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Manif au camp de rétention de Coquelle

Publie le dimanche 21 mars 2004 par Open-Publishing

Appelés par plusieurs collectifs un rassemblement était organisé face au
camp de rétention de Coquelle. Une trentaine de personnes s’était donc
retrouvé là dans la tempète pour montrer le refus de cette société qui
expulse, qui enferme, qui assassine pour des questions de nationalité et
de frontière.

Le matin un groupe avait disposé a différentes intersections des panneaux
pour signaler aux nombreux-ses consommateur-trice-s du centre commercial
tout proche la présence du camp de rétention. Car oui à Coquelle le centre
de rétention et au centre d’un énorme centre commercial juste à la sortie
du tunnel sous la manche qui déverse des milliers d’anglais chaque jours
se garant juste à la sortie, puis repartent dans l’autre sens une heure
plus tard après avoir fait le plein d’alcool et de clope pour la « 
saturday night fever. » Quel beau reflet de cette société des lumiéres, de
l’argent, de la vente et là dans un coin du plan du centre commercial un
petit batiment ou il n’y a pas de pastille pour indiquer quel enseigne
occupe cette parcelle…

Cette parcelle c’est un centre de rétention royaume de la PAF (police des
aires et des frontières)… un royaume de non droite la matraque est reine,
royaume au condition d’enfermement inhumain, royaume fonctionnant par et
grâce à la violence physique et symbolique que font subir les matons aux
personnes emprisonnés sans jugement et dans l’ignorance de leur avenir la
sortie ou le charter « pas de charter vers l’afghanistan prévu dans les
prochains jours, t’auras droit quand même a 32 jours de taule, des coups
et puis on te laissera sortir jusqu’à la prochaine ratonnade. »

Bref à 15H Une fois regroupé sur le carrefour près du centre de rétention
le groupe se mit en marche. Les différents objets bruyants (casseroles,
tambours, barril en fer, siflets, cornes, pétards) sensé percées les murs
pour atteindre les personnes séquestrées, aidés par le vent venu
d’angleterre ce bruit devait montrer notre solidarité, dire qu’il n’y
avait pas que des gens qui tapaient et consommaient il y en avait aussi
qui pensaient à eux et luttaient contre ce qui les oppressaient (l’état
qui les enferme et le capitalisme qui réduit leur pays à la misère et à la
guerre).

Le groupe s’approche ébruite autant qu’il peut, passe une barrière longe
le grillage suivi par des maitres chiens (mais faible mobilisation
policière visible en tout cas par rapport aux précédents mouvements sur
Coquelle que j’avais fait), on contourne le chenil, passe une haie
contourne un buisson et on se retrouve tout con devant un tableau
stupéfiant.

Au premier plan en contre bas à deux mètre de nous derrière un petit
grillage l’aile du batiment qui sert de prison avec ses fenêtres de
cellules. Au milieu du batiment on devine des petites « promenades »
grillagées et encadrées par des caméras de vidéo surveillance… derrière le
batiment les quais d’embarquement pour le tunnel sous la manche… quais
d’embarquement vers l’angleterre destination révés, fantasmé… les voila
bloqué à quelques mètres enfermés en attente… de coups et d’expulsion ou
libération (au « choix »).

Les sans papiers (que des garçons de notre côtés) sont surpris de nous
voire là, déboulé comme ça, ne comprennent pas. De notre côté le bruit
s’arrête. Ils commencent par justifier leurs conditions d’enfermés « on
est pas des criminels, on a rien fait » on leur dit qu’on sait qu’on est
là pour montrer notre solidarité. L’un d’entre eux prend peur sa copine,
la mère de son futur enfant qu’elle attend doit venir ça fait longtemps
qu’il n’a pas pu la voire et il craind que notre présence (encadré par
quatre matons) empêche la visite.

Mais la première phase terrible pour eux et pour nous de justification
voici qu’ils commencent à prendre confiance se rassurer et à nous
expliquer…

Ils sont en ce moment 35 dans le centre, la personne avec laquelle je
parle est guinéen il traduit ce que me dit ces deux autre compères de
cellules (dans la cellule d’à côté ils sont quatre). Ces trois ci sont
éthiopiens, nigérians et guinéens (il y a également des kurdes des
tunisiens, marocains…) mon interlocuteur est agé de 17 ans ils se plaint
qu’ici ils n’ont qu’un repas par jour, que la police les maltraite qu’ils
n’ont pas droit à des soins apropriés ils parvient à me faire voire par la
fenêtre son pied bandés, ils ont refusé de l’emmené à l’hôpital. Un de ses
collègues de cellule me dit qu’il est là depuis 25 jours. On les écoute on
essaye de prendre leurs noms pour que plus tards des gens de calais
puissent leur rendre des visites. L’un d’entre eux nous lache en anglais « 
I want come back in my country. ».. que dire non l’occident c’est pas le
paradis ils t’ont condamné à cette situation de persécutés et de dominés
que se soit chez toi ou « sur leur terre de liberté. ».. Mais voila la
liberté elle ne concerne que leur marchandise et leur argent, il est si
simple de venir acheter l’alcool et les clopes avant une bonne soirée, et
ça par un tunnel sous la mer,…tiens au passage combien de sans papiers ont
participé au chantier ? ? Je m’écarte de la situation.

Elle m’est rappelé butalement par la venu de la copine d’un des incarcéré
ils ne s’étaient pas vu depuis longtemps, comme il nous l’avait dit et là
on assiste un espèce de parloir sauvages délirant (mais pas dans le sens
marrant du terme) ils se termine par la prise à partie des matons présent.

Le groupe se retirent ensuite sous des derniers encouragements et des
preuves de solidarité on tape des mains et du tambour ensemble.

On ne se verra sans doute plus, et on reste avec nos souvenirs, nos
images, notre haine, et notre sentiment d’impuissance.

Avant de partir je leur demande si je peux prendre des photos ils me
disent que oui il m’encourage à en prendre. Voici donc une série de
portrait, derrière les barreaux des mains des visages… Regardez bien…
c’est le reflets de notre société… Alors que nous partons sur calais sous
la lumière du centre commercial qui dégueule de personnes venus là faire
le plein de claupes et d’alcool en passant la frontière… tout simplement
en passant la frontière.

Jocito

Source : Indymedia Lille