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Loi du 23 février 2005

Publie le vendredi 9 décembre 2005 par Open-Publishing
9 commentaires

Lors de la grève du 4 oct dernier, un manifestant - que je ne connais pas -m’a remis ce texte.
Je le cite in extenso

Conseil amical d’un ancien directeur d’école algérien à ceux qui vont enseigner le rôle « positif » de la colonisation ...

Enfin grâce à l’article 4 de la loi du 23 février 2005 où il est écrit que les programmes scolaires reconnaissent le « rôle positif » de la présence française outre-mer, notamment en Afrique du Nord, les enseignants de France pourront dire toute la vérité sur ce soi-disant rôle « positif » de la présence française durant la période noire de la colonisation en Algérie, en passant par le 8 mai1945 et la « pacification » de 1954 à 1962.

Ils expliqueront comment les grandes villes d’Algérie, berceaux de la civilisation turco-arabo-berbère furent dévastées ; des palais et des mosquées rasés ; des archives historiques transformées en feu de camp pour les troupes françaises ...

Ils rappelleront que tous les Algériens étaient "lettrés". L’historien Michel Harbart le proclame : « Les témoignages sont formels : en 1830 tous les Algériens savaient lire, écrire et compter. » « La plupart des vainqueurs, note la commission d’enquête de 1833, avaient moins d’instruction que les vaincus. »

Ils montreront la richesse de l’Algérie avant 1830. Un ultra entre les ultras, Genty de Bussy, affirme, malgré lui certainement : « Mostaganem ? Pays couvert d’arbres fruitiers de toutes espèces, jardins cultivés jusqu’à la mer... grâce à un système d’irrigation si bien entretenu par les Maures », « mais, ajoutera-t-il, depuis l’occupation le pays n’offre plus que sécheresse et nudité. » Concernant la Mitidja, le général de Barillat reconnaissait qu’en 1830 « les plantations font de ce territoire un paradis terrestre ». Le colonel suisse Saladin affirmera qu’il n’a rien vu de comparable en Europe à la région de Blida et ce, après avoir été frappé de la richesse des environs de Tlemcen ... Les « colons » encore aujourd’hui dénient toute exploitation et mise en valeur de ces régions par les Algériens soutenant qu’elles n’ont été que marécages alors qu’ils les ont découvertes après ... plus d’une trentaine d’années de guerre d’une sauvagerie des plus odieuses...

Bugeaud en personne regrette : « On n’arrive pas à couper tous les arbres, vingt mille hommes avec des haches ne couperaient pas en six mois les oliviers et les figuiers de ce beau pays ! »

Ces enseignants feront-ils l’éloge de ce « Père Bugeaud ». qui proclama « la guerre continue jusqu’à extermination » ? « J’entrerai dans vos montagnes je brûlerai vos villages et vos moissons, je couperai vos arbres fruitiers... » et, (...) « il faut les empêcher de semer, de récolter, de pâturer. »

L.F. de Montagnac en mars 1843 : « Toutes les populations qui n’acceptent pas nos conditions doivent être rasées. Tout doit être pris, saccagé, ... l’herbe ne doit plus pousser où l’armée française a mis le pied. » Toutes ces menaces des nouveaux "Huns" français furent exécutées grâce à d’autres « valeureux » généraux comme St Arnaud, Cavaignac, Pélissier, Lamoricière... qui avaient élevé la razzia et l’extermination en doctrine : sous leurs ordres des milliers d’Algériens furent « enfumés », massacrés déportés ; villages et villes brûlés, récoltes et vergers dévastés ; troupeaux abattus. Il fallait affamer la population indigène pour l’asservir. « ... Le colon pouvait fusiller l’indigène qu’il voulait. » expliquera le préfet Bouzet à la commission d’enquête de ... 1872 !

La relève fut assurée avec autant de zèle et de talent par leurs successeurs : les sous-préfet Achiary, Duval en 1945, les Bigeard, Massu, Aussaresses et consorts en 54-62. On a continué d’arrêter, d’assassiner, de violer, de torturer... au nom de « la civilisation » !!! Des milliers de pages ne suffiraient pas pour décrire ces crimes contre l’humanité, ces génocides inqualifiables, l’humiliation et les souffrances de tout le peuple algérien quelle que fût sa classe sociale. Le meilleur des indigènes ne valait pas la semelle de la chaussure du plus misérable des Européens.
Après plus de quarante ans de guerre d’occupation, les « colons » ont « trouvé » un pays, qui fut très prospère, complètement rasé, dévasté mais prêt à les accueillir !!!

