Accueil > Libres extraits de "Qui est l’autre ?" (de Robert MISRAHI), par (...)

Libres extraits de "Qui est l’autre ?" (de Robert MISRAHI), par Christian Delarue

Publie le mardi 1er mai 2007 par Open-Publishing
5 commentaires

Libres extraits de "Qui est l’autre ?" (de Robert MISRAHI) par Christian Delarue

L’auteur de « Qu’est ce que la liberté ? » et de l’opuscule Hatier « Le bonheur - Essai sur la joie » poursuit, à partir d’une interprétation de Spinoza, ses recherches sur une éthique de la joie et de la félicité. Nous ne partageons pas la « critique du pessimisme » faite par l’auteur à l’encontre de Marx , Sartre et d’autres à propos des rapports sociaux , des relations humaines, de l’autre etc... mais pour autant nous ne dédaignons pas la lecture de son analyse approfondie des significations des témoignages qui indiquent l’existence effective d’un amour, d’une amitié ou d’une coopération, en somme de son analyse compréhensive des témoignages de l’expérience ordinaire de l’amour, de son vécu particulier.

C’est pourquoi nous laisserons de côté les deux premières parties de son ouvrage sur 1- l’altérité et la solitude (la violence, la sexualité, la séparation ontologique, la critique du pessimisme) et sur 2 - la coexistence et l’association ( L’alter ego, La relation pratique...) pour nous intéresser exclusivement à sa troisième partie : La rencontre et l’amour.

 LA RENCONTRE ET L’AMOUR

La rencontre et l’amour est subdivisée en trois chapitres : la communication existentielle, l’amour et la joie, l’amour tout autre.

La communication existentielle et véritable est différente de la communication telle que définie par les sciences cognitives ou la technologie contemporaine. En dépassant le cadre strict de la pensée de Jaspers ns dirons que la communication véritable est le lien personnel qui ns lie à une autre conscience lorsque ce lien devient la source et l’origine de notre être lui-même. Rencontre, lien , dialogue : La relation parlée entre deux consciences qui se situent dans la réciprocité n’est pas seulement un échange, il est surtout une attitude, une attitude qui est à l’œuvre, dans la parole elle-même, dans le visage, le regard et les gestes. Pour qu’un dialogue puisse accéder à cette intensité et à ce niveau de responsabilité, il doit se différencier radicalement d’un simple échange intellectuel d’opinions discutables et sans importance. Le dialogue est la recherche commune et responsable d’une vérité qui commence radicalement par la reconnaissance de l’autre comme sujet libre et personnel.

L’auteur aborde les conditions authentiques de l’amitié : disponibilité, ouverture , responsabilité. Etre disponible n’est pas être prêt à tout avec n’importe qui, c’est être prêt à tout ce qui permettra l’accroissement réciproque des consciences qui se seront mutuellement choisies. La réciprocité a un contenu, qui est la compréhension réciproque des motifs et des valeurs qui animent la liberté de l’autre. Sur le plan historique et politique, on doit reconnaître que l’amour est source de mouvement et d’unification, il est source d’enthousiasme et d’utopie.

 L’AMOUR ET SA JOIE

* LE LANGAGE DE L’AMOUR :
Aimer implique qu’on dise et qu’on exprime son amour et qu’on adresse aussi à l’autre son propre regard sur soi-même et sur le monde. Le langage de l’amour n’est pas intéressé comme celui de la séduction. Dans l’amour réel, l’imagination est active comme puissance poétique qui exalte la réalité et qui la perçoit en profondeur et non pas comme puissance mensongère destinée à duper autrui et soi-même.

Aimer quelqu’un c’est lui parler, mais le sens déborde ce qui est explicitement exprimé. Voix, geste, intonation, regard, caresses expriment ce que les mots ne disent pas. La parole ne peut se déployer sans Désir, c’est à dire mouvement global du sujet humain comme dynamisme et poursuite de l’être et de la joie, exaltation qui comprend et dépasse le désir sexuel. Le Désir, comme mouvement général de la conscience, n’est ni pulsion ni mécanisme mais mouvement intégral du corps et de l’esprit poursuivant sa satisfaction et sa plénitude.

