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MAYOTTE, DROIT DES PEUPLES, DROIT INTERNATIONAL, OU IMPERIALISME FRANÇAIS
Publie le samedi 6 juin 2009 par Open-PublishingLe résultat du référendum de Mayotte, s’il était attendu, soulève des polémiques ; on s’affronte a coup de « Droit des Peuples » et de « Droit international » mais n’est on pas simplement en présence d’un relent de l’impérialisme français ?
L’archipel des Comores comprend quatre îles : Anjouan, Grande Comore, Moeli et Mayotte situés dans le canal du Mozambique à égale distance de Madagascar et de l’Afrique
La première présence attestée est celle des Bantous autour du 7° siècle. Entre le 12° et le 17° siècle les diverses invasions Arabo-Shiraziennes (golfe persique et Shiraz) vont donner à l’archipel son caractère musulman qui s’affirmera au cours des siècles et reste toujours dominant aujourd’hui.
Des incursions portugaises au 16° et Malgaches au 18° influenceront fortement la culture mais ne modifieront pas le vieux fond musulman. On y pratique un islam de tolérance de type sunnite
On y parle le Mahoré une langue proche du Swahili d’origine bantou matinée de mots d’arabe et de malgache ; ce Mahoré est commun à toutes les îles ou il est employé sous formes dialectales avec une parfaite intercompréhension
Un des chanteurs les plus polulaires de Mayotte : Mtoro Chamou est originaire d’Anjouan et y vit toujours
Repères historiques
En 1841 le sultan Andrianssouli d’origine malgache vend, sous la containte, l’Ile de Mayotte à la France. Un accord clair est signé avec le Commandant Passot. Mayotte devient Française et la France lui reconnaît ses lois et son administration traditionnelle. Mayotte ne sera en fait jamais colonisé.
En 1886 la France établit un protectorat sur l’île ( à l’époque la marine Française avait besoin d’un port à l’entrée du canal du Mozambique) qu’elle étendra en 1914 sur toutes les îles de l’archipel des Comores .
Le régime du protectorat supposait que la puissance coloniale envoyait un « résident » auprès des autorités locales et qu’il ne s’occupait en principe que de la politique extérieure. En fait, les « résidents » français s’emparèrent progressivement du pouvoir politique, imposèrent la langue française et laissèrent les colons déposséder entièrement les paysans comoriens de leurs terres, de telle sorte que ceux-ci durent se faire employer dans les plantations coloniales à titre d’« engagés ».
Après des révoltes sanglantes à Grande Commores et à Anjouan le territoire obtient une autonomie administrative et devient Territoire d’outremer en 1946
C’est au referendum de 1974 que les îles vont se séparer.
Le referendum de 1974
L’Etat français organise une consultation électorale permettant aux quatre îles de l’archipel des Comores de choisir par référendum entre l’indépendance et le maintien dans la République. Conformément à la résolution 3161 de l’Assemblée Générale des Nations Unies, la proclamation sera faite à partir du résultat global, même si le classement se fait île par île. L’intangibilité des frontières coloniales, norme instaurée par l’ONU, est admise par tous.
Le 22 décembre 1974, la question posée aux Comoriens est claire : « Souhaitez-vous que le territoire des Comores soit indépendant ? ». Le « oui » l’emporte largement ( 94,56 % des suffrages exprimés). A Anjouan, Grande Comore et Mohéli, sur l’île de Mayotte c’est le « Non » qui l’emporte nettement (63,82 % des suffrages exprimés)
Face à la grande disparité des résultats, la France abandonne le projet de loi reconnaissant l’indivisibilité des Comore. Elle propose un nouveau projet de loi « garantissant la personnalité politique et administrative » de chacune des quatre îles du futur État comorien et impose que ce nouveau projet soit soumis à référendum. Cette fois, les résultats du vote seront considérés « île par île ».
