caractère conflictuel ethnico-religieux avec un succès grandissant. Tous les groupes religieux du Moyen-Orient sont ainsi piégés dans un conflit endémique avec un groupe voisin autour de la question de l’égalité. Ils ont ainsi l’impression de défendre l’authenticité deleur être alors qu’enréalité ils habitent hors d’eux-mêmes dans un espace imaginaire circonscrit par le regard de ce voisin qu’ils jalousent. Dans cette lutte contre le voisin-rival, ils ne sont que les marionnettes du système néo-colonial qui prospère en toute quiétude dans les coulisses.
Le triage nationaliste
Chacune de ces communautés ne se sent plus capablede retrouver son intérioritéoriginelleet, pour la plupart, ont totalement oublié que c’était une chose possible qui avait, du reste, déjà existé dans le passé. La polarisation par l’égalité avec le voisin rival reporte toute l’attention sur la frontière extérieure et oblitère jusqu’au souvenir de la situation passée où toute la tension était intérieure.
Le nationalisme a fait croire dans un long travail de sape qu’il était impossible de faire coexister plusieurs religions, plusieurs ethnies à la fois dans un même état. Il a réussi dans une certaine mesure à opérer un triage planétaire des ethnies et des religions de manière à ce que chaque ethnie et chaque religion ait son espace politique indépendant et rival des autres.
Que plusieurs ethnies ou religions puissent coexister et se partager le même espace d’expression politique est devenu totalement invraisemblable. Pourtant il y a soixante ans ou cent ans, une bonne partie du monde était gouvernée de cette façon. Il a fallu deux guerres mondiales, plusieurs génocides et la purification ethnique provoquée par le sionisme pour que ce fait devienne impossible.
C’étaient les grands empires qui assuraient la gestion des mosaïques ethniques et religieuses. L’empire Russe, Austro-Hongrois, Ottoman étaient des pépinières de communautés diverses dont ils encadraient la prospérité de façon assez équilibrée. Les diverses communautés juives ont connu d’ailleurs beaucoup de prospérité dans le cadre de ces empires.
Un savoir du multi-communautaire
Il est difficile aujourd’hui de souhaiter le retour des empires, même s’ils présentent des avantages non négligeables. On les a tellement discrédités pour instaurer le nationalisme. Il est possible en revanche de créer un savoir du collectif qui puisse servir de cadre à la multiplicité ethnique et religieuse. Un savoir qui permette à chaque communauté d’avoir une vie intérieure tout en ménageant la possibilité de la multiplicité communautaire.
Un savoir comparable a été construit au niveau du psychisme individuel. Il autorise à l’intérieur d’une même entité psychique l’expression d’une multiplicité de pulsions sexuelles différentes en favorisant le fait qu’elles n’aient nullement à se gêner les unes les autres. Ce savoir est, bien sûr, la Psychanalyse que, soit dit en passant, un Juif a inventé dans le cadre éclairé de l’Empire Austro-Hongrois. Il y a un savoir comparable à créer sur le plan collectif qui autoriserait les diverses formes de gestion religieuses et ethniques de la sexualité et de la reproduction, de coexister dans un même cadre politique sans qu’elles soient boutées hors de leur intériorité.
Tout le monde est colonisé
En attendant l’émergence d’un tel savoir il faut se rendre à l’évidence que le nationalisme est en train de dévaster le Moyen-Orient comme il a dévasté l’Europe. Il faut se rendre à l’évidence que la domination coloniale est loin d’avoir pris fin. Après avoir été dominé conjointement par la France et l’Angleterre, le Moyen-Orient est désormais l’objet exclusif du colonialisme anglo-saxon exclusivement.
Ceux qui au Moyen-Orient s’imaginent être les acteurs de leur destin, ne sont en fait que des marionnettes dans un théâtre où ils ne contrôlent rien. Il ressemblent à des taureaux qui foncent sans discernement sur les chiffons rouges de la prétendue égalité inter communautaire. Israël, aussi puissant soit-il, n’est qu’un pays colonisé, au même titre que tous les pays du Moyen-Orient. Ce sont des pions du jeu colonial qu’on appelle aujourd’hui mondialisation. Pions que l’on déplace en agitant le chiffon rouge de la jalousie et de l’inégalité.
Les perspectives d’amélioration de la situation sont tout simplement inexistantes. À court et à moyen terme les choses ne font qu’empirer. Défendre chèrement sa peau face à l’ennemi ne fait qu’accroître la dépendance coloniale tout en donnant l’impression qu’on est acteur de son destin. Ce jeu n’a tout simplement pas de fin.
Messages
1. > Lettre ouverte aux Juifs, 5 août 2006, 01:23
article intéressant, plein de bonnes intentions, mais qui pêche par l’amalgame qu’il fait entre juifs et sionistes ("vos leaders", etc...). Tous les juifs ne sont pas sionistes. Les mouvements et individus juifs opposés au sionisme (révolutionnaires bundistes, marxistes et anarchistes) ont été très nombreux au cours de l’histoire du siècle dernier et nombre de juifs estiment encore aujourd’hui que la lutte contre l’antisémitisme ne passe pas par le replis nationaliste et colonial que représente le sionisme, que le sionisme et l’Etat d’Israel ne sont pas des refuges face à l’antisémitisme mais ne font qu’attiser les flammes de celui-ci, tout en ayant des conséquences dramatiques pour les populations de la régions (palestiniennes, libanaises,...).
