Accueil > Pourquoi le Parti communiste a-t-il été si puissant en France ? Réponse d’un (…)
Pourquoi le Parti communiste a-t-il été si puissant en France ? Réponse d’un spécialiste (1)
Publie le lundi 15 octobre 2007 par Open-Publishing3 commentaires
L’exception française
PROPOS RECUEILLIS PAR JEAN SÉVILLIA
Le Figaro Magazine - Par rapport au « Livre noir du communisme », paru il y a dix ans, qu’apporte ce « Dictionnaire du communisme » (2) ?
Stéphane Courtois - Le Livre noir était concentré sur la dimension criminelle du communisme au XXe siècle, alors que le Dictionnaire traite du communisme au sens large. Nous abordons les autres domaines : économique, social, militaire, culturel.
Certains vous objectent qu’il n’existe pas un communisme, mais des communismes...
Il y a une définition très simple du communisme : une société sans propriété privée. Cela, c’est l’idée. Pour ce qui est de l’histoire, il a existé, au XXe siècle, un communisme dominant - le bolchevisme -, qui a essaimé dans le monde entier. Lénine a inventé une forme du communisme, et cette forme est unique. Même si les Chinois, à un moment donné, ont rompu avec les Soviétiques, ils ont conservé le modèle léniniste.
Le communisme est-il un bel idéal qui a été perverti ?
C’est un lieu commun seriné pendant des décennies par les communistes, et que beaucoup, même à droite, ont repris. Mais lisez Lénine : vous aurez beau chercher, vous ne trouverez rien qui ressemble à une aspiration à un bonheur tranquille. Vous ne rencontrerez que des textes parlant d’insurrection, de prise du pouvoir, de lutte armée, d’extermination. Le bel idéal communiste, c’est une figure de propagande. Mais il n’y a pas d’ambiguïté : les grands fondateurs - Lénine, Staline, Trotski, Mao, Pol Pot ou Kim Il-sung - étaient tous des partisans de la guerre civile.
Pourquoi le communisme a-t-il été un courant si puissant en France ?
Le PCF a été le « fils aîné de l’Eglise communiste ». Sa structure de parti de masse s’est construite en 1934-1935 et s’est consolidée à la Libération, quand tout le monde a voulu oublier la dissolution du parti par la IIIe République après le pacte germano-soviétique. Songeons que la direction du PCF a été la même du début des années 30 jusqu’à la fin des années 70. Le PCF a par ailleurs été le mentor d’autres partis, au Maghreb, en Afrique noire, en Indochine. L’influence du PCF dépassait donc, de loin, les frontières françaises. En France, l’idée communiste a trouvé un terreau particulièrement fertile où a pu s’épanouir le mouvement bolchevique. En premier lieu, la passion révolutionnaire, depuis la Révolution française, est une donnée fondamentale de notre culture politique. Les communistes se sont nourris de cette passion, surtout à partir du tournant de 1934-1936 : auparavant, ils considéraient que la Révolution française était bourgeoise, que le drapeau tricolore était nationaliste. Soudain, avec le Front populaire, imposé par Staline, et grâce à Maurice Thorez, qui avait un vrai sens politique, le PCF a récupéré la Révolution française et La Marseillaise, ce qui lui a valu un grand succès dans l’électorat populaire. Deuxième source pour le communisme français : l’utopie. Au XVIIIe et au XIXe siècle, les grands auteurs utopistes sont des Français. Ils ont en quelque sorte préparé le terrain à l’utopie communiste. Troisième source : le rationalisme, cette tradition intellectuelle bien française. A beaucoup de rationalistes, le marxisme est apparu comme la suprême pensée rationnelle.
Rencontrant le bolchevisme, ces trois éléments de notre culture nationale - esprit révolutionnaire, goût de l’utopie et rationalisme - ont produit un communisme puissant.
Après son échec à la dernière présidentielle, considérez-vous que le Parti communiste français est politiquement mort ?
Non. Il est en agonie. Mais une agonie peut durer très longtemps. Cependant, en prenant toutes les données politiques, électorales, sociologiques ou culturelles, on s’aperçoit que le PC est en fin de course. Lui dont la raison était de représenter la classe ouvrière réunit 2% des voix chez les ouvriers. Sans oublier que le monde ouvrier est en forte réduction : nous sommes passés à une ère postindustrielle. Bien sûr, il reste la CGT, qui représentait la puissance communiste dans le monde du travail. Mais elle s’est découplée du parti, pour ne pas couler avec lui. A partir du moment où cette courroie de transmission ne fonctionne plus, le parti perd contact avec la société et meurt.
L’idée communiste peut-elle renaître d’une autre manière ?
