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Perles pêchées dans les médias du mois de janvier 2007

Publie le samedi 10 février 2007 par Open-Publishing

Extermination paramilitaire

El País publie, le 30 décembre, une information dont le titre est le suivant : « Les paramilitaires colombiens dénoncent leur extermination ». Dans le corps du texte, nous apprenons que quatre de ces individus d’extrême droite ont été assassinés après la démobilisation de leurs 31 000 combattants, disent-ils. Si on peut appeler ça une extermination, il faudra nous expliquer comment nous devons appeler l’assassinat de 3 000 militants non armés du parti de gauche Union Patriotique par ces mêmes paramilitaires. Les bourreaux d’aujourd’hui se font passer pour des victimes.

Fournir les bombes et les morts

El País du 3 janvier consacre un grand reportage à la fabrication d’armes en Espagne. Nous découvrons, dans cet article, que notre pays est un des fabricants de ces « bombes en grappe » (les bombes Shrapnell) qui constituent « le plus grand risque pour les Casques Bleus et la population civile au Sud du Liban où Israël en a lancé plus de 100 000 à la fin de la guerre ». Ça serait fort de café que des Casques Bleus espagnols, présents dans cette région du Liban, soient tués par une de ces bombes que nous mêmes avons fabriquées et vendues aux Israéliens. C’est notre façon à nous d’alimenter le marché : nous fournissons les bombes et les morts.

Dérive vers la dictature.

C’est la nouvelle orientation prise par Chávez, au lendemain de sa victoire électorale, qui fait le sujet de l’éditorial de El País du 6 janvier. On y analyse l’intention du Président du Venezuela d’« unifier les divers partis chavistes » et de « réformer la Constitution pour permettre la réélection du président sans limitation du nombre des mandats ». Face à cela, l’éditorial se termine en affirmant : « plus que jamais, le pays a besoin d’une opposition active et libre pour empêcher démocratiquement toute dérive vers une dictature ». Je ne sais pas où ce journal voit une « dérive » ; ces deux mesures - un seul parti pour un candidat à la présidence et pas de limites pour le nombre de mandats pendant lesquels un président pourra gouverner s’il est élu - sont exactement en vigueur en Espagne et dans la plupart des pays voisins.

Attentat des FARC

Suite à l’évasion d’un ministre prisonnier de la guérilla des FARC, la correspondante de El País termine son article ainsi : « L’échange de prisonniers a été repoussé par le Gouvernement du Président Uribe après l’attentat à la voiture piégée perpétré par les FARC, à Bogota, le 20 octobre dernier ». Cet attentat, non seulement n’a pas été revendiqué par la guérilla, mais il a été démenti et, en plus, des poursuites judiciaires ont déjà été instruites contre des policiers et des militaires accusés d’avoir commis des attentas de ce type dans le seul but de dynamiter ces mêmes négociations. Et il est impossible que la correspondante en Colombie de El País ignore ces informations.

Des Pays sans Commissaires dans l’Union Européenne.

Comme on le sait, l’organisme de l’Union Européenne qui fait fonction, disons-le ainsi, de Gouvernement, c’est la Commission Européenne. El País du 6 janvier donnait pour titre à une nouvelle : « Le Vice-Président de la Commission Européenne propose de réduire le nombre des Commissaires ». L’idée c’est d’arriver à ce qu’il y ait moins de 27 Commissaires, 27 étant le nombre des pays qui font partie de l’U. E. Ainsi donc, le manque de démocratie sera tel qu’il y aura des pays qui n’auront même pas un représentant au gouvernement européen.

Faire mal.

C’est un long reportage sur la mobilisation qui a eu lieu en France pour soutenir les « Sans abri » et qui fait référence à l’ONG qui a organisé la protestation, « Les enfants de Don Quichotte ». El País, du 6 janvier, écrit : « Le Gouvernement français sait que ce groupe, même s’il est petit, peut faire mal ». Se mobiliser pour protester contre le fait que 80 000 ou 100 000 personnes vivent dans la rue, ils appellent ça « faire mal ».

Acheter la Lune.

Dans El País du 6 janvier, nous apprenons qu’une société israélienne est en train de vendre des terrains sur la Lune. Cela est possible parce que « dans les années soixante dix, le nord-américain Dennos Hope a fait enregistrer, à son nom, la Lune et toutes les planètes du système solaire ». Dites-moi, ça serait rigolo si on voyait débarquer, chez nous, des extraterrestres et s’ils nous déclaraient avoir enregistré, à leur nom, sur leur planète, la planète Terre et s’ils nous demandaient à tous de déguerpir parce que tout, ici, leur appartient...

