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Pécresse et Œdipe (video)

Publie le jeudi 26 mars 2009 par Open-Publishing
1 commentaire

On n’explique pas l’histoire ou la politique par la psychologie. Mais nous venons tous de quelque part, et ce quelque part est en partie constitué par notre origine personnelle.

Valérie Pécresse se trouve où elle est car elle a choisi de servir de très grands intérêts qui la dépassent. C’est une dame de fer, une tueuse. Voir comment elle a récemment envoyé Karoutchi dans les cordes sans que les siens lui en aient voulu de sa proposition vulgaire et ignoble selon laquelle une région doit être dirigée par un père ou une mère de famille.

On connaît depuis longtemps le mépris que voue l’ancien mauvais élève Sarkozy aux valeurs de la République Française, à l’Éducation Nationale et à ses fonctionnaires. S’il s’est attaqué, dès son installation à l’Élysée, avec autant d’acharnement, à l’Université et aux universitaires, c’est bien sûr parce qu’il est l’obligé du CAC 40, de l’OMC, de l’ERT, de tous ceux qui gouvernent le monde hors du champ démocratique et qui veulent faire de l’enseignement un marché et des enseignants une marchandise voir à ce sujet un lumineux et récent exposé de Geneviève Azam :

C’est aussi parce qu’il avait un compte personnel à régler avec lui-même.

Le cas de Pécresse est un peu différent. Mais, comme son supérieur hiérarchique direct, elle nous inflige elle aussi, en plus de ses intérêts de classe, sa névrose personnelle et familiale.

Consultons sa fiche sur Wikipédia. La première phrase du paragraphe consacrée à sa biographie nous apprend qu’elle est « la fille de Dominique Roux, professeur d’université et président de Bolloré Telecom. » On pourrait s’arrêter là : tout y est. Elle se détermine comme la fille de son père qui est à la fois un professeur et un entrepreneur au service d’un homme d’affaires de haute volée. Le modèle qu’elle a devant elle depuis des années est celui dont elle rêve (comme Sarkozy) pour les universitaires : des experts au service du capital, une recherche immédiatement soumise aux desiderata de l’entreprise.

Comme son père, Valérie Pécresse a un lien fort avec HEC : elle en est diplômée, il y a enseigné. Dominique Roux a une solide et classique carrière d’économiste derrière lui : docteur puis agrégé. Il est professeur des universités depuis 1982. Il est l’auteur de plusieurs ouvrages, dont un a retenu mon attention : Les 100 mots de l’Internet, écrit en collaboration avec Xavier Niel, publié aux P.U.F. en 2008. 23ème fortune de France à 40 ans (plus de deux milliards d’euros), Xavier Niel est l’un des informaticiens français les plus innovants. Il est l’inventeur de la “ Box ” (Freebox et toutes les boîtes qui s’en sont inspirées). Il est le cofondateur d’Iliad, de Worldnet et a investi, selon Wiképdia, dans de nombreuses startups, comme Bakchich info ou Mediapart.

Plusieurs années avant que le père de Valérie Pécresse ne cosigne un livre avec lui, Niel, toujours selon Wikipédia, avait été mis en examen et placé en détention provisoire en mai 2004 pendant un mois pour proxénétisme aggravé et recel d’abus de biens sociaux. Le 30 août 2005 une ordonnance de non-lieu fut rendue en sa faveur par le juge d’instruction Renaud Van Ruymbeke concernant les accusations de proxénétisme. En 2006, il fut condamné à deux ans d’emprisonnement avec sursis et à 250.000 euros d’amende par la 11ème chambre du tribunal correctionnel de Paris pour recel d’abus de biens sociaux datant de 2001 à 2004 dans une société dont il était simple actionnaire. Il a reconnu les faits. La somme perçue sur trois ans avoisinait les 200000 euros. Suite à cette affaire, Xavier Niel a attaqué plusieurs fois en diffamation Libération et le journaliste Renaud Lecadre, spécialiste des affaires économiques et financières, auteur d’articles dans le quotidien et sur le site liberation.fr, évoquant ses démêlés judiciaires. Mais Xavier Niel et la société Free ont été déboutés systématiquement lors de procès qui se sont tenus au deuxième trimestre 2008. À chaque fois, ils ont en outre été condamnés à verser des dommages et intérêts à Libération pour procédures abusives.

Le professeur Dominique Roux, père de la ministre de l’Enseignement supérieur, a donc travaillé, en toutes connaissances de cause avec un individu lourdement frappé par la justice.

Les liens qui unissent tous ces gens sont d’une force qui échappe au commun des mortels.

Si Pécresse devait lâcher prise dans la lutte qu’elle mène, au nom du Président de la République, contre les universitaires, elle en serait politiquement, mais surtout personnellement, foudroyée.

Messages

  • Le professeur Dominique Roux, père de la ministre de l’Enseignement supérieur, a donc travaillé, en toutes connaissances de cause avec un individu lourdement frappé par la justice.

    Ah, oui, je vois, c’est facile d’être une fortune classée, par de tels moyens !

    Ces gens-là ne me font même pas rêver, parce que le socle sur lequel ils s’appuient est très souvent pourri et nauséabond. Et quand je vois des costard-cravate, ça ne m’inspire rien de bon ! Les exemples et les preuves ne manquent pas, ils tombent en pluie dans les médias ces derniers temps !

    Et Pécresse n’aurait jamais dû être au ministère de l’Education nationale, en raison de ses accointances avec père et mari dans le monde universitaire ! On en voit le résultat désastreux aujourd’hui, aller jusqu’à berner les authentiques enseignants-chercheurs, collègues de ses père et mari, il faut le faire !