1. > Lettre ouverte aux Juifs, 5 août 2006, 03:19
Si le sionisme fait du mal aux juifs ils doivent le dénoncer clairement. Quant vous les voyez en France montés au créneau pour une histoire farfelue du RER D appuyé par le crif qui les représente, vous comprendriez qu’ils sont complices par leur silence. Arrêtons de faire semblant de ne rien comprendre, les juifs de France soutiennent tous israel. Si non comment expliquer qu’aucune, mais aucune voix de ceux qui squattent la TV pour nous donner des leçons d’humanisme et de démocratie soient totalement et volontairement absents ? Voyez la position de BHL et vous comprendrez. Désolé mais je n’attendrais pas grand chose de ces gens-là.
2. > Lettre ouverte aux Juifs, 5 août 2006, 04:17
Entierement d’accord avec le post ci-dessus un juif restera toujours un juif. point
la lettre de Karim Jbeili,interressante , mais je m’étone toujours que ceux qui citent des génocides,oublient toujours le PLUS GRAND des génocide ,a savoir celui des amerindiens , particulierement du sud,ainsi que des esclaves noirs pour cesdeux hetenies ,dix fois plus important que celui des juifs,et qui au final a eu lieu il y a 500 ans,ces Amerindiens n’ont jamais euent l’intention de foutrent les descendants de ces meutriers sur grande héchelle a la mer,mais ils sont des pacifistes ce que ne sont pas les sionistes qui pencent que l’haulocoste leur donne tout les droits,envers ceux qui ne les trust pas et de ne rien respecter droits des humains, décisions de l’ONU les accord de Geneve,et l’assassina a outrance de leurs voisin,quand au crif une association de manipulateur ,dont les resources sont subtilisés au moindre mot anti sioniste ou juif par des gouvernements,de laches qui preferent ne pas débatre mais (faire) payer.
je suis fier d’etre un descendant d’Amerindien,qui n’a pas l’esprit revanchard,malgré le pire génocide de tout les temps on en arrivent presque a oublier qui en furent les auteurs,et c’est mieux ainsi.
Scusez les fautes
3. > Lettre ouverte aux Juifs, 5 août 2006, 10:25
L’ »affaire » du RER D est symptomatique d’une mystification bien française qui va très au-delà de l’opinion des juifs de France.
D’abord il ne faut pas perdre de vue qu’à l’origine de ce déferlement d’accusations tous azimuts qui visaient en premier lieu les populations originaires d’Afrique (de Tanger au Cap) se trouvent le Président de la République et le Ministre de l’Intérieur de l’époque, le sire Galouzeau.
Ensuite il faut considérer que la France refuse de regarder en face son passé colonial qui a fait des centaines de milliers de victimes et a largement contribué à diffuser dans l’esprit des français un racisme au moins latent.
Pour se dédouaner de ce déni de son passé la France pose en champion de la lutte contre l’antisémitisme en montant en épingle tantôt des faits divers vérifiés ou non (RER D, tribu K…) tantôt des propos d’une portée aussi faussement considérable que ceux d’un humoriste (Dieudonné). La France ne craint même pas de pousser le grotesque jusqu’à faire intervenir ses juges pour condamner un Edgar Morin pour antisémitisme !!!
C’est ainsi que l’on retrouve à présent dans les rangs de la prétendue lutte contre l’antisémitisme et de la défense du sionisme les héritiers de l’extrême droite vichyste ou Algérie-Francaise, de Sarkozy à DeVilliers en passant par Madelin. Pour tous ces gens, il n’existerait en France qu’une forme de racisme : l’antisémitisme. Et il serait le fait essentiellement des populations originaires d’Afrique (comme par hasard la plus grande partie de feu l’Empire colonial), sans oublier, plus récemment, les Antillais.
Par contre le racisme maintes fois dénoncé dans les instances internationales de la police française et de certains fonctionnaires d’autres administrations, n’existe pas si l’on s’en tient aux discours des politiques et des médias. De même qu’il n’y a pas, ou si peu, de discrimination à l’embauche, à l’accès au logement ou aux loisirs.
A partir de ce constat, il me paraît abusif de vouloir faire porter aux seuls Juifs de France la responsabilité de la partialité des médias en faveur d’Israël. Il serait également utile d’avoir des précisions sur le pourcentage des Juifs de France qui participent à l’élection du représentant du Likhoud-Kadima en France Roger Cukierman systématiquement présenté comme parlant au nom de tous les Juifs de France.
Pour le reste chacun sait que nous vivons dans une démocratie dans laquelle l’accès aux médias pour tous ceux qui ne se situent pas dans la pensée dominante est plus que difficile.
Valère
4. > Lettre ouverte aux Juifs, 5 août 2006, 11:07
Ces gens-là...
Quelle terrible formule pour parler d’une partie de l’humanité, donc de nos frères humains...