Contrôle des flux de l’immigration

Dans « la Gazette des Canaries », un supplément du quotidien El Mundo, en date du 7 janvier, je lis en Une le titre suivant : « La Marine a été vivement félicitée pour son travail de contrôle des flux de l’immigration ». En effet, son contrôle a été réellement efficace puisque, rien qu’en 2006, elle a permis à 6 000 Africains de se noyer en essayant d’atteindre les côtes des Canaries sans être découverts.

Entrer dans un hôtel

Dans El País du Dimanche du 7 janvier, on peut lire une longue interview du rocker Fito & Fitipaldis. On y parle à peine de politique et encore moins de politique internationale. Mais, à un moment donné, le chanteur cite juste Cuba pour critiquer le fait, déjà ancien, qu’une amie à lui, cubaine, s’était vue interdire de monter dans sa chambre d’hôtel. Ce qui, apparemment n’arrive plus aujourd’hui. Le chanteur dit : « Aujourd’hui, quand j’y pense, ça me révolte. Si, dans mon propre pays, à moi, on m’empêchait de monter dans une chambre d’un hôtel, eh bien, je reviens cette nuit même et je mets le feu à l’hôtel ». Ben oui, vieux, en Espagne, on t’interdit l’accès à tout hôtel si tu n’as pas payé avant, c’est ça ta liberté ici. Tu peux faire ce que tu peux payer.

Le déficit de l’hôpital

Le journal A B C du 7 janvier, consacre un article aux déficiences des hôpitaux italiens. Le texte se termine par l’affirmation que la Polyclinique Humberto I de Rome, le plus grand hôpital public de toute l’Italie, à la fin de 2006, connaît un déficit de 118 millions d’euros ce qui veut dire que, chaque jour, il perd 32 300 euros ». Mais qu’est-ce qu’ils veulent ? Qu’un hôpital public fasse des bénéfices ? Ce qui se passe, c’est peut-être tout le contraire, c’est parce que son budget est insuffisant que cet hôpital marche mal. Quand un service public est déficitaire par manque de subventions, la droite trouve la solution : elle dit qu’il dépense trop pour préparer sa privatisation.

La droite, la gauche et les populistes

Le journal La Vanguardia, du 8 janvier, illustre une information avec « la carte politique de l’Amérique du Sud ». Il divise les pays en trois groupes : gauche, droite et... populistes. Font partie de ces derniers : Le Venezuela, la Bolivie et l’Equateur. Ceux de gauche ce sont : le Brésil, le Chili, l’Argentine et l’Uruguay : Donc, on accorde à la social-démocratie l’exclusivité de la gauche ; ceux qui nationalisent leurs richesses naturelles et signent des accords avec Cuba ne sont plus de gauche, ils ont populistes !

Les Laissez-les-vivre tuent.

Un reportage du journal El Mundo du 9 janvier parle des attaques contre les cliniques, des menaces de mort à l’encontre des médecins et aussi des assassinats perpétrés par les groupes anti-avortement aux Etats-Unis. Depuis 1977, aux Etats-Unis et au Canada, on compte sept homicides, 17 tentatives d’assassinat, trois séquestrations, 41 attentats à la bombe, 1 213 actes de vandalisme et 100 agressions avec jet d’acide. Ce qui est spectaculaire c’est le titre de cet article : « Les excès de la croisade des « laissez-les- vivre ». C’est d’un cynisme achevé que d’appeler ces actes des « excès » et encore plus de donner le nom de laissez-les vivre (sans guillemets dans le titre) à la cause qu’ils disent défendre.

Sandiniste contre le monde

A la suite de la rencontre de Daniel Ortega avec un haut Responsable du Département d’Etat des Etats-Unis et de la modération du Président du Nicaragua, El Mundo du 9 janvier titre : "Un ex-leader sandiniste réconcilié avec le monde". Ni le sandinisme ni son leader, Daniel Ortega, n’ont jamais eu de problème de conciliation avec le monde ; ils en ont eu avec les Etats-Unis qui leur ont déclaré la guerre et qui ont financé des groupes paramilitaires contre le Nicaragua. Le gouvernement Reagan a même été condamné à ce sujet par les Nations Unies pour avoir violé le droit international.

Bombarder Al-Quaïda

Le 9 janvier, après que les Etats-Unis eurent bombardé la Somalie, la plupart des médias ont repris les déclarations du nouveau Président du pays qui a affirmé que « les Etats-Unis ont le droit de lutter contre Al-Quaïda ». Je suppose que, de la même façon, tout pays doit se sentir le droit de bombarder les Etats-Unis s’il croit que sur le territoire des Etats-Unis se trouvent des membres d’Al-Quaïda ou d’un quelconque autre groupe terroriste.

[...]

Original en espagnol :
http://www.rebelion.org/noticia.php...

suite (version française) :
http://vdedaj.club.fr/spip/article....