*LA RENCONTRE DE L’AIME(E) :
Une attente et une disponibilité préalables sont donc nécessaires pour qu’une rencontre puisse se produire. Mais cette disponibilité est une ouverture vers son avenir et son possible et non une pulsion venue de l’arrière. C’est sur fond de disponibilité, de désir, d’attente et de demande légitimes que se produit la rencontre amoureuse. La rencontre est d’abord constituée par une reconnaissance réciproque riche de significations. L’acte premier de la reconnaissance est une valorisation : l’autre est posé comme digne d’amour, affirmé comme valeur décisive. Dans la rencontre amoureuse, événement actif et non rencontre fortuite de deux particules, chacun se réjouit de l’existence de l’autre, spécifique, singulière, différente. C’est une éthique du courage et de l’authenticité qui est ici engagée. Les sujets qui se reconnaissent mutuellement décident ensemble d’entrer intentionnellement dans un monde extrême, désormais commun.

*LES QUALITES DE L’AIME(e) :
Le simple respect de la personnalité de l’autre ne suffit pas. L’autre, ici, n’est aimé que parce qu’il est admiré et il ne peut être admiré que dans sa spécificité. Sa personnalité n’est pas seulement reconnue, elle est aussi admirée. Il n’est pas vrai que l’amour rende aveugle. Bien au contraire, c’est par l’amour que l’on entre le plus profondément dans la connaissance de l’autre. La connaissance de l’autre peut bien être partielle ou morcelée, elle reste tjrs vivante et compréhensive dès lors qu’elle animée et motivée par l’amour. La relation d’amour accroît l’intensité et la perspicacité de la perception compréhensive des actes de l’être aimé. L’amant ressent en outre un sentiment de gratitude. Après la rencontre, l’entrée de l’autre dans le domaine de l’amour et de la réciprocité paraissent à l’amant comme un don, un don source de joie.

*LA PLACE DE L’AIME(e) :
L’aimé est en raison même de sa personnalité, investi d’une signification exceptionnelle aux yeux de l’amant. L’aimé est source de joie, la joie étant cette complétude intérieure par l’effet de l’existence de l’autre tournée vers le sujet. L’aimé est aussi source du sens : il est posé sinon comme juge moral, du moins comme référent éthique. L’éthique n’est pas ici soumission des actes de chacun de se convertir aux valeurs de l’autre afin de conférer à la relation d’amour son plus haut degré de validité. Cette validité est celle de la relation d’amour, elle est interne à cette relation, c’est ensemble et pour eux seuls que les amants construisent ensemble une validité dont ils inventent les règles. Et ces valeurs sont au premier chef destinées à affirmer, à exalter et à accroître la valeur de la relation et par conséquent la valeur et la dignité de chacun des amants face à l’autre.

*LES CONTENUS DE LA JOIE D’AMOUR :
L’amour, lorsqu’il est réciproque et intense, est vécu comme un accomplissement. L’accomplissement est à la fois achèvement substantiel et déploiement existentiel de soi. Il est aussi totalisation. Le sujet, en éprouvant la joie de l’accomplissement et de la haute satisfaction de son Désir, éprouve en même temps la joie de sa propre plénitude : la chair est accordée à l’esprit. L’érotisme est le consentement donné à l’exaltation ludique des corps et des plaisirs, et à la liberté de la chair et des caresses. Le manque est supprimé par la plénitude, par le désir comblé. Cette plénitude dynamique de la chair et du plaisir est en même temps expression et conscience de l’amour de l’autre et de l’amour des deux sujets. L’amant peut valablement se dire « ébloui » par l’aimée. L’existence par la joie d’amour est alors susceptible d’être vécue comme éclat et comme splendeur.

http://rennes-info.org/Libres-extraits-de-Qui-est-l-autre

La "mère" et la "putain" Christian Delarue
http://bellaciao.org/fr/article.php3?id_article=29304

Le tomber amoureux chrismondial blogg

Messages

  • par contraste :

    LES COHABITANTS : AUCUNE PASSION, PEU D’AMOUR

    pris sous un texte - Les passions de l’amour - posté rrécemment sur Bellaciao
    http://www.bellaciao.org/fr/article.php3?id_article=47380

    Qu’est-ce qu’un couple de cohabitants ?

    Il est des couples, cohabitants ou non, qui s’aiment amoureusement plusieurs années durant. Ils entretiennent une vie amoureuse plus ou moins intense source de grand bonheur.

    Un couple simplement cohabitant partage un lieu d’habitation - partiellement ou totalement, comme couple marié ou comme couple compagnon – mais l’amour tendre a déserté le couple depuis longtemps, voire n’a quasiment jamais existé.

