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PERSPECTIVES SOCIALISTES. Pour une nomination.

Publie le jeudi 29 mai 2008 par Open-Publishing
3 commentaires

L’initiative de la LCR pour la construction d’un Nouveau Parti Anticapitaliste est une volonté en quête de sa nomination.

de Michel GROS

Contribuer à la nomination d’une organisation révolutionnaire, avant toute construction de sa structure, c’est penser à la fois la réalité de l’idéologie dominante, les modalités de sa négation et une nouvelle vision du monde.

Contribuer à la nomination d’une organisation révolutionnaire est une obligation de fond plus qu’une obligation de forme.

Ce qui, jusque-là, avait été donné à penser de la nécessité d’un changement radical à travers les analyses critiques et les luttes, semble aujourd’hui jeté aux oubliettes d’une Histoire qui se rêve définitive. Le capitalisme, pudiquement appelé « économie de marché » ou « libéralisme », s’annonce sans scrupule comme l’horizon indépassable d’un monde devenu clos.

Le Parti dit abusivement socialiste contribue à cette résignation dans l’espace politique de notre pays. Ceux qui douteraient de la pérennité de cette résignation, au nom d’une focalisation nostalgique sur le terme de « gauche » auquel ce parti est assimilé, ne pourraient prétendre pour eux-mêmes à une « vision du monde » claire et déterminée. Ce terme de « gauche » qu’il faudra bien extraire des consciences pour la fonction de somnifère qu’il introduit dans les impératifs de la critique en acte du système dominant. Après tout, il ne s’agit là que d’une place occupée dans l’hémicycle d’une démocratie représentative tronquée.

À n’en pas douter, les conceptions pudiques du capitalisme énoncées plus haut posent elles-mêmes un problème de stabilité aux fondements de la critique en acte. Elles introduisent des lignes de fractures visibles jusque dans les stratégies politiques et un émiettement des forces disponibles aux tâches de la négation. Pour preuve, des myriades d’appels viennent encombrer le mouvement de l’unification des consciences, comme un écho à la multiplicité inutile des organisations.

Il y a bien une distinction qualitative à faire entre le capitalisme et le libéralisme.

Une distinction qui porte sur l’appréciation de la nature fondamentale de l’économie mondiale. Une distinction qui décline des perspectives politiques différentes.

Le coeur de cette distinction serait à localiser dans le procès de la cause et de l’effet où auraient à se situer respectivement « le réel capitaliste » et « l’imaginaire libéral ».

Car à ne saisir que les effets d’une cause, il serait manifestement impossible d’opérer une révolution.

Une révolution dont le terme lui-même s’estompe dans des chaînes signifiantes qui manifestent de l’action une approximation douteuse. « Gauche de transformation sociale et écologique » est sans doute celle qui forge la plus importante dimension concurrentielle. Mais elle file sa trame conceptuelle (et donc son échec) en s’adossant à la dimension de l’effet où « l’idéal libéral des Lumières » tente de se substituer à la causalité capitaliste.

À vouloir à tout prix se débarrasser des conceptualités critiques surgies concomitamment aux conceptualités du système capitaliste naissant parce qu’elles ont été maladroitement mises à l’épreuve dans le siècle de toutes les épreuves, cette forclusion altère le minimum de conscience historique nécessaire à la construction d’une organisation révolutionnaire.

Et c’est bien à cette construction que nous convoquent les ravages toujours plus grands d’un capitalisme « décomplexé » et hégémonique. Nous ne pouvons plus nous suffire des perspectives partielles et inopérantes jusque-là mises en avant dans les tentatives d’un nouvel oecuménisme de gauche qui oublie de nommer le capitalisme pour ne pas avoir à se dire socialiste.

Comprendre le capitalisme, construire sa négation communiste, imaginer une organisation socialiste : triptyque indépassable par lequel s’ouvrira la perspective d’un monde meilleur.