Les partis communistes n’auraient jamais existé sans l’URSS. Ils ont d’ailleurs tous été créés avec l’argent de Moscou. Ce financement n’existe plus, et le recul électoral du parti provoque aussi sa déroute financière. Le nombre de permanents du PCF est en voie de réduction. Par ailleurs, la France se dirige vers une bipolarisation politique. En dépit des prétentions de Besancenot, l’extrême gauche dispose d’un espace réduit. Le PC n’a pas plus d’espace : c’est une fonction historique qui s’éteint. En revanche, il est certain qu’il y aura toujours des gens se réclamant de l’idée communiste : celle d’une société « juste », « égalitaire », où l’on aurait liquidé le capitalisme et la propriété privée.
(1) Stéphane Courtois, directeur de recherche au CNRS (université de Paris-X) et directeur de la revue Communisme, a été, en 1997, le maître d’oeuvre du Livre noir du communisme. Il a dirigé vingt historiens pour réaliser le Dictionnaire du communisme qui sort aujourd’hui.
(2) Dictionnaire du communisme, sous la direction de Stéphane Courtois, Larousse, 648 p., 28 euros. En librairie le 16 octobre.
Messages
1. Pourquoi le Parti communiste a-t-il été si puissant en France ? Réponse d’un spécialiste (1), 15 octobre 2007, 16:21
"Mais lisez Lénine : vous aurez beau chercher, vous ne trouverez rien qui ressemble à une aspiration à un bonheur tranquille."
Peut-être chez Lénine, je ne suis pas spécialiste mais chez Marx nous avons ce beau passage :
"En fait, le royaume de la liberté commence seulement là où l’on cesse de travailler par nécessité et opportunité imposée de l’extérieur ; il se situe donc, par nature, au-delà de la sphère de production matérielle proprement dite. De même que l’homme primitif doit lutter contre la nature pour pourvoir à ses besoins, se maintenir en vie et se reproduire, l’homme civilisé est forcé, lui aussi, de le faire et de le faire quels que soient la structure de la société et le mode de la production. Avec son développement s’étend également le domaine de la nécessité naturelle, parce que les besoins augmentent ; mais en même temps s’élargissent les forces productives pour les satisfaire. En ce domaine, la seule liberté possible est que l’homme social, les producteurs associés règlent rationnellement leurs échanges avec la nature, qu’ils la contrôlent ensemble au lieu d’être dominés par sa puissance aveugle et qu’ils accomplissent ces échanges en dépensant le minimum de force et dans les conditions les plus dignes, les plus conformes à leur nature humaine. Mais cette activité constituera toujours le royaume de la nécessité. C’est au delà que commence le développement des forces humaines comme fin en soi, le véritable royaume de la liberté qui ne peut s’épanouir qu’en se fondant sur l’autre royaume, sur l’autre base, celle de la nécessité. La condition essentielle de cet épanouissement est la réduction de la journée de travail."
Karl Marx. Le Capital, livre III, chapitre XLVIII.
Alors oui, des cocos, y’en aura toujours et les meilleurs d’entre nous pourtant pas fainéants s’il s’agit d’oeuvrer au bonheur commun, auront toujours une pensée réjouie à se remémorer, en ces temps de travailler plus pour être abruti et en mettre plein la poche des possédants, la truculence de Paul Lafargue qui commence avec :
"Paressons en toutes choses,
hormis en aimant et en buvant,
hormis en paressant."
http://www.marxists.org/francais/lafargue/works/1880/00/lafargue_18800000.htm
Peace and love, mais je le dis en ce qui me concerne, ça exclue ce Courtois puant et chroniqueur régulier du figaro (normal pour un ex-mao)
1. Pourquoi le Parti communiste a-t-il été si puissant en France ? Réponse d’un spécialiste (1), 15 octobre 2007, 23:54
Courtois ...Un chercheur sans science au service du capital...L’histoire semble lui donner raison en ce moment sur le plan électoral ...Mais pour combien de temps ??????Il oublie de dire que c’est le capitalisme qui justifie une autre socièté comme la socièté communiste.Mais le Figaro ne lui demande pas autre chose que d’affirmer la "mort" du communisme et de ses militants .Je pense que bientôt ce qu’il affirme sera démenti par les faits ...Bernard SARTON,section d’Aubagne
2. Pourquoi le Parti communiste a-t-il été si puissant en France ? Réponse d’un spécialiste (1), 15 octobre 2007, 23:51
Peut-être que si M. Courtois, depuis qu’il écrit des livres sur le communisme, avait lu Marx, il dirait moins de sottises.
Rappelons-lui donc la définition du communisme :
"Pour nous, le communisme n’est ni un état de choses qu’il convient d’établir, ni un idéal auquel la réalité devra se conformer. Nous appelons communisme le mouvement réel qui abolit l’état actuel des choses. Les conditions de ce mouvement résultent des données préalables telles qu’elles existent présentement." Marx
Ce sera avec plaisir que nous lirons M. Courtois quand il aura un peu étudié ce dont il parle.
JeanNimes