    Ces couples ont pu s’être engagés par intérêt du moins sans être réellement amoureux de l’autre. Autre raison : le maintien en couple se justifiera « pour les enfants » (parfois pour la maison). Le motif "enfants" est souvent « un alibi pour préserver une coexistence pseudo-conjugale arrangeant le quant-à-soi de chacun ».

    « Les couples qui s’éloignent sans se séparer, qui cohabitent sans coexister amoureusement... se sont souvent unis sous les signe de l’amour du semblable plutôt que sous le signe de l’amour de l’autre ».

    Si l’absence de sexualité dans le couple est un signe de couple simplement cohabitant la présence d’une sexualité ne suffit pas pour autant à dire qu’il y a plus que de la simple cohabitation.

    Tout cela ne signifie pas que le couple de cohabitants ne connaît pas le bonheur, mais il s‘agira alors plus d’un bonheur de contentement que d’un bonheur sublime qui illumine la vie du couple aimant. De plus le couple de cohabitants risque fort de connaître des jalousies ou des infidélités. Car dans la vie un d’un tel couple les périodes moroses ne sont pas rares et génèrent une aspiration à « autre chose » qui forme une disponibilité à la rencontre amoureuse.

    Lak

    • ICARE : LA GRACE AMOUREUSE ELEVE

      Il ne s’agit pas ici de l’expérience d’une grâce divine qui vient d’en haut. Non il s’agit d’une grâce humaine ordinaire qui part d’en-bas, du corps et de l’âme humaine. Car derrière le regard et le timbre d’une voix c’est l’âme humaine que l’on rencontre et c’est la grâce humaine qui nous frappe.

       EXPERIENCE DE GRACE : LA VOIX ET LE REGARD COMME DEPART
      .
      Au-delà d’un éventuel effet physique, qui peut toujours survenir, ce qui importe de comprendre c’est l’effet de grâce global généré par la rencontre amoureuse première. La voix et le regard de l’autre ont un effet de grâce qui va au-delà de la séduction ordinaire. La voix et le regard reflète l’âme et s’adresse au cœur et à l’âme de l’autre.
      Cet effet a une double dimension : une dimension corporelle car inscrite profondément et durablement dans le corps comme attachement (donc bien au-delà d’un effet sexuel) et une dimension de valeur sacrée et transcendante qui place la relation au-delà du présent et du vulgaire. Le fait que cet effet ait été réciproque mais aussi et surtout durable légitime le fait que cette relation relève indéniablement de l’amour et non du coup de foudre "sans travail" ou de l’aventure sans lendemain ou du "prendre soin" dans le cadre un peu froid des cohabitants "familialement correctes".

       BREVE COMPARAISON : Théologie et philosophie matérialiste de la grâce.

      D’abord que disent les chrétiens sur la grâce : "La grâce ne s’éprouve pas seulement passivement. Accueillie comme un don, la grâce nous invite à la faire rayonner à travers notre esprit et notre corps ; à l’exprimer par nos attitudes et nos pratiques, et pas seulement par la parole. L’expérience de la grâce ne se limite pas à des émotions ou à des états d’âme. C’est quelque chose de profond qui transforme et renouvelle la conscience, le corps et le mode de vie de ceux qui l’accueillent".
      Je serais assez d’accord pour reprendre ce passage à condition de préciser que pour un athée matérialiste (1) le "haut" ne préexiste pas pour descendre ensuite sur les humains. C’est le processus inverse qui se produit. Les humains, comme Icare, produisent leur propre élévation et transcendance. "Icare fabrique ses ailes, monte, puis tombe ; l’âme de Platon perd ses ailes, tombe puis remonte"(2).

