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Naissance d’une idéologie : le libéral populisme

Publie le mardi 22 février 2005 par Open-Publishing

tribune libre parue dans l’Humanité du 22 février 2005

Par Patrice Leclerc,

conseiller général PCF des Hauts-de-Seine.

Mais qui est ce Nicolas Sarkozy qui, à cinquante ans, apparaît comme un homme nouveau ? Les idées libérales de Nicolas Sarkozy ne sont pas nouvelles. Elles sont connues et ont déjà été énoncées par le président du MEDEF ou Alain Madelin. Ce qui est nouveau, c’est l’articulation entre une posture politique, une capacité réelle à s’adresser au peuple et l’énoncé de ces mesures libérales. Cette - articulation est facilitée par l’absence de - politique alternative crédible à gauche.

Elle repose sur l’idée d’une faillite des politiques, sur une recherche de dignité des « petites gens » qui demandent un homme fort (« qui en a ! »), décidé, qui a de l’autorité. C’est la capacité de Nicolas Sarkozy à symboliquement représenter cette aspiration qui fait sa force, la trame de sa stratégie de communication et d’action. Il fait du « libéral populisme ». Populisme car celui-ci, et sur n’importe quel sujet, semble partir des préoccupations des gens, parle de « bon sens », mais, libéral car à chaque fois il aboutit toujours sur des propositions favorables aux plus riches ». Ainsi les Français souhaiteraient que leur salaire augmente ? Qu’à cela ne tienne, Nicolas Sarkozy, avec l’argument du libre choix, propose d’allonger la durée du travail pour augmenter les salaires ? Le président de l’UMP utilisant les Hauts-de-Seine comme un laboratoire pour « ses idées » prend appui sur un questionnaire distribué aux habitants pour affirmer que les Alto-Séquanais demandent au conseil général « l’autonomie, la responsabilisation, le libre choix de son mode de vie, la promotion de l’effort et du mérite ».

Ainsi naît un triptyque « travail, famille, mérite » qui très rapidement remplace « liberté, égalité, fraternité, » ! C’est très logiquement que sous couvert de responsabilisation, il refuse d’augmenter les revenus des érémistes, il ne faudrait pas que cela concurrence le SMIC !!! Pour la promotion de l’effort, il continue de financer la faculté privée créée par Pasqua. C’est toujours ce « libre choix » qui pousse le président du conseil général à développer l’aide pour les gardes à domicile des enfants. Les chiffres parlent d’eux-mêmes. Ce choix du « bon sens », de la « liberté de choix des - familles » favorise les - familles déjà les plus aisées. L’allocation de garde d’enfant à domicile concerne en 2003 à Neuilly 584 familles contre 1 à Gennevilliers ! Au nom de la liberté des modes de vie, il veut vendre le logement - social. C’est cette même liberté qui le pousse à mettre en concurrence le service public de l’ANPE avec des officines privées chargées de remettre au boulot les chômeurs, de faire le tri : « L’intérêt serait de faire la différence entre ceux qui ont une impossibilité quasi physique de sortir de l’exclusion et les autres. »

Sous couvert de discrimination positive, il propose des mesures dangereuses pour le développement équilibré des territoires, comme celles d’encourager l’évitement scolaire dans les collèges du département en créant « des internats d’excellence ». Ce libéral populisme s’accompagne d’une forme d’autoritarisme, quand il - annonce sans concertation avec les maires concernés des actions sur les territoires des villes.

Son discours au conseil général des Hauts-de-Seine est émaillé de façon redondante de la formule : « Qui paie décide et qui veut décider doit payer. » Chacun perçoit le danger de cette conception dans le domaine de la culture, car elle remet en cause la liberté de création, mais plus largement l’autonomie de projet et de fonctionnement des associations culturelles et sportives du - département. À partir de ces quelques exemples « la résistible ascension de Nicolas Sarkozy » mérite que chacune et chacun perçoivent l’urgence de construction d’une véritable alternative à gauche.

http://www.patrice-leclerc.org/

Article paru dans l’édition de l’Humanité du 22 février 2005.