Accueil > OUI LE MOUVEMENT ETUDIANT EST POLITIQUE

OUI LE MOUVEMENT ETUDIANT EST POLITIQUE

Publie le lundi 19 novembre 2007 par Open-Publishing
2 commentaires

Le 10 novembre 2007, la ministre de l’Enseignement et de la Recherche, Valérie Pécresse a accusé (le terme est repris des médias) le mouvement étudiant d’être « politique ».

A ces propos, le 14 novembre 2007, le mouvement étudiant répond :

Oui madame la ministre, et cela ne vous a pas échappé, nous menons une lutte politique. De cela nous ne rougissons pas mais nous sommes fiers. En prononçant ces mots - « Le mouvement étudiant est politique » - vous avez tenté de manipuler l’opinion publique en lui faisant croire que le mouvement étudiant était sous l’influence de syndicalistes, de groupuscules d’extrême gauche et autres machiavéliques têtes pensantes. En tenant ce discours vous continuez de propager au sein du peuple qui vous écoute l’idée que l’étudiant est un être faible d’esprit, facilement influençable puisque « encore jeune », une sorte d’adolescent attardé en somme, à qui il serait temps de montrer une saine direction que VOUS connaissez sans doute.

En prononçant ces mots « Oui le mouvement étudiant est politique », nous entendons tout autre chose : La politique est tout ce qui concerne la vie de la cité. En ce sens, premier, étymologique, essentiel, notre vie en ce monde est politique. Ce n’est que par une perversion de la langue et du système que « la politique » est devenue le domaine réservé des seuls hommes politiques. Ils organisent, nous subissons. Ils pensent, parlent, nous subissons, nous écoutons, forcés, nous n’avons pas le droit de réponse, excepté une fois tous les 5 ans par le biais d’élections, présidentielles, législatives, municipales, mais alors il faut voir ce que les partis nous proposent comme programmes dans ces élections - nous, étudiants, n’appelons pas cela un choix, mais l’illusion d’un choix.

Ce qu’est devenue la politique, dans nos sociétés occidentales, pseudos démocratiques, capitalistes, n’est que l’organisation du pouvoir par quelques uns, et l’obligation faite aux masses de se plier à ce pouvoir. Ce que nous, étudiants, appelons politique est simplement le droit et le pouvoir pour n’importe quel individu de décider de sa vie en ce monde. Pour que ce droit ne soit pas que théorique - (les hommes naissent et demeurent libres et égaux en droit, tu parles !) - pour qu’il soit également un pouvoir, il est nécessaire que n’importe quel individu puisse influer sur ce monde, c’est-à-dire le transformer par ses paroles et ses actes. Notre parole, notre refus de vos lois, notre refus en acte de la société que Mr Sarkozy et ses amis les grands patrons prétendent nous imposer, ce refus est politique.

Nous, étudiants, ne vous laisserons pas briser nos vies en faisant de l’université une annexe de l’ANPE, un lieu de formation à des métiers que nous ne prétendons pas exercer, une nouvelle machine à faire de bons travailleurs et de bons chômeurs. Nous éprouvons le besoin vital d’avoir du temps pour penser et pour comprendre. Pas pour produire.

Nous sommes différents de ce que vous voulez que nous soyons. Nous ne sommes pas des machines à passer des examens mais des êtres humains, aux aspirations multiples et inconnues de vous. Vous nous offrez de l’argent pour stopper le mouvement (11 millions d’euros déplacés au logement étudiant), nous crachons sur votre argent.

Au sein de la population certains ne sont pas d’accord avec nous et ils continueront de nous traiter d’anti démocrates, de totalitaires et autres terroristes, avec l’appui de la classe dirigeante et des médias, nous n’en n’avons cure. Nous non plus, nous ne sommes pas d’accord avec eux. Nous ne sommes pas d’accord avec les 53% qui ont voté Sarko et nous l’assumons. Nous ferons tout pour que ce gouvernement cesse sa traque aux sans papiers, pour que soient abolies ses lois racistes, pour que n’advienne pas la destruction progressive des acquis sociaux et la mise au pas de ceux qui ne veulent pas vivre en un monde où dominent les valeurs de réussite individuelle et d’argent roi, où le bonheur s’énonce en un slogan « Travailler plus pour gagner plus ». « Travailler plus pour gagner plus » n’est pas notre slogan. Nous voulons une vie meilleure. Nous savons que cela est possible. Ceux qui n’aspirent qu’au plus de fric l’ont oublié.