      Christian DELARUE

      1) Je m’inspire ici de la philosophie du matérialisme d’André COMTE-SPONVILLE notamment son "Traité du désespoir et de la béatitude" T1 Le mythe d’Icare, T2 Vivre . Grâce à AC-S je peux relier deux penseurs que je fréquente en amateur Erich FROMM et R. MISRAHI, plus précisément celui qui s’est fait le philosophe de la rencontre amoureuse.
      2) "Traité du désespoir et de la béatitude" p85 dans la version PUF Quadrige

    • L’AMOUR ASYMETRIQUE

      Extraits sur l’amitié amoureuse in "L’érotisme" de Francesco ALBERONI CH 24 p 200

      L’amitié amoureuse est également possible lorsqu’un seul des deux partenaires est amoureux. Le premier aime alors d’un amour passioné et l’érotisme correspondant à la qualité du sacré.
      L’autre se sent aimé voire adoré. Dans un système volontariste où les sujets sont censés devoir se dire la "vérité", une telle situation ne saurait durer. La question " tu m’aimes ou tu ne m’aimes pas ?" marquerait inévitablement la fin de la relation. Le terrain de l’amitié permet au contraire son développement. Etre ami signifie qu’on accepte la différence, qu’on tolère l’écart entre les désirs de chacun et, surtout, qu’on ne pose pas d’alternative, qu’on ne mette pas de limites, qu’on enferme pas l’autre dans un dilemne.

      Celui qui se sent aimé sans être amoureux ne pose pas de questions. Il accepte le plaisir de l’amour de l’autre, il accepte son adoration. De son côté, l’amoureux ne se sent pas obligé de trancher. Il éprouve l’amitié de l’autre comme un refuge sûr . Il ne sera jamais abandonné sans un
      mot. Il sait que l’autre éprouve pour lui une affection sincère. Il sait qu’il est loyal. Il peut s’abandonner à sa passion et au bonheur de sentir que l’autre éprouve du plaisir érotique et qu’il est fou de désir pour lui. Cette sorte d’amour asymétrique produit en général, un érotisme puissant et partagé, à condition toutefois que l’amoureux ne pose pas d’alternatives impossibles. Il doit se contenter de l’amour qui lui est donné, tout en prenant l’érotisme comme une preuve d’amour suffisante de la part de l’autre.

    • NEO-FROMM :

      POUR UNE ETHIQUE BIOPHILE LIBEREE

      « Le cœur de l’homme » est le premier livre d’Erich FROMM que j’ai lu (1) avant de fréquenter pendant trente ans toute la littérature du psychanalyste proche de l’Ecole de Francfort. Eric FROMM comme Herbert MARCUSE n’ont pas été simplement pour moi des "passeurs" permettant de quitter le christianisme pour aller vers le marxisme. Car la lecture de ces auteurs ouvre d’autres perspectives que de mener à Marx. J’ai donc continué de fréquenter longtemps Fromm malgré des réserves sur certaines de ces positions, malgré la lecture d’autres auteurs : BADIOU, COMTE-SPONVILLE, BENSAID, etc..

      1- Une lecture marcusienne de l’éthique biophile de Fromm.

      Ce qui m’a intéressé alors c’est son éthique biophile issue d’un croisement de Spinoza et d’un certain freudisme.

      La nécrophilie est le goût prononcé pour la mort, pour ce qui est froid et mécanique. Fromm décrit longuement chez Hitler l’esprit de destruction. A un niveau moins pathologique, la propension au mal se manifeste une tendance à l’avilissement de soi et des autres. Par opposition, la biophilie et le bien ce sont le respect pour la vie et la recherche de tout ce qui favorise la croissance et l’épanouissement, le tout sans remords et sans culpabilité. Le mal vise à brider l’existence, à la rétrécir, à l’atrophier. Il empêche de grandir, de s’épanouir. Nous sommes foncièrement ambivalents car tous "porteur" de Thanatos et d’Eros. Autrement dit nous possédons en nous des tendances constructives et destructives, des tendances biophiles et nécrophiles.

      Le lien avec Spinoza est réalisé par le fait que mener une existence misérable incline à la tristesse alors que le mouvement vers la vie et le plaisir est source de joie. En fait l’intégration du plaisir pour aller vers la joie est plus explicite chez Alexander Lowen ou chez Robert Misrahi.


      2 - Contre l’intensification du travail et le familialisme.

      La restriction du moi sur du quotidien répétitif et aliénant est source de tristesse. Cette misère est triple, elle concerne la vie au travail, la vie de couple et notre façon d’utiliser le temps libre. Je souligne deux champs ou le choix d’une éthique biophile se pose.

       Dans le champ du travail salarié : Pour FROMM l’individu libre et épanoui est créatif et productif mais il s’agit d’une productivité non contrainte, loin du travail à la chaîne ou sous la pression des statistiques, loin des subordinations du monde du travail salarié. Le prototype de l’individu productif pourrait être soit l’artisan (en voie de disparition face à la généralisation du salariat et à l’extension du capital) soit (ainsi que le répète Bernard FRIOT) le « jeune » retraité de 55 ans qui poursuit ou qui s’engage dans des activités citoyennes et solidaires pour la construction d’un autre monde.

