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Parti Socialiste : un congrès à l’issue incertaine
Publie le mercredi 24 août 2005 par Open-PublishingVers un congrès à l’issue incertaine
Avant l’ouverture de l’université d’été à La Rochelle le week-end prochain, la crispation des débats révèle des divisions profondes. Le congrès socialiste s’ouvrira dans trois mois.
de Olivier Mayer
Proche de Dominique Strauss-Kahn, le député socialiste de Paris Jean-Christophe Cambadélis souhaite avec élégance « un débat de fond, pas un débat de con ». Christophe Caresche, député du 18e arrondissement de Paris, regrette « les déclarations extrêmement belliqueuses de Claude Bartolone », et la façon « extrêmement militaire dont se regroupe la majorité ». L’ancien ministre de l’Intérieur Daniel Vaillant appelle à « éviter une surchauffe anti-cipée et malvenue », et Jack Lang, dans un entretien au JDD exhorte à se battre « pour des idées, pour un projet de société, pas comme des chiffonniers ». Pour qui en douterait, ces appels au calme révèlent qu’il y a bel et bien le feu dans la maison socialiste. D’autant que la plupart de ces déclarations apaisantes sont assorties de considérations dont l’effet risque d’être semblable à celui d’un coup de mistral sur une garrigue asséchée. Le sage Vaillant traite ainsi le fabiusien Claude Bartolone de « porte-flingue », Michel Rocard agite la menace d’une « scission du parti », et Jack Lang, respectueux du vote majoritaire des électeurs, estime que « Hollande n’a pas davantage perdu ce référendum que les militants du "non" ne l’ont gagné ».
Les socialistes n’ont donc pas attendu la tenue de leur université d’été de La Rochelle, le week-end prochain, pour relancer les hostilités. À trois mois de leur congrès, l’enjeu n’est-il que la désignation d’un candidat à la présidentielle ? Jack Lang souhaite que La Rochelle ne soit pas « un concours d’écuries présidentielles, une compétition de divas ». Daniel Vaillant rappelle que « ce n’est pas le moment de désigner un candidat à la présidentielle » et ajoute qu’il « n’y en a d’ailleurs aucun qui s’impose ». François Hollande, Jack Lang, Laurent Fabius se sont quasiment déclarés, mais d’autres noms circulent, de Dominique Strauss-Kahn à Ségolène Royal et Martine Aubry. Vincent Peillon, cofondateur avec Arnaud Montebourg du Nouveau Parti socialiste, indique que « le NPS pourra avoir son candidat ». Et il ne faut pas oublier dans la liste l’ancien premier ministre Lionel Jospin dont la présence à La Rochelle est annoncée. Mais on aurait tort de penser que le débat ne porte que sur des enjeux de personnes ou de candidatures. Des clivages de fond sont apparus depuis l’échec de 2002, et le référendum en a été un révélateur majeur.
La lecture des contributions déposées en vue du congrès ne contribue pas forcément à une clarification. Dominique Strauss-Kahn est assez limpide lorsqu’il annonce que « le problème socialiste n’est pas de changer de tête, mais de renouveler l’orientation, de proposer un autre chemin que ce que fait la droite et ce que fit la gauche ». Michel Rocard l’avait été lorsqu’il critiquait les 35 heures ou approuvait la réforme des retraites de Raffarin. Mais Jack Lang parle-t-il de la même chose lorsqu’il appelle à « une vraie rupture idéologique, rupture avec un système politique d’un autre âge, rupture avec l’ordre injuste du monde » ? Or tous trois ont signé, avec François Hollande, une même contribution pour le congrès du PS. Est-ce un hasard si, malgré ses déclarations visant à dépasser les clivages du référendum, François Hollande n’a pu pour l’instant rassembler derrière lui que des partisans du « oui » ? Chez les partisans du « non », la critique de la direction du PS est générale. Claude Bartolone reproche à Hollande « un triple échec » : d’avoir « divisé le PS », d’avoir été « méprisant vis-à-vis d’autres formations de la gauche » et « silencieux » dans son opposition à la droite. La volonté de se rassembler lors du congrès pour « changer de cap et de majorité » semble manifeste du côté de Fabius, d’Emmanuelli, de Mélenchon et des amis de Montebourg au sein du NPS. De quoi créer, pour l’issue du congrès de novembre, une très grande incertitude. Aucune hypothèse ne peut être écartée, tant ce qui divise les socialistes paraît toucher à leur identité, à ce que veut dire aujourd’hui « être de gauche ».