Chaque fois que j’entends « Les marseillais sont ceci, les artisans cela, les musulumans autre-chose », une petite alarme s’active : nous avons affaire à un raccourci délétère qui nie l’existence de la personne humaine en tant que singulière parmi un groupe que des gens extérieurs se plaisent à amalgamer.
Un exemple : après avoir vu « Fahrenheit 9/11 » de Michael Moore, on ne peut continuer à dire : « Les américains sont... » Ils sont avant tout multiples, et certains rament pour promouvoir le progrès.
Il en va de même partout.
C’est notre dignité d’en prendre conscience, notre humanité de le montrer autour de nous et notre force d’en faire un élément d’utopie.
2. > Lettre ouverte aux Juifs, 5 août 2006, 08:49
Les populations des pays développés et démocratiques sont peu enclines à opter pour des solutions militaires onéreuses en vies humaines. Dans les pays pauvres, soumis à des dirigeants autoritaires, c’est habituellement l’inverse ; la propagande incitant à la guerre ou la haine raciale ou religieuse est partie intégrante de la stratégie de gouvernement. Israël est aujourd’hui une réussite complète, et pas seulement à l’aune des critères modestes de la région. Son existence même est, pour ses despotes voisins arabes, un rappel permanent et lancinant du fait qu’ils maintiennent leur peuple dans une condition misérable. Pour des hommes comme Yasser Arafat, Bashar Assad, les chefs du Hezbollah et consorts, la confrontation permanente avec Israël a toujours été leur seule prétention à la légitimité.
Si la région se calmait à propos d’Israël, les masses arabes tolèreraient-elles la misère noire dans laquelle leurs dirigeants les ont plongées ? Si "les juifs sanguinaires" n’étaient pas identifiés comme responsables de tout ce qui va mal, l’homme de la rue, au Caire, à Amman, à Damas, ou à Gaza, regarderait les vignes des hauteurs du Golan, la croissance rapide de la Silicon Valley [israélienne] de Haïfa, et les rues animées de Tel-Aviv - tout cela créé de zéro au milieu du désert - et tournerait sa colère vers qui la mérite, contre son gouvernement corrompu et inefficace.
1. > Lettre ouverte aux Juifs, 5 août 2006, 20:05
pour la misère noire du Caire possible.
La misère noire de damas : pas prouvé , moins de sdf qu’en France en tout cas.
La misère noire du Liban , à part celle qu’israel nous inflige en ce moment ce mot là est un blague pour qui connait le pays
Toujours cette idée que les voisins sont jaloux ; mais pour un libanais si israel ne l’occupe pas, ne le détruit pas, ne viole pas son espace aérien tous les jours comme cela se passe depuis des années , ne vient pas au mois de juin bombarder les centrales électriques pour briser la saison touristique , Israel l’indiffère ; il n’a pas de problèmes avec l’existence ou la non existence d’Israel :il s’en moque .
Le libanais a d’autres sujets de préoccupation et de réflexion plus intéressants .
Le libanais ne vit pas dans une société d’apartheid et profite des 17 communautés qui vivent sur son territoire pour s’enrichir culturellement et humainement .
La reconstruction du pays montrait sa vitalité et son énergie.
Les cerveaux libanais ne sont pas au niveau zero .
Au fond jusqu’à ces derniers 25 jours les libanais se trouvaient plus enviables que jaloux .
Mais vous détruisez , nous reconstruirons
2. > Lettre ouverte aux Juifs, 6 août 2006, 19:14
"l’homme de la rue, au Caire, à Amman, à Damas, ou à Gaza, regarderait les vignes des hauteurs du Golan, la croissance rapide de la Silicon Valley [israélienne] de Haïfa, et les rues animées de Tel-Aviv - tout cela créé de zéro au milieu du désert - et tournerait sa colère vers qui la mérite, contre son gouvernement corrompu et inefficace."
non, cela n’est pas la vérité. Un simple voyage en Israël montre, en observant le pied des immeubles institutionnels, par exemple, que nombre d’entre eux ont été financés par des dons, la plupart, par les Eats Unis. Aujourd’hui encore Israêl vit sous perfusion, voir le budget américain.
3. > Lettre ouverte aux Juifs, 5 août 2006, 12:52
Voilà quelqu’un dont on peut imaginer qu’il s’est
cantonné longtemps "à distance respectueuse"
avant d’écrire ce qui suit.
Je tiens, moi, le "respect" dont tu on a plein la bouche à distance
(je dis : c’est de la non-rencontre/ex : le "respect" des truands)
(pour leurs "régulières"), avec Lucrèce et
contre Platon, car il obstrue toute possibilité de
transcendance, pour demeurer dans les bornes
du "Même" et du "parcours sans faute"(aux yeux de qui ?)
(de Dieu le Père avec coche à ne pas rater ?)
par spectre de peur anticipée projetée sur l’autre...
Outre que la remarque de "post-scriptum" est juste, il est
un point qui m’insupporte dans ce "vous" qui dénierait à
l’être humain singulier les voies que lui prohiberait la
"grégarité", même si, dans ce texte, l’auteur Karim semble
faire des observations "à la bonne distance" pour que ses
interlocuteurs les écoutent, sinon les entendent. Il y a, dans
ce procédé, "quelque chose" qui ignore la simple reconnaissance
par la vie des actes de vie, et entérine la confiscation idéologique
que la focalisation de la guerre israëlo-moyen-orientale engendre
et met en scène en tant que "déterminisme mondial",
par une mise en situation "des Juifs" dans la sphère politico-économique
comme entité aussi compromettante que ce "Vous", par opposition à
"Moi", ou pire, à un "Nous" tacite.
