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Michel Warschawski : je ne participerai pas au Forum social de Madrid
Publie le dimanche 16 décembre 2007 par Open-Publishing4 commentaires
de Michel Warschawski
Le monde aujourd’hui est divisé entre ceux qui sont pour une telle guerre mondiale et ceux qui s’y opposent : la ligne qui les sépare doit être hermétique, car c’est la ligne qui sépare la liberté de l’oppression, la coexistence pacifique de l’agression, la vie de la mort.
Je n’ai aucun problème à participer à une conférence où seraient invités des porte-parole sionistes pour des débats qui sont partie intégrante d’une arène politique saine. De même, je n’ai aucun problème si je suis invité à des rencontres publiques officielles, organisées par des organismes gouvernementaux, y compris israéliens. Mais j’ai besoin toutefois de savoir exactement à quel type de réunion je suis censé participer.
De par sa propre définition, le Forum social de Madrid pour une juste paix au Moyen-Orient appartient à la famille des "forums sociaux" tels que définis à la charte de Porto Alegre, c’est-à-dire des forums pour des organisations de terrain et populaires, sans implication d’organismes étatiques, ni de partis politiques (ou organisations armées).
Le Centre d’information alternative (AIC) et le PNGO (Coordination des ONG palestiniennes), Ittijah, le Comité israélien contre les démolitions de maison ([ICAHD) et la Coalition des femmes pour une juste paix (Israël), se sont beaucoup investis au sein de la commission internationale qui a été créée pour aider la commission locale dans la structuration du forum et l’élaboration de la liste des organisations à inviter.
Celui qui s’est impliqué pour une politique progressiste au Moyen-Orient est bien conscient qu’une telle liste est une question politique majeure : la plupart des organisations arabes, dont les organisations palestiniennes, ne participent pas à des réunions politiques avec les organisations israéliennes qui ne soutiendraient pas les droits des Palestiniens, tels qu’ils sont définis par les Nations unies et le droit international y compris, évidemment, le droit au retour des réfugiés palestiniens. Ce qui exclut la plupart des organisations sionistes israéliennes.
Pour éviter tout malentendu, le comité organisateur de Madrid et la commission internationale ont publié, dès le début, une Déclaration des principes qui définit le cadre politique du Forum social de Madrid. Sur la base de cette Déclaration des principes, la délégation israélienne s’est constituée et les intervenants pour les différentes réunions plénières ont été retenus. En un mot, Madrid est la première grande conférence internationale anti-Annapolis et c’est pourquoi elle est si importante.
La composition des délégations cependant, surtout celle d’Israël, n’a pas convenu au ministre des Affaires étrangères espagnol... ou au Centre Peres pour la paix ! Il est clair que le gouvernement espagnol a le droit de témoigner plus de sympathie aux organisations sionistes et d’organiser sa propre conférence. Néanmoins, il ne peut pas s’immiscer dans le Forum social. Il y a peu, j’écrivais sur le site d’AIC :
« L’implication d’un ministre d’un gouvernement dans un forum social est, en soi, une grave violation de la charte de Porto Alegre, laquelle instaure une indépendance absolue des forums sociaux à l’égard des gouvernements. Pourtant, le problème n’est pas seulement statutaire, il est pleinement politique : que font des organismes qui soutiennent ouvertement le néolibéralisme et la guerre, à une conférence qui est totalement en opposition au néolibéralisme et à la guerre ? ? ! ! ! Ce n’est pas la première fois que cette entité quasi gouvernementale tente de se glisser dans une conférence d’organisations non gouvernementales, et nous avons déjà dénoncé d’autres tentatives dans le passé [...]. Cependant, cette fois la question est plus grave car une majorité des participants perçoit le Forum de Madrid comme étant anti-Annapolis, et il est inadmissible que des partisans sans vergogne d’Annapolis y soient présents pour tenter de faire des adeptes du projet de guerre, un projet élaboré juste sous nos yeux. (Anti-Annapolis à Madrid, 29 novembre 2007). »
Par une méthode inacceptable, le ministre des Affaires étrangères espagnol a monté une délégation israélienne parallèle, plus importante que l’officielle, visant à changer l’ordre du jour du Forum social de Madrid et à transformer la conférence anti-Annapolis en une réunion « fourre tout », examinant le pour et le contre des projets de guerre élaborés à Annapolis par George W. Bush et Ehud Olmert. La méthode est inacceptable, le fond est scandaleux.
Le résultat est que la délégation palestinienne a décidé, au dernier moment, de boycotter le Forum, ainsi que des participants venant d’autres régions du monde arabe. On peut rétorquer qu’ils auraient pu protester à Madrid même, sur le lieu du Forum, même pour le boycotter. Telle fut, néanmoins, la décision du PNGO - (Voir ci-dessous) et, alors que je roulais vers l’aéroport pour me rendre à Madrid, j’ai reçu cette information et pris la décision de rentrer à Jérusalem, en solidarité avec les organisations de la société civile palestinienne.
Il ne faut pas sous-estimer ce qui est en jeu. La question n’est pas que telle personne ou telle organisation soit présente au Forum social de Madrid ; ce n’est même pas l’implication importante du gouvernement espagnol dans le Forum social. La question, c’est la guerre et la paix au Moyen-Orient, ce que George W. Bush appelle la Troisième Guerre mondiale, c’est la question politique centrale du moment !
A Annapolis, les Etats-Unis et leurs alliés ont finalisé les plans d’une nouvelle guerre, n’hésitant pas à parler même de frappes nucléaires. Il s’agit d’une guerre contre l’Iran, contre le Liban et le Hezbollah, contre le Hamas et le peuple palestinien, qui fait partie d’une guerre mondiale planifiée par les néoconservateurs de Washington et Tel Aviv. Le monde aujourd’hui est divisé entre ceux qui sont pour une telle guerre et ceux qui s’y opposent : la ligne qui les sépare doit être hermétique, car c’est la ligne qui sépare la liberté de l’oppression, la coexistence pacifique de l’agression, la vie de la mort.