       Au sein de la famille patriarcale : Au sein du couple la restriction appauvrissante du moi serait la situation de simples cohabitants froidement ensemble pour gérer la survie, les biens patrimoniaux et la famille le tout sans tendresse. J’ai parlé ailleurs sur ce blog de couples simplement cohabitants sans passion et peu d’amour. Mais pour Fromm qui suit ici Spinoza le mot passion est négatif. Il est passivité et non activité. Pour ma part c’est ici que je rejoins Alexander LOWEN, (celui de ses premières oeuvres pas celui d’aujourd’hui). Le ressentiment contre la passion ne permet pas, par exemple, de comprendre le « tomber amoureux ». C’est aussi ce qui rend si rigide et conventionnel « l’art d’aimer » de Fromm notamment avec l’importance donnée à l’entraînement et à la discipline. Ici, si Fromm avait moins cité des auteurs athées - Freud, Marx et Spinoza - les grandes religions monothéistes auraient pu s’approprier Fromm aisément. Car « l’art d’aimer » peut être lu comme une charte du mariage bourgeois ou du couple chrétien fidèle ad vitam aeternam !

      3 - Le projet d’amour libre de Jean ZIN est à construire !

      « La question de la liberté en amour est ce qui nous passionne vraiment et reste notre actualité, l’exigence de s’engager dans un amour libre ». dit Jean ZIN (3)

      Il précise (car l’amour libre ce n’est pas n’importe quoi n’importe comment avec n’importe qui) : "Contrairement à ce qu’on a pu croire, dans l’enthousiasme de Mai 68, il ne s’agit pas de multiplier les partenaires sans rien partager ni construire, sans compagnon pour vivre ensemble, de plus en plus seul et détaché de tous, mais il ne suffit pas d’en dresser un constat d’échec comme s’il suffisait de revenir en arrière et renoncer à ces folies de jeunesse, car nos pratiques amoureuses ont réellement changé, elles ont gagné en authenticité et chacun éprouve dans sa vie les contradictions des exigences d’un amour libre, sans arrêter de le pratiquer (mal). Il faudrait donc bien reprendre le projet d’une libération de l’amour qui ne s’épuise pas dans la dispersion et la solitude mais permette la continuité et la profondeur de fidélités multiples.

      réflexion à poursuivre

      Christian DELARUE

      chrismondial blogg
      07/12/07

      Note :

      1 : Ce sont des difficultés récentes à mettre en application des préceptes que je croyais trop bien intégrés et assurés qui m’ont amené à relire Eric FROMM. J’ai connu vers 23 ans une conversion spirituelle et idéologique qui me faisait abandonner dans un même mouvement l’enrôlement militaire et le christianisme familial. C’est par la lecture et les discussions que j’ai peu à peu remplacé ma conscience dogmatique d’autrefois par une conscience athée et critique

      nb : On trouve sur le web un résumé rédigé par Yvon PESQUEUX de "Le coeur de l’homme" d’Eric Fromm

      2 Marcuse use des catégories marxistes de façon dialectique mais en demeurant dans l’abstrait. Il est cependant moins un sociologue de la domination tel Bourdieu et plus un penseur de la contradiction et de la libération. Mais les forces sociales sont très souvent absentes de son discours car la conflictualité ne met pas aux prises pas des classes sociales. Dans "Eros et civilisation" il fait appel à Freud en plus de Marx pour penser la liberté. Marcuse s’est surtout adressé à la jeunesse pour sortir de l’aliénation. Erich Fromm quand à lui cite Marx, Spinoza et Freud plus qu’il ne met en application sa méthode.