Non seulement Karim ne distingue pas les Sionistes des Juifs, pas plus
qu’il n’a dû distinguer les Aschkénazes des Sépharades dans leurs
sionismes/anti-sionismes ou leurs laïcismes, dont la mosaïque renvoie
à ce "quelque chose", que je préfère nommer "lack of" (absence de/manque),
renvoyant à ce "Moi/Nous" de comparaison, sinon d’opposition :
pour ma part, (et si cela peut l’aider à avancer, tant mieux), je me suis
extrait de ces sacs de noeuds à partir du moment où j’ai cessé de
considérer patriarcat et matriarcat comme une dualité figée dans la
tradition juive, et ai reconnu le caractère industriel, planifié et méthodique
de l’extermination des Juifs, Tziganes, Roms, Homos, Cocos, Anars et
Noirs, comme conséquence de l’irruption de l’ irrationnel en Politique, et non
comme déterminisme logiquement monstrueux issu du Rationnalisme des
Lumières... (l’extermination dans la concentration du fascisme japonais impérial)
(a un caractère aussi délirant, mais moins "étudié", sinon "raffiné"...)
Cette distinction d’avec les génocides, pogroms d’antan ou victimes de guerres
n’est pas anodine :
elle porte autant sur l’échelle que sur la portée elle-même de la Cata.
Enfin, moi je suis sidéré qu’un tel texte ne parle pas de "travail", mais unique-
ment de rétribution.
Eh, oui, Mr Karim, c’est franco-maghrébin-kabyle-Cotorep qui vous le dit,
les Juifs travaillent "comme tout le monde", même s’ils n’ont pas les mêmes
embrouilles au travail "que tout le monde", d’ailleurs.
Il y a dans ce Liban bombardé une voix druze que l’on n’entend pas : celle de
Walid Joumblatt, et de la diaspora palestinienne la voix d’"un absent bienheureux"
que l’on n’entend plus : celle d’Elias Sanbar. "Rétribution ?" ou "Ne pas ajouter de "
"désastre au désastre ?"
Ce texte écrit par Karim a le mérite de s’extraire de l’épidermisme de ces temps maussades sans l’excuser ; mais le creuser encore, au lieu de vivre et tendre la main à ceux qui se croient condamnés par la violence des faits est une autre gageure, autrement et décidément desespérée.
Boudjemaa.
1. > Lettre ouverte aux Juifs, 5 août 2006, 14:37
Tout ce qui est écrit est quelque part intéressant, les pour et les contre. Seulement, on oublie l’essentiel : qui alimente les conflits ? N’est-ce pas ceux qui dans chaque camp ont le pouvoir ? Qu’on m’explique pourquoi ces meneurs et ceux qui les manipulent ne règlent pas leurs différents entre eux sans prendre les populations en otage. Nous pourrons croire les uns et les autres quand on sera sûr que le plus grand nombre les suit dans l’engrenage qu’ils actionnent volontairement. Qu’ils demandent par référendum s’ils faut poursuivre ce conflit inutile. Ces peuples décidement ne seront jamais heureux.
4. > Lettre ouverte aux Juifs, 5 août 2006, 20:58
Oui et surtout, (pour continuer la réprobation de l’usage du terme de "ces gens-là")
il faut bien garder à l’esprit que "les juifs" comme "les américains" sont totalement manipulés par les médias étatiques : lavage de cerveaux, propagande haineuse dès l’école primaire (un récent et très bon article sur Bellaciao émanait d’un professeur israélien témoin de ces réécritures de l’histoire) bref, c’est un peuple que je nomme souvent "la masse endormie"... endormie par des somnifères, comme dans toutes les "démocraties" si chères à Bush. Il faudrait mettre en lumière le fonctionnement - depuis la biochimie jusqu’à la culture - de la manipulation mentale.
"La responsabilité nationaliste"
– il faut connaître un peu le champ psychique pour décrypter : l’identité nationaliste a été une tentative freudienne de trouver en un état une bulle identitaire (bulle de sécurité), ce qui avec le recul, peut être assimilé à une normalisation du nazisme...
