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Paris ouvrier, de Belleville au Mur des Fédérés
Publie le samedi 13 janvier 2007 par Open-PublishingGavroche, Gabin, la Commune et le Front Populaire : dans "Paris Ouvrier", Alain Rustenholz retrace l’histoire d’un Paris populaire encore présente dans certains quartiers.
de Klara Wyrzykowska

Rue de La Tannerie, rue de L’Industrie, rue de La Manutention… Autant d’indices qui rappellent que Paris a longtemps été une ville industrielle peuplée d’ouvriers.
Et si l’on écoute aujourd’hui de la musique à la Bellevilloise, ancienne coopérative ouvrière du XXe arr., en attendant la réouverture d’un Centre d’art contemporain à la Maison des Métallos, dans le XIe arr., c’est parce que la Ville-Lumière, avant de briller de mille feux sur ses boulevards haussmanniens, appartenait d’abord aux classes populaires.
Une domination démographique

En 1848, 40 % de la population parisienne est ouvrière. Nombreux sont les provinciaux et les étrangers venus s’installer massivement dans la capitale pour travailler à l’usine, principale employeuse d’une main d’œuvre abondante issue de l’exode rural.
Les ouvriers dominent alors le paysage parisien, et, en 1931, ils forment encore plus de 30% de sa population, contre 10% des actifs aujourd’hui. De véritables "villes dans la ville"... Avec ses 31 000 ouvriers à Boulogne-Billancourt, les usines Renault sont une enclave séparée du reste de la métropole.
Mythe et représentations
Si les ouvriers et leurs usines sont désormais "délocalisés" au-delà des limites de la capitale, ils forment au XIXe siècle un bastion politique de premier plan. Belleville joue le rôle de "sentinelle" républicaine, véritable montagne ouvrière d’où le peuple descend vers le centre pour se rendre au travail. C’est là que l’on se remémore les souvenirs de la Commune, et que se forment dans l’entre-deux-guerres l’essentiel des militants communistes.
Dès les années 20, la radicalité politique s’estompe au profit du souvenir pittoresque et de la nostalgie, tandis que des années 1940 aux années 1960, l’Est de la capitale devient une vitrine du Paris populaire. En dépit de ces mutations, l’imaginaire des faubourgs, celui de Gavroche, du Front Populaire et des personnages hauts en couleur campés par Gabin, rappelle inlassablement une culture ouvrière passée. Des lieux phares subsistent : anciens sièges de partis ou de syndicats, coopératives, usines, manufactures ou logements ouvriers, sans parler du célèbre Mur des Fédérés au Père Lachaise.
Paris ouvrier : une balade dans le passé de la capitale
C’est à une balade dans ce passé ouvrier que nous convie l’écrivain et journaliste Alain Rustenholz, dans Paris ouvrier : des sublimes aux camarades, publié en 2003 aux éditions Parigramme.
L’auteur retrace la chaîne historique par laquelle l’ouvrier a "fait Paris" et a contribué à modeler la capitale. Au fil des pages, il décrit, quartier par quartier, les lieux qui ont marqué l’histoire du peuple parisien à travers son travail.

Illustré par une iconographie soignée et de nombreuses descriptions, son ouvrage propose un véritable parcours guidé dans les vingt arrondissements, en décrivant la vie et le rôle des ouvriers à Paris. Un "tableau" se dessine, permettant de comprendre pourquoi au XIXe siècle les ouvriers changeaient déménageaient souvent, ce qu’ils mangeaient ou encore où ils se rencontraient…
Même si les traces de ce passé sont de plus en plus enfouies sous les quartiers rénovés ou repoussées à la périphérie de la ville, elles demeurent bien présentes dans l’Est parisien : ne reste qu’à les reconnaître au détour d’une rue ou dans une ancienne musique ou d’instruments à vent…
Paris ouvrier : des sublimes aux camarades
Auteur : Alain Rustenholz
368 pages
Editions Parigramme