Mais qu’y avait-il de "positif" chez ces nouveaux "arrivants" ? Qui étaient-ils ? Les vingt premières années : aventuriers, frères de la côte, contrebandiers, trafiquants en tout genre, prostituées...comme le prouvent toutes les archives ... Bugeaud a fait venir des centaines de femmes que lui a "envoyées" son ami le maire de Toulon et qu’il a "mariées" aux soldats transformés en colons ! Tous, qu’ont-ils apporté avec eux si ce n’est leur force de travail ? Se souviennent-ils qu’ils ont aussi émigré et qu’ils se sont expatriés pour survivre, pour manger ? Se rappelle-t-on aujourd’hui d’où ils venaient : en 1845 vingt-cinq mille Espagnols, près de huit mille Italiens, autant de Maltais ... et dans quel état étaient-ils ? Gens pauvres fuyant une terre de misère pour la plupart. L’Etat ayant décidé une colonisation de peuplement, la « bonne migration » faite de Français de souche, arrive au gré d’événements politiques, économiques...

L’appel lancé par le Cardinal Lavigerie est significatif : « Chrétiennes populations d’Alsace et de Lorraine ... fuyant vos maisons incendiées, vos champs dévastés... l’Algérie vous ouvre ses portes... l’Etat peut se procurer des millions d’ha de terre ... » Ces émigrés avaient-ils les capacités à "civiliser" un peuple dont la civilisation millénaire était reconnue par les conquérants eux-mêmes ? NON, assurément ! Mais avec tous les moyens mis à leur disposition " ils" ont fini par " bâtir leur Algérie ", " la leur " : leur Eldorado !! Et où était l’indigène ?...

• Comment les enseignants français vont-ils expliquer qu’à la veille de la guerre de libération en 1954,100 % des petits Européens d’Algérie étaient scolarisés et ...19 % de petits indigènes !

• Comment enseigner qu’après 130 ans de « rôle positif » le peuple algérien tombait peu à peu dans le néant car il avait perdu sa langue ( l’Arabe, langue étrangère dans son propre pays ), sa pensée, sa culture, sa personnalité et subissait ainsi la destruction de sa société ?

• Comment justifier et cautionner le « rôle positif » de la colonisation dans sa politique d’extermination et de razzia, de torture et de déportation ; dans l’expropriation des Algériens de leurs terres ancestrales et des ressources de leur pays ; dans l’idéologie colonialiste raciste qui considère les indigènes comme des êtres inférieurs, serviles, corvéables à merci, mais bons pour servir de chair à canon ?

• Comment commenter et interpréter un « rôle positif » dans le fameux code de l’indigénat et l’aliénation politique qui criminalisaient l’existence entière de millions d’êtres humains considérés comme indignes d’avoir des droits et d’être des citoyens à part entière ?...

• Comment expliquer la construction d’un pays exclusivement réservée au conquérant européen ? Pratiquement pas un civil européen n’a mis les pieds dans un « village indigène » où il n’y avait ni électricité ni eau courante ... il n’en connaissait même pas l’existence, les routes goudronnées ne desservaient que les villes, villages et fermes de la colonisation !!

• Comment expliquer le « rôle positif’ » de la France coloniale qui, en 54, a choisi la guerre à outrance faisant des milliers de morts, de veuves et d’orphelins plutôt que de chercher une solution pacifique avec le peuple algérien ?

• Comment expliquer un « rôle positif » dans le fait d’avoir laissé faire l’OAS et sa politique de terre brûlée qui n’a laissé derrière elle que chaos et désolation et qui a provoqué ainsi, directement ou indirectement, le "départ" des Européens d’Algérie ?

« En 1962 sur une population de 10 millions d’habitants, 2,6 millions étaient au chômage. On comptait 4 millions de personnes regroupées par l’armée française pour couper l’ALN (Armée de libération nationale) de sa population, 400 000 détenus, 300 000 réfugiés, auxquels s’ajoutent près de 80 000 villages et hameaux détruits ou incendiés... ».

