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Mort du RMI

Publie le vendredi 28 novembre 2008 par Open-Publishing

Vingt ans plus tard, hallali pour le RMI
BERNARD DELATTRE

Rideau sur le Revenu minimum d’insertion, qu’avait instauré Rocard en 1988. Place au Revenu de solidarité active (RSA), censé inciter davantage au travail. Si la lutte contre "les pièges à l’emploi" est consensuelle, ses modalités divisent.

Rideau sur un legs historique de la gauche. Jeudi, après des mois de débats, le Parlement a définitivement approuvé le projet de loi créant le Revenu de solidarité active (RSA). Le 1erjuillet prochain, cette allocation remplacera le Revenu minimum d’insertion (RMI), une mesure sociale emblématique de l’ère Mitterrand. Avec cette réforme, estime son promoteur, l’ex-patron d’Emmaüs devenu Haut commissaire gouvernemental à la lutte contre la pauvreté, Martin Hirsch, la France vient de "franchir une nouvelle étape de son histoire sociale".

Instauré par le gouvernement Rocard en décembre1988, le RMI visait à lutter contre le phénomène des "nouveaux pauvres". Depuis, ceux qui voient épuisé leur droit à bénéficier d’une allocation de chômage reçoivent une allocation mensuelle (quelque 600euros) qui leur évite de basculer dans la misère. La France compte aujourd’hui un bon million de "RMIstes". Sur cette allocation se greffent généralement d’autres aides (chèques transport, aides pour la garde d’enfants, etc.) Le problème est que, ces aides annexes étant supprimées en cas de retour à l’emploi et donc de suppression du RMI, de nombreux "RMIstes" sont dissuadés d’accepter un travail, synonyme pour eux de baisse de leur pouvoir d’achat.

C’est pour lutter contre ces "pièges à l’emploi", et plus globalement contre cet "assistanat" qu’exècre Nicolas Sarkozy que le RSA a été créé. Ce système permet le cumul de l’allocation maintenue avec les revenus d’un travail à temps partiel. Les allocataires revenus dans la vie active ont donc "l’assurance de ne pas perdre un euro", dixit Martin Hirsch. Le RSA, qui devrait bénéficier à 3,5millions de personnes, "permettra à de nombreux salariés modestes de sortir de la pauvreté ou de ne pas y tomber".

Le PS gêné aux entournures

Jeudi, l’UMP a salué la naissance d’ "un outil innovant". Les socialistes se sont abstenus au Parlement, ne pouvant s’opposer à une mesure qui, en 2007, figurait dans le programme présidentiel de Ségolène Royal. A l’époque où elle était conseillée par un Martin Hirsch pas encore passé dans le camp sarkozyste.

Avec le reste de la gauche, toutefois, le PS dénonce les modalités du RSA. Pas plus que le RMI, il ne sera accessible aux moins de 25 ans. Or, de plus en plus de jeunes basculent dans l’extrême précarité. Les plus hauts revenus, protégés par le "bouclier fiscal" (taux d’imposition maximal de 50 pc) ne paieront pas la taxe sur les placements qui financera le RSA - une nouvelle taxe qui a fait hurler à l’UMP. Les bénéficiaires du RSA seront soumis à la nouvelle politique de l’emploi, qui sanctionne durement les chômeurs refusant des offres de travail dites "raisonnables". Et l’institutionnalisation du temps partiel risque de ne pas enrayer la précarisation croissante du salariat. Dans un pays qui compte déjà deux millions de travailleurs considérés comme pauvres, parfois même au point de ne pas pouvoir se loger.

 SDF : les tentes bannies, pas les morts
 Le blog de notre correspondant à Paris

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