Pour les Comoriens des trois autres îles, la réaction française est un réflexe colonialiste, contraire au droit international et visant à maintenir la mainmise de la France sur l’archipel.
La proposition française est rejetée par les représentants des îles d’Anjouan, Grande Comore et Mohéli. D’un commun accord ils se rebellent et déclarent « la sécession de l’archipel des Comores » le 6 juillet 1975. Mayotte n’est pas de la partie.
L’Union des Comores est née
MAYOTTE, PARTIE INTEGRANTE DE L’ARCHIPEL DES COMORES
1975 a vu Mohali grande Comore et Anjouan formé l’état indépendant puis l’Union des Comores
L’union des Comores est membre de l’ONU depuis 1975
La résolution de l’ONU du 21 octobre 1976 condamne la présence de la France à Mayotte et rejette toute forme de référendum ou de consultation qui pourrait être faite par la France sur cette île.
Selon le droit international, les frontières héritées de la colonisation sont intangibles, et donc Mayotte appartient a l’Union des Comores. Cette position est rappelée à plusieurs reprises par les Nations Unies, avec notamment la résolution de l’Assemblée générale du 6 décembre 1994 qui demande le respect de l’unité nationale et de l’intégrité territoriale de l’archipel des Comores.
2009
En posant cette question : « approuvez vous la transformation de Mayotte en collectivité unique, régie par l’article 73 de la Constitution, exerçant les compétences dévolues aux régions" la France fait fit du droit international et des résolutions de L’ONU.
Les mahorais ont répondu oui à 95,24%
Inscrits 71420
Votants 43831 % Votants 61,37
Blancs ou Nuls 616
Votants exprimés 43215
Oui 41160 % oui 95,24
Non 4,76 % Non 2055
"plus qu’une affirmation de l’ancrage avec la France, c’est un choix délibéré de se séparer définitivement des Comores… Quand on voit la situation des Etats à proximité, les Mahorais ne sont pas prêts de les rejoindre »déclare l’écrivain Nassour Attoumi
L’histoire récente des Comores est très touffue.
Cet archipel est un pays souverain de type fédéral. Il est membre de l’organisation de l’Union Africaine., de l’Organisation des Nations Unies et de la Ligue des Etats Arabes. Depuis 30 ans l’état français à tout fait pour décrédibiliser l’état des Comores auprès des Mahorais et des autre états ; N’oublions pas les actions du triste Bob Denard qui a su jouer sur le désir d’autonomie de chaque île et fomenter des révoltes.
Le Comité des Associations et des Amis des Comores a bien sur dénoncé tout cela. Le Collectif a adressé un mémorandum au secrétaire général des Nations unies Ban Ki-moon et à la présidence européenne assurée par la République Tchèque réclamant l’ouverture de négociations entre les Comores et la France. Bien sur il n’a pas été entendu
La situation à Mayotte.
Mayotte rencontre tous les problèmes liés aux TOM-DOM qui se compliquent à cause du particularisme de l’île
Ici on parle quatre langues : le Shimaoré ou swahili(Bantou), le Shibushi (Malgache) l’ Arabe (langue religieuse enseignée) et le Français pour 20% de la population.
Son économie est inexistante, 98% des produits sont importés, les prix élevés, 20% de plus qu’en Guadeloupe ( à titre d’exemple : un travailleur clandestin gagne 5 euros par jour, le prix d’un pack de yaourt est de 5.75 euros) et, malgré cela, Mayotte est un pays d’immigration clandestine.
Depuis les lois Pasqua de 1995 la libre circulation entre les îles est interdite bloquant les échanges millénaires et les liens familiaux, générant un trafic clandestin qui entraînera 6 à 7000 morts noyé au cours de ce voyage de 70 Kms, extrêmement dangereux.