"Juifs de tous les pays, certains, une grande partie d’entre vous ont subi cette effroyable horreur que fut l’Holocauste"
– en fait je parlerais plutôt d’une onde de choc culturelle, et de transmission intergénérationnelle des pathologies
"envoyé à la mort les fous et les homosexuels "
– oui dans le champ psychique on s’étonne de l’inhumain du traitement des fous il n’y a pas si longtemps. Mais pas dans la société où ils sont réprimandés stérilement. C’est le manque de science qui est à l’origine des confusions
"une fois qu’ils se sont assurés d’une homogénéité suffisante au sein de leurs frontières, les Nationalistes se lancent habituellement dans une guerre de conquête au nom d’une universalité qu’ils s’inventent sur le moment"
– exact, là c’est un psy qui parle j’en suis sûr maintenant ! ça parle de la déviance en gros
"Une fois qu’elle a éliminé l’autre communauté, la communauté restante peut vivre en croyant que le fait communautaire n’existe plus"
– ah ou cela est très important, "la partie pour le tout", "le signifié" disparaissant, le signifiant est sensé disparaître aussi, ce qui est une grave erreur (dure à la méconnaissance et l’usurpation, à l’automanipulation mentale, la pathologie quoi)
"Rien ne les obligeait à le faire. Ils auraient très bien pu rester. Mais l’horreur de l’holocauste a sans doute semé la panique dans leurs rangs. C’est sans doute à ce moment, dans le surgissement de ce mouvement de panique que tout s’est décidé" - je partage ce diagnostique, la première erreur a été de s’isoler du monde. A partir de là ils sont restés à des règles de conduites restées coincées à cette époque lamentable. S’isoler, c’est périr.
"Les Juifs auraient pu continuer de questionner une science occidentale qui se pâme dans la certitude de soi. Retrouver une situation historique capable de produire Marx, Freud et Einstein, ne sera plus à notre portée de sitôt"
– c’est vrai que ce qu’impose Israël au monde entier est une dévolution majeure, de nouvelles autorisations de crimes pour les pays moins puissants - en non occidentaux - qui voudront faire pareil, par mimétisme
"L’inquiétude qui prévaut alors invite également les gens à se réfugier dans leur communauté respective"
– le choix de la grégarité par le nationalisme est-il applicable à l’époque où il n’y avait pas de nation ? Surtout, au lieu de nationalisme, c’est surtout religieux, non ? (je pose la question) ce serait alors une grégarité religieuse, ou du moins sur ce qui les unissait lorsqu’ils étaient pourchassés ; plus tard d’ailleurs vous écrivez :
"Israël est devenu un refuge pour eux, mais aussi le plus sûr moyen de vivre ensemble les effets du traumatisme, le plus sûr moyen de garantir qu’à chaque fois que l’horreur de l’Holocauste va les atteindre, ils auront le moyen de rendre crédible la peur"
"Dès qu’elle en a la possibilité, la peur s’installe à demeure, elle modifie le paysage psychique et le détourne en sa faveur"
"c’est à dire que le psychisme spontanément a tendance à remplacer ce protecteur discrédité... par la peur elle-même"
"Cette croyance va tellement faire partie de son paysage mental qu’il va la convoquer aussi souvent que sa détresse la lui réclamera"
"Chaque fois qu’il aura trouvé une parade ou une protection contre sa peur, il se sentira démuni devant le souvenir de son traumatisme. Il lui faudra alors se créer de nouvelles raisons d’avoir peur pour éviter de sombrer dans l’horreur du trauma"
– voilà pour "l’automanipulation". Et maintenant comment cela engendre-t-il le désire de manipulation d’autrui ? Le désire sous-jacent de transmettre cette peur pour s’en défaire (=terrorisme) ?
"Le trauma a pu ainsi se « nourrir » d’un état d’hostilité avec l’environnement de façon quasi permanente"
– là je pensais que vous alliez plutôt développer sur la chronicité (genre de choses que vous aviez prévenu que peut-être, vous raccourciriez. Pouvez-vous développer ?
"ils cherchaient, consciemment ou non, à maintenir présente de façon permanente la situation traumatique originelle"
- Einstein a inventé le terme de "semi-consciemment" pour dire ce genre d’oscillation entre les deux
"Revivre le trauma de façon fréquente et régulière est souvent une bonne façon de le comprendre et éventuellement de le dépasser"
– eh oui cela est très important pour le lecteur, de comprendre que nous assistons actuellement à ce qu’il convient de n nommer un "rejouement historique". Et que cette prédiction est fondée scientifiquement. Mais que nous avons les moyens "de les faire parler", ahaha ! (à la place de les laisser agir)
"Ou bien la question du trauma n’a rien à voir avec le comportement des Israéliens qui ne font que se défendre, ou bien le trauma était tellement effroyable que même 60 ans n’ont aucunement suffi à le résorber. Je conviens que soutenir que le comportement arrogant d’Israël est un effet du trauma et sert, en quelque sorte, de thérapeutique à ce trauma peut paraître outrancier lorsque tant d’années plus tard la thérapie semble rester sans effet. Mais je soutiendrais en revanche qu’une difficulté supplémentaire est venue se greffer sur un problème déjà difficile et l’a rendu presque insoluble. Il s’agit de votre rapport à l’Occident (et par suite à l’Orient) qui vous a piégés dans une situation sans issue"
– je ne comprends pas "mais je soutiens en revanche" : qu’avez-vous voulu dire initialement ?
Pour moi, bien que de faible efficacité, la guerre fait office de désaliénation, et conduit à sa fin par essoufflement.
En fait, si la méthode utilisée pour se défaire du trauma est sans efficacité, c’est tout simplement qu’il s’agit d’un virus, "il fait croire", "il manipule", mais en fait, "il perpétue", car la peur, est aussi un dopant.
