Accueil > Pietiner leur parlementarisme...!
Les mouvements sociaux de résistance à la destruction de près d’un siècle
d’acquis des luttes ouvrières se succèdent et s’accélèrent depuis
plusieurs années. La précarité dans le salariat qui implique
nécessairement la précarité dans tous les aspects de la vie touche
aujourd’hui, en France, plusieurs millions de personnes. Cette précarité
est encore plus massive dans certains pays européens comme l’Espagne et
la Grande Bretagne. C’est l’objectif majeur du capital, de son serviteur
l’Etat et ses gestionnaires élus “ démocratiquement ” par de moins en
moins de “ citoyens ”. Ce n’est pas une nouveauté, c’est même un retour
aux sources de l’exploitation de l’homme par l’homme. La précarité n’est
pas liée à la seule politique du gouvernement
actuel. La “ gauche ” a en son temps généralisé l’usage de contrats
précaires : CES, CEC, emploi jeunes, vacataires du public, etc.. En
Allemagne, l’accord de “ grande coalition ” scellé le 11 novembre entre
la droite (CDU) et la gauche (SPD) prévoit le passage de la période
d’essai de six mois à deux ans. “ Galouzeau ” n’a donc rien inventé, si
ce n’est de découper les entreprises en taille (le CNE réservé aux
entreprises de moins de 20 salariés), les prolétaires en âge (le CPE)
avant de tenter d’aller vers un contrat de travail unique où le patronat
aurait (entre autres), comme au Royaume-Uni, la possibilité de licencier
sans devoir le justifier durant les deux premières années de travail.
Le CPE n’est qu’un aspect parmi d’autres de cette attaque du système
capitaliste. Mais, son contenu de classe et sa discrimination envers les
jeunes ont été perçu par des millions de personnes. La méthode du “
Galouzeau de service ” qui croyait passer en force comme ses
prédécesseurs en se passant même d’inviter à sa table les traditionnels
partenaires sociaux, a déplu, révolté et enflammé une grande partie de la
jeunesse de ce pays qui s’est très progressivement senti humilié et
réduit à une marchandise.
La mobilisation s’est faite très lentement dans un contexte social global
jalonné depuis des années de défaites (retraites, privatisations,
délocalisations, etc.). Il ne nous restait plus qu’à nous satisfaire du
rejet du traité constitutionnel de l’Europe et du pourcentage croissant
des électeurs s’abstenant lors des tournées du cirque électoral. Mais la
mayonnaise a monté progressivement pendant des semaines sans que le
pouvoir ait eu l’intelligence de trouver des appuis réels dans la
société. Même la direction de la CFDT et autres CGC, le MEDEF ont été
négligé !
C’est ainsi que nous assistons à la naissance d’un véritable mouvement
social qui englobe non seulement les étudiants, des lycéens, mais aussi
une partie des précaires atomisés, des travailleurs, des intermittents,
des chômeurs... Des jonctions intergénérationnelles ont lieu y compris,
mais pas seulement, avec le bon peuple de gauche (au sens large) qui
cache de plus en plus mal sa mauvaise conscience d’avoir voté Chirac
contre Le Pen en 2002 (sans illusion car si c’était à refaire,... il le
referait !).
Dès le départ, ce mouvement chez les étudiants ne s’est pas
majoritairement restreint à la lutte contre le CPE. Il a englobé le CNE
qui est passé voici quelques mois comme “ une lettre à la Poste ”,
l’apprentissage à 14 ans et toute la loi sur “ l’égalité des chances ”,
l’amnistie pour les lycéens condamnés l’an passé et pour les émeutiers de
novembre. Puis, dans beaucoup d’AG, fut abordées toutes les lois
liberticides et les projets comme celui concernant la prévention de la
délinquance, l’immigration choisie, ... Ce refus de la précarité par les
étudiants et les lycéens fait écho aux émeutes de novembre dernier.
Aujourd’hui, plus aucun jeune ne croit à cette société. Bien sûr, le “
bac + x ” s’en sortira forcément mieux, en moyenne, que le jeune sortant
de l’école sans diplôme. Mais on voit des ponts s’établir de-ci de-là
entre sans papiers, intermittents, précaires, jeunes des villes ... et
jeunes des banlieues.
Remercions “ Galouzeau ” de permettre, par son mépris social, à une
nouvelle génération de jeunes d’avoir une occasion comme jamais de se
politiser. Rien ne vaut une bonne grève avec occupation et blocage, des
heures, des jours et des nuits d’échanges et de débats même houleux, des
manifs, ... pour permettre de nous armer contre le capitalisme. Plus cela
dure longtemps, mieux c’est ! Nous avons rarement dans une vie l’occasion
de cesser d’être raisonnables et soumis à l’ordre établi. Il faut donc la
saisir, la vivre selon ses envies, ses moyens. Dans Grève, il y a Rêve !
Nous avons eu la chance que le Pouvoir ait cru, pendant plusieurs
semaines, pouvoir se passer de ses partenaires sociaux qui ont été
contraint d’accompagner et de suivre le mouvement. Mais les liens de la
collaboration vont naturellement, dans les prochains jours, se renouer
car leur “ maison France ” (ils n’osent pas encore utiliser le mot “
patrie ”) est en danger. Elle est effectivement en danger ! La trouille
de la radicalisation du mouvement s’empare tout naturellement de toute la
classe politique et syndicale. D’autant plus que leur dernière “ bouée de
sauvetage ”, le Conseil Constitutionnel saisi par la gauche
parlementaire, vient de reconnaître que cette loi est finalement conforme
à la Constitution de l’Etat français ! Génial ! Nous ne
pouvions espérer mieux... Après avoir contesté une loi votée, le
mouvement va-t-il continuer, se développer, s’étendre quantitativement et
qualitativement par une extension de ses revendications en piétinant
allègrement leur parlementarisme. l’Etat veut aller à l’affrontement,
allons-y ! Il a beaucoup à y perdre et nous avons tant à y gagner !
Il y a bien d’autres citadelles à prendre et à détruire avant de
construire un autre monde.
O.C.L.
[ info reprise du site : http://oclibertaire.free.fr ]
Messages
1. > Pietiner leur parlementarisme...!, 7 avril 2006, 09:28
je vous rappelle aussi la décision de la cour de cassation du 11 janvier 2006, affaire pagesjaunes, que maintenant, l’employeur peut, sous prétexte de menaces HYPOTHETIQUES sur sa compétitivité, modifier les contrats de travail de ses salariés....sous peine de licenciement dans le cadre d’un "plan de sauvegarde de l’emploi" ...!!!! cette jurisprudence est passée sous silence par les syndicats et les partis politiques de gauche mais pas par le medef qui iinnonde tous les employeurs de france de fax, de mails, d’informations sur cet arrêt ......
Entre CNE, CPE et CDE (dernière embauche), c’était le maillon manquant dans le dispositif Galouzeau de destruction du code du travail.
Mobilisons aussi les salariés sur cette décision passée inaperçue de tous, sauf des 118 licenciés de PageJaunes ! 118 ? et vous trouvez ça drôle ?