Certaines des organisations israéliennes nouvellement invitées à Madrid sont, c’est le moins que l’on puisse dire, nullement opposées aux projets de guerre de leur gouvernement ou de leur grand frère américain. Pour n’en citer que deux : Shimon Peres (fondateur du Centre Peres pour la paix) appelle à une guerre préventive contre l’Iran après avoir soutenu la dernière agression contre le Liban ; la Paix Maintenant a approuvé la guerre contre le Liban en été 2006 - avant qu’elle ne tourne au fiasco militaire. C’est une question de morale privée : je ne veux pas, aujourd’hui, être dans le même forum que ces gens-là. Le sang des martyrs de Tyr et Bint Jbail n’est pas encore sec, et les bruits de bottes d’une prochaine guerre, une guerre qu’ils ne manqueront pas de soutenir, résonnent déjà à nos oreilles.
Post scriptum : Il nous faut insister sur la façon inadmissible dont certains de nos collègues israéliens ont joué un rôle dans tout cela. Ils ont passé les limites, dans les deux sens, entre les organisations de la société civile et le ministère des Affaires étrangères espagnol, créant tout ce gâchis et déterminant la décision des organisations palestiniennes de boycotter le Forum.
Messages
1. Je ne participerai pas au Forum social de Madrid, par M. Warschawski, 16 décembre 2007, 20:06
Que sur la forme et le non respect des decisions président à l’organisation du forum la question soit posée cela me semble évident par contre sur le fond il me semble que le rejet n’a jamais
résolut les problémes qui se posent entre les peuples.Le jour ou plus un attentat ne tuera des civiles Isrelliens,que les militaires auront quitté les territoires destiné au future état palestiniens,
que les juifs vivant sur ces téritoires auront le statut d’étragers et non plus de colons les deux peuples auront fait un grand pas vers la coexistance.Pour ce faire ils faut se parler sans exclusive ne plus avoir ce langage de rejet de l’autre mais son axeptation et la reconnaissance
du droit des deux peuples à vivre en paix dans des frontières reconnues.Il n’est plus tolérable
d’entendre certains proner la destruction de l’état d’Isarël et d’autre l’extention de cette état sur
l’ensemble des trritoires "biblique". JP
1. Je ne participerai pas au Forum social de Madrid, par M. Warschawski, 16 décembre 2007, 21:00
La question posée par Warschawski n’est pas celle-là.
Il y a des choses dures à avaler et pour que nos camarades ici comprennent, c’est comme si on demandait au MODEM de participer à l’organisation du congrès de la CGT...., sur demande insistante de Sarko .
Il faut exiger du gouvernement madrilène qu’il n’interfère pas avec l’organisation régulière du forum. Ces ingérences vont trop loin et témoignent d’une absence de respects d’une entreprise démocratique et sociale mondiale.
Mes yeux sont d’abord braqués sur ce gouvernement et ses attitudes. En lui demandant de laisser les organisateurs choisir sans pressions étatiques.
Secondairement il y a une mise en garde sur l’organisation des forums qu’il ne s’agit pas de négliger.
Warschawski, reviens ! ne laisses pas le terrain inoccupé !
Copas
2. Je ne participerai pas au Forum social de Madrid, par M. Warschawski, 17 décembre 2007, 09:51
Ce conflit entre Israël et la Paléstine, c’est une compétition entre souffrants, entre leaders souffrants, ou le maximum de la souffrance consiste à entendre la voix de l’adversaire. C’est pourquoi la solution recherchée par les leaders est la guerre. La guerre est le moyen le plus sûr de faire tomber la souffrance d’abord personnelle, des leaders et de faire taire la voix de l’Autre. Soit en l’ignorant, soit en la fuyant, soit en la disqualifiant, soit en fermant la bouche de l’Autre manu militari. La compétition entre leaders souffrants entraîne bien sûr les peuples qu’ils représentent, et leur compétition devenue affaire de tous, se transforme alors en guerre entre leur peuples.
Pour apaiser l’envie de guerre et de restaurer l’envie de paix, il est nécessaire de rassembler les deux leaders souffrants autour d’un tiers que tous les deux apprécient, et dont le rôle n’est pas d’être un tiers-juge, mais un tiers neutre qui pousse les belligérants à passer du dialogue (je te parle, tu me parle) au niveau du méta-dialogue (je parle de toi, tu parles de moi) en se référant au tiers.
Ce tiers représente le peuple. La personne qui tient ce rôle (généralement, un juriste) doit être doté de bienveillance pour chacune des deux parties, d’un talent de médiateur, de censeur des bonnes manières et sa fonction est d’assurer à ce que les deux parties se tiennent aux règles du jeu et concluent un contrat de paix avec lui, à une date établie avec eux.
Un tel exercice permet de structurer la négociation, de faire ressurgir de l’oubli le vrai objet du litige, l’admiration - niée - de l’Autre et de sa culture, et permet de trouver les éléments pour écrire un contrat de paix.
angela anaconda
2. Michel Warschawski : je ne participerai pas au Forum social de Madrid, 17 décembre 2007, 13:00
Cette ingérence du gouvernement espagnol n’a rien d’étonnant.
Après tout, qui a demandé à Chávez de se taire, résumant ainsi tout le mépris et la condescendance des colons pour leurs anciennes colonies, et par la même occasion, pour les "non alignés" ?
G.B., qui aime bien les amalgames aussi, parfois.