La colonisation a fini comme elle a commencé : dans la violence !!!

« L’œuvre civilisatrice » française ne fut qu’une succession horrible de crimes contre l’humanité. Et l’Algérie ne demande que la reconnaissance officielle de ces crimes commis sur son territoire contre son peuple et de ne pas oublier le fait qu’elle a été transformée en zone d’essais nucléaires essais qui ont permis à la France d’avoir aujourd’hui une telle position stratégique dans le monde.

Le traité d’amitié, qui se veut exceptionnel, entre nos deux pays, nos deux peuples et notre avenir commun, n’en déplaise à certains, méritent que l’on doive agir vite et efficacement et ce dans le respect mutuel de nos deux histoires, de nos deux passés aussi douloureux furent-ils.

Le devoir de mémoire n’implique pas seulement de reconnaître le « rôle positif » de la colonisation mais, et surtout, de rétablir l’histoire dans ses faits réels principalement dans les manuels scolaires. Rappelons que dans les écoles indigènes, on enseignait que « Nos ancêtres étaient les Gaulois » !....Aucune loi ne peut être conçue pour falsifier l’histoire.

Enseignants français, cette loi vous est imposée : en attendant son abrogation, cherchez dans les archives de la colonisation en Algérie et vous découvrirez, en plus de ces quelques données ,ce que l’on ne vous a jamais enseigné : l’horreur... Et alors vous pourrez transmettre l’Histoire avec un grand H : ce sera tout en votre HONNEUR.

M.O.Y.

Messages

  • merci de ce rappel essentiel que je diffuserai.
    gotié

  • Dieu merci ,certaines personnes sont pour le vrai et non pas pour le faux....
    merci

  • GLOBALEMENT D’ACCORD...

    Je suis globalement d’accord avec ce texte et le soutiens.
    Il faut abroger cette Loi inique et insultante pour nos amis des "DOM-TOM" et nos ex-"colonies".
    Il faut abroger ce texte pour dire que plus jamais nous ne laisserons les barbares, "nos" barbares nous imposer ce que BUSH impose à nos frères humains américains et Irakiens !
    Il faut aussi le faire pour empêcher ce genre de "valeurs" de gagner dans les "banlieues"...

    NOSE, rappatrié du Maroc

  • Dans tout fait historique, il y a des points positifs et des points négatifs. Nous avons toujours tendance en France a ne voir que les points négatifs. Je pense que c’est un tort. Il ne faut pas réduire la colonisation à l’Algérie. Néanmoins, des Algériens se sont battus pour que leur pays restent français. De ce fait, je pense que rien ne nous autorise à décréter que la présence française en Algérie n’était qu’un immense crime contre l’humanité, ne serait_ce que par respect pour eux. Je ne pense pas que les évènements qui ont suivient la décolonisation du pays soient source de réjouissance !
    Je pense que ce débat démagogique n’est qu’une opportunité, après les évènements des casseurs dans les banlieues, pour les gauches de tenter de reprendre part à la vie politique de la France.

  • Ce n’est pas seulement l’article 4 qui est scandaleux. Jettez un oeil sur l’article 13 qui attribue des indémnitées (exemptées d’impots aux anciens terroristes de l’OAS condamnées puis amnistiées qui furent réhabilités par Mitterand au début des années 80. Avec la loi du 23 fevrier 2005 la République dresse des lauriers à ceux qui avaient tenté de la renverser par un coup d’Etat, à ceux qui ont tenté d’assassiner le general De Gaulle et qui continuent de haïre sa mémoire. A l’heure où on pourchasse un intellectuel devenu paisible comme batisti au mépris du fait que lui aussi avait été réhabilité par mitterand, on chouchoute des criminels d’extreme droite alors que dans leur cas leur culpabilité ne fait aucun doute !
    Scandaleux !!! Jusqu’où les députés vont ils aller dans l’ignominie ?!

  • Puis-je avoir vos références ! Je suis un algérieb et je vie en france depuis 6 ans et je souhhaite connaitre encore plus l’histoire de mon pays.

    Cordialement.