Cannes, le 29 mai 2008

Messages

  • C’est sans doute juste, c’est peut-être fort interessant...... mais je doute que la majorité des prolétaires soit en mesure de comprendre ce discours aux mots choisis, certes, mais pas choisis pour être compris du peuple.
    J’en ai assez des discours d’intellos que les intellos ont eux-même du mal à piger, et des discours qui excluent la masse des gens à qui ils sont censés s’adresser et dont ils prétendent vouloir faire le bonheur.

    L’émancipation des travailleurs sera l’oeuvre des travailleurs eux-même, et ce qui ce conçoit bien s’énonce clairement.

    Le reste c’est du "sophisme" ( à vos dictionnaires !!) mot qui pourrait se traduire par "bra....ette intellectuelle"...........à ce rythme là, le Capital peut continuer à dormir et à exploiter tranquille !!!!!

    • Camarade ouvrier Durruti,

      Je ne sais pas si le l’oeuvre de Marx a été écrite pour des ouvriers. Mais il se trouve que malgré mon aliénation, mon ignorance d’alors, je me suis mis à la lire. Ce fut un sacré choc tant sur le plan de la difficulté que sur celui de la "révélation". Je me suis dit : "c’est pas rien le prolétariat. Au moins le prolétaire commence à savoir qu’il n’a pas l’emploi de sa vie. Que ce "savoir" est déjà un dépassement de sa condition d’ouvrier, qu’il va en faire quelque chose."

      Hors vois-tu, camarade ouvrier Durruti, depuis je me méfie terriblement de ceux qui pensent que la classe ouvrière n’est pas apte à comprendre parce qu’elle aurait des mots bien à elle et qu’elle ne pourrait pas en sortir.

      Tu vois, camarade ouvrier Durruti, plutôt que de déployer ton aversion pour le prétendu intellectuel que je suis, tu devrais m’interpeller sur les mots que tu ne comprends pas et sur les idées qu’ils portent. C’est avec plaisir que je te répondrai, avec de surcroît le désir d’apprendre de toi les choses que je ne sais pas.

      Tu sais, camarade ouvrier Durruti, aujourd’hui je ne suis plus un ouvrier mais un prolétaire.

      Bien à toi, camarade ouvrier Durruti.

  • J’ai été hier à la réunion publique organisée sur Lyon par les collectifs des environs, pour expliquer parler de ce nouveau parti

    On sent une volonté légitime de rassembler autour du thème la construction de vies en accord avec les réalités de lutte contre les ségrégations nord-sud, hommes-femmes, consommation-écologie, travail-autogestion

    Non l’autogestion c’est moi qui l’ai ajouté, les gens ne sont encore près à retourner à une vie avec peu de consommation au quotidien, ils sont encore trop attirés par les lumières de la ville

    Ce qui était très vivifiant c’était que comme son nom l’indique tous les milieux étaient représentés, les âges aussi, il y avait beaucoup de femmes dans le public et

    on sentait une atmosphère qui n’était pas juste masculine mais correctement représentative

    Ce qu’il faut bien comprendre c’est qu’actuellement c’est le seul parti inscrit dans les tablettes et connu publiquement,

    qui existe et désire être représentatif et je dis ça moi qui ne suis pas partisan du tout,
    j’insiste la vie de partis politiques ne m’intéresse pas et ne m’intéressera jamais

    je sais qu’on en revient toujours au problème de la dissolution de partis au profit de nouveaux partis et la question que se posent des militants pourquoi mon parti devrait se fondre dans un nouveau parti

    c’est ce qui est appellé en psychanalyse le renoncement, je sais qu’il s’agit d’une petite mort en soi, que c’est aussi lâcher prise s’abandonner en quelque sorte, ce que les hommes ont beaucoup plus de mal à faire que les femmes

    mais c’est en parallèle un renouvellement une naissance, à l’image de la nature qui renait chaque année
    je pense qu’il ne faut pas avoir peur de cet acte au contraire

    je voudrais conclure que pour moi il vaut mieux consacrer son énergie, à vérifier que tout les acteurs de l’anti capitalisme seront présents et représentés au sein de ce nouveau rassemblement des hommes et des femmes

    si un autre parti a un désir de faire autant, alors qu’il n’hésite pas rien n’est inscrit dans le marbre
    mais svp travaillez dans l’urgence