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Nicolas Sarkozy : Votez Le Pen - L’affiche qui fait mal aux sans-papiers
Publie le vendredi 30 décembre 2005 par Open-Publishing
L’affiche qui fait mal aux sans-papiers
Interdiction de manifester, arrestations, la préfecture des Hauts-de-Seine met la pression sur le 9e collectif.
par Catherine COROLLER
L’affiche une grande photo en noir et blanc de Nicolas Sarkozy encadrée par ce slogan ravageur : « Votez Le Pen » est toujours au mur. Les militants du 9e Collectif de sans-papiers en sont les auteurs avec Act Up, ils l’assument et le revendiquent, même s’ils ont affirmé hier en payer le prix. « Depuis le collage de cette affiche, la répression s’accentue : la préfecture des Hauts-de-Seine nous a refusé l’autorisation de manifester vendredi (aujourd’hui, à Nanterre, ndlr), accuse Bahija Benkouka, déléguée du collectif. Cela fait des mois qu’on fait des manifestations et il n’y a jamais eu de problème, mais la préfecture nous a dit que dans le contexte actuel elle ne pouvait pas autoriser cette manifestation et qu’elle était révoltée contre cette affiche. »
Garde à vue. Le 22 décembre, quelques jours après l’apparition des premières photos de Sarkozy sur les murs franciliens, six militants du collectif avaient été interpellés et placés en garde à vue. La police était intervenue alors qu’ils distribuaient, comme tous les jours devant leur local prêté par la mairie de Nanterre, des tracts demandant la régularisation des sans-papiers et dénonçant la surenchère des expulsions. Bahija Benkouka y avait déjà vu une mesure de rétorsion commanditée par le ministère de l’Intérieur. « La seule réponse de Sarkozy aux personnes qui contestent sa politique, c’est l’intimidation et la répression », accuse-t-elle. Pour autant, cette militante ne regrette pas le caractère ultraprovocateur de l’affiche : « Elle a suscité des réactions négatives, mais elle a également eu des conséquences positives. La gauche, qui observait jusque-là un silence complice face à la politique de Sarkozy, a été obligée de réagir. »
Dans l’avenir, les membres du 9e collectif promettent d’intensifier leur lutte : « On continuera à mener campagne contre la politique actuelle de Sarkozy qui désigne les sans-papiers et les immigrés comme boucs émissaires », prévient Bahija Benkouka. Avec Act Up, les sans-papiers combattront « le démantèlement de l’Aide médicale d’Etat (réservée aux étrangers en situation irrégulière, ndlr) et les expulsions des sans-papiers malades », et militeront contre « l’avant projet de loi xénophobe et raciste de Sarkozy qui prévoit des quotas d’immigrés, ce qui revient à piller les élites des pays pauvres ».
Du côté du ministère de l’Intérieur, on refuse, au moins en apparence, de croiser ouvertement le fer avec les membres du 9e Collectif. Son entourage affirmait hier que Nicolas Sarkozy ne déposera pas plainte contre le collectif et Act Up pour l’affiche l’assimilant à Le Pen.
Soutien. Dans leur combat, les sans-papiers sont soutenus par la municipalité communiste de Nanterre. Hier, ils évoquaient des pressions exercées sur le maire, Patrick Jarry, pour qu’il les expulse du local mis à leur disposition. Cette salle est stratégiquement située face à la préfecture et au conseil général dont Nicolas Sarkozy est le président. La mairie affiche un soutien total au collectif. « On n’a pas une attitude hostile, on est plutôt compréhensif, affirme le directeur de cabinet du maire, Fabien Salvi. Mais la tolérance municipale a ses limites : « La ville leur avait [d’abord] bien volontiers prêté cette salle pour qu’ils puissent se réunir, poursuit Fabien Salvi, mais mon sentiment c’est qu’ils sont en train de s’y installer durablement, gênant par là même d’autres activités associatives. Hier, j’ai vu 10 à 15 matelas, une télévision... » .