"Il est admis de façon générale qu’Israël vous a été donné par les vainqueurs de la deuxième guerre mondiale en compensation de l’Holocauste. Cette version des faits est totalement fausse pour plusieurs raisons. D’abord parce que les seuls qui peuvent vous donner un bien sont ceux qui le possèdent. Après la guerre les vainqueurs, qui n’étaient nul autres que les états coloniaux du passé et néocoloniaux de l’avenir, en vous offrant une partie de la terre de Palestine, n’ont fait que voler aux Palestiniens le loisir de vous accueillir sur leurs terres. Ce faisant, non seulement ils vous ont donné un bien qui ne leur appartenait pas, vous transformant ainsi en receleurs, mais vous ont privés à jamais de pouvoir jouir en paix de cette terre."
– cela valait le coup d’être dit. Du point de vue psychique, la "compensation" n’est-il pas un terme pertinent à développer ? Cette "récompense" n’est-elle pas insuffisante ?
(plus loin, on voit que Oui : "ils se compensent spontanément, et prélèvent leur « dû » sur la terre d’autrui"
"Vos dirigeants sionistes ont pensé qu’en s’alliant au colonisateur, par la loi du plus fort, ils auraient plus de chance d’avoir gain de cause"
– et mais surtout ce sont les sionistes qui ont donné leurs frères juifs aux nazis
"Croire que l’Occident vous a dédommagé de votre malheur est non seulement une contrevérité mais, de plus, cette croyance vous dépossède de votre malheur. C’est tout simplement comme si on avait acheté votre silence, comme si on avait acquis le droit de vous interdire de questionner l’Holocauste."
– cela ne procède-t-il pas aussi de l’incapacité à la comprendre ?
Les USA ne sont-ils pas nazis (enfin les néoconservateurs, et Bush petit-fils de nazi)
"Et comment expliquer cette hâte si étonnante de vous envoyer dans ce piège qu’est la Palestine ?"
– très juste ! Cela rejoint l’idée selon laquelle les juifs ne sont pas tant à réprimander qu’à plaindre... (tels les fous au début du siècle)
"1. poser ces questions qui interrogent les nationalisme occidental.
2. Ne plus pouvoir se les poser puisque vous croyez avoir été rétribués pour vous taire.
3. Vous contestez certaines parties du pacte du silence, pour pouvoir parler à nouveau.
4. On vous rétribue à nouveau grassement pour vous faire taire."
– c’est lacanien ! (c’est bien)
"La revendication trouve cependant rapidement ses limites. Il y a longtemps que l’Occident n’est plus preneur dans ce genre de négociation. Il s’est lavé les mains du sang de ces justes puisqu’il s’est fait remplacer par les Arabes. De fait l’insatisfaction ne pouvant s’exprimer à l’égard de l’Occident, se manifeste par des provocations de toutes sortes à l’égard des Arabes. Humiliations, emprisonnements, meurtres, accaparement de terre et d’eau : tout est bon pour ranimer la guerre et le danger qui mette fin à la lassitude qu’engendre la paix.
Ceux qui sont familiers avec la Psychanalyse auront reconnus dans les premiers les névrosés obsessionnels qui se nourrissent de culpabilité et vivent dans un monde relativement cohérent même si le père y est mort. Dans le cas présent, celui de la laïcité ou Yahvé est mort non pas à cause de l’Holocauste, mais à cause d’un mouvement général de modernisation laïc."
– oui ça permet de développer sur le nihilisme technique. En un mot, ce n’est pas tant du racisme dont ils font preuve, que de froide technique : "le hezbollah est peut-être dans cet immeuble, pulvérisons-le (Qana). "Pulvérisons tout ce qui bouge pour être sûrs". C’est la peur de l’incertitude. Or le nazisme lui aussi était "certain", déterminé.
"En ces moments ou les horizons sont particulièrement sombres, le temps est peut-être venu de dire non à la bestialité. Le temps est peut-être venu de rendre à l’humanité ses droits."
– c’est peut être ce qui est recherché, l’obligation d’ouvrir les yeux, en fait une méthode pour les ouvrir
"Le sursaut ne sera ni moral, ni religieux, ni laïc, ni politique. Il s’agira plutôt d’un sursaut ou le savoir va jouer un rôle majeur. Un savoir qui va porter aussi bien sur le moral, le religieux, le laïc et le politique. Bref un savoir qui va exercer son talent sur les savoir. Un savoir qui va porter sur la façon dont une collectivité aborde sa réalité, sur sa conception du monde en somme."
– pourquoi sommes-nous là ?
"Le nationaliste peut ainsi oublier sa religion tout en continuant de la pratiquer."
– surtout si, malgré que la religion soit "obligatoire", l’individu est non croyant, dans ce cas il simule sa foi, c’est là que commence la "folie"
"La double tutelle française et anglo-saxonne est désormais révolue. La domination anglo-américaine l’emporte largement et parvient à imprimer au Moyen-Orient ce caractère conflictuel ethnico-religieux avec un succès grandissant."
"Ceux qui au Moyen-Orient s’imaginent être les acteurs de leur destin, ne sont en fait que des marionnettes dans un théâtre où ils ne contrôlent rien."
– en effet, il y a des lois historiques à l’oeuvre, comme au début de l’article quand il s’agissait de distinguer "vous avez connu l’holocauste" de, en fait, "votre société agit dans l’élan d’un grave traumatisme".