      L’HOMME POUR QUI LA RÉSIGNATION ÉTAIT RINGARDE

      Relire Marcuse pour ne pas vivre comme des porcs Gilles Chatelet

      http://1libertaire.free.fr/Marcuse03.html

      Marcuse s’est engagé "à combattre la psychanalyse révisionniste néofreudienne à l’américaine qui visait à effacer tout ce que Freud pouvait avoir de révolutionnaire et à promouvoir une thérapeutique de fabrique d’individus « adaptés » à leur environnement en optimisant leur réseau « d’interactions humaines ». Avec plus de quarante ans d’avance, Marcuse avait bien vu tout l’enjeu de cette « adaptation » socio-culturelle : « Cet exploit intellectuel s’accomplit en édulcorant la dynamique des instincts et en réduisant la portée de la vie mentale. Ainsi purifiée, » l’âme « peut à nouveau être sauvée par une éthique et par la religion ; ainsi la théorie freudienne peut être réécrite par une philosophie de l’âme"

      3 In « Amour libre » de Jean ZIN

      http://jeanzin.fr/ecorevo/psy/amourlib.htm

    • Le grand amour c’est sublime et surtout possible !

      Lecture critique de Jean GARNEAU et de son texte "Les mythes amoureux : le grand amour" en lien ci-après.

      Jean Garneau se veut critique du grand amour (1), un critique qui n’entend pas du moins en début d’introduction se complaire à dévaloriser ce que les humains estiment beau et grand . Ce qu’il fait quand même tout le long de ses développements ! Ou est l’erreur ? En fait, il critique souvent à raison des personnes qui n’ont jamais connu le grand amour, qui n’ont fait que le rechercher !

      Par grand amour il évoque l’amour absolu, l’amour romantique, l’amour passion, sans préciser que ces variétés d’amour se rencontrent dans le réel et pas seulement comme aspiration hors sol. Autrement dit, le grand amour existe ou a existé chez les personnes qui l’ont réellement vécu. Cela se voit dans leur regard. Les personnes amoureuses portée par un amour transcendant et partagé illumine l’entourage de joie et de bonheur. Celles et ceux qui ont connu le grand amour de leur vie savent toute la joie et tout le bonheur que cet amour engendre et corrélativement tout le malheur qui surgit lorsque la perte de ce grand amour survient.

       Le réel comme point d’accord avec Jean Garnier.

      Le grand amour s’éprouve dans le réel. Je suis ici d’accord avec Jean Garneau lorsqu’il écrit "Mais ces satisfactions ont une autre caractéristique importante : elles sont bien réelles. Il ne s’agit pas de besoins qui seront comblés éventuellement lorsque les circonstances (ou le comportement de la personne) seront changés. Il s’agit de plaisirs qui sont déjà présents, que nous éprouvons réellement". Et faut-t-il ajouter, ce n’est pas par son passage dans le réel qu’il perd de sa force et de sa grandeur, bien au contraire.

      Les grands amoureux trouvent toujours les moyens de se dire des mots doux à longueur de journées mais ne n’est pas seulement une histoire de communication ils arrivent toujours à se rencontrer régulièrement pour éprouver leur amour dans le regard, le contact, la caresse. Bref ils s’aiment de milles manières dans le réel et pas seulement dans l’affection désincarnée ou le fantasme. Et si cela ne dure pas nécessairement toute une vie cela peut durer fort longtemps ! C’est peu de dire que ces amoureux s’en souviennent car bien souvent cette période à été fort constructive de leur personnalité qui a pu ainsi pleinement s’épanouir.

       Le dosage entre satisfaction et angoisse.

      Jean GARNEAU écrit "Dans ce qu’on appelle le grand amour, les satisfactions sont souvent illusoires ou même inexistantes". Je pense au contraire que les grandes satisfactions surgissent abondamment au début lors de la phase fusionnelle des premiers mois mais qu’elles se maintiennent à un haut niveau par la suite et ce parfois pendant plusieurs années. Pour y parvenir il faut sans doute créer du manque et de l’incertitude pour respecter la loi du désir et ne pas sombre dans le couple simplement et froidement cohabitant . Mais on sait que la satisfaction va venir et pas dans plusieurs jours. L’idée qui suit de Jean GARNEAU ne relève pas nécessairement du grand amour : "On y aspire, on s’attend à ce que la satisfaction vienne un jour. En attendant, on se satisfait de la joie d’être aimé, d’être accepté ou même simplement d’être regardé par l’autre. C’est le fait d’être choisi par cet être extraordinaire qui nous comble en anticipation. Mais en réalité, nous vivons de l’angoisse, de la fébrilité et de l’espoir bien plus que de la satisfaction".

      Dans le grand amour il y a nettement plus de satisfactions réelles que d’angoisse. C’est pour cela qu’il est constructeur, voire réparateur le cas échéant.

      Christian DELARUE

      1) http://www.redpsy.com/infopsy/grandamour.html