Accueil > "NOTRE JEUNESSE"

"NOTRE JEUNESSE"

Publie le samedi 12 janvier 2008 par Open-Publishing
5 commentaires

Jamais, je ne pardonnerai à ceux qui officiaient en mai 1968 dans les organisations gauchistes de l’époque.

Pour ceux qui n’ont pas vécu cette époque, je voudrais vous parler de la Gauche Prolétarienne, les maos-spontex comme on les appelait alors. J’en fus.

Ce mouvement ultra-violent s’inspirait de la révolution culturelle en Chine. Ces gardes-rouges à la française possédaient un journal "La cause du Peuple" et avaient pour dirigeants un dénommé Benny Lévy alias Victor Serge et un jeune universitaire Alain Geismar.

Gravitaient autour d’eux Serge July , Rollin (récompensé pour son roman "Le tigre de papier"qu’il fut )et un philosophe André Glusckmann farouchement favorable et pathologiquement à la révolution violente mais aussi de nombreux sympathisants comme l’inénarrable et effarant Kouchner.

Ces partisans de la guerre civile du livre éponyme que July Geismar écrivirent en 1969 à quatre mains appelaient au soulèvement populaire. N’ayant pas le sens de la démesure et du ridicule, ils se prétendaient et se comparaient aux résistants de 1940 et le pouvoir pompidolien à l’occupant allemand. Ces activistes, grands bourgeois, appelaient aux cassages de gueules des cadres, à la mise en place de tribunaux populaires, au vol de titres de transports et au hold up de magasins de luxe comme Fauchon. S’il faut reconnaître que le fruit de ces actions était redistribué aux plus pauvres, il importe de dire que la terreur règnait au sein de l’organisation, la moindre critique des militants de base se voyait qualifiée de petite bourgeoise et les dissidents de liquidateurs.

La cause du peuple fut interdite de diffusion et la GP dissoute par Marcellin. Des journalistes comme Le Dantec et Lebris furent condamnés à de la prison ferme, Alain Geismar fut recherché par toutes les polices de France, arrêté et condamné à 18 mois de prison. Je vous laisse apprécier les slogans de l’époque "Tous dans la rue" "Pas de vacances pour les riches" suivis d’actions musclés à l’encontre de ceux qui eurent le malheur de prendre leurs congés l’été 1970. Alain Geismar, grand bourgeois, médita en prison et quelques années plus tard adhéra au PS et obtint les deniers du retournement de veste : directeur de prison, puis un poste au sein du secrétariat du Ministère de l’Education Nationale où dit-on il fit preuve de morgue à l’égard des syndicalistes.

Entre-temps, l’ouvrier Pierre Overnay militant de la GP fut abattu par un vigile de chez Renault et ses obsèques au cimetière du Père Lachaise dont je garde l’amer souvenir donna lieu à un grand rassemblement au cours duquel Geismar fit le serment que Pierre Overnay serait vengé. Son assassin fut exécuté en 1977 par des ultras de la GP mais geismar avait probablement oublié cet ouvrier que son organisation avait conduit à ce funeste destin. Benny Levy devint rabin et mourrut à Jérusalem.

Pathétique destinée.

Messages

  • J’aime bien tes souvenirs Rethonde, ils sonnent bien avec mon passé de JC à l’époque. A quand un livre écrit par les colleurs d’affiches des années 60-70 et plus par ceux qui vont tant à la soupe qu’ils ne s’essuient plus la bouche ?

    Jck

  • Certes, mais la province ne se référait pas à ces gens-là.

    Par ailleurs, 1969 et suite, n’était plus 1968.

  • Personne n’a le droit de saloper 1968, qq soient ses raisons personnelles, qq soient les revirements de DEUX A TROIS LEADERS, ou qui se prenaient comme tels.

  • Mai 68 a 40 ans
    Moi bientôt 60…

    Sympathisante à l’époque de la G.P .et je n’en garde ni le meme regard, ni ma meme négation mais le souvenir de pouvoir changer le monde, d’ intervertir les rôles, de refuser la mise sous tutelle dans laquelle nous nous retrouvons à présent.

    C’est le pouvoir de la jeunesse que certain ont perdu en mème temps qu’ils ont perdu leur idéal mais, il faut "avoir des rêves suffisamment grands pour ne pas les perdre de vue lorsqu’on les poursuit"...

    Ce n’est pas prôner la guerre civile que demander la gratuité des transports, appeler les opprimés à se soulever, vouloir redistribuer les richesses, Fauchon, un symbole, a d’ailleurs été à l’époque a été assez populaire, c’était le but..

    « Je veux tourner la page de Mai 68 » annonçait Sarkosy lors de sa dernière semaine de campagne présidentielle.

    N’est ce pas là la véritable rupture avec la fin de l’espérance d’etre autre chose qu’une marchandise, un quota , un gueux, une racaille…
    Les capitalistes ont su s’organiser, pas les pauvres.
    Alors, ces années, moi, je les revendique et je suis prète à remettre ça !