"Les perspectives d’amélioration de la situation sont tout simplement inexistantes."
"Ce jeu n’a tout simplement pas de fin"
– il y a bien des réponses psychothérapeutiques, quand même, docteur ??
– 8119
1. > Lettre ouverte aux Juifs, 7 août 2006, 19:21
1) où est, et que devient le repère/l’axe de l’extraction de
la plus-value en une telle approche, "la guerre étant toujours"
"la continuation de la politique par d’autres moyens" Baron Von Clauzewitz-
classique de référence ?
2) Les passages ("3 catégories de persécutions")
(sont historiquement discutables ; par exemple,)
(la persécution des Xuetes, juifs des Baléares)
(a lieu au XIII° siècle après J-C, avant l’Inquisition)
(et avant la généralisation à toute la Castille de)
(la Ley de purezza de la sangre. Elle vise à convertir)
(de forces ces familles commerçantes qui commencent)
(à acheter des terres sur les Iles, et à leur humiliation)
(publique et leur conversion forcée en 1213. 40 ans plus)
(tard environ, une deuxième vague de persécutions va être)
(conduite par l’Inquisition sur requête de la Couronne de)
(Castille, une fois la "Loi" dite "de pureté du sang")
(édictée, et va fonder la confiscation des biens, l’interdiction)
(d’acheter des terres et d’être enterrés "chrétiennement" sur)
(les îles... Source : Mr. Enrique Porqueres i Genes/ Laboratoire
d’Anthropologie sociale en son cours de 1999-2000 à
l’E.H.E.S.S., pièce 214 : à ranger en "catégorie" 1° ou 2° ?)
que j’ai annotés manuscritement ne sont pas saisis :
cela demande du temps de vérification des dates et des sources.
3) quel est l’enjeu d’une telle précision ? La légitimation a-posteriori
des mises devant le fait accompli historiques, et les "révisionismes"
mystificateurs des pires horreurs, “y compris celles des arbitres” :
je veux bien reconnaître que ce qui est débordé dans cette guerre
serait un "champ laïque" compromis et corrompu par le fait sunnite
séculairement inscrit depuis la Conférence des non-alignés de Bandung
en 1960. Précisément parce que cette "Troisième voie" à façonné les
mentalités dans la période bi-polaire URSS/USA, et inscrit le chiisme comme
pôle de recomposition des forces sociales arabes niées dans le caractère
universaliste du messianisme sunnite et prébendier des bourgeoisies
financières arabes (la rente pétrolière).
4)Pour moi qui n’ai pas le nez sur le réel libanais, cette précipitation de la crise
"Hariri" me reste opaque si je ne saisis pas de différence de nature entre le Hamas libanais et le Hamas palestinien, le Hezbollah libanais et le Hezbollah palestinien, au-delà
des "mouvements des âmes", pour paraphraser un Claude Cheysson,
qui cherchait à lire à l’époque du F.i.S. algérien (1990) son “programme
économique.” En 1994, 3 ans après l’annulation par l’Etat algérien (FLN+)
(l’Armée+sa base sociale), la logique fondamentaliste de l’A.I.S. la
menait à la partition : un puits de pétrole + un port pour faire entrer des
devises et battre monnaie+le contrôle militaire de cette zone. Elle a opté
pour l’instrumentalisation par des secteurs de l’armée algérienne pour se
retourner contre sa propre société civile avec la terreur sans nom que
l’on a su de "La guerre sale". Est-ce cela que redoutaient les partisans d’Hariri ?
Est-ce cela que redoutent les palestiniens de l’OLP des Hezbollistes ?
Est-ce ce type de processus de "contrôle” auquel travaillent les éléments
infiltrés du Baas syrien ? A travers la régulation d’un Hezbollah résistant au
Liban et majoritaire en Palestine au point d’être censurés/niés comme gouvernement ?
Le paralèlle est déplacé dans la mesure où la société algérienne règle des comptes
avec son propre keymalisme, ce qui n’est pas le cas des sociétés du Machreq
qui ont connu le mandat anglais, la "libération" par les troupes allemandes pour
l’Egypte, et la neutralité des actuelles oligarchies arabes, lorsque les "terroristes"
"sionistes" s’affranchissaient de la tutelle anglaise. Le Liban échappe à cette configuration
(mandat français et présence multiconfessionelle et industrieuse XIX° siècle) quoique
la guerre civile 1980-1990 ait refondu une place dans la division internationale
du travail que j’identifie mal, sinon comme place commerciale et financière...
Ouf, des lacunes, il n’y en a pas qu’une !
Voila pourquoi le programme économique de ces partis est une "boussole" pour moi.
Il dit "quelque chose" des aspirations et des forces qui les sous-tendent.
Bien à toi et désolé pour l’extension de ce "domaine du texte" !
Boudjemaa.
5. > Lettre ouverte aux Juifs, 5 août 2006, 21:18
cet article contient plein de choses interessantes qu’il ne faut pas nier par la surenchère, et le critiquer parce qu’il ne dit pas tout de la situation actuelle.
D"autre part, je viens de lire "un juif restera toujours un juif" ! qu’estce que cela veut dire ?
de quoi parle t’on ?