Oui le mouvement étudiant est politique, non parce qu’il est manipulé par ce qui resterait du dernier bastion de l’Armée Rouge, mais parce que nous savons que TOUT EST POLITIQUE, que chaque enfant, chaque femme, chaque homme a droit à la politique, c’est-à-dire à savoir que son existence en ce monde est déterminée par les structures sociales, étatiques, économiques dans lesquels il se trouve pris et qu’il est fondamental que cet enfant, cette femme, cet homme ai le droit et le pouvoir d’interroger ces structures et de les changer si il les juge mauvaises.

Parce qu’il n’y a pas « la vraie vie » d’une part et la politique de l’autre - qui se résumerait à l’écran de télé sur lesquels on voit vos têtes Sarkozy, Valérie, vos têtes qui gesticulent et vos paroles qui puent « L’essence est trop chère, qu’ils prennent le vélo ! » a dit la ministre des transports en écho à Marie Antoinette qui disait, en des temps monarchiques et anciens, « Ils n’ont pas de pain ? Qu’ils mangent de la brioche ! » - des temps pas si anciens que ça il faut croire.

Le mouvement étudiant est politique parce que toutes les « catégories sociales » dans lesquels vous nous enfermez - étudiants, salariés, salariés du privé salarié du public, chômeurs, sans papiers, prostitués - n’existent pas. N’existe pas d’entité pure telle qu’étudiant, salarié, sans papier, prostitué, j’en veux pour preuve qu’une seule et même personne peut appartenir aux 4 catégories précédemment cités. Ce n’est que dans le but de nous séparer les un des autres et par là de nous empêcher de nous révolter, ce n’est que pour tuer nos luttes dans l’œuf que vous continuez de vous appuyer sur ces catégories dans vos discours, dans vos lois, dans votre organisation.

Diviser pour mieux régner est une formule efficace. Nous pensons qu’elle a fait son temps. Nous balaierons ces catégories en nous réunissant, chômeurs, étrangers, étudiants, cheminots, sans papiers, et nous FERONS TOUT EXPLOSER. Cela, encore, sera politique.

Le mouvement étudiant, nébuleuse. 14 novembre 2007. Contact : Occupation de l’université paris 8, Batiment C, 2 rue de la Liberté, St-Denis, métro St-Denis Université. http://mobilisationp8.forumpro.fr

Rappel : l’occupation est suspendue pour le week end et reprend lundi 19 novembre, à partir de 7h du matin et jusqu’à la victoire finale................ rejoignez nous ! ! ! ! ! ! !

Messages

  • Bravo pour ce texte qui résume parfaitement la situation. Il faut tout de même préciser bien que cela puisse paraître secondaire que
    Nicolas Sarkozy n’a pas été élu par 53% de la population mais par 36% environ des personnes en âge de voter.Ce n’est pas tout à fait la même chose. Les médias "de référence" et les "politiques" ne se privent pas de rabâcher ce chiffre de 53%, ils n’ont pas besoin de nous pour ça. La majorité des habitantes(ants) de ce pays n’a rien demandé à M. sarkozy, et encore moins de mener sa politique de destruction des acquis sociaux au profit de ses petits amis du MEDEF mais aussi du sien.
    Amitiés
    Lul

    • Bravo pour cette analyse ! SARKO n’a effectivement pas été élu par 53% de Français, mais simplement par 53% des sufrages exprimés.

      Les personnages politiques ont une facheuse tendance à oublier cette notion de sufrages relayée par les Médias.

      C’est jouer ainsi sur la méconnaissance par un nombre impressionnant de citoyens de notre systhème constitutionnel .