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Nucléaire : la lumière radieuse qui rend aveugle

Publie le jeudi 15 janvier 2004 par Open-Publishing

Tract de la CNT AIT pour la manif anti nucléaire - Samedi 17 janvier 2004 -
14h république à Paris

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C.N.T / A.I.T , B.P 46 , 91103 CORBEIL cedex

Quand les médias parlent du nucléaire, c’est le plus souvent pour évoquer en
« mal » les ventes illicites de plutonium et en « bien » les mini - bombes
atomiques que Bush envisage d’employer. Ils nous informent de la
construction à venir du réacteur EPR tout en passant sous silence la réalité
du fonctionnement « normal » des centrales, évitant ainsi soigneusement les
accidents majeurs auxquels nous avons échappé pour l’instant. Ils taisent le
problème de vieillissement et le coût du démantèlement des centrales et ils
évoquent rarement les mauvaises conditions de vie et de travail des
précaires du nucléaire.

La possibilité d’un accident majeur est reconnue par les autorités de
sûreté. En pareil cas, les conséquences ne sont pas difficiles à imaginer :
augmentation des maladies radio induites, déplacement de population, mort
économique de régions entières, etc. La société deviendra totalement
militarisée et ceux qui ont défendu cette folie (médias, syndicalistes, et
pro-nucléaires de tous poils) se garderont bien alors d’aller ramasser la
merde radioactive, tâche qui sera dévolue aux chômeurs, intérimaires,
RMAstes ou certains détenus qui trouveront là un travail obligatoire et la
haute reconnaissance nationale !

Mais le nucléaire n’est pas seulement synonyme de destructions gigantesques
possibles, c’est aussi des contaminations déjà présentes, autorisées,
normalisées. Qu’elles viennent de rejets des centrales ou des déchets, nous
sommes bien obligés de les assumer. Cette contamination universelle et
invisible représente par les doses qui s’accumulent, qui se dispersent, un
risque beaucoup plus insidieux que la bombe ou l’accident lui-même. La
mortalité par cancers, les tares génétiques, l’affaiblissement des défenses
immunitaires sont reconnus et quantifiables en fonction de la dose de
contamination. Toute dose comporte un risque. Ce fait est reconnu par la
CIPR (Commission Internationale de protection radiologique) à laquelle
participent d’ailleurs des responsables du nucléaire Français. Ces effets
morbides sont d’autant plus difficiles à prouver par la population qu’ils ne
peuvent être mis en évidence que par des experts et des études
épidémiologiques incontrôlables et partiales.

Qu’est-ce qui peut justifier l’emploi d’une technologie aussi morbide ? L’
indépendance nationale et les seuls intérêts financiers ? Non, l’uranium
comme les réacteurs sont en général de provenance étrangère (et quand bien
même seraient-ils français, cela ne changerait rien au problème de fond). L’
option nucléaire n’est pas indispensable à la production d’électricité et
représente moins de 20% de la production totale d’énergie. Les moyens d’
organiser des solutions de remplacement existent avec des Centrales
thermiques au gaz ou au charbon « propre ». EDF en exporte d’un coté la
technologie et de l’autre rachète et ferme les mines de charbon en France
pour mieux rendre le nucléaire indispensable. Et puis, vouloir remédier à l’
effet de serre en utilisant le nucléaire, n’est-ce pas préférer la peste au
choléra ?

L’industrie nucléaire est étroitement liée à l’utilisation militaire. Elle
suppose un monde stable, hiérarchisé, discipliné dans lequel tout s’
exécuterait parfaitement (maintenance et fiabilité du matériel), sans actes
ou changements brutaux aléatoires (économiques, politiques, religieux,
climatiques, etc.). Comme chacun sait ce monde n’est pas le nôtre et nous
avons toutes les raisons de nous inquiéter des effets de cet antagonisme
Pour nous, le nucléaire n’est pas une source d’énergie, une histoire de
pollution ou de rentabilité comme les autres. L’intérêt de cette énergie va
bien au-delà d’un besoin de production d’énergie centralisée pour l’
industrie. Par la menace énorme qu’elle représente et les conditionnements
humains qu’elle engendre (esprit de résignation, d’adhésion, de cogestion au
système), la technologie nucléaire, qu’elle soit civile ou militaire est
plus dissuasive qu’aucun programme politique d’endoctrinement. Elle se
révèle en fin de compte la meilleure camisole sociale que l’État industriel
capitaliste ait inventé. Est-ce un hasard si le développement du programme
électronucléaire français, vanté pacifique, s’est effectué peu de temps
après mai 68 ?

Aujourd’hui la population est comme indifférente face à ce problème. L’
opposition est comme asphyxiée faute de combattants. La raison en est
certainement que l’ampleur de ce danger est tellement insupportable à
affronter que l’individu préfère s’aveugler pour tenter de refouler l’
angoisse et continuer à vivre. A notre avis cette capitulation a conduit à
beaucoup d’autres résignations ou démissions.
Les industries nucléaire et chimique sont le produit d’une vision
scientiste et réductionniste de la vie et ne se limitent pas aux raisons de
leur utilisation, elles engendrent en retour un monde maladif et inhumain.
La génétique trouve dans cet état de fait sa raison d’être : essayer de
réparer, de limiter les dégâts techno-industriels, d’adapter les êtres
vivants à ces nouvelles conditions morbides. Bien entendu cette nouvelle
technologie nous ouvre la voie à de nouveaux dangers !

Dans cet engrenage mortifère, l’individu isolé, impuissant, est dépossédé de
toute autonomie, de toute emprise sur ses moyens d’existence, de contrôle
sur quoique ce soit d’essentiel. Il ne peut que devenir l’instrument de sa
propre déchéance, de sa servitude involontaire, un citoyen rivé à l’État
protecteur, à cet État incontournable dans la gestion des catastrophes.
C’est pour ces raisons et pour qu’un projet de société libre, autonome et
autogérée soit possible que nous devons exiger UNE SORTIE IMMÉDIATE DU
NUCLÉAIRE.

Tract réalisé le 10 / 01 / 2004 pour la Manifestation antinucléaire à Paris
le samedi 17 janvier - 14 H - Place de la République