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Pourquoi la Russie a acheté une quantité d’or record en 2014

par LeChatNoir

Publie le mardi 3 février 2015 par LeChatNoir - Open-Publishing
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On sait désormais quel est le mystérieux acheteur qui faisait grimper les cours de l’or l’année dernière : c’est la banque centrale russe, dont les acquisitions d’or ont représenté un tiers des achats totaux d’or des banques centrales de l’an dernier.

En 2014, les banques centrales du monde ont acheté quelque 461 tonnes d’or, ce qui représente 13% de plus qu’un an plus tôt et en fait la seconde année avec le niveau d’achats le plus élevé depuis la disparition de l’étalon-or en 1971. Ce faisant, les banques centrales cherchent à sécuriser leurs réserves et à les mettre à l’abri de la grande volatilité de certaines devises, et sur les six dernières années, elles ont ajouté 1800 tonnes d’or à leurs réserves.

Mais dans ce domaine, la Russie s’est particulièrement distinguée, avec des achats qui ont atteint 152 tonnes en 2014, soit près d’un tiers des achats d’or de toutes les banques centrales de 2014, et 123% de plus par rapport aux achats d’or qu’elle avait effectués l’année précédente. Depuis la chute de l’Union Soviétique, le pays n’avait jamais acquis autant d’or…

Ce comportement est motivé par la volonté des Russes de diversifier leurs réserves de change. En particulier, ils souhaitent se protéger de toute dépendance à l’égard du dollar et de l’euro, compte tenu du contexte diplomatique actuel. Mais ils souhaitent aussi offrir un soutien au rouble, qui a perdu 50% de sa valeur contre le dollar au cours des derniers mois, en raison de la chute des cours du pétrole, mais aussi des sanctions économiques infligées à la Russie par l’Occident. La banque centrale russe a réduit en parallèle ses réserves en dollars et en obligations souveraines européennes.

« Il n’y a aucun intérêt pour les Russes à faire tout ce qui pourrait être utile aux Etats-Unis ou à l’Europe. Etant donné les sanctions… l’or est l’un des actifs que [la banque centrale russe] peut acheter sans que cela fasse cela », commente Ross Strachan de GFMS, une division consacrée à la recherche sur les métaux chez Thomson Reuters, qui est à l’origine des chiffres cités dans le Financial Times.

Ces achats soulèvent la question d’un potentiel regain d’attractivité de l’or. C’est difficile à dire, répond Marc Fiorentino de MonFinancier.com. « L’or reste une matière première et les matières premières sont sous pression. Mais, et c’est assez amusant, l’or a perdu un de ses inconvénients majeurs. On reprochait souvent à l’or de ne rien rapporter. Mais aujourd’hui, avec la multitude de pays et de zones économiques qui ont des taux nuls, ce n’est plus un problème. L’or a même gagné un avantage compétitif par rapport à des monnaies qui ont des taux négatifs. En fait rien n’a changé. L’or ne sert qu’à se rassurer. C’est un anxiolytique. Il ne se réveillera vraiment qu’en cas de crise majeure d’anxiété mondiale ».

L’année dernière, le super-investisseur Warren Buffett avait fait part de son incompréhension pour l’attrait de l’or.

D’après lui, la valeur de l’or ne repose sur rien d’autre que sur la volonté de la préserver. Mais ce qu’il reproche le plus à l’or, c’est son incapacité à créer de la valeur.

Dans une lettre qu’il avait adressée aux actionnaires des sociétés dans lesquelles il avait investi en 2011, « l’Oracle d’Omaha » avait qualifié l’or « d’actif improductif », et affirmé que les actifs tels que l’or ne produisaient jamais rien, mais que des investisseurs en achetaient dans l’espoir que d’autres seraient prêts à payer encore plus cher qu’eux dans le futur. Il avait ajouté que ces acheteurs n’étaient pas inspirés par ce que l’actif pouvait produire en lui-même – il resterait éternellement inanimé – mais par la croyance que d’autres le désireraient avec encore plus d’avidité dans le futur.

Buffett voit deux inconvénients rédhibitoires dans l’or : il ne sert à rien et n’est pas procréatif.

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