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"Opération Verdun" : une ville devenue prison

Publie le lundi 23 janvier 2006 par Open-Publishing

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Traduit de l’anglais par BB pour http://quibla.net
Original anglais : http://www.antiwar.com/jamail/?articleid=8424

SINIYAH, Iraq - Les habitants de Siniyah, ville située à 200 km au nord de Bagdad sont en colère contre le mur de sable long d’une dizaine de kilomètres érigé par l’armée US pour contrer les attaques des rebelles.

"Notre ville est devenue un champ de bataille" a déclaré à Inter Press Service Fouad Al Mohandis à un point de contrôle des environs de la ville. "Tant de nos maisons ont été détruites, et les Américains placent des mines dans des secteurs où ils pensent que pourraient se trouver des combattants, même si la plupart du temps c’est à côté de maisons de civils innocents."

Les soldats de la 101ème division aéroportée ont fait l’objet d’attaques presque quotidiennes au moyens de bombes placées le long des routes.
Fouad dit que l’armée US impose désormais un couvre-feu à partir de 17h et qu "il y a maintenant beaucoup d’explosions qui terrifient nos enfants."

L’armée US a commencé à utiliser des bulldozers le 7 janvier pour ériger une grande barrière de sable autour de la ville dans le but d’isoler les combattants qui attaquent les patrouilles US. Les oléoducs vers la Turquie situés dans ce secteur sont régulièrement sabotés par des groupes de résistants.

Ces mesures draconiennes ont provoqué la fureur des 3000 habitants de la ville.
"Ils pensent que par ces mesures ils peuvent stopper la résistance" a déclaré à l’IPS Amer, un employé de la raffinerie voisine de Beji. "Mais les Américains suscitent encore plus de résistance en faisant ce genre de choses. La résistance n’arrêtera pas de les attaquer jusqu’à ce qu’ils se retirent de notre pays."

Cet employé dit ne pas avoir pu sortir de chez lui depuis plusieurs jours et ne pas pouvoir aller au travail ou visiter des membres de sa famille à l’extérieur de Siniyah.
L’armée US a baptisé la construction de ce grand mur de sable ’Opération Verdun’ du nom d’une bataille de la 1ère guerre mondiale. Les forces d’occupation croient que la ville est devenue le principal foyer d’où sont lancées les attaques contre leurs patrouilles ainsi que les bombardements au mortier contre la base Summerall située non loin de là.

Des points de contrôle ont été installés près de la ville où les forces de sécurité iraquiennes et US fouillent chaque véhicule à la recherche d’armes et d’exolosifs.
"Nous ne pouvons plus travailler, nos revenus dépendent de la distribution de carburant", explique Abdul Qadr à un des points de contrôle. "Nous sommes dans une très mauvaise situation. La ville est maintenant isolée et ils placent des barricades partout pour arrêter les combattants. Ils font des descentes tous les jours dans nos maisons à la recherche d’étrangers, pourtant ils n’ont pas pu en trouver un seul."

Abdul Qadr, qui a grandi à Siniyah, a déclaré à IPS que lui et ses voisins se sentaient comme dans un "camp de concentration." C’est aussi de cette manière que les habitants de Falloujah et Samarra décrivaient leurs villes quand les forces US avaient érigé des murs du même genre autour d’eux.

Un mur de 18 km de long a été construit par l’armée US à Samarra tandis que des points de contrôle à l’israélienne restent en place à Falloujah. Les forces d’occupation ont imposé des mesures similaires dans d’autres villes comme Al Qa’im, Haditha, Ramadi, Balad et Abou Hishma.

Alors que de telles mesures de sécurité ont été instaurées dans plusieurs villes, les attaques contre les forces de sécurité n’ont fait qu’augmenter, pour atteindre la centaine par jour ces derniers mois.

"Les USA pensent que les combattants viennent de l’étranger" nous dit Qadr. "Mais c’est faux. Ne peuvent-ils voir que la seule véritable solution est de laisser les habitants d’un pays se gouverner eux-mêmes ?"
(Inter Press Service)


[1par Dahr Jamail, (avec Arkan Hamed), http://www.dahrjamailiraq.com/ 21 janvier 2006