Ils sont environ 60000, ils viennent d’Anjouan et des autres îles des Comores, de la région des grands lacs sur le continent africain,
Qui sont ils ces réfugiés qui affrontent les difficultés de trajet sur des embarcations de fortune ? Des miséreux qui cherchent une vie meilleure, des femmes en ceinte qui viennent à l’hôpital de Mayotte, et, depuis le génocide du Rouanda, on voit arriver des responsables de massacre, recherché dans leur pays, qui se cachent parmi les miséreux.
En 2008,16000 personnes on été expulsées de façon expéditive, d’autres sont enfermées dans le camp de rétention d’un autre age, les droits de la personne sont inconnus.
On estime que la population de l’île comprend 170 000 personnes dont 60% de « clandestins » qui travaillent pour un salaire de misère.
Le statut de l’île comme département français sera effectif en 2011.
Depuis 2000 l’administration travaille à rapprocher le droit coutumier Mahorais de droit commun français ; car, si les gens de Mayottes choisissent de se lier de plus en plus à la France c’est bien sur pour recevoir des aides de l’état à la fois
Pour les individus (allocations familiales, en place depuis 2002, la sécurité sociale (depuis 2004) et les autres droits sociaux à venir
Et pour le territoire ; ils attendent un effort considérable de rattrapage aux niveaux des infrastructures et de l’équipement (logements, voies de communications, éducation, santé) ; et cela en faisant jouer la solidarité nationale
Il y a un autre coté de la médaille qui n’a pas été véritablement expliqué aux habitants de Mayotte. La modernisation des institutions va amener dans la société un bouleversement culturel important qui a été dénoncé par le collectif des associations et des amis des Comores
La justice de droit coutumier hérité de l’Islam et des traditions africaines ne pourra plus être rendu par les kadis ; actuellement les Kadis ont une activité judiciaire, notariale, et tiennent l’état civil ; il y a 15 tribunaux kadiaux avec un kadi et un greffier, Tous sont supervisés par le grand Kadi.
Le statut des individus va changer
La polygamie sera interdite
La majorité va passer de 15 à 18 ans
Les règles pour les mariages et les successions vont être bouleversées
Une révision de l’état civil va faire un trie dans la population
On va établir un cadastre et des titres de propriétés qui, pour l’instant, sont inexistants
Les Comoriens seront définitivement étrangers à Mayotte
Les avantages offerts par la république française ne vont pas sans renoncement des particularismes conduisant à une assimilation des individus, à une déstructuration des collectivités d’origine.
La France tient à Mayotte probablement pour deux raisons
Le coté économique est à prendre en compte puisque l’on sait que la région recèle des réserves de pétrole et des poches de gaz non négligeables
La position stratégique de Mayotte est intéressante. L’île forme une base avancée en zone sud de l’océan indien forte de 1500 militaires. Avec une unité de marine ainsi qu’une unité de la légion étrangère. Elle peut, entre autre, garder sous contrôle Madagascar, Maurice, les Seychelles et les Comores et surveiller le commerce maritime qui représente 90% des échanges commerciaux intercontinentaux.
Il ne faut pas oublier que c’est à partir de la base de l’île de Diego Garcia dans l’océan indien que les Etats-Unis ont bombardé l’Irak pendant la première guerre du golfe et l’Afghanistan après l’attaque du 11 septembre. Les forces occidentales ont quadrillé les régions pétrolifères de l’Afrique ; La France et les Etats-Unis, de concert, contrôlent les routes maritimes et enserre l’Asie centrale grâce à l’installation de bases militaires à Abou Dhabi, Diego Garcia, La Reunion ; Djibouti, Mayotte
Les riches gisements d’hydrocarbure dans le monde risque de mettre face à face l’OTAN, dont la France vient d’intégrer le commandement, et l’organisation de coopération de Shanghai, annonçant de graves conflits
La France garde sa base avancée, les mahorais sont heureux de devenir français. Ponctuellement les intérêts des deux partis se rejoignent ; mais, l’avenir n’est radieux ni pour l’un ni pour l’autre et un peuple, celui des Comores se voit amputer d’une partie de lui-même.