Accueil > Lybie : les complices saluent la fin du Kadhafi
Lybie : les complices saluent la fin du Kadhafi
par Maxime Azadi
Publie le vendredi 21 octobre 2011 par Maxime Azadi - Open-PublishingLes pays européens et les États-Unis se réjouissent de la fin du régime de colonel Kadhafi, tué le 20 octobre près de Syrte dans des circonstances non encore élucidées.
Il est mort sans procès après une guerre qui a duré neuf mois. Pour le président des États-Unis Barack Obama, la mort du Kadhafi marquait « la fin d’un chapitre long et douloureux » pour les Libyens, et montrait que les « régimes à poigne » de la région étaient voués à l’échec.
Le président français Nicolas Sarkozy a salué « une étape majeure » pour la libération du pays. Allant encore plus loin, l’ancien ministre de l’Intérieur Brice Hortefeux a même qualifié Sarkozy de "champion du monde des droits de l’homme" après la mort du Kadhafi, sur BFMTV.
La plupart des pays qui saluent la fin de Kadhafi, notamment la France, la Turquie et l’Italie, étaient complice de ce régime. Le premier ministre turc Recep Tayyip Erdogan avait reçu fin novembre 2010 le prix libyen des droits de l’homme dans les mains de Kadhafi.
Le fils de Kadhafi assurait avoir financé la campagne du président français Nicolas Sarkozy en 2007. Mediapart avait révélé que l’intermédiaire en armement Ziad Takieddine qui est mise en examen avait fourni au régime libyen, en 2008, un 4×4 furtif fabriqué par la société française Bull-Amesys (ex-i2e) afin de sécuriser les déplacements de Mouammar Kadhafi. La vente de ce matériel a bénéficié, dès 2007, de l’appui du ministre de l’intérieur, Nicolas Sarkozy, et de son directeur de cabinet d’alors, Claude Guéant, selon les documents publiés par Mediapart.
L’Occident préfère voir la mort des dictateurs au lieu de leurs accorder des procès équitables, pour dissimuler sa complicité. La Tunisie de Ben Ali a été longtemps présenté par la France comme un modèle pour l’Afrique du Nord. L’Egypte de Hosni Moubarak était le meilleur modèle pour le Moyen-Orient, selon les puissants. Le dictateur irakien Saddam Hossein, arrêté en décembre 2003, n’a pas eu un procès équitable, et il est condamné à mort le 5 novembre 2006 pour le massacre de Doujaïl de 148 villageois chiites en 1982, exécuté le 30 décembre 2006. La page était fermée alors que ses autres crimes contre l’humanité et ses complices devaient être jugés.
Aujourd’hui, les mêmes pays encouragent et protègent le gouvernement turc qui réprime les revendications légitimes du peuple kurde. Environ 4500 membres du parti kurde BDP qui siège au parlement ont été arrêtés au cours des six derniers mois, ce qui explique que la Turquie est championne du monde des arrestations. Elle est également la plus grande prison du monde pour les journalistes avec environ 70 journalistes enfermés.
RSF SE RÉJOUIT DE LA MORT D’UN PRÉDATEUR
Par ailleurs, Reporters sans frontières (RSF) se réjouit également de la mort d’un prédateurs. L’organisation rappelle que Mouammar Kadhafi, renversé le 23 août dernier, suite à la prise de Tripoli, a été un des principaux prédateurs de la liberté de la presse depuis la création de Reporters sans frontières en 1985. « Nous rendons hommage aux victimes de ce régime sanglant, aux journalistes emprisonnés et aux cinq journalistes tués depuis mars 2011. La mort d’un dictateur ne doit pas signifier l’arrêt des enquêtes et consacrer le règne de l’impunité. Nous espérons que ce tournant dans l’histoire politique de la Libye marquera également le renouveau de la presse. »
Selon un bilan de Reporters sans frontières, 5 journalistes ont été tués, 32 emprisonnés, 8 interpellés, 15 ont été victimes d’enlèvements, et 30 ont dû quitter le territoire depuis le début de la rébellion, le 15 février 2011.