Je déteste personellement profondément le sionisme comme la version juive du nationalisme qui recouvre toute l’Europe à la fin du 19em siècle, mais jamais nous ne devons faire la confusion avec l’origine ethnique. Certes la communauté juive est très majoritairement derrière Israël, quoi qu’il se passe. Elle me fait penser au PCF, auquel j’appartiens, dans ses rapports avec l’URSS : terre promise ici, paradis des travailleurs là bas ; vision religieuse de la politique. Pourtant de nombreux juifs ne partagent pas cette vision et adoptent une démarche critique à partir de laquelle un dialogue est possible avec les autres.
Le paradoxe de cette situation c’est qu’Israël, construit officiellement pour apporter la sécurité aux juifs du monde entier, devient, par sa politique abominable, un facteur de fragilisation des communautés juives dans le monde. Situation d’ailleurs exploitées par celles ci pour justifier et renforcer Israël et leur soutien.
Léon
6. > Lettre ouverte aux Juifs, 6 août 2006, 19:38
Cet article est très intéressant et mériterait de long développements. Il me semble toutefois qu’il y a une dimension économique qui manque cruellement.
Par exemple le plus grand nombre de russes qui ont émigré en israêl ne l’on pas fait parce qu’ils étaient vivtime d’antsémitisme insupportable mais principalement pour améliorer leur situation économique. De part et d’autre du mur, il y a deux mondes et l’intérêt bien compris de ces nouveux israéliens ne peut leur faire envisager de partager leur richesse. Quand aux autres peuples voisins, même les libanais du sud, une telle richesse ne peut les laisser indifférents.
Et quand ces peuples savent qu’une partie de cette richesse leur a été donnée par la communauté juive internationale, comment ne peuvent-ils ressentir l’injustice qui leur est faite eux qui vivent dans la misère.
Et en plus ces riches accaparent leurs terres, arrachent leurs oliviers, détruisent leurs vergers au nom de la sécurité, eux qui possèdent la bombe atomique !. Sans doute pourraient-ils partager mais il leur faudrait avoir l’accord de leurs généreux donateurs.
Voici quelques réflexions, simplistes certainement mais qui mettent en lumière une réalité incontournable. Les inégalités et l’injustice sont de toute éternité, générateur de violence.
JOSEPH.P.
7. > Lettre ouverte aux Juifs, 7 août 2006, 11:49
Article historiquement interessant mais sur lequel je voudrais revenir sur un point.
Au début de l’article vous dite , je cite "Les Nazis ont trucidé les Juifs, les Tziganes et les Communistes. Qu’ont en commun ces trois groupes de gens sinon de faire fi des frontières nationales, souci premier des nationalistes ?"
Cette affirmation est en partie vrai sauf que maintenant, les juifs ont un Etat-nation qui souhaite, je cite Mr Ariel Sharon il y quelques mois, "faire revenir tous les juifs du monde dans l’Etat d’Israël".
Questions ; "Comment des personnes dirigeantes d’une nation faisant fi de toutes frontières, en viennent à penser de tels choses ?" "Sont t-ils vraiment persecutés en Europe et même dans le monde ?"
De plus, les juifs ont été rejetés et "ghettoïsés" pendant des centaines d’années, ce qui est totalement differents des communistes (idées politiques contemporaines) et des tziganes (qui ont également subi une diaspora mais très peu expliqué et qui n’a pas d’état).
Je pense que lorsque des personnes issues d’une même religion qui ont été persécuté pendant la quasi totalité de leur histoire (avec des tentatives d’extermination) et qui se trouvent, pendant une periode, en position de force (alliés, force militaire,...) n’acceptent plus aucune leçon, aucun conseil, aucun remord, sur leurs choix et leurs idées. Les douleurs du passé sont parfois irréparables et je souhaite que cela ne soit pas le cas pour la communauté juive du monde entier.
8. > Lettre ouverte aux Juifs, 7 août 2006, 18:16
Je trouve très intéressant la thèse sur le nationnalisme contenue dans cet article. Je pense en effet que c’est au nom du nationnalisme que des guerres atroces ont été commises. Comme si à tout prix, il fallait protéger la pureté d’une race ou celle d’un pays. A partir de là, comme on n’accepte pas les gens différents de nous, il faut bien les exclure ou les supprimer, ou leur livrer bataille.
Ce qui est grave est qu’à l’heure actuelle , le nationnalisme est de plus en plus prôné et mis en avant ; la racisme en est la conséquence directe et le fait qu’on ne peut supporter l’autre différent de soi, alors qu’on pourrait l’aimer pour sa dimension originale qui nous apporte un plus et un enrichissement.
En tout cas, le fait que les Israëliens aient un pays qui leur appartient les a poussés et pas qu’un peu, à faire la guerre et à se comporter avec les palestiniens et les libanais de manière relativement similaire à la façon dont on s’était comporté avec eux. Evidemment, on peut se rendre compte qu’ils ont peur, peur de se voir attaqués et de disparaître, mais ils ne peuvent pas ne pas savoir que ce n’est pas en faisant la guerre qu’ils établiront la paix avec les autres pays.
Je ne souhaite pas en dire plus dans ce petit commenaire. C’est surtout cette dimension du nationnalisme qui m’a interpelée, car je la trouve très juste.