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Premier succès dans la rue pour le front anti-CPE

Publie le samedi 11 février 2006 par Open-Publishing

Pas un raz-de-marée mais une première mobilisation très encourageante. Tel est le bilan que les confédérations syndicales et les mouvements de jeunesse tirent des manifestations organisées partout en France mardi pour exiger le retrait du contrat première embauche, actuellement débattu à l’Assemblée nationale.

Mardi, peu avant 20h, la Direction générale de la police nationale (DGPN, ministère de l’Intérieur) annonçait avoir comptabilisé un total de 218.700 manifestants, dont 102.800 lycéens et étudiants, au travers de 187 manifestations réparties dans tout le pays. Coté syndical, la CGT parlait de son coté, mardi à 18h, de 400.000 manifestants dans toute la France, "selon un comptage provisoire".

Mardi en fin de journée, les syndicats annonçaient qu’ils n’en resteraient pas là et le collectif regroupant tous les mouvements de jeunesse à l’origine des défilés a déjà prévu de se réunir mercredi soir au siège de la CGT près de Paris pour décider des suites avec, sans doute, une nouvelle date de mobilisation nationale.

La CGT, la CFDT, la CFTC, FO, l’UNSA, la FSU, ainsi que la quasi totalité des organisations de jeunesse dont les principaux syndicats lycéens et étudiants (UNL, FIDL et UNEF) étaient à l’origine des manifestations de mardi, avec le soutien de l’ensemble des partis de gauche.

A Paris, la manifestation a rassemblée 13.000 personnes selon la police, 45.000 selon la CGT et les syndicats de lycéens et d’étudiants. Les deux tiers du cortège étaient composés de jeunes.

Il s’agissait d’un des défilés les plus importants de la journée alors que la capitale et les deux académies d’Ile-de-France (Créteil et Versailles) sont en pleine période de vacances d’hiver, tout comme Bordeaux où la police a tout de même dénombré 8.000 manifestants, 15.000 selon les organisateurs.

A Marseille, le cortège a rassemblé entre 5.000 et 30.000 personnes selon les sources, avec un défilé ouvert par 1.500 étudiants marseillais et aixois. La marche, comme d’ailleurs partout en France, était également ouverte par les jeunes à Toulouse où le défilé a rassemblé 15.000 manifestants de sources concordantes. Il y avait 8.000 protestataires à Rennes, également de sources concordantes.

Ailleurs, la police a comptabilisé 8.000 manifestants à Lyon (15.000 selon les organisateurs), 7.500 à Nantes (18.000 selon les organisateurs), 6.000 à Grenoble (15.000 selon les syndicats), 5.000 à Brest, 5.000 à Clermont-Ferrand (12.000 selon les organisateurs) où les forces de l’ordre ont distingué 2.000 jeunes participants, 4.000 dont 1.000 lycéens à Lille, 3.000 à Saint-Brieuc et Lorient, 2.600 à Quimper et Nancy, 2.300 à Strasbourg et Metz, ou encore 2.100 à Tours (3.000 selon les syndicats).

A Paris, c’est un cortège haut en couleur, surplombé de ballons, qui a quitté la place de la Bastille peu avant 14h30, avançant au rythme des nombreux camions-sono des mouvements de jeunesse alternant slogans, et musiques diverses. Des airs de Téléphone, Louise Attaque ou encore les sonorités rap et reggae tenaient le haut du pavé.

"Nous ne serons pas une génération sacrifiée", "CPE : Contrat Pour l’Esclavage", "Cocktail Pour Emeutes" ou encore "Contrat Pour Entuber", pouvait-on lire sur les banderoles confectionnées à l’aide de draps déchirés, peinturlurés au marqueur ou à la bombe.

Dans le carré de tête, on remarquait la présence du secrétaire général de la CGT Bernard Thibault, de celui de la CFDT François Chérèque, de FO Jean-Claude Mailly, de la FSU Gérard Aschieri, de l’UNSA Alain Olive ou encore le président de la CFTC Jacques Voisin.

"Lorsque j’ai entendu le Premier ministre dire que le CPE était le projet le plus social jamais proposé aux jeunes, je me suis demandé ce qu’il avait fumé avant de déclarer ça", a ironisé M. Mailly.

"La réalité, c’est que le gouvernement se trouve pris dans les contraintes budgétaires, qu’il refuse de mettre en place une véritable politique de l’emploi et qu’il cherche des marges de manoeuvres en misant sur la flexibilité et la précarité du côté des jeunes", a-t-il ajouté.

Interrogés sur l’ampleur de la mobilisation, tous les porte-parole syndicaux se sont montrés prudents, mais très confiants sur la suite. "Compte tenu des difficultés à mobiliser -la précipitation gouvernementale, le recours à la procédure d’urgence, alliées à la période des vacances scolaires- les manifestations d’aujourd’hui nous permettent de dire que nous bénéficions d’une assise suffisante pour envisager des suites".

"Ce n’est pas un raz-de-marée, mais un premier résultat encourageant. Ce n’est pas une période évidente pour mobiliser, mais il y a quand même du monde dans les cortèges et l’opinion publique est en train de se retourner. Si le gouvernement affirme ce soir que la mobilisation est moyenne et qu’il a le soutien de l’opinion, il se trompera lourdement", a prévenu de son côté François Chérèque.

Et le président de l’Union nationale lycéenne (UNL) Karl Stoeckel d’enfoncer le clou : "La mobilisation est quand même importante à Paris comme en province. Et ce n’est qu’un avant-goût de la mobilisation générale de la jeunesse qui doit obtenir le retrait du CPE". PARIS (AP)