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Pulvar-Montebourg agressés à Paris par « un groupe qui hurle Le Pen président »

par LIBERATION

Publie le mercredi 29 février 2012 par LIBERATION - Open-Publishing
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Par Jonathan Bouchet-Petersen

La journaliste de France Inter Audrey Pulvar et son compagnon, le député PS Arnaud Montebourg, ont été pris pour cible mardi soir à Paris par de jeunes individus scandant des slogans favorables au FN et des injures antisémites. « Rentrant à pied avec mon compagnon, nous avons été pris à partie par une quinzaine d’individus. Aux cris de la France aux Français et autres "Le Pen président" », a raconté la journaliste mardi dans la soirée aux quelques 6000 abonnés de son compte Twitter.

« Nous avons essuyé des jets de verres qui se sont brisés dans notre dos avant intervention de quelqu’un du personnel à moins que ce ne soit le chef de la meute ? », a-t-elle poursuivi. Et la chroniqueuse de l’émission On n’est pas couchés (France 2) de décrire une scène qui aurait pu se finir beaucoup plus mal : « On sortait d’un resto ils étaient devant un bar (...) La seule chose à faire c’était continuer de marcher sans répondre. (Quand vous) avez 15 mecs qui vous chantent "beau, blanc, rouge la France aux français, juden juden juden..." ("juifs" en allemand, ndlr) et qu’on vous balance des verres à la tête... ».

« Mme Le Pen, cautionnez-vous ? »

Evoquant le profil des individus, Audrey Pulvar écrit en réponse aux questions de plusieurs abonnés Twitter : « Ce sont semble-t-il des personnes interdites de stade. Je n’en dirai pas + pour le moment pr ne pas compromettre le travail des policiers ». Et pour la journaliste, pas de doutes, il s’agit bien de sympathisants du FN : « Un groupe qui hurle "Le Pen président", ce sont des électeurs d’Eva Joly déguisés ? ». « Mme Le Pen, cautionnez-vous ? », interpelle-t-elle d’ailleurs, toujours sur Twitter, la candidate du Front National à la présidentielle.

(Mise à jour mercredi à 5h20 avec la réaction de Louis Aliot). Dès ce mercredi matin avant même le lever du soleil, Louis Alliot, numéro 2 du FN et compagnon de Marine Le Pen, a posté cette réponse :

Dans un second message, écartant toujours l’hypothèse d’un acte isolé de partisans du FN pas vraiment raccord avec la « dédiabolisation » revendiquée par sa compagne de candidate, il s’interroge sur les commanditaires : « L’extrême droite anti marine, les cabinets noirs proches du pouvoirs ??? ».

Dépôt d’une plainte

« Nous avons porté plainte. Bien sûr. Comment laisser (sans) suite de telles insultes ? », a précisé la journaliste sur Twitter. Joint par l’AFP, son compagnon Arnaud Montebourg a confirmé : « Nous sommes ensemble (avec Audrey Pulvar, ndlr) avec la police pour dépôt de plainte. » Le couple a ensuite quitté le commissariat peu avant 1h30 du matin.

Sur le réseau social, dès le premier message posté par Audrey Pulvar à 22h47, le récit a suscité de nombreuses réactions de solidarité. Des responsables du PS sont immédiatement montés au créneau. « Inadmissible, ça prouve qu’il faut combattre sans relâche le FN qui tente d’avancer masqué, ce soir il montre son vrai visage », a posté le député PS Jean-Marc Ayrault, président du groupe PS à l’Assemblée. « Solidarité totale avec A. Montebourg et A. Pulvar lâchement agressés. Le vrai visage hideux de l’extrême droite », a renchéri le numéro deux du PS Harlem Désir, ancien président de SOS Racisme. Même son de cloche du côté du député socialiste de la Nièvre Christian Paul :

Un élu UMP dérape sur Twitter ?

Les esprits se sont ensuite échauffés quand Eric Normand, conseiller national de l’UMP, a donné le sentiment à de nombreux internautes de justifier la prise à partie dans ce message posté à 23h32 sur son compte Twitter :

Une affirmation qui lui a valu une volée de bois vert sur la toile, tandis qu’un autre message envoyé peu après le premier n’a pas arrangé son cas :

Très vite, devant l’ampleur des réactions et notamme celle, outrée, d’Audrey Pulvar, ce membre de l’UMP Paris s’est fendu de cette mise au point : « J’ai dit que l’agression de Montebourg était malheureuse, cela veut dire regrettable et je la condamne ».

Reprenant lui aussi la plume sur Twitter après les messages d’Eric Normand, Christian Paul s’est adressé à différentes personnalités de l’UMP présentes sur le réseau social pour leur demander d’avoir dès demain un discours « ferme » qui, lui, ne prête pas à la moindre confusion.

Marine Le Pen « condamne »

« Evidemment, je condamne ce type d’agression, bien entendu, et j’espère que la police va faire son travail », a réagi mercredi sur Europe 1 Marine Le Pen.

« S’il suffit d’aller agresser quelqu’un en criant "Le Pen président" pour que l’on considère que je suis responsable de cela, c’est que l’on a rétrogradé en matière d’état de droit gravement », a poursuivi Mme Le Pen. Il s’agit d’« une très grave agression de la part de Mme Pulvar », selon la présidente du FN.

« Vous ne pouvez pas considérer, avant même que la police ait fait son travail, que ces gens sont des gens du Front national », a ajouté la candidate.

« Quinze individus » dans le XVIe arrondissement de Paris, « cela doit être assez facile à retrouver », a-t-elle poursuivi. Interrogée sur l’existence d’« extrémistes » au sein du Front national, Marine Le Pen a répondu : « Lorsqu’il y a eu des extrémistes, je les ai mis à la porte. »

« J’aimerais aussi que l’ensemble des responsables politiques condamnent de façon générale les violences qui sont commises à l’égard des candidats », a poursuivi Marine Le Pen.

http://www.liberation.fr/politiques/01012392926-pulvar-et-montebourg-pris-a-partie-par-des-individus-d-extreme-droite

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