Accueil > MAROC : ADIEU L’AMI
J’ai appris par Al Bayane la triste nouvelle de la disparition de mon ami et camarade Mohamed Baladi. Mohamed Baladi était un militant exemplaire et c’est bien peu de le dire, quand on l’a connu et apprécié ses qualités humaines, sans parler de la sincérité de ses convictions. Débarqué en France comme ouvrier dans le cadre de l’émigration « choisie » au milieu des années soixante, il s’était finalement résigné à faire venir auprès de lui sa famille par le biais du regroupement familial, après avoir amèrement constaté que son rêve de réinsertion dans son pays natal s’éloignait de jour en jour.
Il vivait son militantisme comme l’aboutissement naturel d’une adolescence secouée par la brutale répression des populations du Rif en 1958 et dont les protagonistes d’alors ne pouvaient que se disqualifier à ses yeux à l’heure du choix de l’organisation répondant le mieux à son désir d’engagement politique.
Ce n’était pas seulement un militant profondément marqué par la mémoire de son adolescence, il avait surtout une conscience de classe que son appartenance à la CGT a contribué à aiguiser tout au long des combats menés par la grande centrale syndicale française notamment lors de la grève nationale de 1968 qui a abouti aux fameux accords de Grenelle dont les acquis sociaux feront date.
Mohamed Baladi fera partie de cette génération de militants ouvriers maghrébins qui oeuvreront inlassablement pour l’unité des rangs des travailleurs français et immigrés, en s’opposant aux syndicats maisons tel la CFT ( la Confédération Française du Travail qui se singularisait déjà par son discours sur la « préférence nationale ») soutenue alors, hélas, par l’Amicale des Marocains en France.
Ce ne sera donc pas une surprise quand Mohamed Baladi adhérera au PPS en pleine phase de régénération des structures ouvrières du Parti dans la région parisienne après les spasmes provoqués par la scission au sein du PLS en 1970.
La sincérité de l’engagement politique du regretté militant se ressentait jusque dans son regard discret, parfois même dominé par une forte émotivité qu’il ne parvenait pas toujours à contenir, dès qu’il se voyait placé, toujours malgré lui, sous les feux de la rampe. C’était en plus d’un homme désintéressé sans aucune prétention de carrière, un homme de cœur à l’écoute de la souffrance des plus démunis, un vrai militant de terrain et un être particulièrement attachant.
S’il avait le tempérament d’un insoumis qui refuse l’ordre établi et qui n’entend pas baisser les bras devant ses injustices ou celles parfois si cruelles du sort subi par les plus fragiles, il était pourvu d’une conscience de classe forgée par de longues années de lutte, qui ne l’empêchait pas d’avoir aussi le cœur chaleureux d’une âme généreuse. Il avait, gravé dans tout son être, un sens profond de l’amitié.
Oui, décidément le poète Pablo Neruda avait bien raison : « Quand ton ami meurt, il meurt en toi à nouveau ».
Mourad Akalay
7/2/2007
Messages
1. MAROC : ADIEU L’AMI , 2 juillet 2007, 21:25
Ami, je partage ta peine face à la disparition d’un militant « de tous les combats de la classe ouvrière française dont il se sentait partie intégrante, concrétisant l’unité des prolétaires de tous les pays ».
Comme tu le relèves justement, Mohamed Baladi fera partie de cette génération de militants ouvriers maghrébins qui œuvreront inlassablement pour l’unité des rangs des travailleurs français et immigrés, en s’opposant aux syndicats maisons telle la CFT, soutenue par l’Amicale des Marocains en France, proche de « notre ami le roi ».
A ce propos, je voudrais rappeler que la CFT était, non pas un syndicat, mais une officine patronale, outil de répression antisyndicale.
Il y a trente ans dans la nuit du 4 au 5 juin 1977, l’ouvrier verrier Pierre Maître était assassiné à Reims par des nervis du patronat.
Le dirigeant de la CGT Marcel Caille (« les Truands du patronat », « l’Assassin était chez Citröen » (Éditions sociales)), a décrypté le fonctionnement de ce « syndicat », cerbère du patronat contre la CGT principalement.
L’Huma a opportunément rappelé ces évènements dramatiques : L’assassin était chez Citröen
Francis de Quincy